Page images
PDF
EPUB

La législation sur les établissements dangereux, insalubres ou incommodes, donne à l'autorité les moyens nécessaires pour prévenir les incendies dans les manufactures soumises à cette législation. Toutefois, ces moyens sont indépendants des mesures extraordinaires dont ces mêmes établissements peuvent être l'objet en vertu des lois de 1790 et 1791; car, quoique le décret de 1810 et l'ordonnance royale du 14 janvier 1815 aient prévu les formalités à remplir pour leur formation et pour leur suppression, ils peuvent néanmoins être fermés sans l'observation de ces formalités, s'il est reconnu qu'ils présentent des dangers réels d'incendie. Dans tous les cas, ces établissements, et nous citerons notamment les artificiers, les distilleries, les fabriques où l'on fait usage de poudres fulminantes, les fabriques de bitumes, de briquets phosphoriques, de caramel, de vernis, d'encre d'imprimerie, les fonderies de métaux, le travail des résines, des goudrons, les fabriques d'huile, les usines à gaz, les fabriques de poudre fulminante, les fonderies de suif, les verreries, etc., etc., exigent, en ce qui concerne le danger du feu, les plus grandes précautions, et une surveillance spéciale. C'est ici que l'administration doit s'entourer de tous les éléments propres à la diriger dans l'appréciation des conditions qu'il importe de prescrire à ces usines. Sous ce rapport, les conseils de salubrité, et particulièrement celui de Paris, ont rendu de grands services à l'industrie par l'indication de nouveaux procédés propres à rendre, dans quelques unes de ces usines, les travaux moins insalubres, et surtout moins fréquentes les chances d'incendie. (Voy. ETABLISSEMENTS INSALUBRES, FORGES ET Fours. AD. TRÉBUCHET.

INCENDIE. Les effets désastreux des incendies sont trop connus pour que nous devions chercher à en retracer ici le tableau; nous nous appliquerons à réunir ce qu'il peut être utile de bien faire connaître sur les moyens à employer pour combattre le développement de cet effrayant fléau, et porter d'utiles secours à ceux qui s'y trouvent exposés.

Les feux les plus fréquemment observés dans les grandes villes sont ceux qui se développent dans les tuyaux de cheminée par l'accumulation de la suie, provenant soit de l'absence

de ramonage, soit du manque de soin que les individus chargés de ce travail mettent à l'exécuter.

Si les parois du tuyau d'une cheminée étaient composées de matières bien solides et capables de résister à l'action d'une température élevée; qu'il n'y existât aucune fissure, qu'aucune portion de substance combustible ne se trouvât à proximité, la combustion de la suie dont ses parois seraient recouvertes n'offrirait aucun danger; c'est ce qui a lieu pour les conduites en fonte, que l'on ramone souvent en y mettant le feu. Mais le plâtre, qui s'altère par l'action de la chaleur, présente fréquemment des solutions de continuité, que l'incendie développe, et qui cependant était presque généralement seul employé autrefois pour la construction des corps de cheminées, est loin d'offrir la même sécurité; souvent aussi on trouve, malgré les règlements qui le défendent, quelques portions de bois limitrophes, et, dans beaucoup de cas, on en a même rencontré traversant les parois mêmes des cheminées.

Les constructions en briques, quoiqu'elles n'offrent pas autant d'assurances que la fonte, sont cependant de beaucoup préférables au plâtre et au moellon, et l'usage que l'on commence à en faire plus généralement est une des choses les plus utiles que nous ayons imitées de divers pays.

[ocr errors]

Lorsque le feu se manifeste dans une cheminée, si elle est munie inférieurement d'une trappe, on doit s'empresser de baisser celle-ci, pour intercepter la communication de l'air; ce moyen suffit, dans beaucoup de cas, pour arrêter l'incendie ; mais si l'ouverture antérieure ne peut être close de cette manière, il faut pourvoir au moyen d'y parvenir; pour cela, on retire de l'âtre tout le feu qui s'y trouve, on étale sur l'ouverture un drap mouillé, que l'on maintient sur la tablette à l'aide de corps pesants, et on assure la fermeture en y appliquant une porte, une planche, une table ou tout autre corps de forme analogue et d'une grandeur convenable; sans cette précaution, les ouvertures que laisse le drap permettent à l'air de passer et d'activer l'incendie, et le courant produit est si violent, que le drap peut être entraîné dans l'intérieur de la cheminée. La combustion ne peut se produire sans air; en empêchant le cou

rant ascensionnel, l'acide carbonique formé, et l'azote provenant de la portion d'air décomposé, remplissent suffisamment la capacité de la cheminée pour ne pas permettre aux matières enflammées de continuer à brûler.

