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Lagache, Grosselin, Prévost, Chasseriau, Vieillard. Ces derniers sont encore aujourd'hui tous attachés à la rédaction du Moniteur, où M. Fab. Pillet continue à traiter, avec autant de goût que de savoir, la partie relative aux arts du dessin. M. Sauvo se chargea de la partie spéciale des théâtres, et, pendant trente ans, au moins, il remplit cette tâche avec un esprit de critique aussi éclairé qu'impartial, et il laissa un modèle, trop rarement imité, d'urbanité dans les jugements, et de parfaite convenance de style.

avec une rare habileté par Thuau-Grandville. I avaient succédé MM. de Boufflers, Tissot, Laya, Après le 9 thermidor, appelé à la gestion en chef P. David, Amar, Tourlet, Aubert de Vitry, Delédu Moniteur, M. Jourdan s'y maintint avec le cluze, Lachapelle, Miel, Ch. Durozoir, de Sénac, plus grand succès jusqu'à l'époque du Consulat, Émeric David, Fr. Chéron, auxquels s'adjoignioù ses talents lui valurent une position émi-rent plus tard MM. René Perrin, Corby, Delsart, nente dans l'administration publique. Après le 13 vendémiaire, deux des principaux rédacteurs, MM. Trouvé et Lenoir-Laroche, qui avaient prêté, avec un zèle énergique, l'appui de leur plume au gouvernement conventionnel attaqué par les sections de Paris, reçurent un prix éclatant de leur dévouement: M. Trouvé fut nommé secrétaire général du Directoire exécutif, à l'époque de la formation, ensuite ambassadeur auprès de la république cisalpine (voy. FOUCHÉ), puis préfet sous l'empire et sous la restauration, avec le titre de baron; Lenoir-Laroche fut un instant ministre de la police, sous le régime directorial, plus tard, membre du conseil des Anciens, puis sénateur, comte de l'empire, enfin pair de France. A la retraite de M. Jourdan, Maret, devenu ministre secrétaire d'État du gouvernement consulaire, appela à la rédaction en chef du Moniteur M. Sauvo, qui y était attaché depuis 1795. Sous cette sage et active direction, une nouvelle ère commença pour ce journal. A dater du 1er nivôse an vIII, placé sous la haute surveillance du ministre Maret, le Moniteur fut, chaque jour, divisé en deux parties. Intitulée Actes du gouvernement, la première était officielle; le contenu émanait directement du cabinet consulaire, et ensuite impérial. Tous les soirs, les épreuves des articles politiques, des nouvelles du dedans et du dehors, étaient soumises à la révision du ministre secrétaire d'État qui, lorsqu'il suivait l'empereur dans ses expéditions militaires, était remplacé, dans la tutelle de la presse, par le prince archichancelier Cambacérès. Ces attributions exclusives, cette mainmise gouvernementale, furent un titre pour le Moniteur à la confiance publique, et concoururent à accroître son succès. Du reste, nulle subvention et nulle indemnité : deux cents exem-tributions; et c'est par cette voie qu'aujourplaires, au plus, étaient envoyés, aux frais du❘ gouvernement, dans les ministères, aux préfets, aux commandants de division, etc.

Sous ce régime de gloire et de pouvoir absolu, la tribune étant muette comme la presse était enchaînée, le Moniteur n'eut jamais à offrir de traces des débats législatifs. Ce fut au moins une cause de gain pour la partie scientifique et littéraire, dont la direction fut entièrement laissée au zèle et à l'intelligence dévouée de M. Sauvo. Aux rédacteurs primitifs, presque tous successivement élevés aux sommités de l'administration,

La restauration, qui fit tant de méprises à son préjudice, comprit cependant qu'il lui importait de conserver le Moniteur comme moyen gouvernemental de publicité. Elle en fit donc aussi son journal officiel, en accompagnant cette décision des témoignages de confiance les plus flatteurs. Il y a plus en rétablissant la liberté de la presse et de la tribune, le régime constitutionnel de la charte de 1814 modifia et accrut d'une manière notable les attributions du Moniteur. L'intérêt et l'étendue, chaque jour croissants, des discussions législatives, nécessitèrent l'emploi de nouveaux moyens. Un vaste et rapide système sténographique dont les deux chambres assignèrent la dépense sur leur budget annuel fut organisé, et l'on eut le tableau complet et textuel des séances. Aussi, pendant la durée des sessions, le nombre des suppléments s'élève-t-il fréquemment aujourd'hui jusqu'à 3 et 4. Le service de la sténographie du Moniteur a été d'une incalculable utilité.

