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que

législatif, du 3 ventose, sur le libre exer 1795. cice des cultes religieux ; le second décide les chouans qui n'ont aucune profession, seront reçus dans les armées de la république; le troisième règle que les bons signés par les chefs des chouans, seront acquittés, par le trésor public, jusqu'à la concurrence d'un million cinq cent mille livres; le quatrième porte que les chouans

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étaient confiés, et celui des chefs de l'armée catholique et royale de Bretagne. Aujourd'hui que ce vœu est prononcé, tant dans l'écrit en date du 13 février 1794, intitulé: Paroles de paix, que dans la déclaration du premier floréal, nous adhérons aux mesures prises par les représentans pour la pacification des départemens insurgés, en nous soumettant aux lois de la république une et indivisible, promettant de ne jamais porter les armes contre elle, et de remettre dans le plus bref délai notre artillerie.

Puisse cette démarche de notre part éteindre le flambeau des discordes civiles, et montrer aux nations étran◄ gères que la France n'offre plus qu'un peuple de frères, comme nous desirons qu'elles ne forment bientôt avec la France qu'une société d'amis. Nous invitons les représentans du peuple qui ont concouru à la pacification, de se transporter à la convention nationale pour y exprimer la sincérité, de nos vœux et détruire les soupçons qu'éleveraient les malveillans sur la loyauté de nos intentions. Signé Stofflet, de Beauvais, Michelin, Ceris, Guichard, Lhuillier, Perère, Dupouet, Legeay, Fougeray, Dumesnil, Palierne, Chetou, Ca dy, Forestier-Thibault, Girault, Robert, etc.

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qui se soumettront aux lois de la république, seront à l'abri de toute recherche AN III. pour leur conduite passée; enfin, le quatrième assure aux chouans restés sous l'obéissance de la république, la main-levée du séquestre qui pouvait avoir été mis sur leurs biens, comme inscrits sur la liste des émigrés.

Quant à ces clauses secrètes dont on a tant parlé depuis, et parmi lesquelles on citait le rétablissement prochain du trône, c'étaient de pures chimères, inventées par les chefs des insurgés, lorsqu'égarés par les perfides insinuations des agens de la cour de Londres, qui leur promettaient toutes les forces britanniques et qui leur donnaient sans doute beaucoup d'argent, ils cherchaient dans un manifeste insidieux des raisons qui pussent engager un peuple crédule et trompé à reprendre les armes; ces clauses secrètes sont suffisamment démenties par la déclaration que je viens de citer et dont j'ai dans les mains une copie authentique, tirée sur la minute déposée aux archives nationales.

J'ai observé plus haut que les habitans des départemens insurgés faisaient profession d'un attachement particulier à la religion catholique, Un décret, donné par la convention quelque tems auparavant, favorisa les négociations entamées; la lassitude de la

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guerre fit le reste. Les villages les plus mal1795. traités obtinrent des secours considérables; l'acte de soumission fut signée à la Jaulnaye, près de Nantes, le 5 floréal ; pour les Vendéens, par Charette; et pour les Chouans, par Desalleux-Cormatin, célèbre par le cès qu'on lui fit dans la suite. Le corps, commandé par Stofflet, était le seul qui restait armé ; il fit sa soumission quinze jours après, et il est probable que la paix n'eût pas été troublée dans la Vendée, si l'on eût mis plus de scrupule dans l'observation des articles de la pacification, ou plutôt si l'or de l'Angleterre n'eût séduit les chefs vendéens et chouans, qu'il eût été prudent d'éloigner du foyer de l'insurrection, en les employant, suivant leurs talens, dans les différentes ties de la république.

par

Dans le même tems, la convention nationale travaillait à recueillir les restes précieux de la dévastation de Lyon; déjà un décret avait rendu à cette ville célèbre le nom sous lequel elle fut connue dans toutes les parties du monde ; déjà on avait rapporté la loi qui ordonnait l'élévation d'une colonne, monument des malheurs qu'elle avait éprouvés. Il fut décrété qu'aucun individu ne pourrait être recherché désormais pour les faits qui avaient occasionné le siège de Lyon. On vota des secours, dont la distribution, faite

avec fidélité et intelligence, pouvait ramener,

dans les ateliers de cette cité, une partie des AN III ouvriers dispersés en Suisse et à Genève.

CHAPITRE VI I.

Procès de Fouquier-Tinville. Le cadavre de
Marat jeté hors du Panthéon.

L'INDIGNA

'INDIGNATION poursuivait dans toutes les provinces les désorganisateurs. La mémoire de Marat, dont les autels avaient remplacé depuis deux ans ceux du christianisme, était vouée à l'exécration générale, tandis que son cadavre, chassé enfin du Panthéon allait pourrir aux Gémonies. Le tribunal révolutionnaire faisait enfin, avec beaucoup de lenteur, le procès de Fouquier-Tinville, accusateur public au tribunal de Robespierre, accusé à son tour de tous les genres de prévarications dont un juge inique peut combler la mesure. L'instruction publique contre cet accusé et contre la plupart des juges et des jurés révolutionnaires avait mis au jour un acte de barbarie dont aucun tribunal n'avait été soupçonné jusqu'alors.

J'ai parlé précédemment de la prétendue conspiration dont, vers le tems du meurtre

de Danton, on avait accusé les prisonniers 1795. du Luxemborg, pour avoir une occasion de les immoler tous à-la-fois. Quarante - huit d'entr'eux furent exécutés à la requête de Fouquier, non-seulement sans avoir été entendus ni même cités au tribunal, mais, ce qu'on aura peine à croire, sans qu'il existât contre eux aucun acte quelconque qui les condamnât à la mort assassinat horrible qui forme un des tableaux les plus révoltans du règne affreux de Robespierre.

Non-seulement des témoins venaient de toute part pour dévoiler de nouveaux crimes imputés à Fouquier - Tinville; mais cette procédure, atteignant successivement un grand nombre de complices, mettait à découvert l'infame machiavélisme avec lequel les jacobins, en moins de quatre mois, avaient fait périr à Paris seulement, sous la hache révolutionnaire, plus de trois mille individus des deux sexes. (1)

(1) Fouquier-Tinville fut exécuté le 18 floréal. Voici le précis de son jugement. Vu par le tribunal la déclaration du jury portant: 1.0 Que Fouquier-Tinville est convaincu de manœuvres et complots tendant à favoriser les projets des ennemis du peuple, à provoquer la dissolution de la convention nationale, le renversement du régime républicain, et à exciter l'armement des citoyens les uns contre les autres, en faisant périr sous la forme simulée d'un jugement, une foule innom→

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