Page images
PDF
EPUB

du Sud devance l'Angleterre et la plupart des États européens dans l'organisation de l'enseignement primaire. Dès 1844, on avait institué, à côté des écoles confessionnelles (denominational), des écoles nationales. La loi de 1866 créa un Conseil d'éducation, sorte de ministère de l'instruction publique (primaire) toutes les écoles furent soumises au contrôle de l'Etat; les écoles confessionnelles ne reçurent plus de subventions, sinon dans le cas où elles seraient fondées dans un centre sans écoles nationales, et à condition d'être ouvertes aux enfants de toutes les religions. L'évêque anglican de Sydney se plaignit en disant que cette loi étoufferait les écoles religieuses « ». L'archevêque catholique accusa le gouvernement de « détruire les principes de la religion et de la morale dans les écoles publiques ».

Les colonies et la vente des terres publiques. Les colonies devenues autonomes sont obligées de pourvoir ellesmêmes à leur défense en organisant des volontaires. Les colonies doivent aussi s'occuper de faire venir les émigrants. La Nouvelle-Galles organise une agence d'émigration à Londres. (1861). Le Queensland l'imite (1864).

En revanche, le gouvernement impérial abandonne, après l'institution du gouvernement responsable, la disposition des terres publiques aux diverses colonies. La législation agraire commence à varier d'une colonie à l'autre. Mais la tendance générale est à peu près la mème partout. Les nouveaux immigrés demandent à acheter des terres; les gouvernements sont obligés de prendre des concessions sur les grands espaces loués aux squatters et où ceux-ci se croyaient définitivement installés. depuis les lois de 1847. La lutte entre squatters et colons commence dans la période de l'or. Les diggers qui trouvent un bon gisement demandent à l'acheter; or, il se trouve souvent sur un run loué à un squatter, et celui-ci réclame le droit de préemption qui lui a été reconnu en 1847. Plus tard, ce sont des agriculteurs qui se plaignent de ne pouvoir s'établir nulle part, les bonnes terres étant toutes louées aux squatters. La NouvelleGalles prend, en 1861, l'initiative d'une mesure en faveur des petits propriétaires la loi pose le principe du libre choix.

(free selection). Chacun a le droit de choisir dans les terres publiques de 30 à 40 acres, à l'endroit qui lui convient, au prix de 25 francs l'acre, payé un quart comptant et le reste par annuités et sans intérêts pendant les trois premières années. Des lois analogues sont votées en Victoria (1862) et en Queensland (1868). Les selectors s'enfoncent dans l'intérieur, choisissent un lot, l'achètent, y construisent une petite maison, créent un jardin et un champ; ils entourent leur terre de barrières pour empêcher les moutons de passer. Les squatters surnomment ces colons (settlers) les cacatois; ils évitent d'entrer en relations avec eux, les laissent dans leur solitude, troublent l'eau dans leur voisinage ou les empêchent de faire des travaux d'irrigation. La vie des settlers est une des plus tristes qu'on puisse imaginer. Les squatters ont des chevaux et se rendent visite dans les fètes et aux moments de loisir. Le cacatois vit seul avec sa Bible.

La législation en faveur des selectors a été tournée par les spéculateurs les squatters ou des financiers font acheter plusieurs lots contigus par des hommes de paille et réussissent à constituer d'immenses propriétés en dépit de la loi. On a essayé par différentes mesures de ne créer que de petites propriétés. On a obligé chaque acheteur à clore son lot, à y construire une habitation, à en cultiver la 10° partie au moins. En Victoria, on a décidé (1869) que les lots seraient loués d'abord pendant trois ans, et qu'ils seraient vendus (ou loués pour plus longtemps) si le selector remplissait ses obligations.

[ocr errors]

La loi Torrens. Sir Robert Torrens, haut fonctionnaire de l'Australie méridionale, a attaché son nom à une loi destinée à rendre la propriété foncière à la fois plus certaine et plus facile à transmettre. Dans le système Torrens, chaque propriété a son état civil comme une personne. Quand l'État concède un lot, il en conserve, sur une fiche ou sur un registre, une description, un croquis et un plan. Ces indications sont répétées sur un titre (analogue à nos extraits des actes de l'état civil) qui est donné au propriétaire. Les hypothèques doivent être inscrites à la fois sur les registres de l'État et sur le titre du propriétaire; de même pour les ventes, échanges, héritages. Avec

la loi Torrens, il ne suffit pas, pour être propriétaire, d'avoir acheté la terre beaucoup de squatters l'avaient achetée ou avaient fait semblant de l'acheter à un indigène ou à un faux propriétaire. Il faut avoir acheté la terre à l'État directement ou à la personne à qui l'État a vendu un titre. L'application de ce système est facile dans un pays neuf comme l'Australie, où toutes les terres ont été déclarées terres de la Couronne et où les premières concessions remontent à moins d'un siècle. Outre l'avantage de créer de véritables titres de propriété, le système Torrens permet au détenteur de ces titres d'emprunter par hypothèques ou de vendre son bien plus facilement et plus vite. Torrens avait voulu rendre la propriété foncière négociable aussi facilement que celle des vaisseaux, et il a appliqué à la première les usages de la seconde. La loi Torrens, ou loi sur la propriété foncière, a été adoptée par l'Australie méridionale en 1858, par le Queensland et la Tasmanie en 1861, la Nouvelle-Galles et Victoria en 1867, la Nouvelle-Zélande en 1870, l'Australie occidentale en 1874, puis par la Colombie britannique, l'État d'Iowa, appliquée aux îles Fidji, aux colonies anglaises du détroit de Malacca, et enfin (1885) à la Tunisie. La colonie du Queensland (1859). Le territoire Nord (1863). L'exploration de l'intérieur. Le peuplement de l'Australie eut pour conséquence un nouveau démembrement de la colonie-mère. En 1859, la partie nord de la Nouvelle-Galles, appelée jusque-là district de la baie de Moreton, fut érigée en colonie autonome sous le nom de Queensland. La nouvelle colonie reçut dès le début le régime parlementaire et le gouvernement responsable sur le modèle de 1855. L'origine du Queensland était un dépôt de condamnés incorrigibles établi en 1824 dans la baie de Moreton; les constructions élevées en cet endroit reçurent le nom de Brisbane et furent la première ébauche de la capitale actuelle. La transportation cessa en 1842. Les colons occupaient surtout les environs de Brisbane, où ils élevaient du bétail dans les collines bien arrosées du haut Darling et des moutons dans les steppes. Le nord de la colonie a un climat et des productions tropicales; quelques planteurs de canne à sucre s'y établirent.

