Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Testament de Jean de Müller '.

son dessein. Cependant Frédéric venait de per- | proposé de se livrer aux sciences, et de goûter dre la bataille d'Iéna, ce tombeau de la monar- en paix le bonheur domestique, ou de cultiver chie prussienne, comme on l'a dit (1806), et les lettres comme un simple moyen de parvenir. Muller, forcé de quitter Berlin, attendit que les Jamais il n'atteignit son but, il avait perdu le événements survenus en Allemagne lui ouvris- repos et la liberté sans acquérir d'autre réputasent une nouvelle carrière. S. M. le roi de Wur- tion que celle de grand écrivain. Du reste, il temberg lui avait offert une chaire de professeur, suffit de lire le quatrième volume de son hiset Müller se rendait à l'université de Tubingue toire on verra qu'il a lui-même le sentiment de (octobre 1807), quand un courrier lui apporta sa faiblesse, et qu'il devient sophiste pour la désur sa route un ordre de Napoléon, qui le man- guiser. Terminous ce portrait par un éloge : dait à Fontainebleau; il s'y rendit le 12 novem- Müller mourut pauvre. Il voulut écrire son tesbre, et le 17 il était à Paris, où l'empereur le tament, et nous ne pouvons mieux terminer la nomma ministre secrétaire d'État du royaume vie de ce grand écrivain qu'en donnant à nos de Westphalie. Dès le lendemain matin, il dut lecteurs cet écrit précieux, où l'homme de bien vaquer à ces nouvelles fonctions, et le mois sui- se révèle à nous tout entier, où percent à chavant partir pour Cassel. Mais bientôt il demanda que instant les émotions d'une âme sensible, et et obtint sa démission d'une place dont les oc- où les dernières volontés du génie mourant rescupations auraient suspendu ses travaux litté- pirent partout la touchante simplicité du patrioraires: il resta conseiller d'État, et directeur de tisme. l'instruction publique. Là, de nouveaux chagrins l'attendaient, qui, joints au dérangement de sa santé, minèrent sensiblement cette organisation << Au nom de Dieu. Le soussigné, sentant sa vigoureuse. Sa dernière étincelle brilla dans la dissolution qui approche, affligé de la chute des préface de son cinquième volume, publié en 1808; grands et beaux projets auxquels il avait consamais ce fut le chant du cygne. Malheureusement, cré sa vie entière, et plus douloureusement afcar ses intentions bienveillantes, sa tendresse fecté encore par l'état de sa fortune, qu'un évéfiliale pour l'université de Gættingue, tout porte nement survenu à Vienne, et des dépenses à croire qu'il allait rendre d'importants services extraordinaires faites depuis le mois de novemà la Westphalie, quand il succomba, victime de bre 1807, ont épuisée et obérée, croit nécessaire, travaux excessifs, à l'âge de 57 ans. Le 29 mai pour le repos de son âme, dans ce dernier mo1809, à quatre heures du matin, un érysipèlement, de dicter ses dernières volontés sur ce bilieux, accompagné de mouvements convulsifs, triste sujet. Ses jours ont été pleins de fatigue, l'enleva aux lettres et à sa patrie. Il fut enterré et le travail a fait tout son plaisir. Il a rempli ses à Cassel, et le prince Louis de Bavière a fait éle-places avec désintéressement; il a fait du bien à ver à sa mémoire, dans la cour de l'église, un | plusieurs personnes : puissent les hommes ne monument qui n'a été achevé qu'en 1835. La mort de Muller, dont la vie peut être diversement jugée, fut une perte irréparable pour les sciences; et l'on peut dire que le jour où de telles facultés s'éteignirent, il périt plus qu'un homme. Jean Müller ne s'était pas marié. Son caractère était doux et facile; il avait un grand fonds de probité et de désintéressement: modeste et généreux, il aimait à secourir les jeunes savants de sa petite fortune et de ses conseils; heureux, disait-il, de pouvoir rendre à des jeunes gens les services qu'il avait reçus de M. Gleim dans sa jeunesse. En lui accordant ce juste tribut d'éloges, il faut convenir, toutefois, qu'une critique impartiale pourrait lui reprocher les faiblesses et les lacunes de son caractère : il s'était

Nous empruntons cette traduction à l'homme de notre époque le plus capable et le plus digne de juger le célèbre historien de la Suisse, à M. Guizot, qui, nous sommes fiers de le dire, pré. sente plus d'un trait frappant de ressemblance avec Müller.

