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sent marchander, ne s'accompagnent ou par- | lucre commercial que l'on songeait à monopoticipent en marchandise, à peine d'être punis | liser les choses de première nécessité, mais dans

grièvement à notre volonté. » Enfin, l'ordonnance de François Ier, rendue en 1539, portait défense à tout marchand et autres de commettre, au fait des vivres et marchandises, aucuns monopoles. Un article exprès, 191 de l'ordonnance, faisait la même défense aux compagnons serviteurs et artisans de tous métiers; mais, à leur égard, c'était à peine de confiscation de corps | et de biens. — Généralement, les peines qu'appliquait le parlement de Paris aux marchands accapareurs était le blâme, la déchéance de la maîtrise et l'amende; semblable condamnation fut prononcée par arrêt du 14 août 1694 contre un nommé Charles Tournois, marchand de grains sur les ports à Paris, pour avoir, par monopole et mauvaise voie, causé et entretenu la cherté des grains. En 1721, un marchand qui avait fait des accaparements considérables de marchandises, aux Augustins de Paris, fut condamné au blâme, à l'amende, à la déchéance de ❘ sa maîtrise, et toutes ses marchandises furent confisquées. Un arrêt du parlement de Metz, en date du 21 juin 1763, a considéré avec raison comme monopole l'action d'un marchand qui, se trouvant, par hasard, seul possesseur d'une denrée qu'un événement imprévu rend tout à coup nécessaire, y mit un prix exorbitant. Il s'agissait d'une épizootie contre laquelle l'emploie du vitriol avait été signalé comme un excellent remède. Aussitôt on avait fait monter le vitriol de 24 sous la livre à 8, 10, et 12 livres; mais la cour a considéré que, vouloir tirer profit d'un fléau à la cessation duquel il est du devoir de tous les hommes de veiller, c'est une bassesse qui dégrade l'humanité, en même temps qu'elle doit soulever toute l'indignation des tribunaux. En 1783, le parlement de Flandre a considéré comme monopole le traité passé par deux particuliers avec les entrepreneurs de l'exploitation des carrières de pierres blanches d'une certaine localité, parce qu'il résultait de là qu'ils pourraient ensuite faire la loi aux acheteurs, en mettant eux-mêmes le prix sans concurrence aux pierres extraites. Lorsque la révolution éclata, le monopole ne fut pas mis spécialement au nombre des crimes et délits, et, depuis lors, ce fait a été compris sous le terme générique de coalition; mais on sait qu'au milieu des émotions populaires on fut obligé de recourir aux peines les plus sévères pour empêcher les acca- | parements de grains, qui n'étaient autre chose qu'une préparation au monopole; mais alors ce n'était pas seulement dans une pensée de

un but politique; aussi, par la loi du 26 juillet 1793, les accaparements furent prohibés sous peine de mort. - Aujourd'hui, les accaparements et tous les monopoles, en général, rentrent dans les articles de la loi pénale qui ont pour objet de punir les coalitions; les peines sont l'emprisonnement, l'amende et la surveillance de la haute police. Les articles 419 et 420 du Code pénal comprennent dans leur généralité tous les cas de monopole qui peuvent se présenter. Ils sont ainsi conçus (art. 419): << Tous ceux qui, par réunion ou coalition entre les principaux détenteurs d'une même marchandise ou denrée, tendant à ne la pas vendre, ou à ne la vendre qu'à un certain prix, ou qui, par des voies ou moyens frauduleux quelconques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix des denrées ou marchandises, ou des papiers et effets publics au-dessus ou au-dessous du prix qu'aurait déterminé la concurrence naturelle et libre du commerce, seront punis d'un emprisonnement d'un mois au moins, d'un an au plus, et d'une amende de 500 fr. à 10,000 fr. Les coupables pourront de plus être mis, par l'arrêt ou le jugement, sous la surveillance de la haute police, pendant deux ans au moins et cinq au plus. » Art. 420 « La peine sera d'un emprisonnement de deux mois au moins et de deux ans au plus, et d'une amende de 1,000 fr. à 20,000 fr. si ces manœuvres ont été pratiquées sur grains, grenailles, farines, substances farineuses, pain, vin ou toute autre boisson. La mise en surveillance, qui pourra être prononcée, sera de cinq ans au moins et de dix ans au plus. »> TEULET. MONOPTÈRE de μόνος, seul, et πτέρον, aile, petit temple de forme antique qui est de figure ronde, sans murailles pleines, et couronné d'une sorte de calotte ou dôme appuyé seulement sur des colonnes.

