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à Lémery; elle est en morceaux arrondis et gros comme de fortes noix. M. Guibourt a donné le nom de gomme turique à la gomme arabique fendillée; le catalogue des productions naturelles des courtiers de la Bourse fait, sans doute selon M. Guibourt, usage du nom de turique comme synonyme d'arabique, tandis que l'échantillon de la collection de la Bourse est conforme à celui du Muséum d'histoire naturelle.

Le mot turique paraît venir de thus (encens), à cause de la manière dont la gomme a coulé de l'arbre sous forme de larmes. M. Guibourt pense qu'il vient de Tor, qui est un port d'Arabie. Quoi qu'il en soit, il est évident qu'il a changé la signification de ce mot.

La gomme de geddh, qui passe pour venir de Giddah, est une variété de gomme arabique qui pourrait bien provenir d'une espèce particulière de mimosa. Cette gomme est principalement caractérisée par son peu de fragilité, et par quelques points de sa surface qui sont toujours dépourvus de limpidité. C'est peutêtre à cette variété qu'il faut rapporter celle que M. Guibourt a proposé de nommer gomme pelliculée. Cette gomme est peu propre pour l'usage médical, attendu qu'elle possède une odeur et une saveur désagréables.

La gomme du Sénégal découle principalement de l'acacia Senegal. Elle ressemble beaucoup à la gomme arabique. Elle est en grande partie composée de morceaux ovoïdes ou arrondis, dont le volume varie depuis celui d'une noisette jusqu'à celui d'un œuf. Ces morceaux sont souvent creux dans leur intérieur, et leur couleur varie depuis le roux très clair jusqu'au rouge-brun foncé. On y rencontre de la gomme fendillée incolore ou jaunâtre, de la gomme en morceaux cylindroïdes, arqués, rugueux à leur surface; d'autres, ordinairement fort petites, en larmes limpides, incolores ou en morceaux aplatis et arrondis sur leurs bords; des marrons et du bdellium. La densité des beaux morceaux de gomme du Sénégal estde 1,436, et il paraît qu'elle contient habituellement environ 0,02 d'eaų de moins que la gomme arabique.

La gomme du Sénégal nous parvient en sacs de 50 à 60 kilog.; mais, plus souvent encore, elle ne subit d'emballage que dans

les ports de France, d'où on l'expédie en barriques de poids variables.

Dans le commerce, on rattache à la gomme du Sénégal la gomme de Galam, la gomme de Barbarie, et même la gomme de l'Inde.

du

La gomme de galam ressemble à un mélange de gomme Sénégal et de gomme arabique; elle contient beaucoup de gomme fendillée. La gomme du Sénégal découlé principalement de l'acacia senegalensis (mimosa senegal, L.). La gomme de Galam paraît avoir une autre origine; peut-être vient-elle de l'acacia vera? On nous l'expédie de la même manière que la gomme du Sénégal.

La gomme de Barbarie ressemble encore à la gomme du Sénégal, mais elle est généralement moins belle; les morceaux en sont plus petits, jaunâtres fet ternes. On nous l'expédie en surons de jonc du poids de 100 kilog.

La gomme de l'Inde ne peut que difficilement être distinguée de la gomme du Sénégal, dont elle possède toutes les propriétés. Nous la recevons en caisses du poids de 150 à 200 hilog., ou en surons de 100 à 125 kilog.

Les gommes d'acacia sont employées à une foule d'usages. Elles servent pour fixer les couleurs à l'eau, pour apprêter un grand nombre de tissus, pour coller de petits objets de bois, des étiquettes pour le commerce et les laboratoires, pour vernir certains objets, tels que des coquilles de mollusques. Mais la majeure partie de la gomme est employée en médecine. Pour cet usage, on la trie soigneusement les morceaux défectueux sont dissous ou pulvérisés; les morceaux plus volumineux sont destinés à être employés immédiatement. Pour cela, on les cassé ou on les lave. Pour les casser, on les place sur un petit billot de bois, et, avec une hache fort légère et peu tranchante, on en détache l'enveloppe, puis on les fend en morceaux de la grosseur d'une petite noisette. Ainsi préparée, la gomme est très pure, très brillante et très propre. Quand les morceaux de gomme ne sont pas assez gros pour être cassés, on les lave rapidement avec de l'eau, on les fait égoutter, et on les dessèche à l'ombre. La gomme préparée de cette manière

diffère de la précédente en ce qu'elle est en morceaux arrondis,

et souvent moins colorés.

Lorsque la gomme doit être dissoute, il faut d'abord la laver, puis la mettre dans l'eau sans la pulvériser. L'opération s'achève ainsi plus rapidement, et la gomme n'acquiert pas une saveur désagréable, comme cela a toujours lieu lorsqu'on la met à l'étuve pour la dessécher avant de la pulvériser, ou simplement par l'action du pilon.

