<< une disposition qui embrasse nos plus chers << intérêts. « Elle est dictée par cette voix impérieuse << qui avertit les souverains et les peuples que, << pour assurer le salut des États, il faut écou «ter les conseils d'une sage prévoyance, rap«peler sans cesse le passé, examiner le pré<< sent, et porter ses regards sur l'avenir. «C'est devant ces hautes considérations que, << dans cette circonstance à jamais mémorable, << S. M. l'EMPEREUR a fait disparaître toutes << les considérations personnelles, et réduit au <<< silence toutes ses affections privées. << La noble et touchante adhésion de S. M. << l'Impératrice est un témoignage glorieux de << son affection désintéressée pour l'EMPEREUR, <<< et lui assure des droits éternels à la recon<<< naissance de la nation. >> << Le comte Regnault de Saint-Jean d'Angely obtient ensuite la parole, et soumet à l'Assemblée un projet de sénatus-consulte, portant dissolution du mariage contracté entre l'empereur Napoléon et l'impératrice Joséphine. « L'orateur développe, ainsi qu'il suit, les motifs de ce projet : ❤ MONSEIGNEUR, « SÉNATEURS, «L'acte solennel, rapporté en entier dans le « Sénatus-Consulte que vous venez d'entendre, << en contient seul tous les motifs. << Que pourrions-nous ajouter? quelles pa<< roles pourrions-nous adresser au Sénat fran«çais, qui ne fussent bien au-dessous des pa<<roles touchantes recueillies de la bouche des << deux augustes époux dont votre délibération << va consacrer les généreuses résolutions? <<< Leurs cœurs se sont entendus pour faire « au plus grand des intérêts, le plus noble << sacrifice; ils se sont entendus pour faire par<«<ler à la politique et au sentiment le langage « le plus vrai, le plus persuasif, le plus fait << pour convaincre et pour émouvoir. << Comme souverains et comme époux, l'Em<< pereur et l'Impératrice ont tout fait; ils ont << tout dit. « Il ne nous reste qu'à les aimer, les bénir « et les admirer. « C'est désormais au Peuple français à se << faire entendre. Sa mémoire est fidèle comme 3 «son cœur. Il unira dans sa pensée reconnais<< sante, les espérances de l'avenir et les sou« venirs du passé, et jamais monarques n'au«ront recueilli plus de marques de respect, << d'admiration, de gratitude et d'amour, que « NAPOLÉON, immolant la plus sainte (1) de ses << affections au besoin de ses sujets, que José << phine immolant sa tendresse pour le meilleur « des époux, par dévouement pour le meilleur << des Rois, par attachement pour le meilleur << des peuples. « Acceptez, Messieurs, au nom de la France << attendrie, aux yeux de l'Europe étonnée, ce «sacrifice, le plus grand qui ait été fait sur la « terre, et pleins de la profonde émotion que « vous éprouvez, hâtez-vous de porter aux << pieds du trône, dans les tributs de vos senti« mens, des sentimens de tous les Français, le << seul prix qui soit digne du courage de nos << souverains, la seule consolation qui soit digne « de leurs cœurs. >> «Le Prince Vice-Roi ayant ensuite obtenu la parole, s'exprime de la manière suivante (1) Habemus confitentem reum. 1 « PRINCE, ( 35 ) « SÉNATEURS, « Vous venez d'entendre la lecture du pro«<jet de Sénatus-Consulte soumis à votre déli« bération. Je crois devoir, dans cette circons« tance, manifester les sentimens dont ma <<< famille est animée. «Ma mère, ma sœur et moi nous devons « tout à l'EMPEREUR; il a été pour nous un << véritable père; il trouvera en nous, dans tous <«<les temps, des enfans' dévoués et des sujets <<< soumis. << Il importe au bonheur de la France, que « le fondateur de cette 4me. Dynastie vieillisse. <<< environné d'une descendance directe qui << soit notre garantie à tous, comme le gage de <<< la gloire de la patrie. <«< Lorsque ma mère fut couronnée devant << toute la nation, par les mains de son auguste << époux, elle contracta l'obligation de sacrifier « toutes ses affections aux intérêts de la France. << Elle a rempli avec courage, noblesse et dignité, ce premier des devoirs. Son âme a été « souvent attendrie, en voyant en butte à de pé<< nibles combats, le cœur d'un homme accou ( 36 ) «tumé à maîtriser la fortune, et à marcher <<< toujours d'un pas ferme à l'accomplissement « de ses grands desseins. Les larmes qu'a coû«tées cette résolution à l'EMPEREUR, suffisent « à la gloire de ma mère. Dans la situation où << elle va se trouver, elle ne sera pas étrangère << par ses vœux et ses sentimens, aux nouvelles « prospérités qui nous attendent, et ce sera << avec une satisfaction mêlée d'orgueil, qu'elle «verra tout ce que ses sacrifices ont produit « d'heureux, pour sa patrie et pour son EM « PEREUR. >> « Ce discours terminé, le comte Garnier, président annuel, propose de renvoyer le projet de Sénatus-Consulte à l'examen d'une commission spéciale de neuf membres, qui sera nommée et fera son rapport séance tenante. <<< Le renvoi est ordonné. << Avant d'ouvrir le scrutin pour la nomination des commissaires, le prince archi-chancelier, président, désigne, par la voie dusort, deux scrutateurs pour assister au dépouillement des votes. « Les Sénateurs désignés sont MM Barthé lemy et Lemercier. |