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couce aux Particuliers , pour la peine des contraventions , qui montent annuellement à la ruine, & à la captivité , ou condamnation aux galeres , ou à la mon de plus de quatre cents períònnes.

Mr. Colbert trouva en 1661. les Tailles établies sur le pied de soixanteíîx millions d'impositions annuelles; mais les nonvaleurs les réduisoient ordinairement à quarante-quatre ; & la raison de ces nonvaleurs ne se peut trouver que dans 1a diversion que faisoit dès lors la perception des Aydes & des gabelles, chjhgt. C'est ce qui le porta à retrancher

Mr" de"' t0Ut ^UT1 CoUP kS nonVa^eUrS' & ^

colbcrt y reduire les Tailles à quarante millions &. d'imposition ordinaire, parce que d'un

autre côté, pour sauver la perte que » le Roi auroit faire dans son revenu , il

fit monter le bail des Aydes à vingt

»quatre millions, outre ce qu'il tiroit
des gabelles & cinq groflès fermes.
fc Mais pour établir ce produit des
í Aydes, il ne prit pas garde que l'é»
tablislèment nouveau des Commis, ôc

autres gens necessaires au recouvrement, couteroit le double à l'Etat de ce que le Roi en auroit à son profit, outre les gains que feroient immanquablement les Fermiers, Sous-Fermiers & autres Traitans , qui ont produit des fortunes immenses.

Et de-là il est arrivé que , par l'é- Jî^««* tablissement de divers bureaux , qui rétabiisseont rendu l'entrée des villes & le com- TMen:^ ^es merce de la campagne impraticables * la consommation a tellement diminué, que les marchandiíes, & le produit des terres , ont peri entre les mains des proprietaires, ou qu'ils n'ont pu s'en defaire qu'à moitié de valeur : ce qui ayant été continué depuis soixante ans, a non seulement reduit le bail des Aydes à huit millions , de vingt-quatre , qui est les deux tiers de perte , mais a rendu encore la perception de la Taille impossible dans plusieurs provinces , 8c ainsi occasionné une double perte pour le Roi ; outre l'excessive & indicible pauvreté des Sujets, qui fait perir annuellement un sixiéme des ha^. Ktans du Royaume , faute de secours

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dans les maladies, ou par désertion > pour sè retirer dans les villes, où une partie se met en service , & l'autre meurt dans ks hôpitaux, friufliew La misere a produit l'injustice dans 3jÌf* U repartition des Tailles, & celle-ci dans la les haines &c les vengeances entre les tíondc* Particuliers : ce qui fait que la TailTiilles; k imposée d'abord arbitrairement par les Intendans , & sans connoiflance de la force réelle & effective des villages , jmais par une routine sans exactitude , & souvent sur la recommandation des ánterefles , se trouve ensuite repartie par despaïsans animés les uns contre les autres , ou passionnés en faveur de kurs aaniK ; de forte qu'il n'en sauroit résulter que la ruine des villages , les xms après les autres , & une injustice déclarée & indéterminable dans l'im> position particuliére, qui a deja anéanti tous les anciens proprietaires, les réduisant à la mandicité , comme elle a donné lieu aux industrieux , qui ne sont jamais les plus gens de bien , de faire fortune. îffets4" C'est par de telles voies que noû fèuìement la vertu sè détruit dans un Etat, qu'ellcs rhais encore que l'idée s'en perd totale- j ment, & qu'il y succéde un sentiment de partialité, en coníequence de laquelle la religion , l'honneur & la vertu , sont bannis : désordre qui est l'avant-coureur certain de la destruction d'un Etat, malgré la politique des plus habiles Princes &c Ministres. Un*ya donc point un plus digne objet de í'a» plication d'un Prince aussi-bien inten« tionné que le Régent l'est aujourd'hui, que la recherche des remedes "convenables à de si grands désordres.

Pour y parvenir , il a fait un eflài Ess»; dans la Generalité de la Rochelle , sc de ce que produisoit certaine imposi- j2ers tion sur les bestiaux, & fur l'industrie des habitans, réglée, suivant un tarif general, & en même tems l'imposition d'un dixiéme sur le produit des terres. Ce reglement a paru imprimé à la suite d'onÂrrêtdu Confeil, qui a autorisé des comraiflàires â l'erfet d'en faire Rétabliísement ;«nais le succès n'a pas répondu à l'eíperance , va les plaintes sorties de cette province,

qui roulent principalement sur trois

chefs.

causes du -'!. Que les Adjudicataires du dixiépeu ^ie me de chaque produit sont des gains qu'il a eu. considerables sur les paroiíses, qui ne vont point à leur décharge , 8c qui augmentent leurs impositions, sans que le Roi en profite.

II. Que les soumissions , où le Roi assujettit les Particuliers envers les Adjudicataires , sont tellement onereuses, qu'il n'y a personne qui ne donnât la

ÌJ moitié de son bien pour en être déliI vré , & que ces soumissions seront des m sujets de contestations perpetuelles, & par coníéquent de procès & de vexations.

IIL Que le reglement , par faute d'avoir été assez médité, ou dressé par gens entendus au manége de la campagne , contient des artides inutiles, ma^ convenables aux lieux pour lesquels ils sont établis ; & qu'enfin il laisse croire qu'ils ont été plutôt formés pour augmenter le produit de la Taille, que pour le soulagement des peuples. De plus, on se plaint que la somme des

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