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Japon (1690-92) et dont l'Histoire, quoiqu'il fût Westphalien, parut en 1727 en anglais; Charles-Pierre Thunberg, Suédois, envoyé au Japon en 1772, ancien élève de Linné; et Philippe Franz, baron de Siebold, auteur du volume Nippon, Archiv zur Beschreibung von Japan, qui fut publié à Leyde en 1832-1851. L'arrivée du commodore Perry allait changer la situation.

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Les Américains au Japon. Nori-hito (Komeì Tennô, 1847-1856) était alors mikado et Iye-Yosi shogoun (1838-1853); les prédécesseurs de ce dernier avaient été Mina-moto-no Iyeyasú Kô (1603-1605); Hide-tada Kô (1605-1622); Iye-mitú Kô (1623-49); Iye-tŭna Kô (1650-1680); Tnŭa-yosi Kô (1681-1709); Iye-nobu Kô (1709-1712); Iye-tùgu Kô (1713-1715); Yosi-mune Kô (1716-1745); Iye-sige Ko (1745-1762); Iye-haru Kô (17621786); Iye-nari Ko (1787-1837). Ses successeurs, derniers shogouns de Tokugawa, furent Iye-sada kô (1853-1858); Iye-motsi Ko (1858-1866) et Yosi-hisa Kò (1866-1867). Les intérêts commerciaux des États-Unis dans l'Extrême-Orient étaient si importants que le président Fillimore se décida à envoyer au Japon, afin d'obtenir la signature d'un traité, une escadre ayant à sa tête le commodore Matthew Calbraith Perry. Celui-ci arrivait porteur de ses instructions à l'entrée de la baie de Yedo, à Uraga, en juillet 1853. Il naviguait encore pendant quelques mois dans les mers de Chine, abordait aux îles Lieou-Kieou, et, le 31 mars de l'année suivante, malgré l'opposition du prince de Mito et les ennemis des shogouns de la maison de Tokugawa, il signait avec le bakufu, à Kanagawa, un traité comprenant douze articles dont le plus important était pour les Américains l'ouverture des ports de Shimoda, dans la province d'Idzu, et d'Hakodate, dans l'île de Yesso. Ce traité, signé par le commodore Perry pour l'Amérique et par Hayashi, Dai-gaku-no-Kami, Ido, prince de Tsoushima, Iza-wa, prince de Mimasaka, et Udono, membre du ministère des Finances, pour le Japon, était ratifié en 1854 par le président des États-Unis et les ratifications étaient échangées le 24 février 1855 à Shimoda. La signature de ce traité amena d'autres conventions avec les puissances européennes; tour à tour l'Angleterre, la Russie et la Hollande obtenaient par traités des avantages importants; celui

de Nagasaki (14 octobre 1855), signé par l'amiral sir James Stirling, ouvrait aux Anglais les ports de Nagasaki (Hizen) et d'Hakodate (Matsmai); celui de Shimoda (7 février 1855) et celui de Nagasaki (30 janvier 1856) étaient successivement signés par le vice-amiral Euthyme Poutiatine et le chevalier Jan Hendrik Donker Curtius.

Nouveaux traités. Le nouvel envoyé américain, le général Townsend Harris, profitant des victoires francoanglaises en Chine, signait à Yedo, le 29 juillet 1858, un nouveau traité, par lequel Kanagawa était ouvert au commerce étranger, et les États-Unis autorisés à établir un agent diplomatique à Yedo. Un autre traité fut signé par le Japon avec la Hollande, le 18 août 1858; avec la Russie, le 7 août; avec l'Angleterre le 26 août; avec la France, le 9 octobre de la même année. A partir du 13 août 1859, le baron Gros, qui représentait la France, obtenait l'ouverture de Hakodate, de Kanazawa et de Nagasaki au commerce français. Venait ensuite l'ouverture de Ni-i-gata, le 1er janvier 1860, et de Hiogo, le 1er janvier 1863. Le Japon autorisait les sujets français à résider à Yedo, à partir du 1er janvier 1862 et à Osaka, à dater du 1er janvier 1863, mais seulement pour y commercer. Le shogoun Iye ya-sada élant mort subitement en 1858, on essaya de le remplacer par Hitotsubashi. Le premier ministre (taïro) li Kamon fit avorter ce projet, et Iye-motsi monta sur le trône. li Kamon no Kami

Hostilité contre les étrangers. fut un des rares hommes du Japon qui comprit l'importance et la force des étrangers. C'est lui qui avait signé les derniers traités avec eux, malgré le mikado et les daïmios; s'il n'avait pas agi de la sorte, non seulement les Tokugawa, mais encore le mikado, auraient essuyé un désastre. Ce grand ministre paya de sa vie sa clairvoyance: il fut assassiné en 1860. L'agitation contre les étrangers augmentait : la légation d'Angleterre était attaquée le 5 juillet 1861; le 14 septembre 1862, les gens du daïmio de Satsuma assassinaient près de Yokohama un Anglais, nommé Richardson i fallait sévir. Le 5 septembre 1864, Anglais, Français, Hollandais et Américains réunissent leurs flottes pour attaquer les forts de Shimonoseki et les détruisent.

