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dès le vire siècle, le plus souvent à prix d'ar- ple. Comblés de faveurs par les papes, appelés gent, par les rois, les papes ou les évêques eux- dans les conseils des princes, les moines contimêmes, des exemptions en vertu desquelles ils nuèrent à se multiplier à tel point qu'en 1215 jouissaient d'une autorité à peu près indépen- le concile de Latran fut obligé de défendre la dante. Ces exemptions étaient entièrement con- fondation de nouveaux monastères, et même traires aux canons des conciles, qui avaient sou- d'en supprimer plusieurs. Mais les décisions du mis les monastères aux évêques diocésains pour | concile ne furent pas plus efficaces que ne l'al'administration du spirituel et du temporel. vaient été les édits des empereurs, ainsi que Cependant les papes, voulant s'attacher les cou- nous le verrons bientôt. En 1076, Étienne de vents par les liens de la reconnaissance, n'hési- Thiers fonda l'ordre de Grammont; en 1084, tèrent jamais à accorder des exemptions pa- | Brunon établit celui des chartreux, célèbre par reilles, moyennant un modique tribut annuel. son austérité; en 1098, Robert institua celui de Bien plus, dès le xie siècle, ils autorisèrent seuls | Citeaux, ou des cisterciens, qu'illustra Saintl'établissement de nouveaux ordres, acquirent Bernard, et qui, refusant toute exemption, voule droit de confirmer leurs règles, de les réfor- lut rester soumis aux évêques. Ces trois ordres mer, de les supprimer, de dispenser des vœux suivaient la règle de saint Benoit, mais considémonastiques, etc. rablement modifiée. Ce furent simplement des Plus tard, les couvents formèrent des confédé-associations d'hommes livrés à la contemplation, rations, appelées congrégations ou ordres. Cette organisation, introduite d'abord à Cluny, couvent de bénédictins réformés par Odon, fut adoptée bientôt après par les nouvelles fondations des Camaldules et de Vallombrose. Une autre innovation eut lieu vers la même époque dans ce dernier monastère : nous voulons parler de l'institution des frères lais ou convers, que, sous prétexte de se livrer sans distraction à leurs pieux exercices, les moines chargeaient des travaux les plus pénibles.

De leur côté, les évêques, qui voyaient se relâcher tous les jours davantage les rapports de subordination établis, dès l'origine, entre les monastères et les siéges épiscopaux, concurent l'idée de soumettre les clercs à une discipline analogue à la discipline monastique. S. Augustin leur en avait donné l'exemple. L'institution des chanoines se propagea ́ rapidement; mais elle dégénéra si vite qu'en 1059, Nicolas II dut songer à la réformer. Ses louables efforts eurent peu de succès. Ives de Chartres fut plus heureux. A dater de cette époque, l'ordre des chanoines (canonici, de canon, règle) se divisa en deux branches : l'une, des chanoines séculiers, qui suivaient la règle de Nicolas II; l'autre, plus austère, des chanoines réguliers, qui se distinguaient des séculiers non-seulement par une rigidité approchant de celle des moines, mais par la renonciation à toute propriété.

L'institution des chanoines ne porta pas d'ailleurs une atteinte sensible au crédit et à la prospérité des moines. Leur influence reposait sur des bases si solides que même le relâchement de leurs mœurs, constaté suffisamment par les nombreuses réformes auxquelles on les soumit coup sur coup, ne leur nuisit pas dans l'esprit du peu

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à la mortification et à la pénitence. On peut en dire autant de celui de Fontevrault, fondé en 1099, par Robert d'Arbrissel. L'ordre des prémontrés, institué, en 1120 par Norbert, s'occupa, au contraire, avec quelque succès de la prédication et de l'enseignement.

