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mettre une seconde fois la lourde faute qui a entraîné tant de graves conséquences.

J'ai ajouté en disant à M. Rhallys qu'au lieu de proclamer le schisme. le Patriarche ferait mieux de le supprimer sur toute la ligne. Vous auriez alors une renaissance du trône et de l'autorité du Patriarche, véritable chrétien, vers lequel se tourneraient tous les schismatiques de l'heure présente et sous l'égide duquel la civilisation grecque et la tradition de l'Eglise pourraient prendre un nouvel

essor.

M. Rhallys a répondu à cette hypothèse toute personnelle qu'il ne pouvait l'admettre, et m'a dit que les communautés religieuses ne pouvaient être formées par voie d'autorité. Il m'a encore répété que, s'il avait à donner un conseil au Patriarche, ce serait celui de déclarer schismatiques les Roumains qui voudraient former des communautés séparées. Ce furent ses dernières paroles.

S. E. M. TOMBAZIS, MINISTRE DE GRÈCE

(s) J.-N. PAPINIU

au Ministre des Affaires étrangères de Roumanie.

Monsieur le Ministre,

Sinaïa, le 5/18 août 1905.

Il résulte des renseignements précis parvenus à la Légation Royale qu'au cours d'une manifestation antigrecque, qui a eu lieu le 31 du mois dernier à Giurgévo, un drapeau aux couleurs nationales hellènes a été livré aux flammes par les manifestants, qui accompagnèrent leur action de paroles injurieuses à l'égard de la nation grecque.

D'ordre de mon Gouvernement, je m'empresse de signaler ce fait à Votre Excellence et de demander que les responsabilités soient établies et les agents de police responsables sévèrement punis, car cet outrage du drapeau national, commis sur une place publique, la plus centrale de la ville, ne pouvait échapper à la surveillance des agents de police préposés à maintenir l'ordre et à prévenir de pareils actes que le Gouvernement de S. M. le Roi Charles ne peut que désapprouver.

Je prie Votre Excellence de vouloir bien m'accuser réception de la présente et de me faire connaître la suite qu'Elle a donnée à ma demande.

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Le sujet hellène Paul Stamoulis, domicilié à Bucarest, expose par une requête adressée à la Légation Royale que, dans la matinée du 31 juillet a. c., quatre individus pénétrèrent dans le café «< Romania >> tenu par lui, dans la rue Gabroveni, insultèrent et maltraitèrent la caissière du café ainsi que le propriétaire Paul Stamoulis, qui fut grièvement blessé à la tête à coups de bâtons. Les agresseurs mirent

en pièces les meubles et différents autres objets du café, occasionnant ainsi des dégâts évalués par la partie lésée à 1.522 francs.

En portant ce qui précède à la connaissance de Votre Excellence, je viens La prier de vouloir bien intervenir auprès des autorités compétentes afin que les auteurs de ce délit, qui ne peut qu'avoir été constaté par les officiers de police investis de ce droit, soient déférés en justice et condamnés, conformément aux lois du pays, à la réparation des dommages qu'ils ont causés.

Veuillez, etc.

(s) A. TOMBAZIS

LA LÉGATION ROYALE DE GRÈCE en Roumanie
au Ministère des Affaires étrangères, à Bucarest.
Note verbale.

N° 618

Sinaïa, le 10/23 août 1905. La Légation Royale hellénique a pris connaissance d'un rapport du Préfet de Police publié dans les journaux de la Capitale, et par lequel le directeur et propriétaire du journal grec Patris, Sp. Simos, et les deux rédacteurs de ce même journal, Haralambie Pappas et Théodore Moscopoulos, sont accusés d'avoir imprimé et distribué intentionnellement, le lendemain du meeting de la salle Dacia, une gravure qui symboliserait le contraire des opinions du peuple roumain, et dont les inscriptions indiqueraient l'intention de défier l'opinion publique roumaine. Le Préfet de Police accuse les sujets hellènes susmentionnés d'être les auteurs intentionnés et les provocateurs moraux des désordres qui se sont produits à Bucarest. Or, il résulte des renseignements précis que possède la Légation Royale que la gravure en question a paru comme annexe du journal Patris à la date du 1er janvier 1903, que tous les exemplaires distribués aux abonnés ont été épuisés dès lors, et qu'aucune réimpression n'a été faite de cette gravure qui se trouvait depuis cette époque, il y a presque trois ans, dans quelques boutiques et cafés grecs sans avoir occasionné la moindre protestation de la part des autorités du pays.

En portant ce qui précède à la connaissance du Ministère Royal des Affaires étrangères, la Légation Royale proteste contre l'accusation dont sont l'objet les sujets hellènes susmentionnés,et a l'honneur de prier le Ministère Royal de vouloir bien prendre toutes les dispositions qu'il jugerait nécessaires en vue de constater l'exactitude des faits relatés par la Légation Royale.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES par intérim à S. E. M. Tombazis, Ministre de Grèce.

