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et c'est bien heureux que d'être pourvus de ce grand principe de science sociale. C'est en regardant en face les obstacles, et en les étudiant de près qu'on parviendra à les vaincre et pas en se laissant aller à de stériles récriminations, en se réfugiant dans les généralités. Résoudre la question religieuse, ce n'est pas chercher quelque modus vivendi entre le gouvernement et le pape, ou écarter simplement les obstacles que nous trouvons dans l'Église telle qu'elle est aujourd' hui avec le Catholicisme. Il s'agit de considérer les Églises telles qu'elles doivent être et telles qu'elle sont réellement dans leurs rapports avec l'État.

une coïncidence remarquable, des villes perdues sortent de dessous les collines de sable qui les ont ensevelies et conservées avec leurs palais, leurs temples, leurs tombeaux, et leurs dieux. Des langues éteintes reprennent la voix, des écritures oubliées trahissent leur muette signification, comme si la Providence avait disposé toutes choses pour revéler de nos jours à l'humanité la variété des formes dont elle a revêtu sa pensée et son unité dans ses transformations. Là donc est pour le christianisme la vraie question d'aujourd'hui. Le terrain disputé est large et assez bien défini déjà. La philologie, la critique, l'histoire comparée, avec de profondes études, sur la floraison naturelle du symbolisme et le développement mythique des traditions, ouvrent la plus vaste carrière à un esprit serein et résolu à tout voir. » (Louis Binaut: Lamenais et sa Philosophie dans la Revue des deux Mondes, tom. 28. 1860).

XVI.

Le royaume d' Italie peut-il céder un morceau de terre au Pape? Voilà la grande question agitée par les Catholiques (1). Et voici la reponse. Chaque société tra

(1) « La restauration du pouvoir temporel dans l'étendue et dans la forme anciennes donnerait pleine satisfaction à l'immunité pontificale; elle serait incompatible avec le bien-être des Romains. Des personnages d'autorité, tels que l'auteur de la remarquable histoire du Pape Zacharie, le cardinal Bartolini, pensent néanmoins qu'aucune autre solution n'est admissible. Dans leur thèse le peuple romain ayant comme tout autre peuple, selon la doctrine de Thomas d' Aquin et de Grotius, le droit de détrôner un prince devenu tyran, a légitimement rompu les liens qui l'attachaient aux empereurs de Byzance et s'est donné pour prince et souverain Saint Pierre dans la personne du Pape Grégoire. Telle est la véritable origine du pouvoir temporel, et l'on méconnaît la vérité historique en la rattachant aux donations de Pépin et de Charlemagne. Ceux-ci ont réprimé les usurpations des Longobards et remis les Pontifes en possession de provinces injustement ravies, ils n'ont pas constitué le patrimoine de l'Église. Le peuple romain en est le véritable créateur. Par cet acte de dédition volontaire à la Papauté, le duché de Rome est devenu un patrimoine sacré au même titre que tous les objets consacrés au culte; après cette dédicace à Dieu, il ne peut plus, selon les lois même de la Rome païenne, rentrer dans l'usage civil et commun. En se soustrayant à la souveraineté du Vicaire de Jésus-Christ, il s'est souillé d'une horrible et sacrilège rébellion (Cardinal Bartolini: Di S. Zacchariae Pape. Ragionamento preliminare sull'origine del dominio temporale dei Papi. Voir aussi De Angelis: Praelectiones juris canonici, tom. II. liv. III. titre v. 12).

Cette opinion, quelle que soit la force qu'elle emprunte aux docteurs qui la soutiennent, n' est cependant pas une vérité dogmatique à laquelle l'intégrité de la foi soit attachée. Le pouvoir temporel a été institué par les hommes et non par Dieu. Il relève du Droit humain, non du droit di

verse dans le cours de son histoire une période primitive qui est la période de l'enfance, la société à l'état sauvage qui vivant plutôt des produits de la chasse et de la pêche, que des fruits spontanés de la terre, a be

vin. On blesse la doctrine catholique en soutenant qu'il doit de toute nécessité être séparé du pouvoir spirituel; on ne s'en écarte pas moins en professant qu'il doit absolument y être uni (Juarez: Defensio, lib. IV. cap. IV. n. 1. De legibus, lib. IV. cap. X. n. 1 et 4-Émile Ollivier: l'Église et l'État au Concile du Vatican, t. I. p. 371).