Ce fut dans l'espoir de prévenir une décadence et de rendre, en même temps, aux ordres monastiques l'influence qu'ils commençaient à perdre, que François d'Assises (voy.) prescrivit à l'ordre qu'il fonda en 1210, de ne rien posséder en propre, mais de vivre uniquement d'aumônes. Les franciscains (voy. ce mot et CAPUCINS), qui, par humilité, prenaient le nom de minorites, jouirent bientôt d'une autorité que leur disputèrent, peu d'années après, les dominicains, ainsi appelés de saint Dominique Guzman, leur fondateur. Ces deux ordres mendiants rendirent incontestablement des services à l'Église par leurs prédications, leurs ouvrages et leur enseignement. Sous ce rapport, ils l'emportèrent de beaucoup sur les carmes, autre ordre mendiant qui avait la prétention de remonter jusqu'à Élie, mais qui, de fait, avait été fondé, vers le milieu du XIIe siècle, par Berthold de Calabre, ainsi que sur les augustins, organisés par Alexandre IV, qui leur furent toujours inférieurs en nombre, en réputation et en influence. Mais ces mêmes ordres bientôt ne voulurent plus reconnaître d'autres supérieurs que leurs généraux. Dès 1227, ils se firent accorder la permission de siéger au tribunal de la pénitence. En 1236, ils furent soustraits à la surveillance des synodes et à la juridiction des évêques. Peu après, ils désirèrent s'emparer des chaires des universités, et la papauté, toujours bienveillante pour eux, s'empressa d'y consentir. Cependant tant de faveurs

excitèrent une jalousie générale et irritèrent contre eux non-seulement le clergé et les professeurs, mais même les autres ordres. Il en résulta une guerre ouverte, qui toutefois ébranla à peine leur crédit.

Le XIIe siècle vit naître encore l'ordre des serviles, fondé en 1233, et celui des mathurins, établi en 1200, qui, l'un et l'autre avaient pour mission principale le rachat des chrétiens tombés au pouvoir des infidèles. Nous ne parlons point des ordres militaires ni des frères hospitaliers, à qui sont consacrés des articles spéciaux. Nous ne disons rien non plus de quelques ordres peu importants qui s'établirent vers la même époque, et qui paraissent s'être multipliés tellement qu'en 1274, Grégoire X fut obligé de renouveler la défense du concile de Latran. Cette fois, elle fut assez bien observée; car jusqu'à la réformation, nous ne trouvons l'établissement d'aucun ordre considérable, à l'exception de celui des minimes, qui fut fondé, en 1435, par le franciscain François de Paule, et à qui le pape Alexandre VI accorda les priviléges qu'avaient les qua- | tre grands ordres mendiants.

Pour compléter cette notice, il nous reste à parler de l'organisation intérieure des couvents. Chaque couvent était administré par un abbé, qui, par humilité, prenait quelquefois un nom moins vénérable, et s'appelait major chez les camaldules; prieur chez les chartreux, les dominicains, les carmes, les servites, les augustins, et dans quelques congrégations de chanoines réguliers; ministre ou gardien chez les franciscains; recteur chez les jésuites. Mais quelque nom qu'il portât, il n'en exerçait pas moins une autorité absolue. Il était ordinairement élu par les moines et consacré par l'évêque diocésain. Tous les dignitaires et les fonctionnaires du couvent étaient à sa nomination: c'était lui qui choisissait le prieur (là où il avait un second portant ce titre) et les doyens chargés de surveiller les moines dans leurs travaux et leurs exercices; le cellerier, qui avait soin des provisions; le pitancier, ou pourvoyeur; le chambrier, qui surveillait les dortoirs; le trésorier, l'infirmier, le sacristain et le chantre, dont les noms indiquent assez les emplois. Les couvents de femmes, placés sous l'autorité de l'abbesse ou de la supérieure, avaient, outre ces mêmes officiers, un intendant (præpositus) spécialement chargé des affaires dont des femmes ne pouvaient s'occuper. L'abbé avait le droit de forcer les moines à l'obéissance par les censures ecclésiastiques, la privation de la sainte cène, l'excommunication, la flagellation et l'expulsion du couvent.

La réformation exerça sur le monachisme une double influence. Elle fut d'abord la cause de la suppression des couvents dans les pays qui embrassèrent ses doctrines; elle força ensuite les moines à se livrer davantage à l'étude. Il est vrai que cette influence ne se fit sentir qu'imparfaitement dans les anciens monastères; mais elle fut évidente sur tous les ordres fondés depuis le xvIe siècle, qui tous eurent pour but avoué soit la pureté des mœurs monacales, comme ceux des théatins, des barnabites, des trappistes, soit l'enseignement populaire de la religion ou l'étude approfondie de la théologie, comme ceux des piaristes, des pères de la doctrine chrétienne, des pères de l'Oratoire, la congrégation des missionnaires, la congrégation de Saint-être élus par les députés de l'ordre entier, et leur Maur et surtout l'ordre célèbre des jésuites.

Les dignitaires du couvent formaient un chapitre que l'abbé devait consulter dans toutes les affaires importantes.