:

Ce fait explique très bien ce qui se passe dans l'emploi du soufre si au lieu d'enlever le feu de l'âtre, on l'y étale, et qu'on projette dessus 1 kilog., par exemple, de soufre, en fermant aussitôt la partie antérieure, le soufre brûle, absorbe l'oxigène, en formant du gaz sulfureux, qui éteint les corps en combustion. Ce moyen, essayé un grand nombre de fois, a fourni de très bons résultats; mais il faut qu'il soit, comme le premier, appliqué dès l'origine de l'incendie; plus tard, il ne produit presque plus d'effet.

Dans tous les cas, il est important de clore le plus exactement possible toutes les ouvertures qui peuvent donner lieu à un courant d'air.

Quand l'incendie est très intense et qu'il est urgent de détacher toute la suie enflammée, on place un drap mouillé sur l'ouverture de la cheminée, de manière qu'il pende tout autour, on l'assujettit sur la tablette avec des corps pesants, et le saisissant au milieu avec la main, on l'enfonce profondément et on le retire avec vivacité; cette espèce de pompe' aspirante fait tomber une grande quantité de matières en combustion, que l'on éteint avec de l'eau, et qu'on extrait du foyer, et l'on recommence ainsi autant de fois qu'il est besoin.

L'introduction de l'eau par la partie supérieure devient souvent nécessaire; on la détermine par l'orifice même ou par une ouverture que l'on pratique sur l'une des parois.

Lorsque l'importance de l'incendie exige l'emploi des pompes, les hommes exercés au genre de manœuvres qu'elles nécessitent sont devenus presque indispensables; cependant, lorsque, dans une fabrique, par exemple, on est pourvu des moyens convenables, de bien utiles secours peuvent être administrés par le moyen de petites pompes.

Nous pensons qu'il sera utile de faire connaître ici les divers appareils et moyens nécessaires pour les secours à porter dans. les incendies, en nous bornant à ceux dont l'expérience a sanc

tionné l'emploi, en nous bornant pour les autres à une brève indication.

"

Les moyens de transport de l'eau sont un des objets les plus importants; les tonneaux employés à Paris renferment 3 hectolitres; ils sont montés de manière que leur centre de gravité est placé au-dessous de la ligne des brancards; par ce moyen, les hommes qui les traînent, très souvent à grande vitesse, n'ont autre chose à faire que d'exercer une traction, sans supporter aucune charge. Sur les brancards, on place une quantité considérable de seaux pour le transport de l'eau, dont la nécessité se fait presque toujours sentir dans tous les lieux où se développe un incendie.

pres

Les seaux en bois et en métal, que l'on rencontre dans que toutes les maisons, servent toujours utilement pour alimenter les pompes, mais leur poids et leur volume les rendent difficilement transportables.

On a beaucoup employé autrefois des seaux en osier, revêtus intérieurement d'une toile goudronnée, avantageux par leur légèreté, mais dont le volume ne permet pas le transport en grand nombre sur un tonneau ou une pompe, et qui d'ailleurs offrent cet inconvénient que l'anse n'étant pas flexible, une grande partie du liquide se trouve renversée avant que le seau parvienne au lieu de l'incendie.

Des seaux formés d'un tissu de cordes de chanvre sont très légers et peuvent se plier en les affaissant sur eux-mêmes; on en place facilement un grand nombre sur un tonneau, et la flexion de leurs anses permet de déverser une moindre quantité de l'eau que l'on transporte en faisant la chaîne.

[ocr errors]

Les seaux de toile goudronnée ne sont pas exposés à perdre d'eau; on les conserve en les suspendant sur des perches, sous une porte, une remise, etc. Ceux en tissu de chanvre laissent d'abord passer une certaine quantité de liquide, mais ils s'abreuvent bientôt, et sont, par conséquent les plus avantageux que l'on puisse employer.

Lorsqu'il est nécessaire de parties élevées d'un édifice, ou portions de construction pour loppe, il est nécessaire de faire

faire parvenir de l'eau sur des d'inonder des murs ou d'autres éviter que l'incendie ne s'y déveusage d'une pompe d'une ma

[subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed]

nœuvre facile et sujette à peu d'avaries. La fig. 61 représente, celle que l'on emploie actuellement à Paris, et qui offre cet avantage, qu'on enlève facilement le corps de pompe et le

Fig. 61.

[graphic]
[ocr errors]
[ocr errors]
« PreviousContinue »