[ocr errors]

pas rejeter sa dernière prière! A ma mort, on trouvera, je l'espère, assez d'argent comptant pour fournir à mes funérailles, pour entretenir dans ma maison mon fidèle Michel Fuchs jusqu'à ce que mes effets aient été vendus ou transportés ailleurs, et pour payer à chacun de mes domestiques un mois de leurs gages. Comme mes dettes surpassent mon avoir, je n'ai point d'héritier à nommer: cependant, en tant que le soin des affaires d'un héritage regarde l'héritier, je choisis pour tel mon frère Jean-George Müller, professeur et membre du petit conseil de la ville de Schaffhouse, et je nomme pour exécuteur testamentaire mon brave Michel Fuchs, qui sait tout ce qui me regarde. Si j'avais pu vivre quatre ans dans l'aisance où je me trouve aujourd'hui, ou

2 C'est la spoliation dont nous avons parlé plus haut : un jeune homme que Müller avait comblé de bontés pendant huit ans s'empara de la fortune de son bienfaiteur au moyen de fausses lettres; Müiler ne put sauver que ce qu'il avait en viager.

- Soyez heureux, mon frère et ma sœur! Et toi, ô ma patrie, orgueil et joie de mon âme, que le Dieu de nos pères te donne la paix et la liberté! Je voulais retracer l'histoire du genre humain depuis sa naissance jusqu'à nos jours: ma vie y a été consacrée. Accordez à mon âme l'espérance que ses derniers vœux seront exaucés. Cassel, 7 juillet 1808. JEAN DE MULLER, conseiller d'État du roi de Westphalie, etc. »> N'y a-t-il pas dans ce testament quelque chose de grave, de noble et de sévère? Ces dernières volontés, dites avec tant de calme, ont je ne sais quoi de solennel qui remue l'âme, et qui porterait à croire que Müller posséda toutes les vertus qu'il a si bien senties, si c'était par les écrits seuls qu'il fallût apprécier la vie et le caractère de l'écrivain. L'Histoire de la Confédération helvétique, le plus important des nombreux ouvrages de Müller, finit avec le xve siècle, en 1489. Voici le jugement qu'en porte Chénier: « Elle est, ditil, pleine de recherches sur les origines des villes et sur leurs traditions particulières. Quoique fort érudite, elle n'est point sèche; elle abonde en réflexions toujours judicieuses, et quelquefois d'une grande portée. Quant à l'exécution générale, la manière de l'auteur est large et grave la chaleur n'est pas sa qualité dominante, mais il a souvent de la noblesse; et, dans ce qui concerne l'Histoire naturelle de la Suisse, partie traitée de main de maître, son