Deux ans plus tard, Hitotsubashi, plus connu sous le nom de Keiki, devenait shogoun, il est le dernier de la lignée d'Iyeyas. Chute des Tokugawa. Cependant Komei Tennô était mort et remplacé comme mikado par son fils Mutsu-hito, né à Kioto le 3 novembre 1852. Le nouveau souverain prend le nengo (nom de règne) de Mei dji (1868); la révolution éclate, le shogounat est aboli; les Impériaux écrasent les Tokugawa dans plusieurs rencontres et la résistance de ceux-ci se termine à Hakodate l'année suivante. Mutsu-hito accepte les traités avec les étrangers, ouvre Kobe, Osaka (1868), Ni-i-gata, Yedo (1869) au commerce; il transfère sa capitale de Kioto à Yedo, qui prend le nom de Tokyo (cour de l'Est; équivalent de Tong-King). Une transformation complète de l'empire du Soleil-Levant allait s'opérer; nous verrons que, malgré son extraordinaire rapidité, elle rencontra de grandes difficultés '.

1. Pour la Bibliographie de ce chapitre, voir ci-dessous, t. XII, à la fin du chapitre Extrême-Orient.

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La guerre qui mit aux prises en 1870 la Prusse et la France, était prévue depuis 1866. Le maréchal Niel, nommé ministre au mois de janvier 1867, la préparait activement. Il faisait reconnaître avec soin non seulement les frontières françaises, mais le territoire allemand. Il augmentait le nombre des batteries et armait de pièces rayées les principales places de l'Est. Il créait une commission supérieure des chemins de fer qui réglerait à l'avance la marche et la concentration des hommes et du matériel. Il établissait un plan de campagne deux armées, l'armée d'Alsace, commandée par Mac-Mahon, et l'armée de Lorraine, commandée par Bazaine, étaient destinées à l'offensive et s'appuieraient l'une l'autre pendant qu'une troisième, confiée à Canrobert, leur servirait de réserve.

Mais Niel mourut au mois d'août 1869, et son successeur, Le Bœuf, ne prit que des mesures désastreuses. Il refusa d'accroître le nombre des batteries. Il supprima la commission des chemins de fer. Il abandonna l'organisation de la garde mobile qui se composait de tous les hommes remplacés ou exemptés - en déclarant qu'elle ne devait exister que sur le

papier et que ses manœuvres n'étaient que des farces. Comme Niel, il ne comptait que sur l'armée régulière, qui saurait soit porter soit recevoir le premier choc, et il assurait, sans croire si bien dire, que ce premier choc décidait du sort d'une campagne. Qui ne pensait alors que les Français, grâce à leur intelligence, à leur esprit d'initiative et aux charges à la baïonnette, se débrouilleraient toujours et vaincraient l'adversaire? Malgré d'insuffisants préparatifs et des combinaisons hasardeuses, la guerre d'Italie n'avait-elle pas réussi? Nos troupes qui n'étaient pas encore sorties de leurs garnisons lorsque l'Autrichien dépassait Novare et menaçait Turin, ne l'avaient-elles pas arrêté à temps, refoulé, contraint à une paix glorieuse?

Subitement, au mois de juillet 1870, un incident faisait naître l'explosion. << Nous sommes, disait un général, tantôt belliqueux et tantôt pacifiques. Nous ne pouvons nous résigner à accepter franchement la situation que nous nous sommes faite par les fautes énormes commises en 1866, et nous ne pouvons non plus nous décider à la guerre. Nous y rêvons sans cesse, nous nous y préparons d'une façon continue avec un redoublement d'activité intermittent; puis au dernier moment, le cœur nous manque toujours, et, après un pas fait en avant, nous en faisons deux en arrière. La paix repose sur des bases trop peu solides pour être durable. La Prusse peut ajourner ses projets, mais n'y renoncera jamais. Dans cet état de transformation, de troubles, de défiances, n'est-il pas clair qu'un incident imprévu peut, à chaque instant, amener une crise terrible 1? »

Le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen avait accepté la couronne d'Espagne. La presse française s'indigna. Une demande d'interpellation fut déposée à la Chambre. Le 6 juillet, le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères, disait au Corps législatif sur un ton d'imprudente provocation qu'une puissance qui placerait un de ses princes sur le trône de Charles-Quint, romprait l'équilibre européen et qu'en ce cas la France remplirait son devoir sans hésitation et sans faiblesse.

1. Correspondance du général Ducrot, II, pp. 303-304 (lettre du 30 avril 1869).

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