Gomme des astragalus. Plusieurs astragalus fournissent une gomme qui porte le nom d'adragante dans le commerce. Cette substance est en petits morceaux étroits, aplatis, allongés, contournés dans le sens de la longueur et de la largeur. Si elle ne sort point de l'écorce par des ouvertures naturelles, cette écorce doit offrir une organisation toute particulière qui lui permette de se fendre toujours de la même manière pour donner issue à des morceaux de gomme qui présentent une forme constante, et qui semblent être sortis de l'arbre sous l'influence d'une pression dirigée de l'axe des branches vers leur périphérie. La gomme adragante est blanche, translucide, quand elle est récente, jaunâtre ou roussâtre quand elle est vieille ou de qualité inférieure. Elle est très élastique, très cohérente, et difficile à pulvériser. Sa saveur et son odeur sont presque nulles. Placée dans environ 30 fois son poids d'eau, elle s'y développe et donne au liquide la consistance d'un mucilage épais. Elle est formée d'une substance soluble, d'une substance insoluble, et de granules d'amidon. M. Guérin pense que la substance soluble est de l'arabine, et que la substance insoluble est de la bassorine. M. Guibourt émet une opinion contraire, opinion qui est fondée sur ce que la dissolution de gomme adragante précipitée par l'alcool ne se comporte pas comme celle de l'arabine. Bouillie pendant un quart d'heure avec beaucoup d'eau, la gomme adragante s'y dissout complétement. Avec l'acide nitrique, elle se comporte comme les autres gommes, et finit par donner de l'acide oxalique et un résidu d'oxalate de chaux. L'acétate de plomb tribasique, le protochlorure d'étain, et le protonitrate de mercure, font naître des précipités abondants dans une liqueur chargée de gomme adragante; l'acétate de plomb et l'infusion de noix de galle la troublent légèrement.

La gomme adragante vient de l'archipel grec, et principalement de Candie; on en recueille aussi dans plusieurs contrées de l'Asie. Nous la recevons en caisses de 120 à 130 kilog.

La gomme adragante est principalement employée en médecine: elle sert pour donner de la consistance aux looks, aux potions, afin que l'on puisse y suspendre des poudres très divisées et insolubles, comme le kermès. Elle est quelquefois employée pour émulsionner l'huile, mais elle remplit moins bien cet office que la gomme d'acacia. Elle sert, à l'état de mucilage, pour donner du liant au sucre pulvérisé dont on doit former des tablettes.

Gomme des drupacées. Cette gomme, qui découle de quelques uns de nos arbres fruitiers, est en morceaux irréguliers, aplatis du côté de l'écorce qui les a exsudés, et à laquelle ils adhèrent souvent. Elle est incolore, limpide, ou colorée depuis le jaune jusqu'au brun; sa saveur et son odeur sont presque nulles.Cette gomme ne se dissout qu'incomplétement dans l'eau : les morceaux que l'on y met conservent leur forme si on ne les agite pas; sa partie insoluble est la cérasine, qui a été décrite plus haut. Sa partie soluble diffère essentiellement de la gomme d'acacia : elle n'est précipitée que très lentement par l'alcool et le sousacétate de plomb; les dissolutions de silicate de potasse et de protonitrate de mercure ne la troublent point; le bichlorure d'étain la coagule.

La gomme des drupacées n'est point usitée en médecine, mais elle l'est dans les arts, et principalement dans la chapellerie. La propriété dont elle jouit de devenir entièrement soluble lorsqu'on la traite par l'eau bouillante, permettrait de la substituer dans les arts partout où l'on fait usage de gomme d'acacia, si elle communiquait à l'eau la mème viscosité que cette dernière.

La gomme de Bassora n'a point d'origine naturelle connue ; on sait seulement qu'elle vient de Perse, ou qu'elle se trouve quelquefois parmi la gomme d'acacia. Elle est en morceaux tout au plus gros comme l'extrémité du pouce, très irréguliers, pleins ou caverneux; elle adhère quelquefois à des parties ligneuses, formées de grosses fibres plates, parallèles, tomenteuses, peu denses et peu serrées. Lorsqu'on la serre entre les dents,

elle se brise d'abord, mais elle se ramollit bientôt, et fait entendre un cri comme le caoutchouc placé en pareille circonstance. Elle possède une odeur analogue à celle de l'acide acétique. Mise dans l'eau, elle s'y développe en augmentant considérablement de volume. Elle est presque entièrement formée d'eau et de bassorine. Cette gomme n'étant pas employée, ne se trouve pas toujours dans le commerce, où on l'a reçue quelquefois en caisses de poids très variables.

Mucilage de semences de lin. La semence de lin renferme une matière mucilagineuse qui peut remplacer la gomme dans le cas où il s'agit simplement de donner de la viscosité à l'eau, et non dans ceux où elle est employée pour coller, ou pour donner de la consistance à quelque matière; par exemple, son mucilage peut servir de bain pour recevoir les couleurs qui servent à marbrer le papier.

Le mucilage des semences de lin se prépare facilement en les faisant bouillir dans l'eau; on obtient par ce procédé une liqueur visqueuse qui passe difficilement au travers d'une toile dont les mailles sont même peu serrées. Ce mucilage, desséché 'et traité par l'acide nitrique, donne de l'acide mucique; il est coagulé par l'alcool, par le protochlorure d'étain et par les acétates neutre et basique de plomb. Le silicate de potasse, le sulfate de sesqui-oxide de fer, le chlore et l'iode, n'agissent point sur lui d'une manière sensible.

Mucilage de semences de coing et de psyllum. Ces semences, et sans doute beaucoup d'autres, donnent à froid un mucilage très abondant lorsqu'on les agite dans l'eau. Ces sortes de mucilages ne sont employés qu'en médecine; il en est de même du mucilage des malvacées, de la racine de symphitum majus, L., etc.

Mucilage ou gomme de fécule. La fécule, débarrassée de son tégument, se dissout dans l'eau froide à la manière des gommes, qu'elle peut remplacer dans une foule d'applications.

Pour obtenir la gomme de fécule, on peut employer différens agens: 1o l'acide sulfurique, 2° l'infusion de malt, 3o la chaleur. 1o Il faut ajouter à l'eau environ un quarantième de son poids d'acide sulfurique, y délayer au plus un dixième d'amidon, et chauffer jusqu'à ce que l'empois qui s'était d'abord

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