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Le mal est énergiquement signalé. Disons de suite que M. de Laborde a consacré tout le second volume, qui forme la partie la plus considérable de son ouvrage, à indiquer les remèdes. Avec une résolution que rien n'arrête, il va au-devant de toutes les difficultés, aborde tous les problèmes, remue toutes les matières; partout il ouvre des voies qui semblent faciles; les solutions, les moyens abondent, se pressent, débordent dans de volumineux appendices. On est un peu ébloui des perspectives qu'il fait entrevoir. On ose s'y fier à peine. Avouons-le, ce sera notre critique, en se laissant entraîner à cette lecture, on éprouve un léger trouble; on se sent comme étourdi, on voudrait s'arrêter et se reconnaître. En passant à tous moments des questions les plus essentielles de l'art aux détails les plus minutieux de l'application, on ne peut s'empêcher de penser qu'il faudrait bien des volumes pour développer et faire pénéti er doucement dans les esprits ce que l'auteur a condensé en un seul ouvrage. Mais à quoi bon multiplier les volumes, quand le retard est un péril? Quel bien ferait-on jamais s'il fallait, avant de l'entreprendre, obtenir l'aveu de tous ceux qui traitent de chimérique une idée neuve, de vieillerie inutile celle qui a son origine ou son exemple dans le passé? A l'imprudent que le courant entraîne, il faut crier qu'il se noie, lui montrer où il trouvera pied, et tant mieux si, vigoureux et bon nageur, il se sauve par quelque autre endroit. M. de Laborde indique une voie sûre, on y peut marcher de pied ferme, n'examinons pas s'il a donné une solution définitive à chacune des innombrables questions qu'il agite. Il était plus important de les poser que de les résoudre. Pour un grand nombre, d'ailleurs, il y a réussi, et c'était assez de les faire considérer avec attention pour qu'il n'y demeurât rien d'obscur. Il se fait lire, c'est un grand point: quand on l'a lu avec attention, on s'aperçoit que ses prescriptions, si multipliées qu'elles puissent être, sont à notre portée, peu coûteuses en somme et faciles à suivre, car il compte avant tout sur les ressources de notre bonne constitution et sur les forces de la nature. Nous y avons confiance aussi, mais en montrant le péril avec insistance, nous voudrions inspirer le désir de lire ce livre à tous ceux qui, par orgueil national ou par amour de l'art, souhaitent le maintien de notre supériorité. Aussi bien M. de Laborde a des arguments pour les lecteurs les plus différents. Les hommes posi

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tifs qui mettent les affaires avant tout, et qui se croient le moins intéressés dans ces questions, seront particulièrement touchés d'un résultat bien frappant des dernières expositions: nous voulons parler de l'importance industrielle, de la valeur commerciale du bon goût, qui y ont été universellement reconnues. On est en effet arrivé à cette certitude que, dans les industries qui nous occupent, quelque chose finit par avoir raison du bas prix et de l'abondance des matières premières, du charbon et des capitaux, à savoir le bon goût des modèles. Mais défions-nous des dispositions de notre esprit trop peu positif sans doute; citons ici notre auteur. Voici comment se résumèrent, selon lui, les impressions que chacun emporta de l'exposition de Londres.

« La France médiocrement industrielle et qu'on n'avait pas comptée jusqu'alors sur le grand marché des peuples, se trouve, au moyen de ses charmants modèles et d'une élégance qui lui est propre, en mesure de battre, dans les qualités moyennes et supérieures, l'Angleterre avec son immense outillage, ses capitaux et son vaste marché; la Suisse, la Belgique et l'Allemagne avec le bon marché de leur main-d'œuvre; l'Amérique avec les avantages que lui procurent le bas prix et l'abondance des matières premières.

» On surprit alors notre secret, on vit qu'une étude persévérante de l'art nous avait donné cette force. Les arts devenus une puissance!

» Les nations étrangères.... résolurent de faire les plus grands sacrifices pour, à l'imitation de la France, encourager les arts, non plus seulement au point de vue des jouissances délicates d'un petit nombre d'intelligences supérieures, mais sous l'influence des préoccupations les plus positives et les plus graves, dans le but de développer l'industrie, l'avenir commercial, le bien-être des peuples et la puissance des États.

