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les autres et soumis à son autorité tous les peuples tâtars, subjugua avec eux la majeure partie de l'Asie. Suivant le témoignage des écrivains orientaux, le campement primitif de TchinghizKhan était Onan et Kloran, c'est-à-dire les sources de l'Onon et du Kerlon. C'était dans le même lieu qu'avait habité son père Iessoukaï-Bahadour. Khondemir atteste que la grande iourte (habitation) de Tchinghiz-Khan était connue sous le nom d'Ordoubalik.

ture commença d'être connué des Mongols. Une | table de granit, découverte au milieu des ruines, non loin de Nertchinsk, et dont le savant mongoliste M. I. J. Schmidt, de Saint-Pétersbourg, a déchiffré l'inscription, en est à la fois le monument le plus ancien et le seul qui nous soit parvenu de l'époque de Tchinghiz-Khan. L'introduction du bouddhisme et la connaissance qu'acquirent les Mongols de la littérature et des doctrines de l'Hindoustan, par suite de la conquête de ce pays, ont beaucoup influé sur leur propre « Un simple chef de hordes confiné dans une développement. C'est à des érudits allemands, petite contrée aux extrémités de l'Orient, dit et notamment à celui dont nous avons déjà cité M. Et. Quatremère (Vie de Raschid-Eldin), le nom, que l'on doit de pouvoir comprendre après s'être agrandi successivement et avoir maintenant dans le système de nos études la lan- dompté par son courage toutes les nations qui gue mongole, restée en dehors de la science habitaient les vastes solitudes de la Tâtarie, s'éeuropéenne jusqu'au XIXe siècle. M. Schmidt en lance tout à coup avec la rapidité de la foudre, a publié, en 1850, à Saint-Pétersbourg, la pre- renverse tout ce qui s'oppose à sa course impémière grammaire, et, grâce à ses efforts, une tueuse, détruit de fond en comble un grand emchaire de littérature mongole a été fondée à l'u- pire que gouvernait un prince belliqueux. Les niversité de Kasan : elle est occupée par M. Ko- villes les plus fortes, défendues par des armées valefski, à qui la science est redevable d'un Dic- tout entières, sont emportées d'assaut malgré la tionnaire mongol-russe, publié en 1839. La hauteur de leurs remparts; le brave Dijlal-Eldin, bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg et vaincu en bataille rangée sur les bords de l'Inla bibliothèque royale de Dresde sont les dépôts dus et enveloppé de toutes parts, est contraint, les plus riches en livres et manuscrits de cette pour sauver sa vie, de traverser ce grand fleuve langue. Quoique en majeure partie composée de à la nage et d'abandonner au vainqueur ses traductions d'ouvrages tibétains, souvent eux- femmes et toute sa famille. Ce même guerrier, mêmes traduits du sanscrit, mais que la perte errant et fugitif dans ces mêmes contrées qu'il des originaux rend néanmoins précieuses, la remplissait naguère de ses nombreuses phalanlittérature mongole ne laisse pas d'offrir des ges, toujours poursuivi par un ennemi infatigaproductions qui lui sont propres. Nous nous bor-ble, voit tous ses pas marqués par des défaites, nerons à citer l'Histoire mongole qui a pour | et périt enfin d'une manière plus convenaauteur un prince de cette nation, nommé Ssa- | ble à un aventurier qu'à un grand prince. Une nang-Ssetsen-Khung-Taïdji, et qui a été publiée armée de 20,000 Mongols ose faire le tour de la par les soins de M. Schmidt, en 1829. On a vu à mer Caspienne, entreprise qui n'avait pas été l'article BABOUR que ce sultan, qui fonda l'em- tentée jusqu'alors et qui depuis cette époque n'a pire du Grand-Mogol dans l'Inde, a également été réalisée que par les troupes de Timour. écrit des mémoires fort intéressants qui nous Dans l'espace d'un petit nombre d'années, l'Asie ont été conservés. On peut d'ailleurs consulter presque tout entière est subjuguée par ces consur ce sujet l'ouvrage du savant Abel Rému- quérants redoutables; une partie de l'Europe sal, Recherches sur les langues tartares, ou est déjà couverte de ruines et reconnaît de nouMémoires sur la grammaire et la littérature veaux maitres. Les princes de cette partie du des Mantchous, des Mongols, des Ouïgours et globe, effrayés d'une invasion plus terrible que des Tibétains, in-4o, tome Ier, 1820. Le second celle d'Attila, s'empressent de conjurer l'orage volume n'a pas paru. et de détourner ailleurs le cours d'un torrent auquel il paraissait impossible d'opposer des digues. Cependant les Mongols, mêlés avec les peuples vaincus, dépouillent leur ancienne férocité et se civilisent peu à peu; Tchinghiz-Khan leur donne des lois; Oktaï, tout en poursuivant les grands desseins de son père, sait allier au courage d'un guerrier les vertus d'un grand roi, et déploie, pendant un règne malheureusement trop court, une magnanimité et une munifi