Les couvents d'une même province étaient gouvernés par un provincial choisi, soit par les abbés, soit par le général de l'ordre auquel ils appartenaient. Les généraux mêmes devaient

élection était ensuite confirmée par le pape. La plupart résidaient à Rome. A l'exception des carmes et des augustins, dont la constitution était aristocratique, tous les ordres religieux étaient ainsi soumis à une sorte de gouverne

Plus tard l'empereur Joseph II supprima plusieurs ordres et sécularisa des centaines de couvents. Lors de la révolution française, un décret de l'Assemblée constituante, rendu le 13 février 1790, abolit les vœux monastiques, et déclarament monarchique. les biens des couvents propriétés nationales. La haute Italie, la Bavière, l'Espagne, la Prusse et la Russie, marchèrent successivement sur les traces de la France. Depuis quelques années, la Bavière a relevé une centaine de monastères; mais, d'un autre côté, on en a supprimé 4,000 à 5,000, depuis 1850, en Espagne, en Portugal, dans le grand-duché de Posen (Poznân), en Pologne, en Russie et en Suisse.

On sait que les règles monastiques ne déterminaient pas seulement les rapports de subordination, mais qu'elles réglaient jusqu'à la nourriture et au vêtement des moines. Quant à ces deux objets, la règle de saint Benoît se distinguait avantageusement par une sagesse et une douceur fort éloignées de l'exagération du monachisme oriental. Nous ajouterons que l'habillement des moines, qui rappelait sans doute le sac

et, sur la proposition des représentants du peuple, il reçut de la Convention nationale le commandement en chef de cette armée, le 17 août 1795. Les avantages qu'il remporta sur les Espagnols, dans la vallée de Roncevaux, à Lecum

des pénitents de la primitive Église, était à peu de chose près partout le même, et que la cou- | leur seule variait selon les différents ordres (voy. FROC, CAPUCHON, SCAPULAIRE, etc.). · On peut consulter les ouvrages suivants : Hospinien, De monachis, h. e. de origine et progressu mona-bery et Villanova, où il mit hors de combat 2,000 chatús et ordin. monastic.equitumque milita- hommes, puis à Villaréal et à Bilbao, qui lui rium (1588; Opp., t. VI, Genève, 1669, in-fol.); assurèrent la conquête de toute la Biscaye, ameHélyot, Histoire des ordres monastiques reli- nèrent la trêve de Saint-Sébastien, bientôt suigieux et militaires (Paris, 1714-1719, 8 vol. vie de la paix de Bâle. De retour en France, il in-4o); les deux ouvrages allemands: Crome, reçut, le 1er septembre 1796, le commandement Histoire pragmatique des principaux ordres de la 11o division militaire dont le chef-lieu était monastiques, d'après Musson (Leipz., 1774- à Bayonne. S'étant montré favorable à la révolu1784, 10 vol. in-8°); Dæring, Histoire des or- tion du 18 brumaire, le consul Bonaparte lui confia dres religieux (Dresde, 1828, 2 vol.); Histoire | la 15e division militaire dont le siége était à Lyon. des ordres religieux civils et militaires, par Dans la seconde campagne d'Italie, le général l'abbé Tiron. 2e édition, in-8° avec 100 gravures Moncey commanda un corps de 20,000 hommes coloriées. Bruxelles, 1843, librairie d'Auguste et contribua à tous les succès de cette mémoraWahlen. E. HAAG. ble guerre. Après avoir franchi le Saint-Gothard, MONAZITE. Substance minérale découverte il s'empara de Bellinzona et de Plaisance, et par Breithaupt, aux environs de Miask, en Sibé- pendant l'armistice qui suivit la victoire de Marie, dans un gîte de granit zirconien. Cette sub-rengo, il occupa la Valteline. Plus tard, il se stance possède un éclat vitreux, une couleur brun rougeâtre, une translucidité sensible sur ses bords amincis. Elle cristallise en prismes rhomboïdaux. Sa dureté est égale à 6. Sa pesanteur spécifique est 4,93.