N° 14305.

Monsieur le Ministre,

Bucarest, le 11/24 août 1905.

En réponse à la note cotée 612 en date du 5 août courant que Votre Excellence a bien voulu m'adresser pour me signaler l'incident qui s'est produit à Giurgévo, au cours d'une manifestation populaire dans laquelle les manifestants auraient livré aux flammes un drapeau aux couleurs helléniques, note par laquelle Votre Excellence me demandait la punition des agents de police qui n'auraient pas empêché de pareils actes, j'ai l'honneur de porter à Votre connaissance que, du rapport du Préfet de Vlashca sur l'incident en ques

tion, il résulte que les quelques agents de police présents sur les lieux ont fait tous leurs efforts pour calmer la foule et empêcher qu'elle ne se livre à des actes répréhensibles; mais que, vu leur petit nombre, ils étaient complètement impuissants devant une foule qui se montait à plus d'un millier de personnes et que, par conséquent, on n'a aucune faute à leur reprocher et qu'il n'y a lieu de prendre aucune mesure disciplinaire à leur égard.

Le Gouvernement Royal déplore sincèrement que les sentiments d'indignation produits dans l'esprit public aient poussé la foule à se livrer à une pareille manifestation, comme il est convaincu que le Gouvernement hellénique déplore de son côté les violences et les crimes dont sont victimes les paisibles populations roumaines de l'Empire ottoman, et qui sont perpétrés par des bandes qui déclarent agir ou non et dans l'intérêt de la nation grecque.

Veuillez, etc.

S. E. M. TOMBAZIS, MINISTRE DE GRÈCE

N° 647.

(s) JEAN-N. LAHOVARY

au Ministre des Affaires étrangères par intérim de Roumanie. Sinaïa, le 16/29 août 1905.

Monsieur le Ministre,

J'ai eu l'honneur de recevoir la lettre en date du 11 courant que Votre Excellence a bien voulu m'adresser en réponse à ma note sub no 612, relative à l'incident de Giurgévo.

Par Sa réponse, Votre Excellence, tout en admettant que l'acte commis à Giurgévo est répréhensible, me fait connaître qu'Elle n'a pas cru devoir prendre des mesures disciplinaires à l'égard des agents de police responsables.

les

Je crois que les raisons exposées dans la lettre de Votre Excellence ne sont pas de nature à dégager les officiers de police de la responsabilité qui leur incombe dans l'accomplissement du devoir de prévenir et de réprimer de pareils actes, et je crois de plus que raisons que Votre Excellence invoque afin de justifier les sentiments d'indignation produits par l'esprit public et qui ont poussé la foule à se livrer à une pareille manifestation, n'ont rien de commun avec la question qui nous occupe, car le fait dont nous nous plaignons s'est produit sur le territoire roumain, et il est du devoir du Gouvernement de Sa Majesté le Roi Charles de prévenir de pareils actes et de punir les responsables une fois que ces actes ont eu lieu, tandis que pour ce qui est du Gouvernement Royal, qui certes déplore ce qui se passe en Macédoine, il n'est pas en son pouvoir de prévenir et de réprimer des événements qui ont eu lieu sur un territoire n'appartenant pas à la Grèce, mais à un autre Etat auquel revient le droit d'y maintenir l'ordre.

D'ordre de mon Gouvernement, à qui je me suis empressé de communiquer le contenu de la lettre de Votre Excellence en date du II courant, je viens réitérer ma demande formulée par ma note sub n° 612, et je La prie de vouloir bien me faire parvenir Sa réponse dans le plus bref délai possible, me proposant de partir incessamment en congé et désirant avoir avant mon départ la réponse du Gouvernement Royal.

Veuillez, etc.

(s) A. TOMBAZIS

S. E. M. TOMBAZIS, MINISTRE DE GRÈCE

No 648

au Ministre des Affaires étrangères par intérim de Roumanie.

Monsieur le Ministre,

Sinaïa, le 16/29 août 1995.

En me référant à la note sub n° 618, que j'ai eu l'honneur d'adresserau Ministère Royal des Affaires étrangères à la date du 10 courant, pour protester contre l'accusation dont sont l'objet le directeur du journal grec Patris, Sp. Simos, et les rédacteurs de ce même journal, Char. Pappas et Th. Moscopoulos, je viens, chargé par mon Gouvernement, formuler auprès de Votre Excellence la demande que la mesure d'expulsion prise à l'égard des sujets hellènes susmentionnés soit rapportée, basant ma demande sur le fait que non seulement les nommés Sp. Simos, Char. Pappas et Th. Moscopoulos n'ont pas commis les actes qu'on leur impute et qui ont motivé leur expulsion, mais qu'en outre, comme il est facile à constater, l'attitude du journal Patris a toujours été des plus correctes dans les questions intéressant particulièrement la Roumanie.