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est vraiment haut: ayons avant tout un art pur; c'est le métal précieux qui doit donner à tous les alliages de l'industrie la consistance et l'éclat; et la source vive où l'invention doit se retremper c'est le sentiment personnel de l'artiste. L'art lui-même décline et périt bientôt en face des modèles les plus parfaits, si celui qui les contemple n'en est véritablement touché, et ne rend avec sincérité ce qu'il éprouve; mais cette émotion en présence du beau et cette sincérité, voilà sans doute ce qui nous manque.

Nous traitons les choses éternelles comme si elles étaient frivoles et les choses frivoles comme si elles étaient éternelles. » Cette grande parole que rapporte quelque part M. de Laborde trouve ici son application. Nous séparons l'art de l'industrie au lieu d'y reconnaître la marque divine que l'homme doit imprimer aux choses qu'il forme à son usage. Quand la beauté rayonne au fronton des temples, elle donne aussi son charme au plus humble vase façonné pour les besoins domestiques. Où elle s'efface, où l'âme d'un artiste ne laisse pas sa trace visible, il n'y a plus que faux luxe, plate imitation, pauvreté prétentieuse. Dans les œuvres humaines, il n'y a pas de beauté sans art, il n'y a pas d'art sans beauté.

C'est l'erreur ordinaire des esprits vulgaires de méconnaître la vertu des nobles aspirations et des efforts désintéressés. Cependant tous les yeux s'ouvrent aujourd'hui aux merveilles sorties des calculs abstraits de la science. Chaque jour aussi, l'étude de l'antiquité la plus reculée, la recherche des lois générales de l'histoire, du langage, de la nature, en amenant des découvertes inattendues, font mesurer leur portée et obtiennent les encouragements, ou au moins l'approbation et la tolérance des imaginations les plus froides ou les plus prévenues. Pourquoi les hommes pratiques, puisque ces considérations s'adressent particulièrement à eux, refuseraient-ils plus longtemps de voir que l'on recueille des fruits excellents de la culture des beaux-arts, et ne consentiraient-ils pas à les récompenser et à les honorer désormais, non-seulement comme le luxe et l'ornement suprême d'une nation riche et polie, mais comme l'âme de toute politesse et le fondement le mieux assuré de la richesse pour celles que la Providence a dotées de génie?

Les artistes n'ont que faire de semblables raisonnements, leur instinct naturel a pour les per

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suader bien plus d'éloquence; mais à ces imaginations vives, il faut faire accepter, contre des préjugés de date assez récente, que l'art ne déchoit pas en se mêlant à l'industrie. Il ne descend pas, il s'étend, il plonge ses racines dans le sol et y puise la nourriture qui le fait croître et le fortifie. « L'architecte dresse son plan et arrête le caractère de l'édifice, quand il en connaît l'usage; le peintre fera sa composition après avoir vu la salle qu'il est appelé à décorer et avoir étudié le caractère de l'édifice, l'esprit qui l'habite, la foule qui y circule; le statuaire sait qu'il dépend de l'architecte, il s'associe à sa pensée en s'harmonisant avec la place et le monument qui recevra sa statue; l'orfévre se rend compte des métaux et des matières qu'il met en œuvre, et de ces conditions ellesmêmes surgit dans la pensée des artistes la meilleure part de leurs inspirations. Quand l'art n'est que le luxe d'une nation, il se ressent du caractère superficiel et conventionnel de tous les luxes; quand il satisfait des besoins religieux ou civils, militaires ou domestiques, il acquiert une physionomie, il prend une consistance, un aplomb, une fermeté qui n'est pas le moindre caractère de sa beauté. »

Toute l'histoire de l'art, dont le premier volumė de M. de Laborde contient un excellent résumé, le montre ainsi étroitement uni à l'industrie, et aux plus belles époques, les plus grands artistes donnant à celle-ci ses modèles. Ni Phidias, quand Périclès lui confiait la direction souveraine des constructions et des ouvrages d'art de toute espèce, copiés ensuite dans tout le monde ancien et qui firent la gloire et la richesse d'Athènes; ni les architectes de nos cathédrales au XIIIe siècle, quand leur pensée donnait le mouvement à des milliers de mains travaillant à élever, à orner, à meubler le monument, œuvre de la piété publique; ni ces peintres de la renaissance dont nous sommes habitués à ne regarder les ouvrages que dans les galeries des musées et des palais, quand ils dessinaient pour les orfévres, les bijoutiers, les tapissiers, les brodeurs, les émailleurs, les damasquineurs etc., ne croyaient déroger en donnant la main au métier. A leur école se formait une foule d'apprentis qui à leur tour, artistes ou ouvriers habiles, répandaient dans tous les ateliers un esprit supérieur à l'œuvre.