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distingua à Mozambano, où il eut un cheval tué sous lui, et à Roveredo, où il fit un grand nombre de prisonniers, et se mit en communication avec l'armée des Grisons. A la paix de Lunéville, il reçut le commandement des départements de MONCEY (BON-ADRIEN-JEANNOT), duc DE CONÉ- l'Oglio et de l'Adda, et il fut nommé inspecteur GLIANO, pair et maréchal de France, naquit à de la gendarmerie nationale, le 4 décembre 1801. Besançon, le 31 juillet 1754. Son père, avocat Dévoué au premier consul, il lui rendit d'émiau parlement de Franche-Comté, le destinait à nents services dans ce poste qui avait tant de l'étude du droit; mais une vocation irrésistible rapports avec le ministère de la police. Aussi l'entraînait vers la carrière des armes, et à peine fut-il compris, le 19 mai 1804, dans la première âgé de quinze ans, il s'engagea dans le régiment promotion des maréchaux de l'empire; le 1er féde Conti-infanterie. Au bout de six mois, sa fa- vrier suivant, il obtint le grand cordon de la mille acheta son congé, mais presque aussitôt il Légion d'honneur, fut placé à la tête de la 11o cos'engagea de nouveau dans le régiment de Cham- horte, et reçut ensuite le titre de dục de Conépagne, où il resta jusqu'au 17 juin 1773. Revenu gliano. Chargé, en 1808, du commandement du pour la seconde fois à Besançon, il étudia le corps d'observation des côtes de l'Océan, Mondroit, sans plus de suite que la première, et le cey le conduisit en Espagne, où il défit les in22 avril 1774, il reprit encore du service dans surgés du royaume de Valence au défilé d'Alles gendarmes de la garde, jusqu'au 20 août manza. Le 31 juillet, Murat lui confia la direction 1778, où il passa en qualité de sous-lieutenant de l'aile gauche, et l'employa sur les bords de de dragons dans la légion des volontaires de l'Ebre et sous les murs de Saragosse, qu'il quitta Nassau-Siegen. Promu successivement aux gra- | pour repasser en France, en 1810. Investi du des de lieutenant en second, lieutenant en pre-commandement de l'armée de réserve du Nord, mier et capitaine (12 avril 1791), il fut fait chef il le conserva pendant les campagnes de 1812 et de bataillon en 1793, et commanda le 5e batail- | lon d'infanterie légère, désigné sous le nom de chasseurs cantabres. Sa conduite à l'armée des Pyrénées lui valut, en avril 1794, le grade de général de brigade, et deux mois après, celui de général de division; il se distingua encore à la prise de la vallée de Bastan, du fort de Fontarabie, du port du Passage et de Saint-Sébastien; |

1813; car il ne fut pas appelé à prendre une part active à des guerres qu'il avait désapprouvées; mais le 8 janvier 1814, il fut nommé major général commandant en second la garde nationale parisienne, et tout le monde connaît sa belle conduite (31 mars) pendant la bataille de Paris, où il fut chargé de la défense d'une des principales barrières.

MONCRIF (FRANÇOIS-AUGUSTIN-PARADIS DE), romancier, chansonnier et poëte dramatique, lecteur de la reine Marie Leczinska, reçu à l'Académie française en 1733, était né à Paris, en 1687, et mourut, le 13 novembre 1770, au palais des Tuileries, où il avait un logement. Ses écrits, qui ont eu quelque succès de son temps, sont entièrement oubliés aujourd'hui. Nous ne citérons que ses Chansons dont on vante l'esprit et la grâce. X.

