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Troisième Proposition.

D'établir en chaque ville & paroiíie Etablissedu Royaume , autre que celle de Pa- TM'"'s^e ris, une chambre ou Bourse commu- chambres, ne , & direction particuliére, tant des affaires de la communauté de chaque paroiflè, que de l'agriculture, commerce ^ arts & manufactures qui s'y font.

Ordonner que chacune des dites Maniére chambres sera compoíee d'un Sindic seront'"" perpetuel, s'il y en a ; d'un Sindic élec- compo. tif, choisi Sc nommé à la pluralité des seeï* voix des habitans de chaque paroisie; d'un Commiflaire Inspecteur de l'agriculture, commerce , arts & manufactures , & d'u« Agent Tresorier de la Bourse commune, Receveur particulier & Collecteur perpetuel des impositions , dont l'établisiemenr est proposé par le Memoire ci-defíus.

Les motifs de l'établiflèment des dites chambres en chacune paroisse consistent:

I.

Raisons Pour établir des correspondances à de cec la tresorerie & Direction generale de acnb commerce de la ville de Paris, afin qu'elle ait connoiflance de l'écat des fabriques & de l'agriculture,pour pouvoir , à point nommé & en connoissance de cause , y répandre de l'argent à ceux qui en auront besoin, pour soutenir leur travail, occuper les peuples, & par ce moyen les empêcher d'être oilìfs , ou de mandier.

II.

Empêcher qu'aucun pauvre ne mandie , soit faute d'ouvrage, ou par vieillelse , caducité & maux extraordinaires , & pourvoir à l'éducation des enfans des ouvriers journaliers & autre* artisans , & soulager les uns 8c les autres dans leurs maladies.

III.

Le menu peuple est plus utile à un Etai que les riches, puiíque c'est lut qui fait tous les ouvrages pénibles: c'est dans ce même peuple qu'on trouve les Laboureurs , les Vignerons , les Charpentiers , les menuisiers, les Maflons les Soldats, les Tisserans , & tous les métiers en general qui rendent un Etat florilsant. C'est pourquoi on ne sauroic trop avoir d'attention à sâ coníervation.

IV.

Juíqu'à present, c'est le menu peuple qui a toujours porté le plus lourd fardeau des impositions, ce qui l'a forcé d'abandonner la campagne, de se retirer dans des villes franches , ou de paíser dans des païs étrangers.

V.

Ce menu peuple est comme le'Soldat qui mange tout, & qui n'tpargne rien de sa paye. Or sur la paie du Soldat on retient son habillement & armes , & il n'y pense pas , n'ayant d'attention que sur le peu qui lui revient de reste. Il en est de même de Partisan journalier : si-tôt qu'il a reçu ses journéesou le prix de la façon de son ouvrage , il va le dépenser au cabaret; & à peine en donne-t'il pour faire vivre fà famille c si bien qu'il est difficile <le faire payer à ces sortes de gens la moindre imposition ; au lieu que si on fàisoit comme aux Soldats, une retenue sur sers journées , ou façons , tant pour payer sa part d'impositions, que pour l'éducation de ses enfans, & soulager lui & sa famille,dans les maladies qui peuvent leur arriver , il est certain qu'aucun d'eux ne s'y oposeroit, & qu'ils payeroient la meilleure partie des impositions, sans en être incommodés, & même sans s'en apercevoir ; d'autant que cette retenue se seroit sur les hommes, les femmes, enfans, Domestiques , valets & servantes , & generalement fur tous ceux qui gagneraient quelque chose , en quelque sorte &

maniéré maniére que ce puisse être : 8c tous ceux íiir qui cette retenue íeroit faite, en ayant connoissance, feraient comme le Soldat; ils n'auroient d'attention qu'à ce qui leur en reviendrait de reste , 8c s'estimeraient heureux de le voir, au moyen de cette retenue exempts de collecte & de toute sorte d'impôts, dont l'aprehension les empêche de vivre un peu largement, dans la crainte d'une augmentation de cote au premier rôle prochain..

VI.

Còmme dans l'arrangement qu'on pourra prendre pour la Taille proportionnelle , il est assez. difficile de taxer l'industrie du menu peuple,qui íi trou* ve répandue' dans une infinité de professions lucratives dans un tems,& qui ne leur produisent rien dans un autre; ou enfin-plus lucratives les unes que les autres, & dans une province, une ville ou village plus que dans un autre; on estime quel'établissement des cham. bres 8c Bourses communes , proposé Tome I. F

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