L'art et l'industrie n'ont qu'à gagner tous deux à leur intime alliance. Pour l'industrie cela ne sera

pas contesté, mais l'art à son tour n'a-t-il rien à apprendre de l'industrie? La tête n'a-t-elle pas de conseil à recevoir de la main qui exécute ce qu'elle a conçu? Il y a des lois constantes qui règlent selon la destination de chaque œuvre, la matière, la forme, le style, l'ornement qui lui conviennent, et ces lois ne sont pas des conventions arbitrairement imposées aux artistes; ils les découvrent euxmêmes dans le laborieux effort de la pensée aux prises avec la matière.

Ainsi une idée essentiellement vraie fait le fond du livre dont nous rendons compte. Et comme toute idée vraie répand la lumière autour d'elle, le principe de l'unité de l'art dans la variété infinie de ses applications dissipe bien des erreurs et des obscurités. Avec quelle joie nous avons vu M. de Laborde faire justice de ces doctrines et de ces systèmes exclusifs, qui, sous les noms d'art reli- | gieux, d'art industriel, prétendent imposer aux artistes un programme qui n'est pas celui de l'art, une recherche qui n'est pas celle de la beauté !

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l'auteur, c'en est assez pour qu'elles veuillent suivre dans son ouvrage le développement des idées dont nous avons indiqué le point de départ.

E. SAGLIO.

NOUVEAU MÉMOIRE SUR LA QUESTION D'ALESIA,

PAR M. J. QUICHERAT.

Nos lecteurs se rappellent sans doute l'article inséré dans notre numéro du 5 novembre 1856, où M. Bordier a analysé un long mémoire de l'archiviste du département de la Côte-d'Or, M. Rossignol, qui revendiquait pour Alise SainteReine l'honneur d'avoir été le théâtre de la dernière lutte de Vercingétorix. M. Rossignol avait attaqué fort vivement les arguments mis en avant par un savant professeur de l'École des chartes, M. J. Quicherat; celui-ci, prenant la parole à son tour, vient de publier, sous le titre de l'Alesia de César rendue à la Franche-Comté (1), une brochure assez courte, qui contient l'examen d'un seul côté de la question. N'ayant point encore vu les localités (Alaise, département du Doubs), où, suivant les adversaires de M. Rossignol, il faut chercher l'Alesia de César, il a au

A toutes les époques qui ont compté dans l'histoire, l'art a été un et a puisé dans cette unité sa force et sa splendeur. Il s'est mis au service de la religion en même temps qu'il obéissait à l'amour du luxe le plus profane; il a fabriqué des usten-jourd'hui pour unique but de démontrer que la siles de paix et des armes de guerre; il a été et il doit rester une langue que tous parlent et dans laquelle chacun exprime son sentiment, sa passion, ses besoins.

Où commence l'art, où finit l'industrie?.. Ghiberti était un bronzier, Benvenuto Cellini un orfévre, Bernard Palissy un potier, Penicaud un émailleur, Pinaigrier un verrier, Briot un fondeur d'étain, Boulle un ébéniste, Gouttière un faiseur de meubles!"

Essayerons-nous maintenant de donner un aperçu des mesures par lesquelles M. de Laborde espère régénérer l'enseignement et la pratique de l'art, donner un nouvel essor aux facultés naturelles qu'il aperçoit en nous et ouvrir l'ère d'une renaissance? Comment l'entreprendre en quelques lignes, quand les seules mesures, subsidiaires en quelque sorte, destinées à entretenir le goût public bien que résumées en forme de sommaire et rejetées dans un appendice, remplissent une centaine de pages de petit caractère? Si nous avons réussi à faire partager aux personnes qui s'intéressent à ces graves et délicates matières, la confiance que nous avons dans l'expérience et la justesse des vues de

| campagne du vainqueur des Gaules eut lieu, non pas dans le pays d'Auxois, mais dans la FrancheComté. Son travail est empreint de cet esprit sagace et indépendant, première base de toute critique. Il commence par réfuter péremptoirement une thèse soutenue par M. Rossignol et inadmissible aux yeux de tous ceux qui se sont occupés un peu sérieusement des origines historiques.

