Page images
PDF
EPUB

dehors si ce liquide tombait sur la surface opposée à celle sur laquelle l'air vient frapper directement.

Les bâtiments d'épines peuvent renfermer un seul ou trois rangs de fagots. La première disposition paraît être la plus avantageuse pour la rapidité de l'évaporation; cependant il existe un très grand nombre de bâtiments à trois rangées. La longueur d'un bâtiment est déterminée par les localités, sa largeur par le nombre de rangées de fagots; pour ceux à un seul rang, sa longueur est d'un peu moins de 1 à 10. Quant à la hauteur, elle se trouve déterminée par la nature des constructions et les moyens d'élévation de l'eau; elle varie entre 17 et 24 mètres (50 à 72 pieds).

L'eau est élevée par des pompes aspirantes et foulantes jusqu'à la partie supérieure, et répandue dans des canaux qui servent à la diriger sur les fagots au moyen de fentes qui sont fermées à volonté par des planchers glissants que l'on fait ouvrir de la partie inférieure du bâtiment au moyen de cordes, de poulies ou de leviers.

L'évaporation ayant lieu à la fois suivant le degré de sécheresse, de température et de vitesse de l'air, il est indispensable de reconnaître ces conditions; c'est ce à quoi l'on parvient facilement au moyen d'instruments appropriés.

Une seule chute sur les épines ne suffit pas pour élever l'eau au degré de salure convenable; des pompes la reprennent dans les bassins inférieurs, pour la graduer de nouveau, jusqu'à ce qu'elle renferme environ 16 p. 0/0 de sel.

Les bâtiments consistent en une charpente en bois, recouverte d'un toit qui abrite le système, et fait une saillie de 2 mètres au moins sur les fagots; quand on en établit une seule rangée, elle occupe le centre du bâtiment, et s'élève presque jusqu'à la partie supérieure; lorsqu'il y en a trois, la rangée centrale occupe à peu près le quart de la hauteur; sa largeur n'est pas plus grande que celle des rangées inférieures.

Toutes les espèces de bois ne sont pas également avantageuses pour les bâtiments de graduation: celles que l'on emploie de préférence sont le prunus spinosa, le crataegus oxiacanthe, et l'hypophaë rhamnoides. Le premier de ces bois est le meilleur,

parce qu'il a plus d'élasticité, et que les branches restent plus facilement écartées les unes des autres, et permettent un plus libre accès de l'air. Les branches à tiges roides sont préférables à celles à tiges pendantes, à l'extrémité desquelles l'eau se réunit en grosses gouttes, tandis que sur les tiges roides elle est plus divisée.

De deux en deux mètres, les fagots sont un peu écartés par des traverses en bois qui ont une légère inclinaison.

Le maximum d'évaporation obtenue dans une seule chute de l'eau salée ne dépasse guère 8 à 10 p. 0/0; mais cette proportion est bien loin d'être atteinte dans la plupart des cas.

[merged small][graphic][subsumed]

Les fig. 2 et 3 représentent l'élévation d'un bâtiment de gra

duation à un rang d'épines, prise dans la largeur, et à l'extrémité du bâtiment, dans lesquelles les mêmes objets sont représentés par les mêmes lettres.

Fig. 3.

a charpente, b toit supérieur, c toit inférieur, d fagots d'épines, e canal qui déverse l'eau dans les rigoles principales par des entailles pratiquées sur la paroi latérale, frigoles recevant l'eau du canal et la distribuant sur les épines, g espace vide pour faciliter le mouvement de l'air, h pilier supportant l'anneau j par lequel passe le levier i, servant à fermer ou à ouvrir les entailles du canal e, m manivelle mise en mouvement par la corde n, passant sur les poulies o o, p plancher sur lequel tombe l'eau salée, q canaux conduisant l'eau dans les réservoirs, r réservoirs, s pilotis supportant le bâtiment, t chevrons du toit supérieur, barres de bois transversales posées de 2 en 2 mètres pour empêcher le tassement des fagots, v point d'attache du levier i avec la planche mobile servant à ouvrir à volonté les entailles, k escaliers pour monter sur le plancher.