Devant partir incessamment en congé, je prie Votre Excellence de vouloir bien me faire parvenir Sa réponse dans le plus bref délai possible.

Veuillez etc.

(s) A. TOMBAZIS

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES par intérim à S. E. M. Tombazis, Ministre de Grèce.

No 196 c.

Monsieur le Ministre,

Bucarest, le

24 août
6 septembre

1905.

Par une lettre en date du 16 août courant, no 647, Votre Excellence veut bien me renouveler Sa demande de provoquer des mesures disciplinaires à l'égard des agents de police de Giurgévo, qui se seraient rendus coupables de n'avoir pas empêché les manifestations qui se sont produites dans cette ville dans le courant de ce mois.

Je ne puis que répéter à Votre Excellence que, vu les circonstances relatées dans ma note en date du 11 août, le Gouvernement Royal ne croit pas qu'il y ait lieu de prendre à l'égard de ces agents aucune mesure disciplinaire.

En ce qui concerne les sentiments d'indignation qui ont porté la foule à se livrer à des manifestations hostiles contre la nation grecque, Votre Excellence soutient qu'il n'y a rien de commun entre les actes dont Elle se plaint et qui se sont passés sur territoire roumain, et ceux qui se passent en Macédoine, attendu que le Gouvernement Royal hellénique ne peut aucunement être rend u responsable de faits qui se passent sur un territoire étranger appartenant à un Etat auquel seul revient le droit d'y maintenir l'ordre.

Je ferai observer à Votre Excellence qu'il est difficile pour le peuple roumain de faire cette distinction lorsqu'il voit que les crimes atroces dont sont victimes ses congénères de l'Empire ottoman, sont l'œuvre de bandes, organisées et armées par une association (Makédonikos Syllogos), dont le siège est à Athènes, et formées sur le territoire grec, d'où elles ont pénétré en Turquie sans que les autorités helléniques, préposées à la garde de la frontière, aient réussi à les en

empêcher, de même que les quelques agents de la police de Giurgévo ont été impuissants devant la foule qui se livrait à des manifestations hostiles contre la Grèce.

Le fait de l'organisation sur territoire grec des bandes en question résulte des déclarations faites devant le Tribunal extraordinaire de Monastir par le nommé Caloménopoulos, de Syra, lieutenant dans l'armée hellénique, chef de la bande, où nous relevons aussi le nom du nommé P. Stavrianopoulos, lieutenant d'artillerie, laquelle bande a été en partie capturée et détruite par les troupes Impériales ottomanes à la fin du mois d'avril dernier. Nous trouvons dans le compte rendu des débats qui ont eu lieu devant le Tribunal extraordinaire que le nommé Caloménopoulos a commencé par décliner la compétence de ce tribunal par la raison que lui et la majeure partie des prisonniers accusés étaient sujets grecs. Le même a déclaré devant le tribunal que la bande dont il faisait partie s'était formée sur territoire grec et qu'elle avait passé la frontière en déjouant la surveillance des autorités Royales.

D'un autre côté, les autorités turques ont saisi le 11 août, dans la correspondance trouvée sur le chef d'une bande d'insurgés grecs poursuivie par les troupes Impériales dans la région de Grébéna, une circulaire émanant du Comité supérieur d'Athènes, dont il résulte que la direction et l'impulsion données à ces bandes viennent bien de Grèce. Cette circulaire contient, entre autres instructions pour les insurgés, l'ordre d'employer tous les moyens, même l'assassinat, contre ceux qui se mettraient en rébellion contre l'autorité du Patriarche, d'où ressort la preuve évidente de la communauté d'action entre le Patriarche de Constantinople, les bandes d'insurgés et l'association qui les dirige de la capitale du Royaume héllénique.

Veuillez, etc.

(s) JEAN N. LAHOVARY

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES par intérim à S. E. M. Tombazis, Ministre de Grèce.

N° 197 C.

Monsieur le Ministre,

Bucarest, le

24 août
6 septembre

1905.

En réponse à la note en date du 15 août courant, numéro 648, que Votre Excellence a bien voulu m'adresser, d'ordre de Son Gouvernement, pour demander au Gouvernement Royal de rapporter la mesure d'expulsion prise à l'égard des nommés Sp. Simos, Char. Pappas et Th. Moscopoulos, j'ai l'honneur de porter à la connaissance de Votre Excellence que le droit que possède tout Gouvernement d'éloigner de son territoire les étrangers dont il juge la présence périlleuse pour l'orde public, découlant pour lui du devoir qu'il a de prendre souverainement toute mesure de police qu'il croit nécessaire pour la tranquillité et la sécurité de l'Etat, le Gouvernement Royal regrette de ne pouvoir entrer avec Votre Excellence dans la discussion des motifs qui ont provoqué la mesure prise à l'égard des susnommés et, par conséquent, de déférer à la demande du Gouvernement hellénique.

Veuillez, etc.

(s) JEAN N. LAHOVARY

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