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Avant d'entrer dans le précis des faits qui ont nené l'insurrection du 2 décembre, il n'est s inutile de jeter un rapide coup d'œil sur situation des esprits dans le Var avant le up d'État de 1851. De tous les départements ançais, le Var était à la fin de 1851 un des ieux disposés pour un mouvement républiin. Grâce à leur nature ardente, amoureuse la justice, les populations méridionales, aufois éprises de légitimité, s'étaient bien vite nverties aux idées généreuses dont le mot République est le meilleur des symboles. Aussi, sur cette terre jadis classique du ricalisme, le travail de prosélytisme des

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associations patriotiques, avait eu des consé quences inespérées. Si les élections de 1852 avaient été faites conformément aux prescrip tions de la loi fondamentale du pays, nul doute que le Var - qui avait déjà envoyé Ledru-Rollin siéger à la Législative - n'eût, par son vote, consolidé le gouvernement répu blicain auquel les destinées de la France semblaient pour toujours attachées.

Depuis longtemps déjà la propagande démocratique s'était organisée d'une façon à peu près uniforme à Toulon et dans les autres villes importantes du département: Draguignan, Brignoles et Grasse... J'examinerai suc cessivement les effets divers de cette propa gande multiple et leur corrélation intime avec les événements dont les communes du Var furent victimes en décembre 1851.

A Toulon, une vingtaine de patriotes ardents, parmi lesquels Fouques, Achard, Féraud, Reynaud, Legay, Sauvan, etc., avaient d'abord formé un comité démocratique... A côté de ce comité, uni d'âme et d'esprit avec lui, mais agissant sous une inspiration personnelle, vivait Ledeau, officier de marine démission naire, républicain fougueux, jouissant auprès des classes ouvrières d'une énorme popularité

Un des membres les plus actifs de ce comité était un ouvrier du nom de Daumas (Augus

tin). Esprit d'une trempe peu commune, Daumas, à l'âge de vingt-deux ans, avait su prendre sur ses coreligionnaires un ascendant que nul depuis n'a songé à lui disputer. Né dans les rangs du peuple, il en connaissait les besoins, les aspirations, les générosités. Il a manqué à l'insurrection du Var, pour être vraiment redoutable, des chefs de cette valeur et de ce courage!

Le dimanche, les membres du comité de propagande, retenus durant la semaine par un labeur quotidien, quittaient Toulon, et se répandaient dans les villages de l'arrondissement. Les patriotes de Draguignan et de Brignoles en faisaient autant dans les communes voisines de ces deux cités. Tous les chefs connus de la démocratie dans ces grands centres, s'étaient bientôt mis en communication directe avec les hommes influents de chaque localité. Les chambrées firent le reste, et un vaste réseau républicain enserra le département entier.

Les patriotes toulonnais comprirent alors les Hangers de leur isolement vis-à-vis du reste de a France, et la nécessité, pour donner à leur situation politique une force sérieuse, de se mettre en relation avec les diverses sociétés, politiques ayant pour but de propager et de léfendre l'idée républicaine dans les provin

ces. Une réunion fut donc décidée à Toulon, réunion à laquelle prirent part les délégués des villages où l'opinion démocratique était en majorité. Après une assez longue délibération, il fut résolu que Daumas et Dupont, d'Hyères, dit Cascaillon, esprit vigoureux et distingué, seraient chargés, au nom de leurs amis, de nouer des ramifications avec les boulevards importants du républicanisme francais.

Daumas et Dupont partirent pour Marseille. Ils y trouvèrent la Société la Jeune Montagne en pleine prospérité. Initiés aussitôt aux pratiques de cette société, ils entrèrent en correspondance avec Lyon, centre d'action de la Jeune Montagne, dont le chef suprême était Alphonse Gent, sous le pseudonyme de Marc. Gent avai aussi des relations avec la Montagne, dirigé par Michel (de Bourges) et ses amis.

De retour à Toulon, Daumas et Dupon affilièrent à la Jeune Montagne la ville et le villages. Les arrondissements de Draguignan de Grasse et de Brignoles imitèrent cet exemple Je n'ai pas à entrer ici dans les détails de cett immense propagande; je me borne à constate que l'association de la Jeune Montagne association dont je néglige le caractère illéga - n'avait nullement pour but le pillage, le v et l'assassinat. La Jeune Montagne voulait République forte et durable, et pour en assure

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