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En histoire naturelle, on donne le même nom à différents poissons analogues aux anguilles, et dont la nageoire profondément découpée ressemble à une aile. 7.

MONORIME. Cette sorte de poëme, dont tous les vers sont sur la même rime, est depuis longtemps abandonnée par les poètes français, au point que Richelet n'a pas daigné en parler dans ses règles de poésie, et que Boileau, dans l'Art poétique, a gardé un silence complet à cet égard. Cependant, on doit plusieurs exemples de monorimes au fameux auteur du Roman de la Rose, Jean de Meung (Clopinel), et à quel

ques poëtes provençaux ses contemporains et ses devanciers. Un fait qu'il est presque superflu de rappeler, c'est que l'invention de la rime a dû précéder celle du monorime, et ceci toutefois exige une explication. Pétrarque, dans la préface de ses épîtres, Rerum familiarum, | suppose que les rimes étaient en usage chez les Grecs et les Romains, s'étant peut-être imaginé que le mot rhythmus, par lequel on entend le nombre et la cadence du vers, signifiait cette terminaison euphonique des mots et des syllabes pareilles que nous appelons rime. Il est évident qu'on a confondu deux choses distinctes, par une de ces déviations assez fréquentes du véritable sens des mots, et que le mot grec monos (seul, unique), et rhuthmos (rhythme), autrement dit monorime, ce mot a été composé dans un sens très-différent : il ne pouvait signifier qu'un poëme dans lequel le même ordre, la même disposition dans le mètre, dans l'harmonie, étaient conservés jusqu'à la fin, ce qui voulait dire un seul rhythme, et non une sorte unique de rimes, puisque la rime n'existait pas. Vainement, dans l'ouvrage cité de Pétrarque, il insinue que la rime a été renouvelée des anciens en Sicile, pour la première fois, comme aussi Duardus Nonus, dans son éloge de Denys, roi de Portugal, prétend que la rime fut inventée en Sicile, d'où la Provence en emprunta l'usage: il est aisé de combattre victorieusement cette opinion. Le commentateur de Plutarque, André Gésuald, n'a eu garde de souscrire à son erreur; il cherche au contraire à l'excuser, en disant que si ce poëte célèbre tient les Siciliens pour les premiers qui se soient servis de la rime, il entend par là les premiers qui aient fait des rimes en langue italienne, ce qui n'exclut nullement la priorité des poëtes provençaux. Après avoir dit, dans son premier livre des poésies, où il discourt sur l'origine de la rime, que les Siciliens et les Provençaux s'en disputent l'invention, le cardinal Bembo, accusant d'abord une tradition incertaine, ajoute: Tutta volta de' Siciliani, poco altro testimonio ci ha, che a noi rimaso sia, senon il grido. Enfin, il décide qu'on ne saurait faillir en reconnaissant que les Italiens ont emprunté des Provençaux leur façon de rimer, plutôt que d'aucune autre nation: Perchè, errare non si può a credere che il rimare primieramente per noi da quella nazione pur che da altra, si sia preso. On ne peut s'exprimer plus catégoriquement, et s'il pouvait rester le moindre doute, c'est le même Bembo qui se chargerait encore de le dissiper en terminant de la sorte: E che vi

