Page images
PDF
EPUB
[graphic]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

ce qu'on appelle esprit du monde, souvent peu d'accord avec la piété. Un zèle prompt à s'alarmer redouta jadis cet esprit, et crut lui échapper en fuyant jusque dans les déserts de la Thébaïde: on craint moins aujourd'hui sa pernicieuse influence, soit que les mœurs publiques soient effectivement améliorées, soit que l'esprit religieux ait perdu de son empire. Quoi qu'il en soit, ce changement ne peut être remarqué dans le langage de la chaire, non plus que dans les conversations des gens du monde. A propos de cette partie des sociétés modernes que l'on désigne ainsi, remarquons les soins extrêmes que l'on prend pour son instruction, pour la mettre en état de parler de tout sans avoir jamais éprouvé les fatigues de l'étude. C'est pour elle que la presse gémit, que les petits livres se multiplient au point d'écraser bientôt par leur nombre les plus robustes in-folio: et cette classe dont nous faisons partie, nous tous, collaborateurs de ce Dictionnaire, est souvent peu reconnaissante envers ses instituteurs! ce qui peut l'excuser tout au moins, c'est qu'elle est trop souvent dans le cas de refuser les présents qu'on s'obstine à lui faire : ouvrez l'un de ces livres destinés aux gens du monde, et vous ne blâmerez point ceux qui se dispensent de les lire. FERRY.

| rurier et le corps piémontais que commandait le général Colli. Les Piémontais perdirent 3,000 hommes, huit pièces de canon et dix drapeaux. Le lendemain de la bataille de Mondovi, le général Bonaparte forma son armée en trois colonnes, passa la Stura et porta son quartier général à Cherasco. Ses communications avec Nice se trouvaient rétablies par Ponte-di-Nave, ce qui lui donna la possibilité de réorganiser son matériel, et de porter à soixante bouches à feu la force active de son artillerie. Il profita de l'effet moral des victoires qu'il venait de remporter dans ces dix jours de campagne, et prit, sans que le soldat osât en murmurer, des mesures sévères pour rétablir la discipline et mettre un terme aux habitudes de pillage que les revers des dernières années avaient introduites dans l'armée. Sa proclamation de Cherasco est remarquable à cet égard. « Soldats, vous avez remporté en quinze jours six victoires, pris vingt et un drapeaux, cinquante-cinq pièces de canon, plusieurs places fortes, et conquis la partie la plus riche du Piémont; vous avez fait 15,000 prisonniers, tué ou blessé plus de 10,000 hommes. Vous vous étiez jusqu'ici battus pour des rochers stériles, illustrés par votre courage, mais inutiles à la patrie; vous égalez aujourd'hui par vos services l'armée de Hollande et du Rhin. Dénués de tout, vous avez suppléé à tout. Vous avez gagné des batailles sans canons, passé des rivières sans ponts, fait des marches forcées sans souliers, bivaqué sans eau-de-vie, et souvent sans pain. Les phalanges républicaines, les soldats de la liberté, étaient seuls capables de souf

[ocr errors]

MONDE (PARTIES DU). On n'en admettait anciennement que trois, savoir: l'Europe, l'Asie et l'Afrique; c'est ce qu'on appelle le monde ancien. Depuis la découverte de l'Amérique, il a bien fallu en admettre une quatrième. On distingua dès lors le monde ancien d'avec le nouveau monde. Dans le xvIIe siècle, les naviga-frir ce que vous avez souffert grâces vous en tions de la mer du Sud ont enrichi la géographie d'une 5e partie du monde, comprenant les terres australes, appelée aussi Australie, Australasie ou Océanie. Cette partie diffère des autres en ce qu'elle se compose d'un grand nombre d'iles, parmi lesquelles la Nouvelle-Hollande est la plus considérable. La division du monde, ou plutôt de la terre en cinq parties subsistera probablement toujours, et quoiqu'on ait découvert des terres dans la zone glaciale antarctique qui ne peuvent être rattachées à aucune des cinq parties du monde établies dans la géographie, ces terres, n'étant ni habitées ni même habitables, ne pourront donner lieu à une nouvelle division.