Les Mongols ont été longtemps regardés comme issus de la même famille que les Huns. Ils apparaissent pour la première fois réunis en corps de nation sous le célèbre Tchinghiz-Khan, qui devint la terreur de l'Asie, comme Attila avait été celle de l'Europe. Ce prodigieux conquérant, dont le vrai nom est Témoudijne (car Tchinghiz-Khan signifie le plus puissant roi), après avoir élevé sa tribu au-dessus de toutes

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cence que l'on s'attendait peu de rencontrer | Chine, que le fondateur de la dynastie des Ming, dans les déserts du Mongolistan. Koubilaï, par Tchu, expulsa en 1366. Les débris fugitifs de la ses rares qualités, ses vastes connaissances et nation trouvèrent un asile près de Karakorum, la sagesse de son gouvernement, sait mériter l'ancienne capitale de Tchinghiz-Khan, où ils l'admiration des Chinois eux-mêmes. Voilà en s'établirent et reçurent le nom de Khalkas. peu de mots une partie des faits mémorables que présente l'histoire des Mongols. »

A la mort de Tchinghiz-Khan (1227), ses fils se partagèrent son empire; mais le troisième, Oktaï, fut appelé à succéder à son père dans la | dignité de kakhan ou khan suprême. Sous ce chef habile, les Mongols ne firent qu'étendre leur domination. « Lorsque l'empire du monde, dit | Raschid-Eldin, échut en partage à TchinghizKhan, à ses nobles parents, à ses descendants illustres, tous les royaumes de l'univers habitable, Tchinet-Matchin, le Khataï, l'Inde, le Sind, le Ma-Wara-Alnahar, le Turkestan, la Syrie, le pays de Roum, celui des As, des Orous (voy. RUSSIE), des Tcherkess, le Kaptchak, la contrée de Kelar, de Baschgird (voy. BASCHKIRES), ou, pour le dire en un mot, tous les pays qui s'étendent de l'orient à l'occident, du nord au midi, se soumirent à ces princes et reçurent leurs lois.»

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Un nouveau conquérant, Timour (voy. TAMERLAN), sorti d'une condition obscure, mais qui, par l'éclat de son courage et de ses exploits, avait rallié autour de lui les tribus errantes des Mongols dans les contrées qui répondent à la grande Boukharie actuelle, et qui avait formé le khanat de Djaggataï, le second des fils de Tchinghiz-Khan, réunit alors pour la seconde fois des éléments épars de la nation, et fit retentir l'Asie de la terreur de son nom. Après avoir, en 1369, établi le siége de son empire à Samarcande, il porta tour à tour ses armes victorieuses et dévastatrices en Perse, dans la Moyenne Asie, et vers l'Hindoustan, défit, en 1402, le sultan turc Bajazet à la bataille d'Ancyre, et mourut trois années après, dans une expédition dirigée contre la Chine. Il avait ramené la | puissance mongole à l'apogée de sa grandeur : elle retomba dans la désorganisation et les discordes aussitôt après sa mort. Cependant un de ses descendants, le sultan Babour, réussit, en 1525, à ériger dans l'Inde l'empire du Grand Mogol, après s'être vu obligé de céder celui de Samarcande.

Pendant que les principautés tâtares de l'an

Koubilaï ou Koublaï-Khan, 3e successeur d'Oktaï, qui prit le titre de kakhan, en 1259, malgré la dissolution de l'empire, dont les diverses parties réussirent alors à se rendre indépendantes, fit la conquête de la Chine, où il érigea sa dynastie, celle des Yuan à la place de celle des Song. Un autre petit-fils de Tchinghiz-cien Kiptchak, déjà abattues par Timour, tomKhan, et frère de Koublaï, Houlagou-Khan, renversa, en 1258, le califat de Bagdad, et agrandit considérablement l'empire mongol ou mogol de la Perse, qui se rendit tributaires les sultans seldjoucides d'Iconium, mais s'écroula déjà en 1350, après que ses souverains eurent embrassé l'islamisme.