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(en parlant des poésies provençales, ajoute-t-il) si trovasse primieramente il rimare, si come io stimo, quando si vede che più antiche rime delle provenzali altra lingua non ha. Nous avons copié textuellement.- Pour corroborer le témoignage de ces savants Italiens, on pourrait citer les auteurs espagnols, entre autres, Gaspard Scolano, qui, au livre Ier, chapitre 14 de l'Histoire de Valence, ne se contente pas seulement d'affirmer que les Provençaux inventèrent les rimes; mais qui signale les Siciliens comme ayant emprunté d'eux l'art de rimer, par le commerce et la fréquentation qu'ils avaient avec les rois d'Aragon, ou bien avec les Français : Fueron los provençales, telle est sa conclusion. - Qu'il nous soit permis d'élever un doute, malgré tant de respectables témoignages, et de dire toute notre pensée. L'existence du monorime emportant de droit l'invention de la rime, nous avons de fortes raisons pour croire qu'on attribue à tort ce privilége aux Provençaux ou aux Siciliens il est facile de se convaincre que, bien avant l'époque où florissaient les poëtes qui ont fourni matière à ces discussions, on connaissait les vers rimés. En effet, Bembo ne parle, à l'occasion des poètes italiens qui ont écrit en langue provençale, que de Foulques de Marseille, devenu plus tard évêque de Toulouse, de Boniface Calvo, Lanfranc Cygalo, Sordel Mantouan, Albert de Malespine et Perceval Doria, de Gênes; mais le savant Pierre Caseneuve déclare avoir lu, en 1640, un manuscrit volumineux écrit depuis plus de 300 ans, c'est-à-dire vers le milieu du XIIe siècle, contenant les poésies de 155 poëtes provençaux, entre lesquelles il remarqua celles des poètes italiens cités par Bembo. A ce sujet, Caseneuve dit qu'il y a vu figurer la fameuse satire de Sordel Mantouan contre les princes de son temps, dans laquelle le soldat de Mantoue n'a pas même épargné saint Louis, comme l'a remarqué Papirius Masso, dans ses Annales de France. Sperone-Speroni, au Dialogue des langues, signale beaucoup d'emprunts faits par l'Italie aux poëtes provençaux; Ludovico Dolce, dans son Apologie de l'Arioste, confesse que ce poëte célèbre leur doit grand nombre de beautés. On ne peut contester que les Italiens ne commencèrent à faire des vers dans leur langue que peu de temps avant le siècle où vécut le Dante, tandis qu'il est établi que l'on faisait déjà des vers rimés en langue romaine rustique, qui depuis s'appela provençale, en 589. André Duchesne, dans son premier volume du recueil des Historiens français, a donné une vie de saint Faron, évêque de Meaux, où sont rapportés

quelques passages d'une chanson ou vaudeville ne sont composés de douze mots que pour la en vers rimés, faits à l'occasion de la victoire pensée; pour l'oreille, il en est tout autrement. remportée sur les Saxons par Clotaire II. Il est Ainsi lorsque les monosyllabes formeront des vrai que les phrases de cette chanson n'ont sons rocailleux ou bizarres, la dureté ne viendra presque que le son d'un latin barbare, et qu'elle pas de ce que les éléments n'ont chacun qu'une a été composée en langue romaine rustique; syllabe, mais de ce que chaque monosyllabe est aussi l'auteur a-t-il donné à ses vers la qualifi- | lui-même un peu dur, et que cette dureté, en cation de rusticum carmen. Nous voilà remon- s'accumulant, devient insupportable. JULLIEN. tés au vie siècle; et certes toutes les poésies ri- MONOTHEISME, de μóvos, seul, et ɛòs, Dieu. Le mées dont se sont prévalus les poètes siciliens et monde antique gravite lentement vers l'unité de provençaux ne datent pas de si loin; les asser-Dieu; toutes les fausses religions, tous les essais tions savantes de Pierre Caseneuve sont égale- de cosmogonies, tous les systèmes des philosoment d'une moindre exigence quant à l'ancien- | phes, ne sont qu'un long acheminement vers le neté. Eh bien ! on peut s'assurer à la Bibliothèque théisme. La pensée de l'homme erre sans cesse royale que les poésies arabes offrent des vers en autour de ce monde invisible où se cache le Dieu monorimes antérieurs même à ceux qu'André Du- qu'il voudrait saisir; mais un voile impénétrable chesne nous a transmis; d'où l'on doit conclure le dérobe à ses regards. La connaissance de la que la rime a été inventée par les poëtes arabes, nature divine est d'un accès difficile; elle ne se auxquels nous devons tant d'autres inventions révèle à nous que successivement. L'esprit huutiles, et qu'elle a passé successivement dans la main s'arrête d'abord à des ébauches informes poésie provençale et sicilienne, sans qu'il importe et grossières. Quelle distance entre le fétiche du de savoir laquelle de ces deux langues s'en est sauvage et la conception de Dieu pur esprit! enrichie la première; il suffit d'être certain que Tâchons de marquer nettement les degrés qui les Arabes ont, avant aucun peuple de l'Europe, remplissent cet intervalle immense. fait usage des monorimes. EUG. DE PRADEL.