-

En 1863, le territoire qui s'étendait en arrière de l'Australie méridionale jusqu'à la côte nord fut placé sous l'administration de cette colonie. La partie centrale s'appelle terre Alexandra, et est presque inhabitée. La partie septentrionale, ou territoire du Nord, possède quelques petites villes sur la côte. La principale est Port Darwin. Palmerston est la capitale. La deuxième traversée du désert intérieur a été accomplie par Burke, qui eut l'idée d'employer des chameaux amenés d'Afrique ; la troisième, par Mac Kinlay (1861), envoyé à la recherche de Burke, mort pendant qu'il recommençait son voyage en sens inverse; la quatrième par Stuart (1862), qui reconnut le parcours sur lequel fut posée la ligne télégraphique transcontinentale de Port Darwin à Adelaïde (1870-72).

IV. La Nouvelle-Zélande de 1839 à 1870.

[ocr errors]

La Nouvelle-Zélande se compose de deux iles qui ont ensemble la même superficie que l'Italie. L'ile nord renferme des volcans, des geysers, des sources thermales : l'île sud est traversée par de hautes montagnes, les Alpes néo-zélandaises (sommets de plus de 3 000 mètres), couvertes de neige et de glaciers. Le climat est tempéré et plus humide que celui de l'Australie. Les indigènes (Maoris), de race polynésienne, plus intelligents que les Australiens, groupés en clans et habitués à la guerre, ont pu résister longtemps aux colons. Ils étaient environ 80 000 au moment de l'annexion. Le plus grand nombre habitait l'île nord.

[ocr errors]

L'annexion le gouverneur et la Compagnie. L'Angleterre avait depuis 1833 un résident, sans pouvoirs bien définis, dans la Baie des Iles, à la pointe nord de l'ile septentrionale. La prise de possession effective date de janvier 1840. A cette date, Hobson, envoyé de Sydney comme lieutenantgouverneur, débarqua dans la Baie des Iles. Le 6 février, il réunit à Waïlangi, près de la baie, plusieurs chefs maoris du voisinage, leur fit accepter un traité par lequel ils cédaient à la

reine 1° tous leurs droits et pouvoirs de souveraineté ; 2o un droit de préemption sur leurs terres s'ils désiraient les vendre : ils conservaient tous leurs droits de propriété, de pêche et de chasse. Les indigènes devaient avoir tous les droits et privilèges des sujets britanniques ». « Nous avons, disait un d'entre eux, cédé l'ombre et gardé la chose. » On obtint ensuite l'adhésion de quelques autres chefs, et, le 21 mai 1840, Hobson proclama la souveraineté de la reine sur les deux iles. Pour établir le siège du gouvernement, Hobson choisit un point où l'île du nord se rétrécit en un isthme mince de quelques kilomètres, de sorte qu'on peut y créer un port à l'ouest et un autre à l'est; le sol fut acheté aux indigènes et on y construisit

les premières maisons d'Auckland. Le 16 novembre 1840, la Nouvelle-Zélande fut érigée en colonie à part et Hobson en devint gouverneur avec un Conseil exécutif et un Conseil législatif de fonctionnaires.

L'année précédente, une Compagnie privée, fondée sur l'initiative du célèbre Wakefield, avait réuni des colons en Angleterre, les avait débarqués à Port-Nicholson, au sud de l'île septentrionale, et avait fondé la ville de Wellington (1839). Vers ce moment, une compagnie française réunissait à Bordeaux des émigrés pour les conduire en Nouvelle-Zélande. La Compagnie de Wakefield réussit à la devancer, et son succès détermina le gouvernement anglais à faire proclamer par Hobson l'annexion de la Nouvelle-Zélande. La Compagnie, d'abord simple entreprise par actions, obtint un privilège du gouvernement en 1841; elle devait amener et établir des immigrants le gouvernement lui rembourserait ses dépenses en terres à raison d'un acre par 5 shillings. Pour les autres acquéreurs, le prix officiel des terres publiques avait été fixé par l'acte de 1842 à une livre l'acre. Le gouverneur Hobson ayant essayé de vendre les terres 5 shillings, le gouvernement le rappela au respect de la loi et lui interdit de faire concurrence à la Compagnie.

[ocr errors]

:

Les Maoris et les terres. La grande question en Nouvelle-Zélande fut celle des terres maories. Le gouvernement anglais avait dans cette île, comme dans toutes ses colonies, déclaré que les terres vacantes appartenaient à la Couronne et

« PreviousContinue »