Fig. 4.

Les bâtiments à trois rangées d'épines offrent quelques différences, que montre la fig. 4: a charpente, toit, c ouverture pour la circulation de l'air, d d rangée d'épines inférieures, a' rangée supérieure, e canal principal, frigoles latérales, g manivelle pour fermer ou ouvrir les rainures,

i cordes de la manivelle se mouvant sur la poulie h, k espace

vide entre les rangées d'épines, 7 plancher recueillant l'eau qui égoutte des fagots supérieurs pour les déverser sur les fagots inférieurs.

Cette disposition des bâtiments est la plus ordinairement employée; mais trois autres systèmes ont été mis en usage pour parvenir au même résultat : on a remplacé les fagots d'épines des cordes, des planches ou des ardoises.

Les bâtiments à cordes ont été imaginés par M. Dubutel en 1778. On les a employés sur une grande échelle à la saline de Moutiers.

Des cordes sans fin, qui descendent de la partie supérieure jusqu'au bas du bâtiment, servent à l'écoulement de l'eau ; ces cordes, petites, rapprochées et placées à égale distance sur toute la longueur du bâtiment, donnent lieu aux avantages suivants : l'eau s'écoule plus uniformément, recouvre une plus grande surface, est distribuée régulièrement autour des cordes, n'est pas exposée à être entraînée par le vent; et la circulation de l'air, ainsi que son renouvellement, ont lieu avec beaucoup de facilité.

En se servant d'eau fortement chargée de sel on obtient 68 myriagrammes, ou 685 déc. cub., d'eau évaporée par mètre courant, par des temps ordinaires, tandis qu'avec le bâtiment à épines cette proportion ne peut être atteinte, sur de l'eau fai blement salée, que dans les temps les plus favorables. Le maximum d'évaporation est de 70 myriagr., ou 700 déc. cub., par vingt-quatre heures, par mètre de largeur ou sur une surface verticale de 8 à 9 mèt. cub.

Les bâtiments à cordes offrent encore l'avantage que l'eau peut y être distribuée sur un grand nombre de points, tandis qu'avec les épines on ne peut la faire couler que sur un seul, et quand le dépôt du schelot est abondant, l'eau peut encore s'écouler, tandis que les épines se soudent et ne forment bientôt plus qu'une masse.

La dépense est la seule objection fondée que l'on puisse faire contre ce système; l'appareil établi à Moutiers a coûté 30,000 fr.; mais les réparations sont rares, et comme l'évaporation est, terme moyen, double, cette disposition offre beaucoup d'avantages.

A la vérité, lorsque les eaux ont un faible degré de salure, les cordes sont exposées à se pourrir rapidement; mais dans les localités où l'on aurait à craindre ce genre d'inconvénients, il serait facile de les enduire de quelque mastic préservateur.

Fig. 5.

Fig. 6.

La fig. 5 représente une coupe de ce genre de bâtiment, et la fig. 6 l'élévation entre deux piliers; les mêmes lettres indiquent les mêmes objets.

a a piliers en maçonnerie, bb bassin de réserve, c c canal qui conduit au puisard l'eau que fournit le plancher, d d plancher incliné qui reçoit l'eau graduée et

[graphic]

le sel que l'on abat, e e traversines servant à fixer les deux bouts de chaque corde, ƒ paroi en planches du côté opposé au vent pour retenir l'eau qui jaillit sur le plancher, gg cordes, h canal recevant l'eau salée, jj petits canaux qui distribuent l'eau sur chaque système de cordes, i i canaux étroits supportant les cordes, k k trottoirs.

Les canaux supportant les cordes reçoivent une disposition particulière, représentée dans les fig. 7 et 8 en élévation et en coupe.

Nous avons dit précédemment que l'on avait substitué à ces deux systèmes des ardoises et des tables.

A Creuzenach, près de Mayence, M. Hichtenberger, inspecteur de la saline de Munster, a établi des toits d'ardoise superposés sur lesquels on fait couler l'eau. Il paraît que les résultats obtenus ont été avantageux.

Enfin, M. de Baader a adopté une construction de planches

« PreviousContinue »