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système imaginé par la colonie démocratique de Victoria, en Australie. Un bulletin commun, imprimé par le bureau électoral, contient les noms des divers candidats. L'électeur reçoit un exemplaire de ce bulletin et marque au crayon, dans un local où personne ne peut le voir, le nom ou les noms de son choix. Tous les efforts contre cette loi importante échouèrent dans les deux Chambres. Le grand ministère libéral avait en peu de temps démocratisé l'école, l'armée, les élections.

BIBLIOGRAPHIE

Aux recueils et ouvrages indiqués dans les volumes précédents, ajouter : 1o Sur Disraëli et Gladstone, les publications de Kebbel, historien tory: Selected speeches of lord Beaconsfield, Londres, 1882, 2 vol. History of toryism, Londres, 1886. Life of lord Beaconsfield, 1888. Froude, Lord Beaconsfied (dans la série des Prime ministers of Queen Victoria). — CuchevalClarigny, Lord Beaconsfield et son temps, 1879. Une bibliographie complète sur Gladstone se trouve dans Marie Dronsart, William-Ewart Gladstone, Paris, 1893.

2o Sur les autres hommes d'État Kebbel, Life of the earl of Derby, Londres, 1890. Barnett Smith, The life and speeches of John Bright, Londres, 1881, 2 vol. Ashley, Life of viscount Palmerston, Londres, 1876, 2 vol., résumé par Laugel (Rev. des Deux Mondes, 15 août 1876). Trevelyan, Life of Macaulay, et Reid, Life of Forster. Lord Malmesbury, Mémoires d'un ancien ministre, trad. franç., 1885.

3 Sur les questions ouvrières: Sidney Webb et Beatrice Webb, The history of Trade Unionism, Londres, 1894, trad. franç., Histoire du Trade Unionisme, 1897. - Hodder, Biographic de lord Ashley, comte de Shaftesbury, trad. franç., 1890.

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4o Sur les institutions : outre les ouvrages déjà cités ci-dessus (t. X), A. Todd, On parliamentary government in England, Londres, 1887 (2o éd.), 2 vol. Ward (avec de nombreux collaborateurs très compétents), The reign of Queen Victoria, 1887, 2 vol.

CHAPITRE XI

LES ROYAUMES DE BELGIQUE

ET DES PAYS-BAS

De 1848 à 1870.

Après 1839, les deux royaumes de Belgique et des Pays-Bas sont définitivement séparés. Aux Pays-Bas la période des guerres et des négociations est terminée; l'histoire intérieure devient seule intéressante. Elle est dominée dans les deux royaumes par l'avènement des partis libéraux.

1.

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Le Royaume de Belgique.

Les libéraux prennent le pouvoir. - Les élections générales du 8 juin 1847 firent entrer à la Chambre une majorité de libéraux et décidèrent le roi à prendre un ministère complètement libéral, présidé par Charles Rogier1. C'était une innovation; l'habitude depuis 1830 avait été de prendre les ministres à la fois dans les deux partis, et la grande majorité des représentants était favorable à cette pratique appelée la « politique d'union ». L'union fut menacée en 1842, quand les Chambres belges adoptèrent à l'unanimité moins trois voix une loi qui déclarait l'enseignement religieux obligatoire dans l'école primaire et le confiait à l'Église les libéraux, mécontents de la nouvelle loi, s'organisèrent pour conquérir la majorité des élec

1. Voir ci-dessus, t. X, p. 366.

teurs. L'Alliance libérale, société fondée en 1841, convoqua en 1846 un congrès des associations libérales à l'Hôtel de Ville de Bruxelles. L'initiative de ce congrès venait du grand maître de la franc-maçonnerie belge, Defacqz, conseiller à la Cour de cassation. L'assemblée adopta le programme suivant : 1o réforme électorale par l'abaissement du cens et l'adjonction des capacités au corps électoral, « jusqu'à la limite de la constitution »; 2° indépendance réelle du pouvoir civil (vis-à-vis de l'Église); 3° organisation d'un enseignement public à tous les degrés, sous la direction exclusive de l'autorité civile, en donnant à celle-ci les moyens constitutionnels de soutenir la concurrence avec les établissements privés et en repoussant l'intervention des ministres des cultes à titre d'autorité dans l'enseignement organisé par le pouvoir civil; 4 retrait des lois réactionnaires; 5° augmentation du nombre des représentants et des sénateurs à raison d'un représentant par 40 000 àmes et d'un sénateur par 80 000 àmes; 6° les améliorations que réclame impérieusement la condition des classes ouvrières et indigentes.

Ce programme, adopté par les candidats libéraux, triompha aux élections de 1847. Léopold Ier n'avait rien fait pour empêcher la propagande libérale. Louis-Philippe lui avait conseillé, après le Congrès de 1846, de dissoudre l'Alliance. Le roi des Belges refusa d'adopter la politique de résistance; il laissa les électeurs se prononcer, et, après les élections de 1847, prit son cabinet dans la majorité libérale.