Après l'entrée des alliés dans la capitale, Mon- | aujourd'hui à côté de Napoléon. Le maréchal cey adhéra complétement aux principes du nou- Moncey a offert l'exemple d'un des plus nobles veau gouvernement, et fut nommé, le 15 mai, caractères des temps modernes, et ses dernières membre du conseil d'État provisoire, le 2 juin, paroles attestent la pureté de sa conscience : chevalier de Saint-Louis, et le 4, pair de France. « Je désire, disait-il à son lit de mort, que chacun Il conserva en outre son titre de premier in- remplisse et finisse sa carrière comme moi. » Le specteur général de la gendarmerie. Compris maréchal Şoult, son ancien compagnon d'armes, dans la liste des pairs créés par l'empereur dans lui a payé un juste tribut d'éloges sur sa tombe. les cent-jours, il fut, par cette raison, rayé de Moncey avait un fils, colonel de dragons, qui celle de la seconde restauration. Appelé, comme périt malheureusement, en 1817, victime d'un le plus ancien des maréchaux de France, à pré- | accident à la chasse. DÉADDÉ. sider le conseil de guerre qui devait juger le maréchal Ney, il écrivit au roi une lettre dans laquelle il lui disait avec une noble franchise : « Ah! sire, si ceux qui dirigent vos conseils ne voulaient que le bien de Votre Majesté, ils lui diraient que jamais l'échafaud ne fit des amis... S'il ne m'est pas permis de sauver mon pays ni ma propre existence, je sauverai du moins l'honneur, et s'il me reste un regret, c'est d'avoir trop vécu, puisque je survis à la gloire de ma patrie... Ce courageux langage valut au ma- MONDANITÉ, vanité mondaine. L'Église donne réchal Moncey la perte de son emploi et un em- le nom de mondains aux hommes qui se livrent prisonnement de trois mois au château de Ham avec excès aux plaisirs, aux amusements du (ordonn. roy. du 29 août 1815). Mais Louis XVIII monde, aux hommes qui sont asservis à tous les ne lui garda pas rancune, et le 14 juillet 1816, usages de la société, bons ou mauvais. Les affecil reçut son serment. Le 5 mars 1819, Moncey tions mondaines sont à ses yeux les penchants fut réintégré dans sa dignité de pair, et le 5 avril qui nous portent à violer la loi de Dieu. Saint 1820, il fut nommé gouverneur de la 9e division Pierre (I Pétri, c. 1, v. 4) exhorte les fidèles à militaire, après avoir été décoré de l'ordre du fuir la convoitise corrompue qui règne dans le Saint-Esprit. A l'époque de la guerre d'Espagne monde. Saint Jean (I Joann., C. II, v. 15) leur de 1823, qu'on espérait de populariser en y mê- dit : « N'aimez pas le monde, ni tout ce qu'il renlant les noms des vétérans de l'empire, Moncey ferme; celui qui l'aime n'est pas aimé de Dieu. fut chargé du commandement du 4e corps, qui | Dans le monde, tout est concupiscence de la opéra par le col de Perthus, et s'empara de Puy-chair, convoitise des yeux, et orgueil de la vie. cerda, de Rosas et de Figuières. Le 9 juillet, il Tout cela ne vient pas de Dieu. Le monde passe vint mettre le siége devant Barcelone, établit avec toutes ses convoitises; mais celui qui fait son quartier général à Sarria, au mois de sep- la volonté de Dieu demeure éternellement. » Le tembre, et signa, le 2 novembre, avec Mina, une chrétien doit-il conclure de ces préceptes qu'il convention à la suite de laquelle on lui remit est urgent pour lui de se détacher des affections les places de Barcelone, de Tarragone et d'Hos- souvent louables, des devoirs, des usages innotalric. cents de la vie sociale? non sans doute. L'Église n'exige pas de nous un si grand sacrifice. Tout ce qu'elle nous demande, c'est de nous préserver de l'excès avec lequel trop de personnes s'y livrent, et de l'oubli dans lequel elles vivent relaX. tivement à leur salut.

Depuis son retour d'Espagne jusqu'en 1830, Moncey continua de siéger à la chambre des pairs dans les rangs de l'opposition modérée. En sa qualité de doyen des maréchaux, il tint, au sacre de Charles X, l'épée de connétable. Après la révolution de juillet, il fut appelé (1833) à succéder au maréchal Jourdan dans le commandement de l'hôtel des Invalides; il réunit ses efforts à ceux de la chambre des députés pour faire cesser les dilapidations dont les vieux braves placés sous ses ordres étaient victimes. Il acheva paisiblement au milieu d'eux sa longue et honorable carrière, le 20 avril 1842, et repose

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MONDE. Ce mot trouve sa place dans la langue des sciences aussi bien qu'en littérature, et, dans la plupart de ses divers emplois, il serait difficile de le remplacer convenablement. Ce n'est pourtant pas une logique rigoureuse qui a multiplié ces emplois et réglé l'étendue de chacun, ainsi qu'on va le voir. En astronomie, lorsque l'on parle du système du monde, ce mot ne désigne

