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ce qui demasquera avec évidence l'abus indigne & criant que les Intendans ©nt. fait & font encore de leur autorité » pour soulager les uns, au préjudice des autres qui demeurent accablés.

Il ne sera pas même necessaire de changer si-tôt le reglement de la Taille au i ime. jusqu'à ce que l'on ait clairement connu de combien le produit excédera l'impôt de la Taille presente; car l'on supose toujours que, vu la misère & l'accablement des peuples, l'intention du Roi ', ni celle du Régent du Royaume, ne font point de doubler ni de tripler la Taille , comme le reglement du Marquis de Silly le fait craindre.

Mais ce qu'il faut absolument ban- Retrannir & rejetter du projet, comme perte q^"'^ & ruine, sont les Adjudicataires qui ti- faire au reroient des profits incroyables , à la Ju

, , r , (-' Regent,

charge des peuples, lans avantage pour

le Roi. L'ufage de payer la Taille en argent a toujours été pratiqué dans le Royaume, depuis qu'elle est établie.

Il n'y a que l'excès & la dispropor- Disproportion des cotes qui en empêchent le tl0n ei

c»:e«,cau- recouvrement réel &-effectif ; defaut ses que lcs _uj ^es particuliers remonte aux pafont mal roules, aux bourgs & villages dont les panées. Elections sont composées, & qui des Elections remonte encore aux Generalités : car si l'on cherche la veritable raison pour laquelle les provinces du Limousin 8c de la Marche payent mal leurs impositions , il ne s'en trouvera d'autre effective que la disproportion de leurs forces, & de ce que l'on prétend tirer d'elles.

Il est vrai que les defaurs des recoltes , tels qu'il en arriva en 1709. peuVent aporter de grands empêchemens au recouvrement de la Taille ; mais , à considerer les choses dans l'état ordinaire , il n'y a que la surcharge qui anéantisse les recouvremens. Preuve de S'il n'y a d'ailleurs de la mauvaise loùïZ?' administration , le bled , les châtaignes & autres denrées , valent toujours un prix au marché , où le païían peut trouver dequoi payer fa Taille , quand il pourra jouir du surplus de ce qu'il y a, qui ne lui demeure que pour conserver sa vie & celle de sa famille , & pour l'aider dans son travail.

Si au contraire l'impôt, ou la du- iniquités reté du recouvrement consomment le ?maft*L

, 1 danslerCî

tout , câr il y a tels Receveurs des couvreTailles , qui se sont fait des gains an- TMcde'

1 . * _ Mi i- J Tailles,

nuels de 1j 8c xo mille livres, des

íèuls frais de recouvrement, dans leurs Eleftions , sans compter ce que les Huissiers des Tailles & les Officiers particuliers prenoient pour leur compte , qui doubloit & triploit souvent U mesure : alors le païsan outré s'abandonne lui-même , & sa famille perit miserablement. Et le Roi fait une si grande perte, qu'il s'est trouvé contraint dans les malheurs derniers, d'établir la solidité entre tous les habitans d'un même lieu , pour le payement de la taille. Chose que l'on aura peine à concevoir & à croire dans la posterité.

Au reste, il est trop évident que les inutilité , adjudications du 10 ". ou du nme. dfwions. du produit des terres , ne peuvent remedier à aucun des maux que je viens de marquer. Un Adjudicataire n'a pas plus de facilité qu'un

simple païsan pour vendre les denrées, & en faire de l'argent, à moins qu'on ne lui accorde^des préferences pour la vente, qui redoubleraient encore ce qu'il y a d'odieux dans leur établissement.

De plus comme il certain que nul Adjudicataire ne prend un bail de trois ans avec le Rai, si ce n'est dans la certitude du profit qui lui en doit revenir , pour compeníer la dureté des conditions ; pour s'indemniser de ce qu'il lui eoute ; pour acheter une caution , ou pour se faire agréer ' par le Receveur des Tailles-, il est plus clair que le jour qu'il n'y a aucuneadjudication , sur laquelle on puisse déterminer la veritable force d'une paroiflè, 8c conclure qu'elle peut,porter telle ou rellé cotité de Taille., ïl íèmble même que l'on ait voulu précifëment conclure cette connoiflance, puiíque, Fe reglement porte , que nul ne sera reçu à encherir au dessus d'un autre , qu'en tierçant le prix de l'adjudication. On voit combien il y a de dégrés entre la sòmme simple$c le tiercement, quise

roient au profit du Roi, ou des villages circonvoifins , si 1 adjudication étoit portée à son veritable prix. Enfin quoi- Autres

qu'il soit bien évident que les Adjudi- »bu$ de» x . t - f - t . - adjudicacataires doivent raire des gains immen- tioIls.

ses sur les paroiflès de toutes les Elections où le nouveau reglement aura lieu, voici un autre abus qui en resulte, aussi criant & aussi dangereux que tous les autres. On sait la pratique ordinaire à l'égard des baux judiciaires, & de quelle maniére il y a des gens qui font métier de cautionner les Adjudicataires envers les commiflaires aux saisies réelles , au moyen d'un certain profit. Il en arrivera de même en chaque Election. Le Receveur des Tailles agréera les Adjudicataires, ou les refusera , selon le profit qu'ils lui proposeront à faire dans {'adjudication. Lui seul aura la clef du secret, & fera une fortune d'autant plus grande & plus , injuste , qu'il profitera sur le Roi, fur les villages & communautés , & sur les Adjudicatáires eux-mêmes, dont au moins il pàrtagera lè profit. -r J

Or il seroit bien aise de supléer à Mojrtn de

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