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sa décadence.Laricheílè des marchands est l'ame de la Monarchie, & celle des Partiíans en est la ruine. Le succès du négoce porte partout l'abondance & la joie ; & le succès du Parti y porte la pauvreté, le chagrin & le desefpoir. Suit" - Les fortunes subites des Financiers

chcules de . , . - i 1 \ .

cciics dcs ont excite pluíieurs marchands a quiFinan- ter \e commerce;d'autres à borner leur négoce au commerce usuraire de l'argent , & une infinité d'autres à quiter l'agriculture , pour pofleder des emplois , ou se faire pourvoir de charges onereuses à TEtat : en sorte qu'abandonnant l'agriculture, la fabrication &c le commerce des denrées & marchandiíes , ceux qui l'ont voulu continuer aïant été obligés de paíser par la main de ces usuriers , lorsqu'ils ont eu besoin d'argent, ils ont été rançonnés. De là vient que tant de fabriquans & laboureurs , ou fermiers, ont été ruinés; que les terres sont incultes ou mal façonnées , & que les banqueroutes sont Soins de si fréquentes.

x, v. Le Roi Louis XIV. de glorieufe mepour u moire , Bisaïeul de S. M. dans le dessein íêin de faire fleurir le commerce dans ses commer» Etats, a ordonné Rétabliísement deplu- eft sieurs Compagnies de commerces,pour négocier danstoutes les partiesdu Monde, & fait venir les plus habiles ouvriers de \'Europe, pour y établir les belles manufactures que nous y voyons ; 8c enfin S. M. a établi un Conseil de commerce , à la suite de sa Cour, pour être toujours à portée de le protéger , & de lui accorder de nouvelles graces.

Mais comme les guerres qui sont survenues , ont étouffé de si heureux commencemens,& en même tems donné lieu aux Financiers , & Traitans,de prendre le deísus du commerce , on ne doit pas être surpris , si l'usure y régne avec tant d'empire ; si les banqueroutes font si frequentes dans le commerce,& fi tous les peuples gemiísent. -— Si la Hollande, en moins d'un siécle ttur né& par le seul négoce.a élevé à une puis- f,:f tej*'.

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lance formidable un petit coin de terre U France..

presque caché sous les eaux , quel soin

ne doit pas prendre celui qui gouverne 'une Monarchie comme celle de la Fran~

ce, située avec tous les avantages neces. '"" Tome /.. B

saires pour établir un commerce universel , & qui en soi-même a un fonds inépuisable de fécondité , à l'égard de differentes choses dont les Etats voisins ne se peuvent pafser. Nréeffirc Quelques avantages que le Royauqu« le R« me de France ait, foit par son heureucotuoer- ^ situation , ou par Industrie de ses ce. habitans, jamais le commerce n'y sera considerable, tant qu'il n'y aura point d'établiísement qui en íoit connu. Le pere commun du commerce est en état de favoriser les entreprises des Négocians , tant en general qu'en particulier , soit en soutenant les foibles, pour empêcher qu'ils ne faísent banqueroute ; ou en protégeant les forts , afin de leur donner moyen d'augmenter leur commerce , & de le porter aussi loin que leur genie pourra s'étendre.

Le Conseil de commerce peut bien protéger les Négocians auprès du Roi, contre les entreprises des Fermiers & Financiers,mais il ne fournira pasde l'argent aux Fabriquans 8c manufacturiers, pour foutenir le travail de leurs fabriques , ou manufactures : il n'en four«ira pas aux Fermiers & Laboureurs , pour leur donner moyen de mieux cultiver les terres , & parvenir à d'abondantes récoltes , qui est la mine inépuiíable & le Perou que l'on a quité trop légerement, pour l'aller chercher bien loin, avec beaucoup de hazards & de dépenses.

Il ne se chargera pas non plus du soin de faire mettre en reserve la provision des bleds, des villes, bourgs & paroisses du Royaume , avant qu'on en permette le tranlport à l'Etranger, afin d'éviter les diíettes & les chertés excessives des grains, comme il n'est que trop sòuvent arrivé.

Il faut donc un établiflèment gene- pr<,j« d*», ral qui mette la main à l'ceuvre , pour ne Gom parvenir a ce point de vue , lequel «craJe % par ía direction , son commerce & né- "nunw gocede participation.puiflèréiinirdans ce" un même eíprit tous les Négocians du Royaume , sans néanmoins captiver l'inclinarion de chacun en particulier , ni lesempécherd agir suivant leurs vûës particuliéres -, & en même tems ouvrir an moyen aísuré à tous les Sujets de

S. M. de pouvok faire commerce eœ gros íahs déroger, ou faire valoir leur argent dans le négoce sans usure ôc avec sureté.

Prfuvès Plusieurs raisons utiles & politiques cenítéTe neceísirent cet établiísement. En preter ét»- mier lieu , on suprime beaucoup de bi sse- charges & offices,qui occupoient ceux qui en étoient pourvus : les taxes qui sont demandées aux Financiers, & pa» eux payées, les obligent à congédier beaucoup de Domestiques & Commis.

En second lieu , il y a une infinité de jeunes gens de famille , & il s'en éleve tous ks jours , à qui il faut donner moyen de s'occuper utilement pour eux & pour l'Etat, afin de les tirer de l'oisiveté, source de tous les maux, & les empêcher de s'attacher à la Pratique , qui dégenere trop íouvent dans une dangereuíe chicane qui ruine les peuples.

En troisiéme lieu , tout l'e monde n'est pas né pour être Soldat ou Labou-i reur, & ces deux profeísions ne suífiíènt pas pour rendre un Etat heureux»

11 faut des Fabriquans de toutes efpe

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