baient l'une après l'autre sous la domination croissante de la Russie, le reste de la nation ne maintint pas longtemps son indépendance contre les efforts réitérés des empereurs de la Chine, intéressés à soumettre ces voisins remuants. Un prince dzoungare, Galdan-Khan, parvint néanmoins encore, en 1679, à réunir sous son autorité les quatre grandes tribus des OElot; mais il ne put réduire les Khalkas, déjà vassaux et tributaires de la Chine. Après une guerre sanglante, l'empereur Kang-Hi mit fin à son empire, en 1696; et en 1757, l'empereur Kien-Long acheva la destruction de la puissance des Dzoungares, qu'un neveu de Galdan, KhungTaïdji, avait su relever, et qui aspirait de nouveau à s'étendre. Ici s'arrête le grand rôle que les Mongols ont joué dans l'histoire. Deux fois conquérants de l'Asie, ils virent chaque fois s'évanouir leur domination aussi promptement qu'elle s'était élevée.

Les progrès des Mongols, en Europe, n'avaient guère été moins rapides. Batu-Khan, neveu d'Oktaï, après avoir conquis le Kiptchak, s'être élevé au-dessus des peuples turcs entraînés à la suite des Mongols, avoir brûlé Moscou et réduit sous le joug des grands-princes de Russie, avait pénétré en Hongrie et en Pologne, et porté la terreur de ses armes jusqu'en Silésie et en Moravie, où néanmoins il subit un échec par la valeur du comte Iaroslaf de Sternberg, peu de temps après la désastreuse bataille de Wahlstatt, où le duc Henri II de Liegnitz avait péri en le combattant ( 1241 ). La puissance que Batu-Khan | avait fondée dans le Kiptchak, où le mahomé- On peut consulter sur eux : baron de Hammer, tisme devint aussi bientôt dominant, se frac- Histoire de la Horde d'or, en allem., Pesth, tionna de bonne heure; cependant elle eut plus 1840, in-8°, et Raschid-Eldin, Histoire des de durée que celle des souverains mongols de la | Mongols de la Perse, traduite en français par

elles se rapprochent aussi des laurinées par le groupe des atherospermées; mais les laurinées manquent également d'endosperme.

MONIQUE (SAINte). Voy. AugustIN (saint). MONITEUR, du latin monitor, qui montre, avertit, du verbe monere. L'enseignement mutuel étant basé sur le principe de l'instruction des élèves les uns par les autres, on a imaginé de mettre à la tête de chaque classe, ou petite division de l'école, un élève plus fort que ceux qui composent cette classe, et qui en dirige les exercices. Ces différents chefs de classe ou de banc se nomment moniteurs.

Voici de quelles manières ils exercent leurs fonctions.

M. Et. Quatremère, précédée d'une vie de Ras- | tout par leurs graines munies d'un endosperme; chid-Eldin, et d'une préface, Paris, impr. roy., gr. in-fol. ENCYC. DES GENS DU MONDE. MONGOLFIER. Voy. MONTGOlfier. MONIMIÉES. Monimiea. Cette famille qui a pour type les genres monimia et ambora, primitivement placés dans l'ordre des urticées, a été d'abord indiquée par du Petit-Thouars, puis établie par Jussieu qui a publié sur ce sujet un mémoire intéressant, Ann. du Mus., XIV, p. 116. Jussieu dans ce mémoire forme la famille des monimiées, non-seulement des deux genres qui viennent d'être cités, mais il y réunit encore les genres ruizia ou boldea, pavonia ou laurelia, citrosma et atherosperma. Néanmoins il forme une section séparée du pavonia et de l'atherosperma, en disant que cette section pourra former une famille distincte. Il y ajoute, comme type d'une section supplémentaire, le genre calycanthus, placé auparavant à la suite des rosacées. Mais ce genre constitue, avec le chimonanthus de Lindley, une petite famille très-éloignée | de celle-ci, et connue sous le nom de calythées (voy. ce mot). Voici les caractères des monimiées ce sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles opposées, dépourvues de stipules, et à fleurs unisexuées. Ces fleurs offrent un involuere globuleux ou caliciforme et dont les divisions sont disposées sur deux rangs; dans le premier cas, cet involucre qui présente seulement quatre ou cinq petites dents à son sommet, se rompt et s'ouvre en quatre divisions profondes et assez régulières, et toute leur face supérieure est-recouverte d'étamines à deux loges et à filaments courts. Dans le second cas, les étamines tapissent seulement la partie inférieure et tubuleuse de l'involucre; les filaments sont plus longs, et vers leur partie inférieure ils portent de chaque côté un appendice irrégulièrement globuleux et pédicellé. Les fleurs femelles se composent d'un involucre absolument semblable à celui des fleurs mâles. Jussieu partage cette famille en deux sections ainsi caractérisées :

Sect. 1re. AMBORÉES. — Anthères s'ouvrant par un sillon longitudinal; graines renversées. Ambora, Juss.; monimia, du Petit-Touars; boldea, Juss., ou ruizia, Ruiz et Pavon.