MONOSYLLABE (de μóvos, seul, et avλλaén, syllabe), qui n'a qu'une syllabe. On le prend souvent comme substantif, parce qu'alors on sous-entend mot. Dieu, roi, dont, par, viens, sont des monosyllabes.

L'homme débute par la religion des sens, qui est nécessairement un polythéisme; car les sens n'apercevant que des phénomènes variables et multiples, ils ne sauraient atteindre l'unité. C'est le culte de la nature, qui lui-même a ses degrés, depuis le fétichisme ou l'adoration de la nature brute, des végétaux, des animaux, jusqu'au sabéisme ou culte des astres, objets déjà plus relevés de la vénération des hommes. Un pas nouveau est fait, lorsque au lieu d'adorer des objets individuels, ils généralisent certains ordres de phénomènes et personnifient les forces

feu, la puissance productrice de la terre, etc. Le dernier terme auquel l'esprit puisse aboutir dans cette voie, c'est le panthéisme matérialiste, c'est-à-dire la complète identification de Dieu avec le monde.

On a dit qu'une langue abondante en monosyllabes serait prompte, énergique, rapide, mais qu'elle serait difficilement harmonieuse. Beauzée pensait qu'une langue toute monosyllabique pouvait être aussi harmonieuse qu'une autre; et, en effet, quand nous avons des mots trèscourts, et surtout des monosyllabes, nous sup-diverses de la nature, telles que l'air, l'eau, le primons souvent l'accent de quelques-uns d'entre eux, qui sont alors ce qu'on appelle des proclitiques (de proclino, en latin et en grec, je penche), c'est-à-dire qu'ils inclinent vers le mot suivant, qui devient leur enclitique (encliticus, de ¿yxàívos, j'incline), pour se joindre en un seul dont ils formeraient comme les différentes syllabes. Qu'arrive-t-il alors? c'est que les monosyllabes ont véritablement disparu à l'oreille; il ne reste plus pour elle que les polysyllabes, dont la division existe pour l'esprit seulement, et par conséquent ne fait rien à L'harmonie du discours par exemple ce vers monosyllabique de Racine :

Le ciel n'est pas plus pur que le fond de mon cœur, et celui de Malherbe :

Et moi, je ne vois rien quand je ne la vois pas,

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Mais il est une autre branche de polythéisme non moins féconde et plus répandue peut-être, c'est le polythéisme anthropomorphique; car si Dieu fit l'homme à son image, l'homme le lui a bien rendu. Non content de déifier les objets extérieurs et les forces qui les font mouvoir, il a fait l'apothéose de ses propres passions, de ses sentiments, de ses idées, de ses formes corporelles. Tel est le système de la théologie homérique, qui est devenue la religion de la Grèce. Ce culte fut sans doute bien favorable à l'essor de l'imagination et au développement du beau, si nous en jugeons par la civilisation brillante

nait de la Divinité; elle est née du besoin qu'éprouve notre intelligence d'arriver à quelque chose de nécessaire, et de trouver une base inébranlable sur laquelle la pensée puisse se reposer.

qu'il anima et par les chefs-d'œuvre que la poésie | aux idées imparfaites que le polythéisme donet les arts enfantèrent sous son influence. Et déjà, il faut en convenir, l'anthropomorphisme marque un progrès notable, lorsqu'on le compare au naturalisme. Là du moins se retrouve l'élément moral qui manque aux dieux de la nature. Toutefois, si on le soumet au jugement de la raison, le polythéisme ne donne que des idées fausses et incomplètes de la Divinité. Il ne peut s'élever à ses attributs essentiels, par exemple la toute-puissance; en effet, la puissance divine, fractionnée entre une multitude d'agents, n'est plus qu'une puissance relative, limitée, par conséquent imparfaite. Il ne peut atteindre la notion de l'infini; car ces dieux, qui se partagent l'empire de l'univers, sont par là même des êtres finis, bornés dans leur pouvoir. Il ne peut comprendre l'immutabilité; car ces dieux passionnés, mobiles, irritables, changent de sentiments, de desseins, de volontés, au gré du moindre caprice; or, le caprice peut-il entrer dans une notion saine de la Divinité? La multitude des dieux est donc inconciliable avec la toute-puis-sentiel l'immutabilité, il y joint un pouvoir résance, avec l'infini, avec l'immutabilité. La toutepuissance, l'infini, l'immutabilité, ne peuvent se concevoir que dans l'unité.