Pie IX et l'episcopat ont à la vérité solennellement déclaré en 1862 (Allocution Maxima quidem. 9 juin 1862) « que la souveraineté temporelle du Saint-Siège a été instituée par un dessein particulier de la divine Providence et qu'elle est nécessaire afin que le Pontife romain n'étant sujet d'aucun prince ou d'aucun pouvoir civil exerce dans toute l'Église, avec la plénitude de sa liberté, sa suprème puissance et l'autorité dont il a été divinement investi par Notre-Seigneur Jésus-Christ. "

Le pouvoir temporel, d'ailleurs, est susceptible de plus et de moins, il peut embrasser un royaume, une province ou être réduit à une ville, ou même au rione, au quartier d' une ville. Le prince Napoléon, reconnaissant que le chef de la catholicité ne doit pas être le sujet d'un souverain quel qu'il soit, a jadis proposé de cantonner le Pape sur la rive droite du Tibre; il aurait la propriété de toutes les maisons qui sont dans cette partie de la ville; la catholicité lui assurerait un budget propre à la splendeur de la religion et lui fournirait une garnison. (Discours au Sénat du 1. mars 1861). Le pouvoir temporel est sujet à des transformations dans son mode d'exercice non moins que dans son étendue.... D'autres systèmes ont été proposés, d'autres le seraient. Les Romains pourraient avoir à la fois des droits municipaux seulement à Rome et des droits politiques dans le royaume.

On débattrait ces propositions et entre elles on choisirait la meilleure. Aucune toutefois ne serait prise en considération si elle n'admettait comme point de départ que la mème ville ne contiendra pas à la fois un pape et un roi. Un roi a pu vivre à Rome à côté d' un pape captif; il ne pourrait y rester à côté d'un pape délivré. Pour se soustraire à cette impossibilité il n'aurait pas à fonder au loin une ville nouvelle: Florence est prête à le recevoir ». Émile Ollivier: Le Pape est-il libre à Rome?.

soin d'une grande extension de territoire sur lequel elle puisse s'arrêter et vivre. Le caractère particulier de ces agglomérations de gens dans cette période est le défaut de la stabilité du territoire, c'est-à-dire le nomadisme; l'homme sauvage ne se contente pas de posséder l'arc et la flèche, il ne se satisfait pas de courir incessamment à la recherche d'un animal à tuer, ni ne se soumet toujours aux casualités de la pêche. Il commence à sentir le désir de s'assurer du lendemain et d'établir par des bases certaines les moyens de la subsistence journalière; par conséquent, la pensée d' apprivoiser quelques animaux plus dociles dont il peut facilement s'emparer et qu'il peut garder chez soi. La société entre dans une nouvelle période! la période de l'art du pasteur, c'est la période dans laquelle le pasteur nomade en gardant sa bergerie prend ses aises sous une tente. Et dans cet état la garde des bergeries offre aux hommes l'occasion d'observer les différentes espèces de plantes et la manière de leur propagation; un autre désir s'avance: celui de connaître les qualités de quelques plantes et faire les premières épreuves pour les multiplier, et par conséquent la nécessité pour l'homme de prendre ses aises sur une extension déterminée de territoire pendant quelques mois de l'année jusqu'au moment où il voit les résultats de la plantation accomplie, pour passer ensuite sur un autre territoire, et commencer de nouveau à limiter l'extension du territoire sur lequel il aura à travailler, semer le froment, moissonner les blés et les recueillir. Et en procédant ainsi on arrive au point dans lequel ces gens-là s'attachent affectueusement à une extension déterminée de territoire, ne la laissant plus, mais au contraire y fixant une demeure permanente; l' acclimatation arrive. La pro

priété immobilière qui en sort, l'affection qui lie les hommes au territoire sur lequel ils sont nés, produisent la première idée de la patrie; alors commence l'origine des villages et des villes; alors sort la nécessité d' un arrangement permanent; la population augmente sur le même point; diverses générations se succèdent, la forme de la societé patriarcale dans laquelle le chef gouverne la famille et les serviteurs. vient à manquer et commence le gouvernement des chefs des familles les plus fortes, les plus riches, les plus nombreuses et naît l'idée de l'État. Voici donc comme l'État se lie intimement avec deux éléments essentiels pour son existence, savoir: le peuple et le territoire, le peuple est le fondement personnel de l'État, le territoire est le fondement réel de lui-même: peuple et territoire sont les deux bases pour la solidité nécessaire de l'État. Et l'État de son côté exerce son action sur tout le peuple, dont il sort, et sur toute l'extension du territoire, sur laquelle le peuple tient ses aises; et cette action de l'État est appelée domination, imperium, toute cette extention de territoire est possédée par le peuple à titre de propriété, mais elle est dominée par l'État, comme exercice de souveraineté. L'explication de cette souveraineté suit d'un pas égal et constant l'étendue du peuple; et, comme le peuple se dilate des Communes aux féderations des Communes, et se prolonge jusqu'à réunir ces fédérations particulières dans une unité plus vaste, plus complète, dans laquelle sont compris tous les gens du même type, parlant la même langue, ainsi l'État communal se change en représentant de la féderation de plusieurs commu-. nes et devient National, à mesure que le sentiment de la nationalité se développe dans ses sujets. Comme dans

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