En 1830, un des premiers actes du gouvernement provisoire fut de s'emparer de la direction du Moniteur. Le gouvernement monarchique de juillet le laisse, constitutionnellement, à la disposition de chaque ministère, selon ses at

d'hui, comme sous la restauration, parviennent au Moniteur les communications officielles, les notes et les documents, à la publicité desquels le gouvernement attache un intérêt particulier.

Dès l'origine, le Moniteur fut imprimé par M. Henri Agasse, gendre de Panckoucke. A la mort de celui-ci, en 1798, cette feuille devint la propriété de M. et Mme Agasse. Veuve en 1813, cette femme d'un caractère et d'un esprit également distingués, a continué la gestion de cette grande entreprise commerciale et littéraire,

jusqu'à sa mort, arrivée au mois de janvier 1840. M. Sauvo, qui pendant 40 ans avait eu une si grande part à ce succès a pris sa retraite le 1er avril 1840. Il a été dignement remplacé, comme rédacteur en chef, par M. Alphonse Grün, avocat à la cour royale de Paris; et comme gérant responsable, par M. Ernest Pankoucke, petit-fils du fondateur, et fils de l'éditeur qui soutient si honorablement l'illustration du nom paternel. La propriété du Moniteur appartient aujourd'hui aux héritiers de Mme Agasse, qui, après sa mort, se sont formés en société '.

M. Grün enrichit le Moniteur de nombreux et savants articles, principalement sur les matières de jurisprudence, d'administration et de sciences économiques; M. Corby, adjoint à la direction générale, imprime aux siens le cachet d'une critique du meilleur ton. Les travaux de l'Académie des sciences sont exposés avec talent, dans des comptes rendus hebdomadaires, par M. Flandin; ceux de l'Académie des sciences morales et politiques, par MM. Loiseau et Vergé. La critique scientifique, littéraire et artistique | est dignement représentée, dans toutes ses branches, par MM. Beaussine, Bignan, Cicconi, Geruzez, de Golbéry, Jamet, Leroux de Lincy, X. Marmier, Matter, G. de Montigny, Pitre Chevalier, H. Prévost, Réveillé Parise, Sauvage, Schnitzler, Théry, etc. Nous omettons des noms déjà cités. Ces noms présentent les garanties les plus honorables, et confirment les titres du Moniteur à l'estime dont cette feuille jouit.

La collection complète du Moniteur, annales universelles de la révolution, monument national de politique et de littérature, formera, à la fin de 1842, 53 tomes, ou 105 vol. gr. in-fol.; l'Introduction et les huit derniers mois de 1789, à partir du 5 mai, ayant été reliés ensemble. A ce nombre, il faut ajouter 6 vol. de Tables chronologiques et des matières, sur le plan et la disposition desquelles on doit consulter la Notice historique et bibliographique de M. Bidault (voy. plus haut, p. 43, la note), la Bibliographie des journaux (Paris, 1829) et le Manuel du libraire, par M. Brunet, t. III.

P. A. VIEILLARD.

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MONK (GEORGE), duc d'Albemarle, comte de Torrington, capitaine général des troupes du roi, chevalier de l'ordre de la Jarretière, premier secrétaire de la trésorerie, écuyer et conseiller du roi, etc. Si les peuples n'accordaient l'immortalité qu'aux hommes vraiment utiles, je doute que le nom de Monk fût venu jusqu'à nous. Instrument souple et habile d'une détestable contre-révolution, il imposa au peuple anglais un roi léger, inconsidéré, bon pour ses maîtresses et ses flatteurs, mais parjure et implacable. Ce n'est point le fils de la race légitime, mais le grand usurpateur qui a placé la nation anglaise dans la belle et forte position qu'elle occupe aujourd'hui; ce n'est pas Charles, mais bien l'homme d'ambition, d'hypocrisie, d'audace et de génie, qui s'appelle Olivier Cromwell, qui a créé la marine anglaise. Doué d'un génie médiocre, d'une âme commune, mais servi par un vrai talent militaire, Monk, diplomate plus encore que soldat, jugea sainement sa position et la faiblesse de l'Angleterre : voilà son seul mérite. Et d'ailleurs, ceci est une triste conséquence des révolutions, elles laissent après elles un vide immense; où la hache révolutionnaire a travaillé, on ne trouve dans la période historique qui suit, ni énergie, ni élan; le peuple, fatigué, semble s'endormir. Le pouvoir ou le trône tombe alors à des hommes de guerre ou bien à des intrigants d'un esprit médiocre, qui ne doivent leur influence et leur grandeur qu'à la faiblesse qui les entoure. C'est là l'histoire de Monk. George Monk, fils de Thomas Monk de Polheridge, en Devonshire, naquit le 6 décembre 1608. George était le second fils de Thomas, chevalier de noble race, mais pauvre; élevé par George Smith, son grand-père maternel, il se destina de bonne heure à la carrière des armes, et, à dix-huit ans, il prit place sous les drapeaux. En 1626, il était enseigne sous le chevalier Jean Burrough, qu'il quitta pour aller dans les Provinces-Unies servir sous les drapeaux du prince d'Orange. Ce chef pouvait offrir de belles études aux méditations du jeune Anglais, qui s'occupa sérieusement à acquérir toutes les connaissances qui doivent composer la science militaire. Monk étudia, se fit remarquer et obtint le grade de capitaine. Ce fut avec ce grade qu'il revint dans sa patrie, lors des commencements de la guerre civile qui devait conduire Charles à l'échafaud. Nous n'entrerons point dans la description de cette époque

