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Jamais Paurore aux doigts incarnadins
En jours brillans ne change nuits obfcures
Que cault Amour & Mars aux airs mutins
Vous n'invoquiez pour avoir aventures
Vous bravez tout, malgré des ans nombreux
Qui volontiers empêchent qu'on ne rie,
Avez d'un fils augmenté vôtre hoirie:
Onques ne fut plus veritable

Q

preux.

ΕΝΤΟΥ.

Ue puiffiez-vous, Chevalier valeureux, En tout combat, en butin amoureux, Ne vous douloir jamais de tromperie, Et qu'à l'envi chez nos derniers neveux, Lifant vos faits hautement on s'écrie, Onqués ne fut plus veritable preux.

REPONSE.

DE M. LE DUC DE SAINT AIGNAN.

BALA D E.

L'heureux tems où les fiers Paladins
En toutes parts cherchoient les avantures
Où fans dormir non plus que font lutins
Ja n'étoient las de porter leurs armures!
Princes & Roys par vins & confitures
Les régaloient au fortir des feftins
Dame à bon droit des beaux efprits cherie,
Qui faites cas des guerriers valeureux,
Eft-il rien tel qu'Art de chevalerie ?
Fût-il jamais un mêtier plus heureux ?

Ces Damoifels s'ébatoient és jardins
Bien atournez de pompeufes vêtures.
Là, plus vermeils qu'on ne peint Chérubins
Chapeaux de fleurs mis fur leurs chevelures,
Se déduifoient en fuperbes parures,
Riches plumarts; toiles d'or, & fatins,
De les voir tels toute ame étoit ravie,

Tant avoient l'air de gens victorieux.
Dame fans pair, dites-nous, je vous prie;
Fût-il jamais un mêtier plus heureux ?

S'il avenoit que felons affaffins
En dur Estour leur fiffent des bleffures,
Ja nul mêtier n'avoient de medecins.
Filles de Roys moult belles creatures
Qu'on renommoit pour leurs fçavantes cures
Sur lits molets & fur riches couffins
Chacune à part foigneuse de leur vie,
Les confolant par devis amoureux,
Rendoient bien-tôt leur perfonne guerie;
Fût-il jamais un mêtier plus heureux?

Moy qui toûjours surpassant maints blondins
En vrais effets ainsi qu'en écritures.
Ay depuis peu mis au jour deux banbins,
Dont on feroit d'agréables peintures
Dans la vigueur qu'on voit en mes alures,
Je veux auffi par de nobles deffeins
Des ennemis voir la face blêmie,
Et leur livrer un affaut vigoureux,
Puis tôt aprés retourner vers ma mię
Fût-il jamais un mêtier plus heureux.

ΕΝΤΟΥ.

Que puiffiez-vous, Dame au cœur genereux,

Ue

Voir en honneur toûjours vôtre mesgnie,

Et qu'un germain moult digne de nos vœux
Se trouve un peu revêtu d'Abbaye

De bon rapport, commode, & bien nombreux
Si que mitré, content & glorieux

En tel déduit quelquefois il s'écrie,
Fût il jamais un mêtier plus heureux ?

CHANSON.

LE cœur tout déchiré par un fecret Martyre,

Je ne demande point Amour

Que fous ton tyrannique empire

L'infenfible Tircis s'engage quelque jour.
Pour punir fon ame orgueilleufe

De l'immortel affront qu'il fait à mes attraits,
N'arme point contre luy ta main victorieuse :
Sa tendreffe pour moy feroit plus dangereuse

Que tous les maux que tu me fais.

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REPONSE

A M. LE DUC DE SAINT AIGNAN.

BALADE.

Los immortel que par fait héroïque

Chevalerie en tous lieux aqueroit,
Vous fait aimer ce tems hyperbolique:
Quand eft de moy ce qui plus m'en plairoit,
Ce n'eft combat, vêture magnifique,
Tournois fameux, mais bien l'Amour antique
Dont trifte mort seule voyoit le bout.
Bon Chevalier que tout craint & revere,
Ainfi le monde en fentiment differe
Opinion chez les hommes fait tout.

L'un rit de tout, l'autre mélancolique.
D'Arlequin même en mille ans ne riroit,
L'un pour jouer fait devenir éthique
Son train & luy, l'autre ne troqueroit
Pour mines d'or fa verve poétique,
L'un de tout œuvre entreprend la critique,
Et fait fouvent conte à dormir debout:
L'autre à fon gré réglant le miniftere,

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