consacrer sept ans à mes travaux littéraires, | dans l'étranger, soit dans ma patrie, cet honj'aurais eu la consolation de payer mes dettes; nête serviteur, dont je ne puis récompenser la mais ma fortune ne se compose que d'environ bonté, la fidélité et l'attachement, quoique il ait cinq mille volumes, de mes écrits et de mes let- usé sa vie à mon service; si j'ai quelque chose à tres. Parmi mes livres, il y en a beaucoup d'in-changer à cet égard, je le ferai dans un codicille. téressants; quelques-uns sont rares en général, tous sont bons. Celui qui les achèterait en bloc à raison d'un florin le volume ne les payerait pas trop cher. On trouvera dans mes papiers le manuscrit de mes leçons d'histoire universelle données en 1784; on peut en publier une bonne partie, comme fragments, mon frère fera le choix. Mes autres papiers sont des extraits illisibles, qui devaient me servir de matériaux pour mon ouvrage sur l'Histoire universelle. Cependant, on peut faire un recueil de mélanges, composé de dix ou douze parties, des dissertations isolées, destinées, pour la plupart, à des académies; les brochures imprimées, un choix de mes extraits, un choix de ma vaste correspondance; des papiers d'affaires, des journaux qui ont un intérêt soit psychologique, soit littéraire, soit politique; des Notices et des Mémoires curieux | que j'ai rassemblés. Tous mes manuscrits doivent être envoyés à mon frère, qui les mettra en ordre, séparera ceux qui pourraient offenser ou | n'intéresser personne, publiera les autres, et, du | produit de la vente, payera mes dettes au prorata. Les livres seront vendus en gros ou en détail, comme on le trouvera bon : c'est avec peine | et par nécessité que j'arrange tout cela. - Avec quelle ardeur n'aurais-je pas désiré, dans ce dernier chagrin, m'adresser à ceux pour qui j'ai | vécu, que j'ai le plus aimés, à vous, mes concitoyens des villes et des campagnes! j'aurais voulu vous instituer mes héritiers, m'en rap-style s'élève à des formes majestueuses...; l'ouporter à la générosité de vos nobles gouvernements et de vos fils, qui n'auraient pas refusé d'accomplir les derniers souhaits de votre historien et de votre ami. Mais, comment pouvais-je demander à ma patrie épuisée ce qu'a fait une fois la riche Angleterre? Cité révérée de Berne, bons et sages citoyens de Zurich, et vous, chers compatriotes qui habitez nos montagnes, nos vallées, et tous les lieux où j'ai reconnu le patriotisme que j'ai célébré, votre image me suivra au sein des tombeaux; et, s'il y a là une place pour ceux qui font l'honneur de la terre, je dirai à vos aïeux que leur mémoire vit dans le cœur de leurs fils. Mon mobilier est peu de chose. Je souhaite que mon frère et ma sœur donnent à Fuchs la montre qu'il a montée pendant vingt ans, et tous les effets qu'il a soignés. Je recommande à mes héritiers, à mes amis, et à tous ceux qui ont pour moi quelque affection, soit

vrage est dédié à tous les confédérés de la Suisse. Cette dédicace, que l'auteur fait à ses pairs, n'est pas d'un ton subalterne. On y remarque, comme en tout le reste du livre, un profond sentiment de liberté; et, ce qui pourrait, à l'analyse, se trouver encore la même chose, un grand respect pour le genre humain. » La lecture de l'ouvrage ne fait que prouver la justice de cet arrêt; et comme Müller est un de ces hommes qui ne peuvent jamais épuiser l'intérêt, parce qu'on n'en parle jamais assez, nous citerons encore les éloges que lui donne un contemporain, Ch. Villers, qui appartenait, comme l'auteur, à la religion réformée, et qui avait adopté avec toute l'Allemagne ses principes et ses opinions en politique et en littérature. « L'opinion publique accorde assez généralement à Muller le premier rang parmi les historiens de son temps, et reconnaît en lui la plus exquise réunion des qua