tune de l'usurpateur ne survivrait pas au grand
homme. Chargé des dépouilles de l'ennemi et
d'une gloire incontestable, peut-être espéra-t-il
succéder à Olivier. Dès lors, on le vit s'attacher
la noblesse écossaise, épurer ses troupes des
éléments qui pouvaient gêner son ambition.
Cromwell, qui était trop habile pour ne pas voir
où tendait George, envoya, en 1655, un conseil
chargé des affaires de l'Écosse. Monk, objet des
soupçons de Cromwell, dut respirer plus libre
le jour de la mort du protecteur ( 3 septembre
1658), car Olivier, peu de temps auparavant, lui
avait écrit ce singulier post-scriptum, qui ca-
chait tant de menaces sous une fausse gaieté.
« P. S. J'entends dire qu'il y a en Écosse un cer-
tain drôle qu'on appelle George Monk, qui n'at-
tend que le moment d'ouvrir la porte à Charles
Stuart; je vous prie de faire tous vos efforts
pour mettre la main sur cet individu, et me l'en-
voyer aussitôt. » Cependant, à la mort d'Oli-
vier, Monk proclama Richard : il n'était point
encore assez sûr de l'Écosse, et n'avait point en-
core assez travaillé l'Angleterre. L'incapacité de
l'honnête fils d'Olivier, l'agitation des anciens
chefs de la révolution anglaise, tout vint en aide
à Monk; il sentit qu'il tenait la fortune de l'An-
gleterre, mais ferait-il la guerre pour lui ou pour
la vieille royauté?là était la grande question. Les
promesses du prétendant le décidèrent. Jean
Grenville lui fit de si belles promesses que, le
18 octobre 1659, il commença à agir en maître, en
faisant mettre dans les fers tous les officiers qui
n'avaient pas voulu se laisser corrompre. Le pre-

