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surtout à l'élevage des moutons et à la culture. A partir de 1852 la colonie paya toutes ses dépenses, sauf l'entretien des troupes.

Les guerres contre les Maoris. Le gouvernement impérial avait maintenu l'interdiction d'acheter directement des terres aux Maoris et il s'était réservé le contrôle des affaires indigènes. Il fit faire sur les terres maories une enquête (1856) qui ne rencontra « en général rien qui ressemble à un droit de propriété individuelle défini et indépendant du droit collectif de la tribu ». Le chef des affaires indigènes chercha à acheter le sol par morceaux importants aux tribus ou plutôt aux chefs pour les revendre par petits lots aux colons; ceux-ci auraient préféré acheter directement aux indigènes, et la Chambre des représentants à Auckland demanda vainement au gouvernement impérial de lui abandonner le contrôle des affaires indigènes. D'autre part, les Maoris étaient inquiets de voir qu'on achetait sans cesse leurs terres en 1856, ils se trouvaient réduits au centre de l'île septentrionale et à l'île Stewart; vers la fin de l'année, une grande assemblée de chefs tenue auprès du lac Taupo décida qu'on ne vendrait plus de terres à l'avenir. Depuis plusieurs années déjà, il existait entre Maoris et colons une contestation qui devait dégénérer en guerre. C'était à propos d'un district (New-Plymouth, île nord) abandonné par une tribu qui s'était enfuie devant des ennemis vers 1830. En 1840, la Compagnie avait acheté le district à quelques indigènes qui s'y trouvaient et n'avait pas voulu désintéresser la tribu exilée, malgré les représentations du gouverneur. Les exilés revinrent en 1848 au nombre de six cents et voulurent reprendre leurs terres; il y eut des rixes et des attentats, si bien qu'en 1858 le gouverneur menaça de faire pendre tous ceux qui seraient pris en armes sur le territoire contesté, Européens ou Maoris. On crut avoir trouvé une solution en 1869 un chef offrit de vendre des terres situées à peu de distance au nord de New-Plymouth; on lui donna 100 livres d'acompte; on avait commencé l'arpentage quand 70 à 80 Maoris survinrent et mirent en fuite les arpenteurs. Les colons de New-Plymouth prirent les armes et se retranchèrent; le gouverneur arriva en toute hâte avec le colonel commandant les troupes, un navire

croisa devant New-Plymouth. Le gouverneur écrivit à Sydney et à Londres pour demander 3 000 hommes de renfort le major général qui commandait en Australie vint prendre le commandement des forces. La guerre resta locale, mais elle dura toute l'année. Les guerriers maoris qui ne connaissaient autrefois que les armes de bois dur et de pierre avaient acheté des fusils; ils s'abrilaient dans des pah, forteresses plantées sur des rochers, entourées de palissades et de fossés. Le pah possédait des tours de guet, des plates-formes disposées dans les arbres à l'usage des tireurs; il était pourvu d'eau, de magasins approvisionnés, de fours, afin de pouvoir soutenir un siège. Quand on avait enlevé d'assaut la palissade extérieure, il fallait enfoncer celles qui barraient les rues ou qui entouraient les maisons. Les guerres contre les Maoris sont longues et meurtrières. La première se termine en 1860 et elle est suivie de longues négociations que conclut Grey, un ancien gouverneur rappelé à cause de sa fermeté à défendre les indigènes. Le gouverneur réoccupa le district de New-Plymouth, mais il abandonna les terres dont la vente avait été la cause initiale de la guerre; il fit construire une route à travers l'ile nord pour pouvoir surveiller les districts maoris. On croyait les guerres finies. Le contrôle des affaires indigènes fut enfin abandonné à la Chambre des représentants d'Auckland.

En 1863, on apprit que plusieurs Anglais venaient d'être massacrés dans la baie de New-Plymouth (4 mai). Plusieurs chefs indigènes s'étaient entendus pour recommencer la guerre. Ce fut la plus longue et la plus sanglante. Elle ne fut pas absolument générale, mais un grand nombre de tribus y prirent part. Ce fut une guerre de races, avec massacres de part et d'autre; les Maoris surprenaient les villages et tuaient tout, hommes, femmes et enfants; ils avaient foi dans une prophétie annonçant qu'à la fin de 1864 tout ce qui n'était pas de race indigène aurait disparu de l'île. Les Anglais mirent jusqu'à 20000 hommes sur pied, soldats et volontaires; ils battaient les Maoris en rase campagne, mais il leur fallait ensuite enlever les pah l'un après l'autre. Les hostilités durèrent trois ans, de 1863 à 1866.

Après la grande guerre, les régiments quittèrent l'île du nord l'un après l'autre ; il n'en restait plus qu'un seul en 1868 lorsqu'on apprit que 5 officiers et 70 hommes des forces coloniales venaient d'être tués dans une rencontre avec des insurgés et que 40 Européens et 20 indigènes alliés avaient été massacrés à Poverty Bay sur la côte est. L'émotion fut considérable et il y eut une panique dans une partie de l'île. Mais ce dernier soulèvement fut assez facilement réprimé, et ce fut la fin des guerres

maories.