la littérature allemande, sur la poésie dramatique, et enfin sur l'ensemble des sciences politiques. Tous ces cours furent imprimés, et les derniers parurent sous le titre d'Éléments de la science politique. La part qu'il avait prise à la guerre de 1809 le décida à visiter Berlin, où il fut traité avec distinction par les ministres prussiens sans pouvoir obtenir aucune place dans cette capitale. Il retourna donc à Vienne, en 1811, et y vécut deux ans dans la maison de l'archiduc Maximilien. En 1813, il concourut à la | délivrance du Tyrol en qualité de commissaire impérial et de major des archers tyroliens, et travailla à l'organisation de ce pays comme conseiller du gouvernement. Puis, en 1815, il suivit à Paris l'empereur François, qui le nomma par la suite consul général en Saxe et chargé d'affaires près des cours d'Anhalt et de Schwarzbourg. Adam Muller assista aux conférences de Carlsbad, à celles de Vienne, et demeura ensuite à Leipzig, où il publia ses Nouvelles politiques (1816-1818) et son ouvrage intitulé: De la nécessité d'une base religieuse pour la science et pour l'économie politiques (Leipz., 1819). Rappelé, en 1827, à Vienne, il y mourut le 17 janvier 1829.

lités nécessaires pour qui se voue à la haute, fonction d'écrire les fastes de l'humanité. Les uns le comparent à Tacite; d'autres, avec plus de raison, le nomment le Thucydide de l'Helvétie. Sans doute que la grave majesté de son style, que la vigueur de ses tableaux, que la grandeur des vues, que la richesse de son imagination, enfin, que sa manière vraiment antique, autorisent ces comparaisons. Mais un genre de mérite que n'ont pu avoir ces historiens anciens, c'est celui des recherches les plus laborieuses, les plus profondes et les plus exactes. L'historien suisse conduit cette histoire de sa patrie depuis l'origine de la nation, au travers de toutes les relations qu'eut celle-ci avec la France, l'Italie et l'Allemagne; ce qui rend ce bel ouvrage un complément indispensable à l'histoire de ces diverses contrées. » Les dernières volontés de Jean de Müller ont été religieusement exécutées: M. Jean-George Müller, professeur à Schaffhouse, a publié la collection des œuvres complètes de l'immortel écrivain (Tubingue, Cotta, in-8°): le 27 volume n'a paru qu'en 1819. Les trois premiers tomes renferment le Cours d'His toire universelle, dont J. G. Hess a donné une traduction française (Genève, 1814-1817, 4 vol. in-8°). Sa correspondance familière a fourni la matière de plusieurs autres. M. Füszli de Zurich, dont Muller s'honorait d'être l'ami, a fait une publication à part des lettres que l'illustre historien lui avait écrites. (Voy. Abrégé de la vie | de J. de Müller, écrit par lui-même, et formant le premier cahier des Vies et portraits des hommes lettrés de Berlin, publié par M. Lowe [1806, à Berlin]; Jean de Müller l'Historien, par A. H. Z. Heeren [Leipzig, 1809, en Allemagne]; Memoria J. Mülleri, scriptore C. G. Lehutz, Halle [1809, in-4o]; Notice sur J. de Müller, traduit de l'allemand de Bottiger, par Bader, Mayasin encyclopédique [octobre 1809, v. 336355], etc., etc...

DICT. DE LA CONV.

MULLER (ADAM) DE NITTENDORF, connu par ses écrits politiques et plus encore par son changement de religion, naquit à Berlin, en 1779. Il fut élevé par son grand-père maternel, Cube, ministre de l'Évangile et orientaliste, qui voulut lui faire suivre la carrière ecclésiastique. A 19 ans, Müller alla à Gœttingue, où il étudia le droit, et à son retour à Berlin, les sciences naturelles. Après un voyage en Suède et en Danemark et un séjour de deux ans en Pologne, le désir de revoir son ami Gentz le conduisit à Vienne, où, le 30 avril 1805, il se convertit au catholicisme. S'étant rendu de là à Dresde, il y fit successivement, de 1806 à 1809, des cours sur

CONV. LEXICON.