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Mais cette idée du destin a elle-même ses degrés; elle se perfectionne peu à peu ; on peut en suivre la tente élaboration dans les poëtes, dans les historiens, dans les philosophes. A mesure que l'homme s'éclaire, à mesure qu'il comprend mieux les causes des événements, les dieux deviennent aussi plus raisonnables, et le destin, à son tour, s'apprivoise et s'humanise. L'idée du destin est très-différente, dans l'anthropomorphisme, de ce qu'elle était dans le naturalisme. Là, c'était une force aveugle comme les forces de la nature, une nécessité inflexible qui opprimait la liberté humaine; ici, le destin participe en quelque sorte à notre nature, il prend un caractère plus intelligent et plus moral. Aussi, tout en conservant pour attribut es

munérateur, qui émane de la justice; et c'est par cette idée de la justice divine que le destin se transformera et deviendra la Providence.

Cette notion de la Providence, une fois conçue, s'empare aussitôt des âmes, et détrône l'antique destin et cette foule de dieux qui lui servaient de cortège. Ce nouveau progrès des idées théologiques est déterminé par une réaction de la liberté humaine. En effet, le destin était une limitation, ou plutôt l'abolition de la liberté : dans Homère, ce sont les dieux qui agissent et qui pensent pour le compte des hommes. Peu à peu la liberté humaine réagit contre ce dogme oppressif, et se dégagea des liens de l'antique fatalité. A mesure que l'homme triomphait de la nature extérieure, il acquérait un sentiment plus vif et plus profond de ses propres forces. En même temps qu'il concevait des notions plus

Les anciens eux-mêmes avaient eu la conscience de cette imperfection de leurs divinités multiples c'est pour cela que leur Olympe avait fini par se constituer sous les formes monarchiques; ils avaient reconnu un Dieu supérieur, Jupiter, maître de l'univers, père des dieux et des hommes. Mais ce Jupiter, malgré la supré- | matie qu'on lui défère sur les autres dieux, n'en est pas moins un dieu de même nature, c'est-àdire sujet aux passions et aux faiblesses de l'humanité. Mainte fois les autres dieux forment des ligues contre lui, et lui disputent son pouvoir; et si l'Olympe a pu offrir l'image d'une monarchie absolue, c'était à la condition qu'elle serait tempérée par l'anarchie. Cette conception de Jupiter, dieu suprême, est donc encore insuffi-justes et plus complètes sur lui-même et sur le sante: elle ne résout pas le problème de l'existence du monde et de la destinée humaine; elle laisse encore un grand nombre de phénomènes dont elle ne peut rendre compte. Il a fallu re-obligé de l'histoire du monothéisme. courir à une autre conception, trouver une autre puissance, chargée de résoudre ce qu'il restait d'incompréhensible dans les événements humains, et investie de ce caractère immuable et absolu, au delà duquel on ne peut rien concevoir: telle fut la Nécessité, la Fatalité, ou le Destin, divinité obscure, mystérieuse, aveugle, que les poètes ont fait naître du Chaos et de la Nuit. La conception du destin est donc un supplément

monde, il se formait aussi des idées plus saines et plus pures sur la Divinité. C'est ainsi que l'histoire de l'idée du destin forme un chapitre

Pendant que le monde grec, dans sa lente élaboration de l'idée de Dieu, suivait la marche que nous venons d'esquisser brièvement, une petite peuplade, isolée du grand courant des nations, et nourrie dans l'horreur des idolâtries païennes, conservait comme un précieux dépôt le culte du Dieu que lui avait enseigné Moïse. Puis le christianisme, en régénérant le cœur de l'homme par sa sainte doctrine, transformait le

Dieu national des Juifs en Dieu du genre humain. Cette rencontre des doctrines orientales épurées par le mosaïsme, avec les travaux accumulés par la philosophie grecque, était sans doute la combinaison la plus heureuse et la plus efficace pour ruiner le vieux polythéisme; et l'on ne peut nier aujourd'hui que les recherches des écoles ionique, pythagoricienne, éléatique, recueillies et étendues par Anaxagore, Socrate, Platon, Aristote, et leurs successeurs, n'eussent merveilleusement préparé les esprits à recevoir | le dogme chrétien d'un Dieu unique révolution immense et sans égale dans l'histoire, ère nou- | velle qui met fin au monde antique, et ouvre le monde moderne. ARTAUD.