bizarre, que des plumes plus habiles ont traitée | Ce fut dans ce combat que périt le célèbre Tromp. et traiteront mieux que nous ne saurions. Faire Cette victoire produisit à Londres une grande le récit de ces triomphes d'un parti éphémère, sensation; Monk y fit une sorte d'ovation; Olides fautes et des éphémères triomphes d'une vier passa une chaîne d'or autour du cou du géroyauté sans énergie, nous entraînerait dans des néral victorieux, qu'il envoya ensuite en Écosse développements que ne comportent point notre pour apaiser une nouvelle révolte. Il battit les sujet. Monk servit d'une manière brillante dans insurgés et soumit le pays. Chargé de contenir les premières expéditions contre l'Écosse. Lors-l'Écosse avec son armée, il pressentit que la forque la guerre cessa momentanément, le comte de Leicester, nommé lieutenant de l'Irlande, choisit son cousin G. Monk pour colonel du régiment Leicester, qui vint tenir garnison à Dublin. Il fit avec ce corps la campagne d'Irlande. Nommé gouverneur de Dublin, il paraît n'avoir pas obtenu dans ses fonctions la bienveillance de la cour de Londres, qui le rappela. De retour à Londres, il fut présenté au roi, devant lequel il développa plusieurs plans qui devaient anéantir à jamais l'insurrection, car c'est toujours ainsi qu'on appelle la colère du peuple avant qu'elle ait triomphé. Aucun de ses projets ne fut accepté, et, le régiment de Leicester étant venu en Angleterre au secours de la cause royale, Monk alla reprendre son commandement. Surpris à Nantwich par Fairfax, défenseur de la cause nationale, il fut fait prisonnier. Conduit d'abord à Hull, il n'en sortit que pour être écroué, par ordre du parlement, dans la tour de Londres. Il supporta quelque temps cette caplivité, due à ses opinions royalistes, mais, ayant marché où allait la fortune et adopté les opinions du parlement, on confia à George un régiment destiné à combattre les catholiques irlandais. Il servit mal, commit des fautes pour se préparer des excuses, car, homme d'une habileté militaire reconnue, on ne saurait autrement expliquer cette époque de sa vie. Doué d'un calme et d'un sang-froid remarquables au milieu de la tourmente, il vit s'élever l'étoile de Cromwell, auquel il s'attacha. Il vit sans protester tomber la tête de Charles, et après ce sinistre événement, cette catastrophe épouvantable, mais méritée, Monkmier jour de l'an 1660, il marcha contre l'Ancommandait en chef les troupes d'Olivier, destinées à soumettre l'Écosse. La campagne fut heureuse, George avait affaire à des hommes découragés, à des défenseurs impuissants d'une cause morte; il leur enleva Stirling et Dundee ; il saisit aussi des chefs des révoltés, le comte de Crawford, le général Lesley-Douglas, Mungo-ne songea pas à le garder pour le salut de ses Law, qu'il envoya chargés de fer à la tour de anciens complices. Le roi donna un pardon géLondres. L'Écosse se courba sous le puissant néral daté de Breda, le 4 avril. Ce pardon est génie du protecteur, elle reconnut le protectorat. une pièce curieuse on y suit les projets de venDans la guerre qui éclata entre la Hollande et geance et de mort, c'est une pièce digne de l'Angleterre. Monk se couvrit de gloire; en juil- l'homme qui l'avait signée; la mauvaise foi y let 1653, il défit la flotte des Provinces-Unies. | perce à chaque ligne. Charles fut proclamé à

gleterre, et à la fin du mois, la contre-révolution était accomplie. Il cassa le parlement, en institua un autre, auquel il fait sanctionner la restauration. Le prétendant avait envoyé de Breda un de ses grands sceaux à Monk ponr en faire l'usage qui lui conviendrait. L'ancien révolutionnaire

Londres, le 8 mai 1660. Le 26, il aborda à Dou- | prince était le chef et l'appui. Après la conspiration de Rye-House, il n'avait pu se laver entièrement, aux yeux du roi, de l'accusation d'avoir voulu lui ôter la couronne et la vie. Sur un ordre formel de Charles II, il se retira de nouveau en Hollande, où il he cessa, dit-on, de recevoir secrètement de lui tout l'argent nécessaire à son entretien et à ses plaisirs.