soient rendues, soldats! La patrie reconnaissante vous devra sa liberté, et si, vainqueurs de Toulon, vous présageâtes l'įmmortelle campagne de 1793, vos victoires actuelles en présagent une plus belle encore. Les deux armées qui naguère vous attaquaient avec audace fuient épouvantées devant vous; les hommes pervers qui riaient de votre misère et se réjouissaient dans leurs pensées des triomphes de vos ennemis sont confondus et tremblants. Mais, soldats, vous n'avez rien fait, puisqu'il vous reste à faire. Ni Turin ni Milan ne sont à vous; les cendres des vainqueurs des Tarquin sont encore foulées par les assassins de Basseville! On dit qu'il en est parmi vous dont le courage mollit, qui préféreraient retourner sur MONDOVI (BATAILLE DE). La bataille de Mon- les sommets de l'Apennin et des Alpes? Non, je dovi n'est qu'une conséquence de la marche obli- ne puis le croire. Les vainqueurs de Montenotte, gée des armées française et piémontaise après de Millesimo, de Dego, de Mondovi, brûlent de la bataille de Montenotte. Une circonstance for-porter au loin la gloire du peuple français !........ » tuite fit rencontrer à Mondovi la division Ser- Cherasco est à dix lieues de Turin. La cour

DEPPING.

tour et le colonel Lacoste pour proposer un ar-
mistice, et l'offre, comme gage de sa bonne foi,
de livrer immédiatement les places de Ceva, Coni
et Tortone à l'armée française. Le général Bo-
naparte accepta, et le traité de Cherasco fut
signé le 15 mai. La paix fut conclue et signée à
Paris par M. le comte de Revel, ambassadeur du
roi de Sardaigne.
Gal MONTHOLON.

[ocr errors]

Gaspard

de Sardaigne, justement effrayée, se résolut à [ d'hydrographie au port d'Anvers. implorer la paix. Le roi envoya le général La- | Monge, entré de bonne heure chez les oratoriens, se distingua toujours de ses condisciples par la vivacité de son imagination tout à la fois et par la profondeur de sa pensée. Les bons pères, qui avaient un talent merveilleux pour discerner à travers les lauriers du collège les sujets que la nature avait frappés du sceau de la supériorité, conçurent le projet de faire de Monge un néophyte; ils l'envoyèrent à Lyon, où tout fut mis MONGALLO (Royaume de). Voy. ZANGUEBAR. en œuvre pour mener à bien le projet des pères MONGE (GASPARD), célèbre mathématicien, de l'oratoire de Beaune, mais inutilement. L'iné à Beaune, département de la Côte-d'Or, le magination active de Monge lui montrait-elle 10 mai 1756. Plus l'homme de génie que sa situa- | dans le lointain de brillantes destinées, lui désition dans le monde ne met point en évidence gnait-elle le monde comme digne de ses enseirencontre d'obstacles pour atteindre la place qui gnements? S'il céda à une voix intérieure qui lui est due dans la société, plus les droits qu'il lui cria de ne point enfouir sa haute aptitude peut avoir à son rang sont incontestables. Il est dans l'obscure enceinte d'un collège, c'est qu'une tel homme auquel il ne faut qu'un demi-mérite vocation providentielle le jetait