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Dans les exercices de lecture, le moniteur se tient dans l'intérieur d'un demi-cercle autour duquel sont rangés les élèves, en face d'un tableau appendu au mur. L'élève placé le premier commence à lire. Fait-il une faute, le moniteur agite sa baguette, et à ce signe, le second cherche à relever la faute et passe le premier; s'il n'est pas en état de le faire, le moniteur s'adresse au troisième, au quatrième, etc., jusqu'à ce qu'il s'en trouve un qui lise plus correctement et qui passe avant tous les autres. Si aucun des huit ou dix élèves de la classe n'est capable de relever la faute, le moniteur le fait lui-même. Les choses se passent de même dans les premiers exercices du calcul, c'est-à-dire, tant qu'il ne s'agit que de la connaissance des chiffres et de la table de multiplication. Lorsque le tableau a été lu en tout ou en partie, le moniteur le prend en main, et, se plaçant au centre du cercle, il fait épeler les mots, en suivant la même marche que dans la lecture. Quand il suppose que les élèves savent par cœur le tableau, il lit le commencement d'une phrase qu'ils sont tenus d'achever. Dans les classes supérieures, à ces exercices de mémoire se joignent ceux d'analyse. Enfin c'est aussi au cercle que le moniteur fait réciter les leçons apprises au logis. Les dictées et autres travaux par écrit se corrigent dans les bancs.

En tète de chacun de ces bancs est suspendu un tableau, que tous les élèves peuvent lire de leur place avec facilité, et qui contient plusieurs colonnes de mots plus ou moins longs, des phrases entières, et même de courts récits, selon le degré de la classe. S'il s'agit d'une leçon de cal

Sect. 2. ATHÉROSPERMÉES.-Athères s'ouvrant de la base au sommet par le moyen d'une plaque ou valvule; graines dressées. — Laurelia, Juss., ou pavonia, Ruiz et Pavon; atherosperma, La-ligraphie, les moniteurs de chaque classe lisent billard.; citrosma, P.

Les monimiées ont beaucoup d'affinité, d'une part avec les urticées auxquelles l'ambora avait d'abord été réuni; mais elles en diffèrent sur

successivement un mot de ces tableaux, l'épellent, et, la dictée finie, ils corrigent; si c'est un exercice d'orthographe, ils ont soin, après avoir lu le mot, de retourner le tableau. Les dictées

il n'a plus qu'à exercer une surveillance active
pour assurer le progrès de tous les élèves placés
sous sa direction.
E. HAAG.

se font ordinairement sur l'ardoise, excepté pour | les exercices d'orthographe, où l'on écrit sur le papier, et dans la plus basse classe, où l'enfant trace les lettres sur le sable. Souvent pendant MONITEUR UNIVERSEL (LE). Lorsque, dans que les classes inférieures sont au cercle, les su- la journée du 6 octobre 1789, Louis XVI eut été périeures écrivent dans leurs bancs sous la dic-traîné à Paris, cette ville devint le siége du goutée du maître ou du moniteur général. Ce der- vernement, et l'Assemblée nationale y rouvrit ses nier, qui est l'élève le plus avancé de la classe, séances. Ce fut alors qu'un libraire, doué au plus est chargé en outre de maintenir l'ordre en l'ab- haut degré du génie de l'invention et de l'amour sence du maître. des lettres, Panckoucke père, éditeur de l'Encyclopédie méthodique, conçut le plan d'un jour

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pourrait servir de cadre à l'exposition des faits ou des opinions, des discours et des écrits, dont les événements publics recevaient chaque jour l'impulsion. Ce journal prit à son origine le titre de Gazette nationale ou le Moniteur universel. Cette seconde partie du titre a été seule maintenue, à dater du 1er janvier 1811.