vres, où Monk était allé le recevoir, Triste jour pour la liberté de la vieille Angleterre !... Après avoir comblé de bienfaits ce restaurateur de la légitimité, Charles l'adjoignit au duc d'York dans le commandement des forces navales, qui, en 1664, luttèrent contre la Hollande. A cette époque, l'illustre Ruyter vint jusqu'à Chatam, | dans la Tamise, brûlant les vaisseaux anglais, et A la mort de Charles II (1685), Monmouth, portant des balais à ses mâts, disant ainsi qu'il | cédant aux insinuations du prince d'Orange, se avait de rude main balayé les mers. Là finit la rendit à Bruxelles; mais, mécontent du gouvercarrière de Monk, qui mourut le 3 juillet 1670, | nement espagnol, il retourna incognito en Holaprès avoir remis les destinées de sa patrie entre | lande. D'après les conseils du comte d'Argyle, les mains d'un prince indigne d'un grand peu- qui se préparait à soulever l'Écosse, il entreprit ple. Monk avait épousé la célèbre fille de Moles- de détrôner Jacques II et de se mettre à sa place. worth. A. GENEVAY. De nombreux mécontents, excités encore par le MONMOUTH (JACQUES, duc DE), fils naturel de stathouder, appuyaient ce projet. Argyle partit Charles II, roi d'Angleterre, peut-être, a-t-on pour l'Écosse, et Monmouth, avec trois petits, dit, du colonel Robert Sidney (père du fameux bâtiments et 80 hommes seulement, alla débarAlgernon Sidney), et de Lucy Walters, naquit à quer à Lyme, dans le Dorsetshire, le 11 juin Rotterdam, en 1649. Charles II prit soin de son 1685. Une proclamation, dans laquelle il accuéducation, quoiqu'il n'eût pas à se louer de la sait Jacques II d'avoir empoisonné le feu roi et conduite de sa mère, et le fit élever en France, incendié Londres, amena sous ses drapeaux une dans la religion catholique. A l'époque de la res- foule de protestants. A la tète de 3,000 hommes, tauration, il le créa comte d'Orkney, duc de il s'avança jusqu'à Axminster; mais le parleMonmouth, chevalier de la Jarretière et capi- ment avait déjà rendu contre lui un bill d'attentaine de ses gardes. Le jeune duc fit ses pre-der (accusation): Argyle avait payé de sa tête mières armes sous le prince d'Orange, dans les son entreprise téméraire, et le jeune Monk Pays-Bas. En 1679, le roi l'envoya en Écosse (voy.), fils de George et 2o duc d'Albemarle, arpour mettre fin aux dissensions qui l'agitaient. rivait avec une armée pour s'opposer aux proMonmouth était à la fois l'objet de la faveur de jets de Monmouth. Repoussé de Bath et de Bristol, la cour et du peuple. Marié à l'héritière de la celui-ci s'arrêta à Sedge-More avec l'intention de famille, puissante en l'Écosse, des Scotts de Buc- combattre le duc d'Albemarle. A peine l'action cleuch, il semblait en effet devoir exercer dans était-elle engagée que sa cavalerie, sous les orce pays une influeuce salutaire. Mais malgré sa dres de lord Grey, s'enfuit lâchement, et Mondouceur et sa modération, il se trouva bientôt mouth, lui-même, imita bientôt cet exemple réduit à la nécessité de combattre les partisans | (6 juillet 1685). Son infanterie, composée de du covenant (voy.). Le 21 juin eut lieu l'af-paysans, résista longtemps avec énergie; mais faire sanglante et décisive du pont de Bothwell, sur la Clyde (voir Walter Scott, Hist. d'Ecosse). Monmouth, vainqueur d'une populace égarée, voulait la sauver. Il obtint de la cour une amnistie; mais cette amnistie fut mal observée, et il fut remplacé par le duc d'York, frère du roi. Une invincible antipathie séparait le duc d'York et Monmouth: aussi, quand le premier fut rappelé à la cour, Monmouth se retira en Hollande. Là, il chercha à prouver que miss Lucy Walters avait été unie par le mariage à Charles II, et qu'il avait des droits à la couronne d'Angleterre. Charles II, malade et dominé par le duc d'York, parut irrité contre son imprudent favori. D'ailleurs, Monmouth avait trempé dans tous les complots ourdis par les ennemis du duc d'York et du système politique et religieux dont ce

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rompue enfin, elle fut impitoyablement massacrée. Monmouth, resté seul, et errant au hasard, avait fini par se cacher dans un fossé, sous des orties et des fougères. Découvert là, le lendemain de la bataille, il fut conduit à la tour de Londres. Il demanda, en suppliant, une entrevue au roi, qui la lui refusa. Alors il prétexta le désir de révéler un important secret, et quand il fut admis devant Jacques II, il ne put qu'implorer sa grâce. Vainement il chercha à fléchir son vainqueur irrité en lui promettant un retour sincère à la religion catholique : Jacques II avait eu trop peur pour être généreux. Le 15 juillet, Monmouth fut exécuté à Tower-Hill, « au milieu des lamentations de la populace, à laquelle il était cher à cause de ses qualités aimables et des agréments de sa personne, mérites qui le ren