MULLER (CHARLES-OTTFRIED), un des plus grands érudits de notre époque, naquit, en 1797, à Brieg, en Silésie. Il venait à peine de terminer ses études à Berlin, lorsqu'il publia le résultat de ses recherches mythologiques dans le Ægineticorum liber (Berlin, 1817), et l'année même, il obtint, au Magdalenum de Breslau, la place de professeur des langues anciennes. Ce fut en enseignant les principes de la grammaire à ses élèves, qu'il conçut et commença à mettre à exécution le plan d'analyser tout le cycle mythique et de remonter jusqu'à l'origine des traditions grecques sur chaque peuplade. Son premier essai parut sous le titre d'Orchomène et les Minyens, savant traité qui forme le 1er vol. de son Histoire des peuplades et des villes helléniques (Breslau, 1820). La recommandation de Heeren et de M. Bockh lui fit donner, en 1819, la chaire d'archéologie à l'université de Gættingue. Au retour d'un voyage qu'il fit en France et en Angleterre, en 1822, il publia son ouvrage sur les Doriens (Bresl., 1824), autre monographie qui fait suite à la première; mais l'accueil qu'elle reçut décida O. Muller à remettre à une autre époque la suite de son histoire des Hellènes, et à diriger de nouveau ses études vers la mythologie. Les Prolegomènes d'une mythologie scientifique, dont on trouvera l'appréciation à l'article MYTHOLOGIE, parurent à Gættingue, en

1825, et la même année, il publia à Berlin ses | Sancta, d'après L. Spada, son dernier ouvrage. recherches sur Les habitations, l'origine et Parmi ses principaux travaux, il faut surtout l'histoire primitive du peuple macédonien, citer son portrait de Louis XVI, et celui du peinsimple brochure, mais qui mérite néanmoins tre Graff. toute attention. On compte aussi parmi les productions les plus remarquables d'Ottfried Müller les Étrusques (1828, 2 vol.), troisième monographie de peuples grecs, et le Manuel de l'archéologie de l'art (1830; 2e éd., 1835, trad. en français par M. P. Nicard, sous ce titre : Nouveau manuel complet d'archéologie, ou traité sur les antiquités grecques, étrusques, égyp-| tiennes, indiennes, etc., avec atlas, Paris, 1841, 2 vol. in-18), le premier ouvrage de ce genre qui soit à la hauteur des progrès de la science. Nous ne parlerons pas de tous les traités qu'il a publiés sur l'archéologie: il suffira de citer Minerva Poliadis sacra, etc. (Gætt., 1820), et De Phidia vitâ et operibus (1827). Nous ne dirons rien non plus des nombreux articles qu'il | a insérés dans les journaux et les publications d'autres auteurs. Quand on songe à tout ce qu'il a écrit, sans cesser de remplir avec zèle les devoirs de sa place de professeur, on ne peut qu'admirer une activité et une érudition qui, dans un âge encore peu avancé, avaient répandu le nom d'O. Müller par toute l'Europe. Invité à se rendre dans le nouveau royaume de Grèce, le savant professeur entreprit ce voyage qui lui devint fatal. Il mourut à Castri (Livadie), le 31 juillet 1840, à la suite des fatigues que venait de lui donner l'étude des inscriptions du temple de Delphes, dont il explorait les ruines.

[blocks in formation]

