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portes de la ville, un bois sacré où, dans des
salles verdoyantes de rameaux et de mousse,
étaient dressés de longs banquets, auxquels s'as-
seyait, en l'honneur du dieu des flots, la foule
de ses adorateurs les plus dévoués, ou par piété,
ou par état, ou par crainte, à son culte. Ces fêtes
s'appelaient de son nom grec Posidonies. Les
peuples de l'intérieur des terres avaient aussi
ce dieu en grande vénération; ils le redoutaient,
et le croyaient, avec raison, comme la géologie
l'a attesté depuis, toutefois avec des exceptions,
l'auteur des tremblements de terre et des grands
bouleversements du globe. Au nombre de ces
peuples étaient particulièrement les Phrygiens
les plus orientaux. Les Athéniens donnèrent à
l'un de leurs douze mois le nom de ce dieu; ils
l'appelèrent posidéôn : il répondait au mois de
février. Un grand nombre de promontoires dans
les mers d'Italie et de la Grèce prirent aussi le
nom de Posidion pour les Hellènes, et Posidium
pour les Latins. Le cheval, le taureau, étaient
les victimes qu'on offrait à ce dieu, auquel le
fiel, qui a comme une amertume des flots de la
mer, était particulièrement agréable, au dire
des aruspices. Le pin et l'ache, toujours verts,
comme les vagues, lui étaient consacrés. De fré- |
quentes libations étaient versées sur ses autels.
A Rome, on célébrait en son honneur les jeux
du Cirque. Les Neptunales, ses fêtes, avaient
lieu au mois de juillet, et aussi au mois de fé-
vrier, avant le lever des pléiades, pour qu'il
épargnât les navires dans cette saison des nau-
frages. Pendant ces fêtes, les chevaux et les
mulets, oisifs, étaient promenés couronnés de
fleurs et caparaçonnés de guirlandes. Tout ré-
pandu qu'était le culte de Neptune, qui passa
bientôt dans la grande Grèce, ses statues sont
fort rares; toutefois, vers le milieu du siècle
dernier, on en tira une magnifique, faite du
temps de César, d'une excavation de Corinthe.
Telles sont les images traditionnelles de ce dieu
que nous ont laissées les poëtes et les historio-
graphes: son attribut particulier est un trident,
fourche à trois pointes de fer, que lui forgèrent

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les cyclopes; c'était une espèce de harpon, avec lequel les gens de mer, ou brisaient les roches, ou dégageaient les navires, ou piquaient les gros poissons. Sa chevelure majestueuse tombe sur son cou en lourdes boucles parallèles, que l'effet de l'humidité des flots force de rester perpendiculaires, ainsi que sa barbe, qui quelquefois, cependant, est représentée crépue, ce qui la distingue de celle de Jupiter, son frère. Comme à ce dernier, néanmoins, le bandeau royal est noué autour de sa tête. Quelquefois nu, quelquefois vêtu d'une robe de la couleur des vagues, il est debout ou assis sur un char bizarre qu'emportent deux ou quatre chevaux marins, aux naseaux ronflants, à la queue de poisson ou aux pieds d'airain, comme les peint Homère; parfois, ce sont des chevaux ordinaires. Un dauphin aux écailles d'or nage à ses côtés, avec d'autres monstres marins; Triton le précède sonnant de sa trompe, qui retentit jusqu'aux extrémités de l'Océan. Parfois, ce trompette joufflu de Neptune, couronné de joncs, est vêtu d'une robe pourprée, de la couleur des flots quand l'aurore se lève. Souvent, Neptune est représenté nu, assis ou debout sur les ondes émues : belle et fière allégorie de sa puissance. « Quand il est debout, dit le chantre de l'Odyssée, il fait trois pas et touche à l'horizon. » Parfois, il est représenté avec un pied touchant au sol, et l'autre élevé sur un quartier de roche : cette pose est le symbole de la puissance. Deux médailles nous l'offrent pressant un globe du pied droit: elles furent frappées, l'une en l'honneur d'Auguste, l'autre en celui de Titus, tous les deux maîtres du monde. Ce Neptune était leur emblème. Cette divinité puissante n'eut pas moins de cinquante surnoms que nous ont transmis les poètes de l'antiquité, auxquels nous renvoyons nos lecteurs. En poésie, Neptune est pris absolument pour la mer : nous citerons en exemple ce vers assez beau et si connu de Lemierre, qu'on appela plaisamment son vers solitaire :

Le trident de Neptune est le sceptre du monde.

DENNE-BARON.

FIN DU TOME DIX-HUITIÈME.

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