daient propre à être l'ornement de la cour, mais non à devenir jamais le libérateur d'un peuple opprimé» (Walter Scott). Monmouth n'avait alors que 36 ans; il montra du courage dans ses derniers moments. On a prétendu que l'homme, connu en France sous le nom du masque de fer, (voy". Masque de FER), n'était autre que lui. Cette opinion n'a plus de crédit. J. DE LATENA. MONNAIE, du latin Moneta, surnom de Junon, dans le temple de laquelle les Romains frappèrent leur première monnaies'. On entend❘ par ce mot toutes les espèces métalliques qui | ont cours dans le public, sans distinction de la matière. Il sert aussi à désigner le lieu où l'on fabrique les monnaies; enfin, dans une acception spéciale, il indique la valeur d'une espèce monnayée en plusieurs pièces moindres. Néanmoins, il serait peut-être plus exact de dire que la monnaie est le signe représentatif de la valeur des objets comparés entre eux; car on cite chez les anciens des monnaies de cuir, et des sauvages de l'Inde emploient au même usage de petits coquillages. Le papier, il est vrai, n'est jusqu'à | présent une monnaie que lorsqu'il représente une valeur métallique facilement réalisable : il s'appelle alors papier-monnaie, et prend divers noms dans divers pays, comme par exemple, les roubles banco ou d'assignation en Russie, les Kassenschein de Prusse, les banknoten d'Autriche, etc., etc. Ne serait-il pas permis d'espérer de la civilisation un progrès assez grand | dans le crédit et la bonne foi, pour qu'il fût possible de réaliser l'emploi général du papiermonnaie, ce qui produirait sûrement une grande économie de temps et de frais de transport et de fabrication?

Sous un autre point de vue, on distingue deux sortes de monnaies, l'une réelle et effective, l'autre imaginaire et de compte. La monnaie réelle est composée de toutes les espèces d'or, d'argent, de billon ou de cuivre, à qui l'État a assigné une valeur pour avoir cours dans le commerce. La monnaie de compte est celle qui n'a jamais existé ou qui n'existe plus en espèces réelles, mais qui facilite les comptes en les dressant toujours sur un pied fixe, qui ne change pas comme les monnaies ayant cours, que l'autorité du souverain peut modifier à volonté, selon les besoins de l'État. On nomme monnaie décriée, celle qui n'a plus cours forcé, et qui, par ce fait, est assimilée aux monnaies étrangères.

Le nom des pièces de monnaie est tiré, soit de

Le surnom de Junon Moneta était dérivé de monere, avertir. Mais d'autres assurent, que le nom de monnaie est directement dérivé de ce verbe.

S.

la figure qui y est empreinte, soit de la valeur de la matière, du lieu de la fabrication, ou du nom du prince qui y est représenté. Primitivement, la dénomination de la monnaie fut prise de son poids dont elle suivait les divisions : ainsi, ce qui s'appelait une livre, pesait une livre. Les métaux ayant ensuite changé de prix, on conserva les mêmes noms en diminuant le poids des pièces. Dès lors, l'alliage du cuivre aux métaux précieux donna deux valeurs aux monnaies, l'une réelle et l'autre nominale: la première est celle qu'a le métal indépendamment de la fabrication; la seconde, celle qui a été fixée par les lois de l'État. Comme les étrangers n'ont égard qu'à la valeur intrinsèque dans leurs transactions, il s'ensuit que les nations qui mettent plus d'alliage dans leurs monnaies perdent d'avantage dans leurs échanges que celles qui se servent d'un métal plus pur (voy. Change). Nous donnons, dans des articles particuliers, des détails sur chacune des diverses monnaies.

La légende est l'écriture gravée autour de la figure, ou dans le champ de la pièce. L'avers, ou le droit, est le côté de la tête qu'on appelle aussi face; le revers est le côté opposé. L'exergue est la ligne inférieure de ce côté. On nomme cordon le tour de la pièce sur son épaisseur. Le millésime est le chiffre qui indique l'année de la fabrication. Le lieu en est désigné en France par les lettres de l'alphabet (voy. A et les lettres suivantes): il l'était autrefois par le nom des villes, ou par celui des ducs, des comtes, des abbés, enfin de tous ceux qui avaient le droit de faire battre monnaie, ou par le nom des monétaires, ou enfin par un petit trait placé sous certaine lettre de la légende, et qu'on appelait point secret. Les marques du graveur et du directeur s'appellent le déférent ou différent.

L'art de fabriquer la monnaie se nomme monnayage. Ce mot s'entend aussi quelquefois du droit que le souverain perçoit pour la monnaie qui se fabrique dans ses États; mais, en ce sens, on dit plus ordinairement seigneuriage, rendage, ou traile. On disait autrefois monnetage.

Pour le monnayage, il faut graver des poinçons, avec lesquels on établit des matrices ou des carrés, qui servent à imprimer, sur les flaons ou flans (voy.), l'effigie du prince et les autres marques et légendes qui donnent cours aux espèces, et qui règlent leur poids et leur prix.

L'alliage et la fonte des métaux sont les premières façons du monnayage.

Pour la monnaie d'or, la fonte se fait dans des creusets de terre, de crainte que l'or ne s'ai

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