Pour faire cesser la lecture ou la dictée, le maître donne un coup de sifflet. A ce signal, sinal qui, par sa dimension jusque-là inusitée, les élèves sont aux cercles, ils font demi-tour à droite ou à gauche, le moniteur se place à leur tête, et ils retournent à leurs bancs en marchant d'un pas cadencé, et à la file les uns des autres. En général, tous les mouvements s'exécutent à un commandement ou signal donné par le maître ou le moniteur, et avec une précision militaire. Cela tend à occuper l'esprit et le corps des enfants, et à prévenir leurs espiègleries tout en les amusant ; ce qui n'empêche pas que le maître ne soit obligé quelquefois de recourir à des pu- | nitions plus ou moins sévères.

Les moniteurs exerçant sur les élèves une influence directe, et d'autant plus grande qu'ils se rapprochent davantage d'eux par leur âge et leurs habitudes, le maître ne doit accorder ces places, qu'on peut appeler de confiance, qu'aux plus studieux et aux plus instruits. Il devrait aussi, pour que le concours des moniteurs lui fût vraiment utile, les former par des leçons spé- | ciales, surtout le moniteur général qui le remplace jusqu'à un certain point. Il faut en outre qu'il ne cesse pas un seul instant de les surveiller et de les diriger; à ces conditions, il en obtiendra des services réels. Il ne faut pas qu'il emploie toujours les mêmes moniteurs pour les mêmes travaux et pour les mêmes classes; le maître doit fréquemment les faire passer d'une division dans une autre. Ces mutations sont favorables à l'instruction des moniteurs euxmêmes, et tournent toujours au profit des élèves; elles évitent les dégoûts qui suivent la répétition continuelle d'une chose que l'on a déjà apprise. Il n'est pas moins utile de rendre les moniteurs à leur classe particulière, autant pour leur procurer de nouvelles études, qu'afin d'éviter l'excitation de l'orgueil en les mettant à leur tour sous le joug d'autres élèves. Par le moyen des moniteurs et à l'aide de l'émulation continuelle qu'entretient cette méthode d'enseignement, un seul maître peut suffire pour un nombre considérable d'élèves; remplacé auprès de chaque groupe par ces sortes de lieutenants;

Le Moniteur, répertoire des documents les plus authentiques sur la politique nationale et extérieure, devait en outre ouvrir ses colonnes à la critique littéraire, à l'examen des travaux de la science et des productions des arts; c'était, en un mot, une sorte d'encyclopédie quotidienne, inaugurée à une époque de rénovation sociale, et complément de l'Encyclopédie théorique, dont la publication avait agi si puissamment sur les esprits, dans la seconde moitié du xvme siècle. De même que l'Encyclopédie avait préparé la révolution, à son début, le Moniteur en dévenait l'auxiliaire, comme un immense moyen de publicité mis à la disposition de cette révolution, qui marchait à pas de géant. Nous sommes autorisé à croire que telle fut la pensée du fondateur. Ceux qu'il adjoignit d'abord à la collaboration de son œuvre furent : la Harpe, Garat, les deux Lacretelle, Andrieux, Ginguené, Rabaut-SaintÉtienne, Regnier, Lenoir-Laroche, Germain Garnier, Peuchet, d'Eymar, publicistes, jurisconsultes ou littérateurs, qui, presque tous, s'élevèrent bientôt aux premiers rangs dans la hiérarchie des fonctions publiques. Le premier rédacteur en chef fut de Marcilly, homme versé dans l'étude de la politique et de la diplomatie.

Le 1er numéro du Moniteur porte la date du 24 novembre 1789; et depuis ce jour jusqu'à l'époque actuelle, la publication n'en a pas été une seule fois interrompue; mais plus tard, un travail rétrospectif vint combler la lacune de près de sept mois, qui existait entre l'ouverture des états généraux (5 mai 1789) et l'apparition de cette feuille. Une partie spéciale et très

<< On réalisa ce projet en l'an tv (1796), en publiant une In

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politique. Son format, qui du reste n'a jamais changé, mais dont jusqu'alors la grandeur n'avait pas eu d'exemple, servait de texte aux brocards de feuilles rivales, et surtout des journaux de l'aristocratie. Dès le 22 décembre 1790, le Journal général de la cour et de la ville, connu sous le nom du Petit Gauthier, avait fait dire au | Moniteur dans une pièce de vers facétieux :

....Je sers à plus d'un emploi:

De m'avoir on n'est jamais dupe;
Cette feuille n'est point le vain jouet du vent;
Avec trois Moniteurs on fait un paravent.