Suivant l'archiviste bourguignon, il y aurait eu, soit à Auxerre, soit aux environs de l'abbaye de Flavigny, une tradition qui, perpétuée de bouche en bouche depuis César jusqu'au règne de Charles le Chauve, aurait consacré, d'une manière irrécusable, le lieu où se serait accompli le dénoûment de la guerre des Gaules. Cette tradition, il la retrouverait dans un poëme latin d'Herric, moine du IX siècle. M. Quicherat n'a pas eu de peine à faire justice de cette singulière assertion. Il prouve, en citant en entier (ce que s'est bien gardé de faire M. Rossignol) le pas

(1) L'Alesia de César rendue à la Franche-Comté, réfutation de tous les mémoires pour Alise. Paris, Hachette et C*, 46 P. in-8.

sage du poëte, que celui-ci, en parlant d'Alise, invoque, non pas la moindre tradition, mais le texte même de César; et les auteurs du bréviaire de Flavigny (dont les extraits ont encore été tronqués par M. Rossignol) étaient si ignorants à ce sujet, qu'ils prenaient les ruines gallo-romaines d'Alise pour les débris de la ville gauloise, de sorte qu'au Ix siècle, les habitants de l'Auxois, loin d'avoir conservé le moindre vestige de cette prétendue tradition au sujet de la cité celtique, n'avaient même plus mémoire de la ville romaine, détruite seulement un siècle auparavant. M. Quicherat est dans le vrai quand il affirme qu'à l'époque où écrivait Herric, les populations de la France avaient perdu tout souvenir de l'ère celtique, et même de la domination romaine. Depuis plusieurs siècles, trop de conquérants avaient traversé le pays pour que, dans l'esprit des peuples, il fût resté autre chose qu'un souvenir des païens, qu'ils fussent Vandales, Saxons, Normands ou Sarrasins. Aux époques d'ignorance et de barbarie, le dernier possesseur de la terre, le dernier envahisseur, hérite toujours des traditions historiques qui s'attachaient au nom de ses prédécesseurs. C'est ainsi que, dans le Midi, les ruines romaines ont passé longtemps pour des ruines sarrasinoises. C'est ainsi que se sont forgées ces traditions fabuleuses du moyen âge, qui ont fait les délices de nos pères. Qu'on se rappelle seulement que, jusqu'au XVIe siècle, même aux yeux des érudits, le Troyen Francus a été la noble souche de la nation française! La tradition populaire où se mêlaient le nom de César et celui des Romains, sont, comme le dit fort bien M. Quicherat, les premières conquêtes de l'érudition des lettrés des temps passés. Et sauf Alise, on n'en trouverait pas d'exemple avant le XIVe siècle.

et d'après les calculs d'un officier d'état-major, les retranchements nécessaires pour l'entier enve|loppement de la montagne d'Alise n'auraient dû être que de 12,400 mètres. Différence 3,891 mètres. 2o Le plateau d'Alise a une étendue de 97 hectares. Or, en adoptant pour le campement des troupes le minimum d'espace que, grâce au perfectionnement de notre tactique, on peut accorder à chaque fantassin, il en résulte que ce plateau n'aurait même pas pu contenir toute l'armée gauloise. Il faudrait pourtant trouver encore l'emplacement nécessaire : 1° pour les fortifications; 2° pour les maisons d'une ville de 24,000 habitants, maisons qui n'avaient probablement pas plusieurs étages; 3° pour loger les vivres, le bétail, tout le matériel, etc., etc. Il nous semble donc impossible d'admettre que le plateau d'Alise soit l'emplacement d'Alesia.