fondement. En effet, le terme au delà duquel nous ne pouvons plus continuer nos investigations n'est pas celui des œuvres de la nature ni celui du temps qu'elle y mit. Notre monde est certainement très-ancien, mais ne finira-t-il jamais ? Les lois générales de l'univers matériel garantissent à notre planète une durée sans limite assignable. La fin du monde ne serait donc qu'une transformation totale de la surface du globe, un cataclysme qui ferait disparaître la race humaine, entraînant en même temps la destruction de presque tous les êtres vivants. Ce grand événement préparerait la place pour un monde nouveau dans toute la rigueur du terme. Les géologues croient reconnaître les traces de plusieurs cataclysmes antérieurs que la terre aurait subis, et dont ils assignent l'ordre de succession sans rien préjuger sur leur durée ni sur l'époque à laquelle ils ont eu lieu. Dans tout ce qu'on vient de dire, le monde est le lieu d'habitation de l'homme ou des races analogues dans les planètes qui nous offrent des analogies si remarquables avec celle que nous occupons. Mais ce mot désigne aussi les habitants euxmêmes, soit dans leur ensemble, soit dans les différents groupes que l'on peut y former. Quelques-unes de ces sections du genre humain ou du monde entier sont assez peu nombreuses : le

rien moins que l'univers entier, cet immense | primitif dans le même sens et avec aussi peu de assemblage de groupes, de systèmes particuliers dont chacun est aussi un monde. En nous bornant au groupe où nous sommes, nous ne pouvons nous dispenser de reconnaître dans ce monde unique autant de mondes très-distincts qu'il y a de planètes, et peut-être faut-il y joindre encore les satellites; en un mot, tout corps céleste dans lequel il y a des habitants est un monde comme notre terre. Mais les subdivisions ne s'arrêtent pas là; on n'a fait mention que de celles de la cosmographie, et la géographie en a tracé d'autres. Nous avons l'ancien et le nouveau monde, et, dans cette acception restreinte, le monde n'est plus qu'un continent. On lui donne plus d'étendue lorsqu'on parle des parties du monde, et cependant il ne s'agit encore que de la moindre partie de la surface de notre globe, puisque les mers n'y sont point comprises. Si nous considérons la terre dans toute sa masse, au lieu de borner nos observations à la surface, notre globe ne sera plus un monde; tous les sens de ce mot comprennent l'idée d'habitations ou d'habitants, et ce qui ne peut l'admettre devient étranger au monde. Si les mines obtiennent quelquefois le titre de monde souterrain, c'est parce que l'homme y pénètre, et que les mineurs y fixent volontiers leur demeure. Mais s'il faut s'en rapporter à l'auteur d'un système cosmologique très-moderne publié en Amé-monde savant tient peu de place sur la terre, rique, il y aurait effectivement des mondes sous nos pieds; notre globe serait formé par des sphères creuses enchâssées les unes dans les autres, et laissant entre elles un intervalle habitable; les pôles, percés à jour par de grandes ouvertures, établiraient entre ces mondes et avec le nôtre une communication qui ne peut avoir lieu qu'en ballon. Comme l'atmosphère occupe nécessairement tout l'espace habitable entre ces globes concentriques et séparés les uns des autres, nulle autre voie ne peut conduire de l'un dans l'autre, car, dût-on percer de part en part les couches interposées, on ne descendrait pas au moyen d'échelles ou de cordages dans ces puits sans fond. C'est peut-être aux aéronautes qu'il est réservé d'achever l'exploration des plus hautes latitudes, de tracer une carte des régions polaires, document sans lequel on accordera difficilement quelque croyance aux hypothèses du géologue de Cincinnati. L'état du genre humain à l'époque la plus reculée à laquelle on puisse remonter par de profondes recherches sur les langues, les monuments, les traditions, est ce que les érudits nomment le monde primitif. La géologie emploie le mot

et il n'y a point de monde littéraire, quoique nous avons une république des lettres surchargée de population et souvent livrée à une fâcheuse anarchie. On sait ce que c'est que le grand mondo, le beau monde, où souvent on ne trouve rien de grand que des prétentions, rien de beau que les parures. Dans un sens plus général, tout ce qui établit des relations entre les hommes malgré la distance des lieux et la différence des gouvernements peut former un monde : on reconnaît ce pouvoir à quelques religions, à la civilisation, à la sociabilité. Après ces grandes divisions, viennent les petits groupes auxquels on ne refuse pas non plus le titre de monde. Pour chacun de nous, le monde se réduit à la totalité des personnes avec lesquelles nous sommes en contact plus au moins intime, plus ou moins fréquent; notre société en est le noyau; nous la voyons comme environnée d'une atmosphère condensée ou raréfiée suivant les lieux et les circonstances au gré des vents de la fortune ou de l'adversité. L'esprit religieux fait envisager le monde sous un autre aspect : c'est l'ensemble des opinions, des maximes, des usages, des occupations; la morale pratique est

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