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jusqu'à present occupé par trois diffe-
rentes familles , elles y ont été instal-
lées l'une après l'autre par ane libre
élection des peuples. II est toutefois íi, -
évident par les témoignages de l'His-
toire, que les Chefs des deux derniéres
races n'ont occupé la Royauté que par
les moyens ordinaires à tous les Con-
querans, qu'il faut dire qu'il n'y a
que l'ignorance qui puifle soutenir une
telle idée.

En effet dans ce principe, la Royau- Ce que té n'étoit parmi les François qu'une í^aTM^ Magistrature civile, à laquelle on con- té «h«x fioit le gouvernement de chaque Can- J.'* ""s ton diffèrent : le commandement des - rançon armées n'y étoir point attaché les *| |tBW François cboifiiïbient leurs GeneíanxU- m'erer^ brement & arbitrairement. CloéionTMe- ce« rovée,Childeric &C Clovis I. eurent le bonheur de réunir en leurs personnes l'une & l'autre fonction : ce qui les rendit assez puiflàns pour entreprendre, & pour achever la conquête de toute la Gaule. Mais les succeíseurs de ces derniers n'ayant eu ni le courage,ni la prudence de conserver cette union., les peuples

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rentrerent dansce droit de íe choisir des Generaux, qui ont été plus connus sous le nom de Maires du Palais.

Il est vrai que, comme la France étoit alors diviíee en trois Royaumes , qui furent divisés & occupés par differais Sujets, il ne leur fut pas possible de chafler les Rois du trône. Mais aussi , dès que Charles Mortel eut occupé toutes les Mairies par les moyens qui sont si connus dans l'Histoire , son fils Pépin, qui lui succéda dans la même puiflance , ne rarda pas à dépouiller le veritable Roi, & à le confiner dans un monastére. Voilà ce qui a porté sa race sur le trône, & non pas une libre élection des peuples, après l'extinction des légitimes succefleurs.

Véritablement la posterité de Ch.".rlemagne ne s'est pas perdue par les mêmes fautes : elle n'a point rétabli la Mairie du Palais ; mais d'autre part l'établiflèment des fiefs ayant changé la nature du Gouvernement, & les ravages des. Normands ayant obligé Charles le Chauve à former une Seigneurie aíTez étenituë , pour les repousièr avfec sês seules forces , sans interefler le reste de l'Etat à cette defense , il la céda sous le nom de Duché, ou Marche de France , qui comprenoit la moitié du Royaume, au fameux Robert le Fort, Tige de la Maison régnante.

Les enfans de celui-ci, gens d'une Commene grande valeur, & d'un merite rare en l» Maiso»

.... » regnante

ce tems-la, s ouvrirent par cette meme eit parre» puiuance les chemins juíqu*'au trône. nu* au

n.n. . î> * ' > . trône,

elt vrai que 1 aine n y parvint que par

élection , pour íervir de tuteur à un Roi mineur ; mais le second l'usurpa à force armée , Sc s'y seroit maintenu , vu la foibleflè du Roi légitime , si celui-ci ne l'avoit tué de ia main dans une bataille.

Le Duc de Bourgogne , gendre du. mort , & de même famille que lui, se crut en droit de lui succeder , sans le consentement de personne, & régna veritablement douze ans entiers.

Enfin Hugue Capet, auífi Duc de AveaeFrance, arriére-petit-fils de Robert le SS^/c* Fort, ayant augmenté ses Etats de la pet°à U plus grande partie de la Bourgogne , & ^°uron: ses forces par son union aVec les CapU

raines les plus renommés du rems, airquel lui, ou son pere Hugue le Blanc , avoir acquis de grandes rerres, monta siar le rrône , & s'y mainrinr, à la fa/ veur d'un restamenr de Louis V. qu'il [ sourinr l'avoir instirué sôn héritier. Il se fît sacrer sous ee rîcre quinze jours après '1 sa morr. Charles,Duc de Lorraine, oncle du dernier Roi, voulur revendiquer sa | succession & sa Couronne , auxquelles i: la proximité 8c le sang lui donnoienr un droir inconrestable ; mais la fortune ne'lai fut pas favorable. Hugue le prit prisonnier , & l'enferma dans la grosse tour d'Orléans , féconde ville de ía Duché de France, où il mourut. Preuve Dira-t-on sur cer exposé que l'His. 5.uc.sla . toire justifie dans roures ses circonstangnanteré ces, que les lustrages des François libres§roit de ^e ^e c^o'^r un Maîrre par l'exrinctiost conquête, de la Maison régnanre, ayent élevé Hugue Capet sur le trône? ne voir-on pas, au contraire, que la France a eu le sort commun de tous ks Empires de longue durée , dans le changement deraces qui y ont régné , & où les plus forts, & les plus habiles à profiter dés.

circonstances , ont chafle les plus foifcles, & ont occupé leurs places;

Mais il faut aller plus loin , & faire Autre voir que Httguc Capet étoit si éloigné , ^""prot loríqu'il parvint à la Couronne , de position, s'en remettre à une élection libre des François, qu'il diífipa à force un Parlement , ou aísemblée de la nation,qui lè tenoit à Compiegne 3 auprès de la personnede Louis V- alors mourant. Et c'est ce que l'on aprend au long d'une Lettre du Pape Silvestre IL alors encore Ecolâtre de l'Eglise de Rheims, & connu sous le nom de Gerbert, écrite à Diéteric , Evêque de Metz., qui se voit au recueil de Du Chêne.

Cependant Hugue, voulant alsurer la tRcfut** Couronne à son fils, & à sa posterité , i-0t>jecaflèmbia, un an après , un Parlement à "<"> tir<k Orléans., où l'on peut raisonnablement mcnt* qui croire qu'il i\e s'y trouva que de ses c nsiVau feudataires & de ses créatures. Mais est- ,Q^g \ ce là ce que l'on peut apeller élection li- Hugue bre? Le trône n'étoit-il pas occupé par CaPec? celui même dont s'est faite l'élection; &c fondera-t-on sur un pareil tkre ce droit prétendu fondamental du peuple,

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