La discussion du savant professeur n'est ni moins logique ni moins serrée quand il s'occupe des témoignages portés par divers tacticiens, entre autres par Napoléon, sur la campagne de César, témoignages invoqués par M. Rossignol.-M. Quicherat explique très-bien qu'à ces tacticiens on a offert une solution universellement acceptée, et qu'aucun d'eux n'a pu songer à la mettre en doute. Avec un tel point de départ, ils n'ont pensé qu'à une seule chose, à faire cadrer le mieux possible les opérations de César avec les lieux qu'on leur donnait comme le théâtre de ces opérations. Qu'en est-il advenu! C'est que les plus habiles d'entre eux, Napoléon et Berlinghieri, ont déclaré ne rien comprendre au récit du général romain.-Voici entre autres ce que dit Napoléon : « Est-il bien vrai que Vercingétorix s'était renfermé avec quatre-vingt mille hommes, dans la ville qui était de médiocre étendue?..... Si Vercingétorix eût eu quatre-vingt mille hommes M. Quicherat passe ensuite à l'examen du texte peut-on croire qu'il se fût renfermé dans les murs de César, où est raconté le siége d'Alesia. Si de la ville? Quant à l'étendue des lignes, il quelques parties de la description faite par l'illustre s'exprime ainsi : « Cent mille hommes pourraientcapitaine peuvent convenir à l'emplacement d'A-ils bloquer une place par des lignes de contrevallise, il en est d'autres qui doivent faire rejeter complétement l'identité que l'on veut établir entre les deux localités. Des arguments mis en avant par l'auteur, deux surtout nous semblent trancher la question:

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lation et se mettre en sûreté contre les attaques de cent mille hommes derrière sa circonvallation?" Berlinghieri, qui à sa qualité d'officier de grand mérite joignait celle d'un érudit fort distingué déclare le texte de César inintelligible en certains endroits, » et affirme que le récit de ses opé

1° Suivant César, la montagne sur laquelle était située Alesia exigea, pour être enveloppée, une cir-rations au siége d'Alesia « contient beaucoup de convallation de onze mille pas, soit 16,291 mètres; circonstances fabuleuses. "

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"Sa Majesté Louis, roi de France et de Navarre, » enjoint très-expressément à Pierre-Marie Goujon, prêtre, de se retirer du diocèse de Besançon » sitôt la présente notifiée; à peine de désobéis» sance. A Versailles, le 3o janvier 1759.

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LOUIS,

» Marechal Duc de Bellisle.

"

Cette lettre de cachet n'est assurément ni

L'Académie des inscriptions vient d'accorder au mémoire de M. Rossignol une des médailles du concours des Antiquités nationales. Si par cette honorable distinction elle n'a voulu que récompenser le labeur de l'auteur, rien de mieux; mais si elle a entendu par là déclarer la question jugée en faveur d'Alise, elle nous per- dans la forme, ni dans le style ordinaire. Peutmettra de lui dire qu'elle s'est un peu pressée et être que ce pauvre homme qui s'est retiré à Lyon, qu'elle n'était peut-être point assez bien informée ne s'est pas souvenu de la teneur de l'ordre du roi pour prononcer en connaissance de cause. Du et sa mémoire l'aura trompé? Peut-être aussi reste qu'en ceci elle ait tort ou raison, nous n'en quelque prêtre fripon qui voulait avoir son bénéserons pas moins des premiers à lui témoigner fice aura forgé une lettre de cachet imaginaire, et notre joie de la voir enfin prendre un parti dans que cet imbécile d'abbé Goujon aura avalé le goules discussions scientifiques. Cela nous fait espé-jon en se retirant. De pareilles fraudes ont été plus rer qu'un jour ou l'autre, cédant enfin aux réclamations de plusieurs de ses membres et du public, elle s'occupera d'une question qui a été en premier lieu portée devant elle et où elle se trouve par conséquent directement intéressée. Nous voulons parler du fameux cimetière mérovingien et des non moins fameuses inscriptions runiques et autres si miraculeusement découverts à Saint

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d'une fois mises en usage, et je me souviens d'avoir vu à Paris deux feseurs de lettres de cachet condamnés à être pendus.

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Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien faire chercher dans vos registres s'il y a eu en effet une lettre de cachet expédiée en janvier 1759 contre ce pauvre abbé Goujon. En cas que la chose soit vraie, il demande qu'il lui soit permis d'aller dans son diocèse de Besançon, où il avait, dit-il, une petite place dans une espèce d'hôpital nommé la Familiarité d'Azinsthod. C'est une œuvre de miséricorde que vous exercerez; vous aimez à faire du bien, et je vous sers suivant votre goût. » M. Christin, votre protégé, poursuit le procez des esclaves francomtois avec un zèle infatigable, il espère qu'il le gagnera. J'ai l'honneur d'être avec toute la reconnaissance et l'attachement possible, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. VOLTAIRE."

Christin, cité dans cette lettre, était un avocat au parlement de Besançon: il se lia avec Voltaire en 1765, à l'occasion d'un mémoire

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