dans la carrière pour se faire un nom, parce que son illustration des sciences qu'il illustra. — Bientôt, les pères est déjà ébauchée par sa position, et tel autre de l'oratoire, qui ne cherchèrent point à comque la nature a doté de génie qui n'obtient de primer l'essor du jeune élève, lui donnèrent un célébrité qu'après avoir donné des gages multi- gage de la haute estime qu'ils concevaient de pliés de sa supériorité. Ainsi dut faire Monge, lui en lui confiant à l'âge de seize ans la chaire car sa famille était pauvre. Que d'efforts ne lui de physique! Monge faisait marcher de concert a-t-il pas fallu pour s'élever, lui à qui il fut d'a- avec l'étude de cette science, celle des mathébord défendu de révéler ses belles découvertes ! matiques, dont les résultats exacts satisfaisaient - L'industrie modeste qu'exerçait le père de la rectitude de son esprit ; il en fit une applicanotre grand géomètre le mit à même de donner tion directe en levant le plan de sa ville natale à ses trois fils une éducation soignée. Cet homme sur une grande échelle, et, comme il se distinrecommandable, doué d'un sens droit, de beau- | guait par un talent rare pour le dessin, son tracoup d'esprit naturel, honorait sa profession. vail avait le double mérite de l'exactitude et de Son fils aîné, celui qui nous occupe, ne se rap- | l'exécution. L'édilité d'alors le récompensa de pelait pas le souvenir de son père sans un vif | ce travail. Un officier du génie militaire se sentiment de respect. Les soins touchants qu'il trouvait alors à Beaune ; il apprécia l'œuvre de en avait reçus, les sacrifices dont il avait été | Monge, voulut s'entretenir avec le jeune géol'objet, lui étaient sans cesse présents à l'esprit, mètre, et, découvrant bientôt en lui un esprit et son âme était encore attendrie de reconnais- supérieur, il le fit entrer à l'école royale de Mésance, alors que, parvenu à un grand âge, un zières. L'école de Mézières était divisée en pluintervalle de plus de 50 ans le séparait de cette sieurs catégories : les élèves de la première classe première vie de famille dont les traces ne se étaient tous titrés, et Monge n'était qu'un pléperdent point dans la mémoire des hommes bien béien; il ne pouvait donc s'asseoir au premier nés. - Monge avait deux frères, ils tenaient rang; l'obstacle qui s'y opposait était en appacomme lui de la nature un penchant irrésistible rence insurmontable; il fut placé parmi les conpour le culte des sciences. Le même collége, ce- ducteurs de travaux et les appareilleurs. Dans ce lui des oratoriens de Beaune, qui avait quelque poste modeste, bien au-dessous de son génie, célébrité dans la province, fut témoin des pre-Monge fit connaître son talent pour le dessin, mières études de ces trois frères. L'un, c'était | qui lui valut beaucoup d'éloges; mais le jeune Louis Monge, fut examinateur des élèves de la adepte des sciences méprisait des louanges qui marine; l'autre, Jean Monge, mérita la chaire ne s'adressaient qu'au côté mécanique de son

