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s'est pas beaucoup améliorée (1). Sans doute nous sommes parvenus à combler pour un tiers notre déficit; il est tombé de 1400 fr. à 950 environ. Mais ce résultat n'a été obtenu, qu'au moyen de certaines épargnes réalisées aux dépens de nos familles pauvres, car, tandis que leur nombre s'élevait de 240 à 255, elles ont vu diminuer nos distributions de pains, de vêtements, de paille. Ce n'est pas sans douleur et sans appréhension pour l'avenir que nous voyons l'abaissement continu du niveau de toutes nos ressources normales et ordinaires. Le produit des quêtes, tant dans la Conférence de messieurs les bourgeois que dans les Conférences de messieurs les étudiants, va en diminuant depuis plusieurs an

(1) Tableau des recettes et des dépenses :

RECETTES.

DÉPENSES.

Quètes ordinaires: fr. 1,478 74 Déficit de l'année précé

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nées. Les dons particuliers qui en 1871 avaient atteint le beau chiffre de 2230 fr., pour descendre, brusquement, en 1872 à 800 fr., ont baissé encore d'une centaine de francs en 1873. La Conférence saint Pierre a perdu 12 souscripteurs; les Conférences des étudiants en ont perdu 7. Tout nous aurait manqué à la fois, et aujourd'hui nous nous trouverions avec un déficit plus considérable que jamais, si le produit du sermon et des concerts de charité, dépassant toutes nos espérances, n'était venu rétablir quelque peu nos ressources délabrées. L'éloquence du père Didon a communiqué un élan magnifique de charité à l'auditoire d'élite que sa renommée avait attiré autour de sa parole. Quant aux fêtes musicales, couronnées du plus brillant succès, nous nous faisons un devoir de témoigner aujourd'hui publiquement notre profonde gratitude à ceux qui en voulurent bien être les organisateurs et les artistes. Vous du moins, Messieurs, vous avez répondu à notre appel; vous êtes venus en aide à notre détresse, et les applaudissements, qui ont rendu hommage à vos talents incontestés, nous ont valu pour nos pauvres les plus abondantes aumônes. Merci, en leur nom. Pour nous, nous conserverons de votre bienveillant appui un reconnaissant souvenir, et nous avons l'assurance qu'il nous aura suffi de vous exposer aujourd'hui nos besoins nouveaux pour vous inspirer la généreuse réso

lution de servir de rechef avec le même dévouement la cause des déshérités du siècle.

Maintenant, Messieurs, que je vous ai signalé le mal dont nous souffrons, me sera-t-il permis de vous indiquer le remède? Ce remède est tout trouvé. A nous enfants de saint Vincent de Paul de donner avant tout l'exemple de la générosité, de ranimer en nous l'esprit de sacrifice, et de mesurer davantage aux nécessités de nos pauvres l'aumône que nous versons dans nos quêtes. A nous de faire déborder la charité de nos cœurs dans les cœurs des autres, de nous rappeler au souvenir de nos bienfaiteurs qui nous oublient, et surtout, pour remplacer ceux que la mort vient coup sur coup nous ravir; de nous faire les avocats de l'indigence, au sein de nos familles, auprès de nos connaissances, de nos amis. Ne craignons pas de les entretenir de la misère à laquelle peut-être ils ne songent pas, ou qu'ils ne connaissent pas assez. Nous qui en sommes si souvent les témoins émus. introduisons-les par la pensée dans les quartiers déshérités de nos pauvres, dans leurs mansardes froides et obscures; montrons leur ce que souffrent leurs frères; parlons leur de nos pères de famille sans travail, de nos mères sans pain pour leurs enfants, de nos orphelins, de nos vieillards, de nos infirmes. La charité nous prêtera d'éloquents accents. Dieu bénira nos chaleureux plaidoyers, et fera triompher notre

cause. Les dons particuliers afflueront plus abondants, les souscriptions deviendront plus nombreuses que jamais pour récompenser nos efforts et faire la joie de nos pauvres.

L'affection que se portent mutuellement en Jésus-Christ tous les enfants de saint Vincent de Paul, ainsi qu'un sentiment profond de gratitude, nous obligent d'accorder un souvenir à la mémoire de ceux qui pendant leur vie nous aidèrent de leur aumône ou de leur zèle, et qui sont allés recevoir de la main de Dieu la récompense de leur charité. Parmi nos membres souscripteurs nous avons à déplorer principalement la perte de monsieur Sovet, professeur à la faculté de médecine. Étudiant, monsieur Sovet fut membre actif de nos Conférences, et lorsque plus tard l'éclat de son jeune talent l'appela à une des chaires les plus importantes de notre Université, il n'oublia pas notre œuvre; ne pouvant plus lui consacrer son temps, il la soutint de ses largesses jusqu'à ce que après une longue et pénible maladie, supportée avec une admirable résignation, alors que « la vie lui promettait les distinctions et les honneurs dus aux représentants de la vraie science, Dieu, déjouant les projets humains, le conduisit par la souffrance à la gloire supérieure qu'il réserve à ses saints » (1). La Conérence saint Pierre a été cruellement éprouvée

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(1) Discours de M. le professeur Noël sur la tombe de M. Sovet.

par la mort de deux de ses membres actifs, monsieur Théophile Crombecq enlevé tout jeune à l'apostolat de la charité, et monsieur Alfred Smets qui, membre actif d'abord des Conférences de messieurs les étudiants, avait passé ensuite en la même qualité dans la Conférence de messieurs les bourgeois. Ce fut là surtout qu'il fit preuve d'un dévouement infatigable à notre œuvre, et lui rendit les services les plus signalés. Après y avoir pendant de longues années fait l'édification de tous ses confrères, au milicu de ses nombreuses occupations, ses forces vinrent malheureusement à le trahir. Réduit à l'impossibilité de nous prêter son concours actif, il tint à rester membre honoraire de notre Société, et donna ainsi, jusqu'à sa mort, une preuve touchante de son inaltérable attachement à la cause du pauvre. La Conférence saint Pierre a eu encore la douleur de voir partir un de ses membres actifs les plus méritants, monsieur l'abbé Brosens, vicaire à la paroisse de Notre-Dame aux Dominicains, et récemment appelé à d'autres fonctions. Malgré son éloignement, ses confrères garderont toujours de sa coopération si zélée un affectueux Souvenir. Les Conférences de messieurs les étudiants ont perdu trois de leurs membres actifs : messieurs Van Schoor et Bronckaerts, de la Conférence sainte Gertrude, et monsieur Durand, de la Conférence saint Michel. Ils avaient choisi la charité pour gardienne de leur foi et de leur

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