[ puient de la même manière sur toutes les fins de vers, ceux qui montent leur voix pendant le premier vers, et la font redescendre symétriquement pendant le second, de manière à trouver le même repos final à la fin de chaque distique; tous ceux-là lisent à peu près également mal, et rendraient insupportables les plus beaux poèmes. Il faut avouer que c'est un talent trèsdifficile, et partant très-rare, que celui de lire avec la variété et l'expression que demande souvent un bon ouvrage; mais la difficulté ne doit pas détourner ceux qui ont pour cet art les dispositions nécessaires d'y donner leurs soins et leurs études : c'est au contraire pour eux un vif encouragement à y persévérer.

B. Jullien.

MONOTHÉLITES (de monos, seul, et thélein, Dans le second sens, la monotonie est un dévouloir), hérétiques ainsi nommés, parce qu'ils faut de variété dans la manière d'écrire, une soutenaient qu'il n'y a qu'une seule volonté en uniformité toujours la même dans l'élocution, Jésus-Christ. Ils s'appuyaient sur le monophy- dans le tour des phrases, dans l'usage des figures, sisme, qui n'admet qu'une seule nature en et même dans les pensées; en un mot, une maJésus-Christ, tandis que l'Église reconnaît deux nière d'écrire ou de parler qui ne change jamais natures et par conséquent deux volontés. Hé-ni ses tours ni ses nuances. raclius publia en faveur de cette hérésie un édit On dit aussi figurément de la vie, surtout de célèbre appelé Ecthèse. Elle fut en outre ap-celle des petites villes, ou de la province en géprouvée par les patriarches Cyrus et Sergius, néral, qu'elle est monotone, c'est-à-dire sans mais combattue par Sophrone, évêque de Damas, variété et partant sans intérêt. Mais, au fait, ne et condamnée par le pape Martin Ier. Il en ré- dépend-il pas de chacun de lui donner cet intérêt sulta un schisme qui divisa longtemps l'empire qui lui manque par le choix des occupations et et l'Église. Le monothélisme a fini par se fondre des études, au moins dans les moments de loisir dans l'eutychéisme. BOUILLET. toujours plus longs et plus nombreux dans ces localités qu'ils ne le sont dans ces centres d'activité où la vie, cessant d'être monotone, devient en revanche dévorante, et use l'homme plus promptement? SCHNITZLER.

MONOTONIE, de póvos, seul, et róvos, ton. Ce mot signifie étymologiquement l'uniformité ou l'égalité de ton. Il se dit au propre de la manière de prononcer, et au figuré de la manière d'é

crire.

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MONOTRÊME. Ce nom, créé il y a quelques années par Geoffroy Saint-Hilaire, et aujourd'hui adopté par presque tous les zoologistes, désigne d'une manière générale un petit nombre d'espèces récemment découvertes à la NouvelleHollande, et chez lesquelles on retrouve le plan d'organisation qui caractérise la classe des mammifères, mais avec des modifications si re

Dans le premier sens, c'est un défaut de variation dans les inflexions de la voix qui fait prononcer tout ce qu'on dit sur le même ton, défaut désagréable dans la conversation, parce qu'il annonce ou un esprit borné, ou un ridicule pédantisme; défaut insupportable dans un orateur, parce qu'il le fait soupçonner de ne pas savoir ou de ne pas sentir ce qu'il dit; défaut plus dé-marquables et des anomalies si nombreuses, testable encore, et surtout plus commun, dans un lecteur, qui, loin d'embellir alors son auteur par son débit, le rend ennuyeux pour tous ceux qui l'écoutent.

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qu'on est encore incertain sur la véritable place qui leur est assignée dans la série animale, par leurs rapports naturels. On ne connaît, dans cette singulière famille, que deux genres, celui des échidnés (echidna) et celui des ornithorhynques (ornithorhynchus), qui tous deux ne se trouvent composés, dans l'état présent de la science, que d'un très-petit nombre d'espèces, mais qui néanmoins, suivant Latreille, devraient être considérés comme formant deux ordres particuliers. Cette opinion du célèbre entomologiste ne sera peut-être pas admise par tous les naturalistes;

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