'Les registres de l'état civil, qui étaient tenus par l'autorité ecclésiastique avant la révolution, constatent ainsi qu'il suit la naissance obscure du grand géomètre ; « Paroisse Saint Pierre, de 1741 à 1747, ce 10 may 1746, a été baptisé Gaspard, né ledit jour, fils de Jacques Monge, marchand forain, demeurant à Beaune.

et de Jeanne Rousseau, son épouse; le parrain, Gaspard Des. champs, marchand mercier, la marraine, Jacqueline Jouard. Le père et le parrain ont signé;

JACQUES MONGE, Jacqueline JOUARD, G. DESCHAMPS,

LKOMME, archiprêtre, curé de Beaune, »

savoir. « J'étais mille fois tenté, disait-il un jour, dédain qui compromet quelque peu sa sagacité, qu'il se rappelait ces éloges, de déchirer mes le simple maçon; oui, le simple maçon, qui biendessins par dépit du cas qu'on en faisait, comme tôt devait donner des enseignements au monde si je n'eusse pas été bon à autre chose. » On savant! Monge ne tarda pas à devenir profesne tarda pas en effet à s'apercevoir que la me- seur en titre, et c'est de cette époque que datent sure de son esprit s'appliquait mal à ses fonc- les jours brillants du grand géomètre. Son aptions d'appareilleur, et qu'à défaut de parche- titude s'appliquait non-seulement à l'étude des mins Monge pouvait faire valoir des titres qui sciences exactes, mais elle s'étendait à la conne craignent point les injures du temps. En ef- naissance des sciences physiques : ainsi, il surfet, si l'obscurité de sa naissance ne lui laisse prit à la nature l'un de ses secrets les plus impas la faculté de s'asseoir au milieu des élèves portants; il découvrit les éléments de l'eau de première classe, il va les dominer par la force comme Lavoisier, Cavendish et Laplace, dont de l'intelligence; une circonstance particulière il ignorait complétement les travaux, en enflamvient de révéler la puissance de son esprit, et les mant, au moyen de l'étincelle électrique, un méhonneurs du professorat vengeront l'appareil- lange d'hydrogène et d'oxygène. Monge, au sein leur des dédains que lui valait l'humilité de sa de l'école de Mézières, était comme un père au condition. Le chef de l'école avait chargé notre milieu de ses enfants. Ses élèves le chérissaient, ils géomètre d'une opération de défilement qui sert aimaient en lui l'homme plein de douceur et de à combiner le relief et le tracé des fortifica- bonté, et le professeur ardent, enthousiaste, tout tions avec le moins de frais possible, et si bien à la fois, et profond, dont les démonstrations que, dans tous les points essentiels de leur inté- étaient d'une admirable lucidité. Le spectacle rieur, le défenseur s'y trouve à l'abri des coups des grands phénomènes de la nature et la solude l'assaillant » (définition de M. Charles Dupin). tion des problèmes de hautes mathématiques Pour arriver à la solution du problème proposé, ébranlaient fortement ses organes, enflammaient Monge ne voulut pas suivre la méthode suran- son imagination souvent alors il traçait dans née qui y conduisait, elle était trop longue au l'air par le geste la figure que décrivait sa pagré de son esprit actif et impatient. Il tenta d'y role; il s'exprimait avec enthousiasme, et ses parvenir en employant les calculs géométriques, élèves l'écoutaient avec une admiration mêlée de dont l'usage, dans ce cas, était entièrement in- respect, qui allait jusqu'au prestige; ils étaient connu; ses efforts furent couronnés du succès entraînés sur ses pas comme par une puissance le plus complet. Heureux plutôt que fier d'avoir irrésistible. « Quelquefois, dans les excursions terminé son opération par des moyens simples qu'il faisait faire à ses élèves, écrivait l'un d'eux, en ouvrant une voie plus courte, Monge soumit M. Goujon, il leur communiquait son enthouson travail au chef de l'école, qui ne l'examina siasme, et il est arrivé souvent que, pour gagner que sur les instances réitérées de l'élève, et après plus tôt quelque usine sans aller chercher des lui avoir dit qu'il n'avait pas même pris le temps routes et des ponts, Monge, continuant ses exd'épuiser la longue série des calculs ordinaires. plications, s'avançait à travers un large ruisseau, Cependant le travail était bon, le maître fut forcé le passait à gué sans s'interrompre, sans que les de le reconnaître, et Monge triompha; mais, jeunes gens cessassent de se presser autour de chose étrange! il ne lui fut pas permis d'ensei- lui; tant était grande la puissance qu'il exerçait gner sa méthode graphique! Bien plus, il eut la sur leur esprit. >> Nous avons vu Monge faire douleur de se voir préférer dans des fonctions l'une de ces découvertes qui datent dans les anqui réclamaient la supériorité d'un talent dirigé nales des sciences, mais c'est un faible titre de par un savoir méthodique un ouvrier qui n'avait gloire comparé aux bienfaits qu'il fit découler pour guide qu'une aveugle routine. Une pareille des mathématiques transcendantes; il éclaira injustice ne pouvait rester longtemps sans une de leurs vives lumières l'art des constructions, éclatante réparation en effet, deux hommes depuis celle des fortifications jusqu'à celle de la distingués, l'abbé Nollet, si connu par ses Re- demeure civile la plus humble; il fit pour ainsi cherches physiques, et l'illustre Bossut, alors dire descendre ces sciences de la hauteur de leurs professeur de mathématiques, ouvrirent l'arène spéculations à des applications directement utioù devait briller Monge; tous deux ils avaient les aux hommes; pour tout dire, en un mot, il apprécié sa rare sagacité, son esprit inventif et créa la géométrie descriptive. Dès lors, Monge son immense besoin de savoir; tous deux ils n'était plus seulement un excellent professeur, voulurent avoir pour suppléant l'humble appa- c'était l'homme de génie que Paris devait absorreilleur, ou, comme l'a dit Mme Roland avec un ber dans son immense centralisation d'intelli

« PreviousContinue »