|

De ses nombreux élèves, aucun n'a surpassé son fils, JEAN-FRÉDÉRIC-GUILLAUME MULLer, né à Stuttgart, en 1782, qu'il forma lui-même. Malgré sa constitution maladive, le jeune Müller s'appliqua avec ardeur à l'étude, et ses premiers essais surpassèrent toute attente. L'exemple de son père lui ayant appris que le dessin constitue une partie essentielle de la gravure, il s'appliqua à y atteindre la perfection. Il vint ensuite à Paris pour suivre les leçons des professeurs de l'Académie; mais un travail trop opiniâtre lui attira un dangereux épuisement du corps et de l'esprit, dont il ne se guérit qu'avec peine. Aussitôt rétabli, il grava pour le Musée français la Vénus d'Arles et une statue de la Jeunesse par un heureux procédé, il sut rendre dans cette dernière estampe jusqu'aux propriétés du marbre. En 1805, il grava le portrait du roi de Wurtemberg, et commença le fameux S. Jean du Dominiquin, qu'il termina en 1806. Deux ans plus tard, il se chargea de graver la Madone de Dresde; mais sentant toute la grandeur de la tâche qu'il s'imposait, il voulut auparavant aller étudier son art aux sources, et partit pour l'Italie. Initié à tous ses secrets, il retourna à Dresde, en 1809, et commença son chef-d'œuvre. Pendant qu'il y travaillait, il grava les portraits de Jacobi, de Schiller, de Hebel, et une grande feuille représentant Adam et Ève, d'après un plafond peint par Raphaël dans les loges du Vatican. Il était depuis longtemps déjà graveur de la cour de Stuttgart, lorsqu'en 1814, il fut nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Dresde, place qu'il n'occupa que quelques mois. Épuisé par ses travaux, dévoré par une consomption, ne prenant presque aucune nourriture, il dut enfin se mettre entre les mains d'un médecin, dont les soins ne purent le sauver. Il expira le 3 mai 1816. CONV. LEXICON.

MULLER (JEAN-GOTTHARD DE), un des meilleurs graveurs de l'Allemagne, né à Bernhausen, dans le Wurtemberg, le 4 mai 1747, déploya de bonne heure un talent si remarquable que le duc lui accorda une pension qui le mit en état MULLNER (ADOLPHE), littérateur allemand, de venir à Paris, en 1770, étudier à l'école de est né le 18 octobre 1774, à Langendorf, près de Wille. Il y fit les plus rapides progrès. En 1776, Weissenfels (Saxe prussienne), où il exerça, dès l'Académie des beaux-arts l'admit dans son sein; 1798, la profession d'avocat, après avoir fait ses mais bientôt après il fut rappelé à Stuttgart et études à Leipzig. Neveu de Bürger. Müllner placé comme professeur à l'école des beaux-arts. avait reçu une éducation littéraire, qui le pousIl mourut le 14 mars 1830. Ses principales plan- sait vers la poésie plus que vers le droit. En ches dans le genre historique sont : le Combat 1799, il publia, sous le voile de l'anonyme, un de Bunkershill; la Sainte Cécile, d'après le roman en 2 vol. intitulé l'Inceste. Son talent Dominiquin; Lot et ses filles, d'après Honthorst; dramatique se développa, grâce à un petit théâtre la Madonna della sedia, d'après Raphaël, qu'il de société qu'il avait établi lui-même à Weisgrava pour le Musée français, et la Mater | senfels, et dont il fut à la fois le directeur et

l'un des acteurs les plus zélés. C'est pour cette troupe d'amateurs qu'il composa la plupart de ses spirituelles comédies, telles que les Intimes, les grands Enfants, etc., et qu'il imita plusieurs pièces françaises.

en 1826, il se fit l'éditeur du Mitternachtsblatt (Feuille de Minuit). Acerbe et vindicatif, dans cette position, Müllner devint le fléau des écrivains; sans ménagement et sans pitié pour le talent médiocre, il se laissa malheureusement entraîner à des personnalités, qui durent nuire au succès de ses leçons, en faisant douter de l'impartialité du précepteur.

A cette époque (vers 1810), le drame allemand quitta les voies que lui avaient tracées Schiller et Goethe: les créations larges de ces deux coryphées firent place en partie aux pièces mysti- Il mourut d'un coup d'apoplexie à Weissenques de Z. Werner; le succès du drame intitulé | fels, le 11 juin 1829. Depuis 1817, il avait le titre Le 24 février donna l'éveil à Müllner; il adopta | de conseiller de cour prussien.

Ses Mélanges ont paru à Stuttgart, 1824-1826, 2 vol.; et ses œuvres dramatiques à Brunswick, 1828, 7 vol. Müllner a aussi publié quelques écrits de jurisprudence : les Soixante pensées de Modestin, Greiz, 1804; Entscheidungskunst, Leipzig, 1812. L. SPACH.