Contre-coup de la révolution de 1848. — Le ministère libéral présidé par Charles Rogier cut à s'occuper des difficultés suscitées par la révolution française du 24 février 1848. Les libéraux étaient résolus à maintenir le roi et la constitution. Un des leurs s'écria au Parlement : « Pour faire le tour du monde la liberté n'a pas besoin de passer par la Belgique ». Le peuple belge ne bougea pas. Seuls quelques républicains venus de France. avec des armes et des drapeaux tentèrent d'apporter la révolution en Belgique; la force armée les empêcha de passer la frontière ce fut l'échauffourée de « Risquons-tout » (28 mars 1848). Le royaume de Belgique la donc évita révolution, mais il éprouva les effets de la crise qui en résultait. Beaucoup d'ou

vriers se trouvèrent sans ouvrage; les fonds belges baissèrent de 50 p. 100. Le gouvernement réorganisa la garde civique pour maintenir l'ordre. Il se fit voter 1 300 000 francs de crédits pour des travaux destinés à occuper les sans-travail. Il emprunta en deux fois 12 et 25 millions. Il fit donner cours forcé aux billets des deux principales banques jusqu'à concurrence de 50 millions. Abaissement du cens pour toutes les élections. En même temps, le ministère Rogier réalisait l'une des grandes promesses de 1846, la réforme électorale et parlementaire. Le cens fut abaissé à 20 florins ou 42 fr. 32 d'impôts directs (12 mars 1848), et le nombre des électeurs urbains monta de 16 360 à 33 600, tandis que celui des électeurs campagnards n'augmentait que d'un tiers environ. Cette réforme était très favorable au parti libéral, dont la force était dans les villes ; déjà même, des libéraux modérés la trouvaient trop démocratique. « A ce taux-là, disait Frère-Orban, vous aurez des serviteurs, et non pas des électeurs indépendants!

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Le 26 mars, les fonctionnaires furent déclarés inéligibles aux Chambres. Une autre loi réduisit à 42 fr. 32 le cens des électeurs pour les conseils communaux et provinciaux, et à six ans la durée du mandat communal. Toutes ces réformes recurent une application immédiate. Le Sénat, la Chambre des représentants, les conseils provinciaux et communaux furent dissous, puis élus suivant les lois de 1848. A la Chambre nouvelle on comptait 85 libéraux contre 23 catholiques. Au Sénat, les deux partis se faisaient équilibre.

Organisation de l'enseignement supérieur et moyen. Le ministère Rogier essaya également de réaliser un autre article important du programme libéral, l'organisation de l'enseignement. Il ne revint pas sur la loi de 1842 relative à l'enseignement primaire. Dans l'enseignement supérieur, il n'intervint que par une loi sur les jurys d'examen (4 juillet 1849). Cette loi maintenait la liberté de l'enseignement supérieur; les deux facultés libres de Bruxelles (libérale) et de Louvain (catholique) conservaient leur indépendance; le jury qui examinait les candidats aux titres universitaires était pris par moitié dans les facultés libres et dans celles de l'État, mais ses mem

bres étaient choisis par le gouvernement. Cette dernière disposition fut combattue par les catholiques. Mais leur opposition. fut surtout ardente contre la loi qui organisait l'enseignement moyen (1850). Le projet du gouvernement, qui fut adopté, augmentait le nombre des écoles appartenant à l'État et refusait de reconnaître au clergé sur ces écoles et sur les écoles analogues organisées par les villes les droits que la loi de 1842 lui avait donnés sur les écoles primaires. L'Église catholique obtint par voie administrative ce que le Parlement lui refusait. En 1853, le conseil de l'école moyenne de la ville d'Anvers ajouta à son règlement des articles supplémentaires portant que l'enseignement religieux qui convenait à la majorité des élèves (c'est-àdire l'enseignement catholique) serait seul donné à l'intérieur, que le clergé catholique aurait une place dans le bureau administratif, que les professeurs devraient se conformer à ses indications dans le choix des livres scolaires, dans leurs paroles et dans leur conduite. Le règlement d'Anvers fut approuvé par l'archevêque de Malines. La proposition de laisser à tous les collèges la liberté de l'adopter, faite à la Chambre par le ministère De Brouckère, fut accueillie favorablement (1854), et désor mais les collèges qui désiraient un aumônier catholique durent exclure les ministres des autres cultes, imposer silence aux professeurs non catholiques et se soumettre à la surveillance cléricale.

Retraite des libéraux: ministère de transition (1853-1855). Le gouvernement libéral supprima l'impôt du timbre sur les journaux (1848), abaissa le tarif des lettres, créa une caisse des retraites, une banque nationale (1849), activa la construction des voies ferrées, commencées en 1843, et les diverses entreprises de travaux publics. Il eut bientôt besoin de nouvelles ressources. Dès 1848 il présentait aux Chambres un projet d'impôt sur les successions qui fut adopté seulement en 1851 encore fallut-il dissoudre le Sénat pour l'amener à voter la taxe. Dans l'année 1851 le ministère Rogier demanda de nouveaux impôts sur la bière, le genièvre, le tabac, ce qui le rendit impopulaire. Les élections partielles de 1852 ayant favorisé les catholiques, le ministère Rogier fit

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