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Son lot entier comprenait le quart de la Po 1795. logne, cinq mille cinq cents lieues carrées.

La portion de l'empereur était moins considérable. Elle ne consistait qu'en deux mille cinq cents lieues carrées, contenant une partie des palatinats de Cracovie, de Mazovie de Sendomir, de Podlaquie, et tout le palatinat de Lublin.

Les courtisans de Catherine II partagèrent entre eux les biens des Polonais qui furent jugés auteurs ou complices de l'insurrection. Le roi Stanislas-Auguste Poniatowski fut relégué à Grodno, et réduit à vivre obscurément d'une pension que lui payait la czarine, tandis que le comte Repnin, nommé vice-roi des provinces réunies à la Russie, étalait dans Wilna le faste d'un souverain.

Zajonczer et Kolontay furent arrêtés sur le territoire autrichien, et enfermés, à Pétersbourg, dans les mêmes prisons avec Kosciusco, Ignace Potoki, et plusieurs autres chefs des insurgés. Parmi ces infortunés, était le jeune poéte Niemecwick, distingué autant par sa bravoure, que par ses talens littéraires, ami de Kosciusco, et fait prisonnier à côté de lui. Le sang versé pour son pays, n'était pas le seul tort que Catherine reprochât à Niemecwick. Il avait composé contr'elle des vers pleins de franchise et d'énergie. Cette princesse le fit d'abord enfermer dans la forteresse

de

de Pétersbourg, et ensuite transférer à Schalsselbourg, où on lui fit éprouver les traite- AN mens les plus barbares.

Malgré la sévérité avec laquelle les chefs de l'insurrection polonaise étaient gardés à Pétersbourg, quelques-uns d'eux parvinrent à rompre leurs fers. Kosciusco passa en Angleterre ; il est à Paris au moment où j'écris.

CHAPITRE V I.

Pacification de la Vendée. Les décrets contre
Lyon sont rapportés.

LA révolution française, agitée par les plus affreuses convulsions, prenait depuis le neuf thermidor une marche plus rassurante. Nonseulement ses succès extérieurs étonnaient l'Europe, mais les changemens les plus heureux s'annonçaient à l'intérieur. La convention avait envoyé deux de ses membres, Anguis et Serres, à Marseille, pour mettre un terme aux longs malheurs de cette ville. La liberté était rendue à la presse. Plusieurs décrets annonçaient les innovations les plus avantageuses dans les principales branches de l'administration. L'abrogation de la loi désastreuse du maximum, en ravivant le commerce, aurait ramené l'abondance des denrées et des Tome VI.

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marchandises, et mis leur valeur mercand 1795. tile à la portée des consommateurs, si la trop grande quantité d'assignats, jetés dans la circulation, n'avait opéré le discrédit de ce signe d'échange. Le supplice de Carrier, qui eut lieu le 26 frimaire, promettait, aux nombreuses victimes du terrorisme, la justice qu'elles avaient lieu d'attendre.

Cet espoir contribuait avec tant d'efficacité à calmer l'effervescense générale, que la tranquillité commençait à renaître dans les départemens où la guerre civile avait éclaté Les feux même qui, depuis plusieurs années, dévoraient la Vendée, s'éteignaient depuis qu'à des généraux inspirés par le malfaisant génie du crime, on avait substitué des guerriers qui joignaient les sentimens de l'humanité à ceux de la gloire des armes. Ces guer riers étaient Canclaux et Hoche.

Le député Lequinio avait publié un mémoire dans lequel, après avoir développé les causes de la guerre de la Vendée, il présentait les moyens de la faire cesser. Ce mémoire avait fait le plus grand effet dans un tems où la manifestation des forfaits inouis cominis par les désorganisateurs, dans toutes les parties de la république, excitaient l'indignation la plus profonde. Un décret du 4 frimaire prononça une amnistie en faveur des Vendéens et des chouans qui poseraient

les armes pour reprendre paisiblement leurs Occupations rurales, et se soumettre aux lois AN III. de la république.

Canclaux et Hoche étaient parvenus à inspirer quelque confiance à des hommes simples, poussés aux plus horribles extrémités, autant par les infâmes procédés des troupes républicaines, que par les suggestions perfides de ceux qui leur avaient mis les armes à la main. Bientôt on se rapprocha; des conférences pacifiques s'ouvrirent entre les chefs des insurgés et les commissaires de la convention, envoyés dans les provinces de l'ouest. La déclaration suivante avait été remise aux commissaires de la convention nationale.

« Les causes qui ont donné naissance à la guerre de la vendée, et forcé les habitans des pays situés au nord de la Loire, de s'armer pour échapper à la destruction dont ils étaient menacés par l'abus du plus tyrannique des gouvernemens; les efforts tentés pour soustraire la France à une domination aussi odieuse; la punition des chefs qui avaient établi cette domination; l'amour enfin de tout vrai Français pour son pays, et le desir d'éteindre les discordes civiles qui en auraient accéléré la ruine, ont déterminé le conseil et les chefs de la Vendée à concourir à la pacification des départemens insurgés. »

» Nos vœux sont les mêmes que ceux de

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la convention nationale. Nous desirons éga1795. lement ce qui peut rendre à notre patrie la

paix et l'abondance, et tout ce qui tend à garantir la sureté et le bonheur de toutes les familles. Ces vœux ont été exprimés dans un écrit publié par nous, sous le titre de paroles de paix, et qui a été remis, au nom des chouans aux représentans du peuple, le 12 février (24 pluviose ).

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» En conséquence, en invitant tous les habitans de la France, qui chérissent la vertu, à un entier oubli du passé, nous déclarons solemnellement nous soumettre à la république française, une et indivisible, en reconnaître les lois, et nous prenons l'engagement de ne porter jamais les armes contre elle. »

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Afin que la paix soit complète, et qu'il ne reste aucun souvenir des malheurs passés, nous prions le représentant du peuple Bollet et ses collègues, d'indiquer pareillement un rendez-vous au général Stofflet. La connaissance que nous avons de ses sentimens, nous porte à être persuadés qu'il embrassera volontiers tous les moyens d'assurer la tranquillité du pays qui lui a donné sa confiance. Il serait même à desirer que les représentans qui ont concouru le plus efficacement à la pacification de la Vendée, et qui ont obtenu la confiance de ses habitans, voulussent bien se rendre dans

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