MULOT, SURMULOT. Voy. RAT. MULQUINERIE, nom que l'on donne dans le commerce au fil à dentelle (voy. ce mot). Z.

MULTIPLICATION. (Mathématiques.) Dans sa notion précise, la multiplication n'est qu'une addition composée. Mais il y a cette grande différence entre l'addition et la multiplication que, pour additionner deux nombres, on les ajoute l'un à l'autre, tandis que, pour les multiplier, on en ajoute un à lui-même autant de fois que l'autre contient d'unités. Le nombre qu'on multiplie se nomme multiplicande, celui par lequel on multiplie se nomme multiplicateur. Ces deux nombres sont les facteurs de la multiplication, dont le résultat prend le nom de produit. Un nombre qui en renferme un autre exactement est dit multiple de ce dernier, ainsi 8 est multiple de 4 et de 2, c'est-à-dire que ces nombres sont contenus un certain nombre de fois dans leur multiple 8.

pour la structure de sa tragédie le même principe fataliste qui domine dans la pièce de Werner. Le 29 février fut écrit à l'imitation du 24 février, en 1812; quatre ans plus tard, Müllner publia la Faute (die Schuld, trad. en français, sous le titre de l'Expiation, dans la collection des chefs-d'œuvre du théâtre étranger). Cette tragédie répandit le nom de Mullner dans toute l'Allemagne; écrite pour la scène, elle y produit un effet saisissant, grâce à un plan habilement conçu, à des coups de théâtre bien ménagés, et à une diction pleine de verve et de poésie. Ainsi que dans l'Aïeule (die Ahnfrau) de Grillparzer, les héros tragiques de Müllner agissent sous l'empire d'une fatalité qui semble déterminer et précipiter leurs actions, tandis qu'au fond ils sont guidés par leurs sophismes et leurs passions. Le roi Yngurd (Leipz., 1817), et l'Albanaise (Tub., 1820), tragédies écrites d'après les mêmes principes poétiques que la Faute, contribuèrent sinon à étendre, du moins à consolider la célébrité de Müllner. Dans la Faute et le roi Yngurd, la sombre nature du Nord encadre l'action; dans l'Albanaise, c'est le ciel du Midi qui brille sur les personnages et qui jette dans leurs veines le feu des passions; mais le poëte a incontestablement mieux réussi à peindre les effets du climat norwégien : la Faute renferme, sous ce rapport, quelques tableaux qui, sans entraver la marche de l'action, s'harmonient parfaitement avec le caractère et les sentiments des personnages. La plupart du temps, les héros de Müllner parlent le beau langage de la passion véhémente; mais quelquefois une tendance épigrammatique dépare leur noble diction, et le critique perce der-miné par le concours de deux autres nombres, rière le poète tragique.

En effet, Müllner, à partir de 1820, ne travailla plus pour le théâtre, mais s'adonna tout entier à la critique littéraire. De 1820 à 1825, il rédigea la feuille littéraire du Morgenblatt, et

On peut considérer la multiplication comme une opération à l'aide de laquelle on obtient la somme de plusieurs nombres identiques d'une manière plus prompte que par l'addition de ces nombres. Ainsi en additionnant 5+5+5+5

=

= 20, on voit que la somme 20 est formée de 4 fois le nombre 5, c'est-à-dire qu'elle est déterminée par les deux nombres 5 et 4. Trouver d'une manière directe le nombre ainsi déter

sans passer par une addition successive, tel est le but de la multiplication. Alors on ne dit plus que 5 ajouté 4 fois à lui-même donne 20, mais que cette somme est le produit de 5 multiplié par 4.

Ce procédé suppose que l'on connaît immé

1 C'est plutôt le Crime qu'il faudrait traduire, ou l'Épouse diatement les produits des nombres simples

coupable.

(composés d'un seul chiffre) par chacun d'eux.

« PreviousContinue »