essentielle du Moniteur devait être le compte rendu des travaux de l'Assemblée nationale. Le 12 septembre 1789, Maret avait commencé la publication d'un bulletin des séances de cette assemblée. A cette époque, aucune partie de la salle n'était encore affectée au service des journalistes: confondus dans les tribunes publiques, avec la masse des auditeurs, qui envahissaient ces tribunes avec violence, les hommes de la presse étaient souvent réduits à passer la nuit aux portes de la salle, pour conquérir une place incommode dans l'intérieur; et c'était à travers tous les inconvénients d'un voisinage aussi mobile que bruyant, qu'ils devaient, à force d'atten- Du mois d'avril 1791 au 10 août 1792, le Lotion et de mémoire, s'acquitter d'une tâche dont gographe, journal créé par de Lessart, ministre la nation tout entière attendait les résultats avec des affaires étrangères, fit concurrence au Moune juste impatience. Non moins éprouvé sous niteur, dont il avait emprunté le format : cette ce rapport que les émules de son labeur, Maret concurrence tomba avec le gouvernement royal. n'en vit pas moins l'empressement général ac- Nous ne devons pas nier que, sous le régime récueillir la publication du Bulletin, et, ajoutant volutionnaire, l'esprit de modération qui présiun nouveau moyen de succès à tous ceux que dait habituellement à la rédaction du Moniteur déjà il avait su réunir, Pankoucke, à dater du n'eût à souffrir des exigences acerbes de l'épo2 février 1790, associa Maret à la rédaction du que; cependant cette rédaction, dont la tendance Moniteur, pour le compte rendu des débats lé- | naturelle était vers les opinions de la Gironde, gislatifs. Jusque-là on s'en était tenu à la narra- ne fut jamais souillée par l'expression des fution, genre froid et dépourvu d'effet: on y sub-reurs anarchiques, ni par le cynisme du langage stitua le dialogue, forme essentiellement dramatique et qui anime le lecteur des mouvements passionnés qui agitent l'orateur à la tribune. Ce changement fut un moyen énergique de propagation pour les principes de la révolution; et le Moniteur en acquit un intérêt et une importance qui bientôt élevèrent cette entreprise au plus haut degré de prospérité.

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troduction au Moniteur, imprimée dans le même format. Cet ouvrage important (dù à la plume de Thuau-Grandville) commence par un abrégé historique des premières formes du gouvernement de la France, de ses anciennes assemblées politiques, de ses états généraux, des assemblées des notables en 1787 et 1788; il est accompagné d'une notice des écrits les plus influents qui ont précédé la révolution, et il se termine par un recueil de Pièces justificatives contenant les procès-verbaux des séances des électeurs de Paris et autres actes relatifs aux événements des 13 et 14 juillet, 5 et 6 octobre 1789. — Les 38 premiers numéros du Moniteur, qui avaient para depuis le 24 novembre jusqu'à la fin de l'année, ne conte. naient qu'unë simple notice des états généraux et de l'Assemblée constituante, d'une très-courte étendue, souvent très-imparfaite.

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de la démagogie. D'ailleurs, sous la Convention, le compte rendu des séances prit un très-grand accroissement. Ce n'était point encore le texte des discours, mais c'était leur substance trèsdéveloppée, les discours écrits, nombreux alors, étaient textuellement reproduits. Il est à propos de dire que les rédacteurs ne s'attachaient qu'aux discussions politiques, aux débats de partis, enfin à l'élément dramatique des séances... Et quels drames que ceux dont la Convention fut deux ans le théâtre!... Quant aux questions de simple utilité, aux lois de finance, de commerce, d'or|ganisation judiciaire ou administrative, on se bornait à mentionner le rapport et à donner la lettre du décret rendu.

Jusqu'à la fin de 1793, la rédaction, si difficile et surtout si périlleuse de ces débats, fut dirigée

On les a réimprimés dans l'Introduction, avec des changements de rédaction et sous la forme dramatique adoptée en 1790 pour les séances, en sorte qu'il faut regarder comme inutiles les nos de la première édition. -L'Introduction contient done, indépendamment des objets qu'on vient d'énumérer, toute l'année 1789, à partir du premier numéro portant la date du 5 mai, première séance de l'Assemblée constituante, jusqu'au no 131, daté du 31 dé cembre. Les exemplaires de cet ouvrage (formant actuellement le tome ler du Moniteur) sont devenus très-rares. Le prix de l'exemplaire est de 250 fr. » (Notice historique et bibliographique sur la Collection et les Tables du Moniteur depuis son origino jusqu'à ce jour, par M. Bidault, ancien directeur du Moniteur ; Paris, 1838, brochure in-89.)

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