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Non moins femblable au divin drille
Qui vient au fortir des combats

Se délaffer entre tes bras.

LOUIS humilia l'orgueil de la Castille,
Dompta l'ingrat Batave; & vainquit le Germain ;
Fit tomber fous l'effort de cent bouches d'airain
Comme tombe en été l'épy fous la faucille
Le parjure Génois, & le dur Afriquain.
Ce n'est pas feulement le tonnerre à la main
Que ce Monarque eft grand, que fon courage brille :
Ne l'avons-nous pas vû montrer un front ferain
Dans de vives douleurs, dans un peril certain,
Et ne s'en ébranler non plus que la Bastille ?
Quel fage, quel Heros, fût- il Grec ou Romain,
Peut du pied de Louis atteindre à la cheville?
Auffi du bout de l'Univers

Les peuples que le Soleil grille
Traversent pour le voir l'immenfe fein des mers.
Que pour nous rendre heureux il prend de soins divers!
Dans les vastes Etats chaque place fourmille
De cent & cent jeunes guerriers

Qu'il y met pour apprendre à cueillir des lauriers.
Dans un fuperbe enclos plus d'une illuftre fille
Trouve dés fon enfance un fecours fûr & doux ;
Dans un âge plus meur on luy donne un époux,
Ou l'on met fa pudeur à labry d'une grille.
Pere de fes fujets il nourrit, il habille
Ces malheureux enfans qui ne font heritiers

Que des titres que leur famille
A depuis des fiecles entiers.

Titre qu'on prife moins que l'or des maltotiers,
Bien que plus d'un d'entre eux ait porté la mandille,
Fille des Hots amers, agréable Venus,

A qui les doux tranfports ne font

pas inconnus ;
Crois-tu que de fil en aiguille,

Quand on voit trop fouvent ce Roy charmant à voir,
On ne faffe jamais en dépit du devoir
Quelque legere peçadille ?

A

RIMES EN OUILLES.

[ toüille

MOUREUX Roffignols, de qui la voix cha- 1687

L'oreille & le cœur à la fois ;

Zéphirs, qui murmurez dans le fond de ce bois ;

Ruiffeau, de qui l'onde gazoüille,

Taisez-vous, laissez-moy dans un profond repos
Rêver quelques momens au plus grand des Héros,
Jamais d'une campagne il n'eft forti bredoüille.
Dés que fes ennemis ont ozé l'irriter,

Sur eux on l'a vû remporter

Plus d'une glorieuse & fuperbe dépoüille.
Rien ne résiste à sa valeur:

Tout rit à fes defirs. Malheur, trois fois malheur
A quiconque avec luy fe brouille.

Bien qu'un calme profond regne dans fes Etats,
Ses guerriers toutefois ne fe repofent pas ;
De peur que dans la paix leur valeur ne feroüille
Tantôt le fier foldat par sa vûë animé

S'exerce dans la plaine d'Ouille;

Et tantôt dans un camp pour fix mois renfermé,
Il fait fentinelle & patroüille.

L'Etat ne fouffre point par ces grands mouvemens,
En pleine fûreté, prés de ces nombreux camps
Meurit le doux raifin, & groffit la citrouille.

La vache y paît l'herbage, & la canne y farfoüille;
L'avare laboureur y moiffonne fes champs, ;
Sa fille fans danger y file fa quenoüille,
Et jamais il ne voit fans de promts payemens
Emporter le lard & l'andouille

De fon chetif foyer, uniques ornemens.

En vain dans les vieux tems je foüille,

Pour pouvoir comparer fes faits à d'autres faits,
Les antiques Héros ont toûjours quelque mais
Ou quelque fi qui les barboüille,

Et chez Louis le Grand on n'en trouve jamais :
Dans les travaux de Mars dans le fein de la paix,
Par nul déréglement fa gloire ne fe foüille.
Puiffe-t-il triompher toûjours!

Puiffe-t-il ne paffer que d'agréables jours!

Que jamais de pleurs on ne moüille Les Autels pour un Roy figrand, fi fortuné, Devant eux qu'on ne s'agenoüille

Que pour benir le Ciel de nous l'avoir donné!

I Mita

RE' PONSE

de M. le Duc de N***

Mitans de vos vers les accords raviffans,
Mon papier en fin fe barbouille,

Et je vais fur la rime d'Oille

D'une même harmonie épuifer les accens.

Tourne fur moy, Phoebus, tes regards careffans,
Verfe des fources d'or, l'eau qui jamais ne moüille,
Ces elixirs fympatisans

Dont la vertu réjouit & chatoüille
Tous les efprits engourdis & pezans.

Conduis ma foible main, foûtiens-moy dans un tems
Où loin de fe nourrir de perdrix, de faizans,
De levreaux, de canards, de cailles, d'ortolans,
De langues, de jambon, de boudin & d'andoüille,
On ne voit que des mets triftement nourrissans,
Le harang, le faumon, l'efcargot, la grenouille,
Force maniveaux d'éperlans

Des poix, des choux, l'oignon, la rave, la citroüille,
L'écreviffe de mer, & les hourfins piquans,
La Sauterelle & la favoüille

Quand le carême rend les efprits languiffans,
Le moyen que le fang dedans nos veines bouille?

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