Le nombre des indigènes avait beaucoup diminué par suite de la guerre et de la famine qui en résultait. Une tribu de 18 000 personnes était tombée à 2279. On estimait en 1867 le nombre total des indigènes à 38 000. Une grande partie des terres des districts rebelles avaient été confisquées par ordre de l'assemblée d'Auckland et malgré le gouvernement impérial. Néanmoins les indigènes possédaient encore 10 millions d'acres, au centre de l'île nord, dans le pays des sources thermales et des geysers. Le gouverneur alla visiter les Maoris en 1869, et. leur promit qu'on leur laisserait leurs terres; dans des assemblées ils s'engagèrent à ne plus faire la guerre; on renvoya chez eux des missionnaires; on établit des écoles. En 1871, on leur accorda deux députés à l'Assemblée coloniale.

Pendant que l'île du nord était en proie à la guerre, l'île sud étendait paisiblement ses cultures et ses pâturages. Les habitants, mécontents de payer les frais de la guerre du Nord, parlèrent de fonder une colonie à part. Le gouverneur voulant les surveiller de plus près, transporta la capitale d'Auckland à Wellington (1865).

La paix qui avait régné dans l'ile sud avait permis à la colonisation de se développer plus qu'on n'aurait pu le croire. En 1867, le nombre des colons européens s'élevait à 226 618, le total des moutons à 8418 379, et celui des têtes de bétail à 312 835.

V.

Les colonies de l'Afrique australe
de 1847 à 1872.

La guerre de la Hache. Annexion d'une partie de la Cafrerie. Les tribus cafres (entre le Cap et Natal) avaient conservé leur indépendance grâce aux missionnaires; les colons du Cap se plaignaient d'être pillés par elles, et le gouvernement faisait de son mieux la police de la frontière. En 1846, un Cafre fut accusé d'avoir volé une hache et emmené au poste anglais de Grahamstown pour y être jugé; sa tribu l'enleva de force à ses gardiens. Le gouverneur envoya des troupes pour punir les ravisseurs. Ce fut le commencement de la guerre de la Hache, qui dura sept années (1846-1853). Les opérations consistent surtout à enlever les kraals entourés de haies épineuses et courageusement défendus par les indigènes; les Anglais, dans les premiers temps, sont plusieurs fois surpris par les guerriers cafres et reculent en abandonnant une partie de leurs bagages. En 1848, la principale tribu se soumit et la guerre parut terminée. Mais en 1851, les Cafres se soulevèrent tous ensemble, et ils vinrent attaquer les forts de la frontière. Il fallut deux années pour les soumettre définitivement. Après la paix, la partie de la Cafrerie qui touchait au Cap (entre la Fish River et la Kei River) devint colonie anglaise, sous un lieutenant-gouverneur, avec King William's Town pour capitale. Le reste (Pondoland), entre la Kei River et Natal, demeura indépendant (1853).

Le deuxième Voorttrekken; l'État d'Orange annexé, puis évacué par les Anglais; le Transvaal. Pendant que la guerre des Cafres durait encore, le gouverneur du Cap en avait commencé une autre contre l'État d'Orange fondé par des Boers émigrés de Natal.

Natal était devenu une colonie à part en 1856. A cette époque, sa population se composait surtout de Cafres et d'autres noirs qui avaient cherché un refuge sous la domination anglaise

(400 000 environ). Le gros de la population blanche était formé par les éleveurs boers arrivés en 1838. Un Anglais, Byrne, avait essayé d'établir à Natal des cultivateurs britanniques; il y avait transporté de 1848 à 1850 environ 3800 personnes, auxquelles il accordait la traversée et 20 acres de concession moyennant 10 livres. L'essai fut malheureux; Natal, pays de climat tropical, n'attirait guère que les planteurs qui venaient cultiver la canne à sucre avec la main-d'œuvre indigène ou avec celle des coolies transportés de l'Inde. Les gouverneurs tâchaient d'attirer le plus grand nombre d'indigènes possible dans la colonie en les protégeant contre les blancs. Cette politique ne convenait pas aux Boers. Dès 1846, ils avaient envoyé un d'entre eux, Andries Pretorius, porter leurs doléances au gouverneur du Cap; le gouverneur refusa de l'écouter. Alors Pretorius et ses amis s'en allèrent vers le nordouest avec leurs familles, leurs chariots et leurs boeufs. Un nouveau gouverneur du Cap s'empressa de les rejoindre et leur promit de grandes concessions de terres, s'ils voulaient rebrousser chemin, mais les Boers continuèrent leur nouveau trekk et rejoignirent un groupe d'émigrés de 1837-36 qui avait franchi le fleuve Orange : les anciens et les nouveaux trekkers se constituèrent en État libre d'Orange, capitale Bloemfontein. Le territoire de cet État était occupé, avant l'arrivée des Boers, par des indigènes inoffensifs, groupés en petites tribus et vivant les uns de chasse comme les Hottentots, les autres d'élevage c'étaient les Bechouanas et les Griquas, ces derniers ayant pour chefs depuis le XVIIIe siècle des métis boers, les Kok. Les missionnaires avaient demandé pour les indigènes la protection du gouvernement du Cap, qui avait envoyé dans le pays un résident (1845). En 1848, après l'arrivée des émigrants de Natal, le gouverneur du Cap vint dans le pays et annexa aux possessions anglaises toute la région des monts Drakenberg au Vaal, sous le nom de Orange River British Sovereignty (1848). Il adressa aux chefs griquas une proclamation qui leur disait : « Gardez la paix, écoutez les missionnaires, alors votre bétail engraissera et vous irez au ciel. » Il déclara que les Boers devaient l'impôt foncier et le service de la milice. Il invita le

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