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mais du moins doit-on convenir qu'elle exprime | bach l'avait, à cause du caractère que présentent bien mieux le degré d'affinité qui existe entre ses pieds, rapproché des mammifères palmipèles ornithorhynques et les échidnés, et qu'elle | des; mais Shaw avait été plus heureux; il l'avait est ainsi beaucoup plus juste que celle d'Éverard | mis à la suite des myrmecophaga et parce que Home, suivant laquelle on devrait réunir tous les l'échidné était toujours considéré comme apparmonotrêmes dans un seul et même genre. Les tenant à ce genre, le platypus ou l'ornithorhyndifférences organiques que l'on remarque entre que se trouva occuper la place que lui assignaient l'ornithorhynque et l'échidné, sont en effet trèsses véritables rapports naturels. Au reste ce rapnombreuses, et en même temps d'une haute im- prochement était moins le fruit d'une étude saportance; et cela est si vrai que la plupart des vante de ces rapports qu'un simple effet du haauteurs qui ont eu à décrire ces deux animaux, sard : ce ne fut en effet que lorsque Éverard Home même sous le point de vue le plus général, ont eut fait ses belles recherches sur l'organisation fait successivement, et non pas en même temps, de l'échidné et de l'ornithorhynque, que l'on l'histoire de chacun d'eux, tant ils trouvaient comprit enfin la nécessité de réunir ces deux peu de caractères communs à l'un et à l'autre. animaux. Le zootomiste anglais s'occupa d'abord L'échidné épineux, echidna hystrix, est le de ce dernier dans une Dissertation qu'il lut à la plus anciennement connu des animaux de cette Société royale de Londres, vers la fin de 1801, et famille Shaw le décrivit vers 1792, dans ses qu'il publia dans les Transactions philosophiques, Naturalist's Miscellany; mais, sans se douter en 1802 ce travail fut bientôt suivi d'un Médes nombreuses anomalies qui signalent l'orga- moire sur l'échidné, qui parut dans le même renisation de l'espèce qu'il avait eu le bonheur de cueil et dans la même année. Home porta enfin publier le premier, ce naturaliste la considéra l'attention des naturalistes sur les organes sexuels seulement comme une nouvelle espèce de four- des monotrêmes; il montra qu'ils différaient par miliers, et la décrivit sous le nom de Myrmeco- un grand nombre de caractères de la plus haute phaga aculeata. Au reste, suivant cette manière importance de ceux des mammifères normaux; de voir elle-même, la découverte de l'échidné et pensant qu'ils se rapprochaient davantage de était déjà d'un assez grand intérêt pour la zoo- ceux des squales et de certains reptiles, il alla logie car jusqu'alors tous les fourmiliers con- jusqu'à émettre l'opinion que l'ornithorhynque nus se rapportaient à deux sections, celle des et l'échidné devaient être ovovivipares, comme fourmiliers ordinaires ou des fourmiliers d'Amé- eux. Il ne les considérait plus comme de véritarique, et celle des fourmiliers écailleux ou des bles mammifères, mais bien comme une tribu fourmiliers de l'ancien continent (les pangolins); intermédiaire à la classe des mammifères, à celle et la nouvelle espèce devenait ainsi le type d'un des oiseaux et à celle des reptiles, et formant troisième sous-genre non moins remarquable par ainsi une sorte de passage de l'une à l'autre. la nature de ses téguments, celui des fourmiliers épineux ou des fourmiliers de l'Australasie. La \ publication de l'ornithorhynque suivit de près celle de l'échidné; elle fut faite quelques années plus tard, à peu près en même temps et par Blumenbach (Manuel d'Hist. nat.) et par Shaw (loc. cit.): tous deux considérèrent le nouveau quadrupede comme le type d'un genre particulier, qui fut appelé par ce dernier platypus, et par Blumenbach ornithorhynchus : on a déjà vu que le nom donné par ce dernier naturaliste est celui qui a prévalu. Les deux auteurs qui vien-ractère que se rapportait la nouvelle dénominanent d'être cités avaient l'un et l'autre assigné au nouveau genre les mêmes caractères; et la phrase dans laquelle ils avaient renfermé les principaux d'entre eux, était presque textuelle-toire naturelle), qui le plaça, d'après des vues ment la même tous deux avaient principalement remarqué ses mandibules aplaties en forme de bec de canard, et ses pieds palmés: mais ils ne s'étaient pas accordés sur la famille dans laquelle il convenait de le placer. Blumen

C'est en rendant compte (dans le Bulletin de la Société philomatique, no 77, p. 125) de ces idées d'Éverard Home, que Geoffroy Saint-Hilaire sépara l'ornithorhynque et l'échidné des édentés, parmi lesquels on les avait généralement placés jusqu'alors, et qu'il établit pour eux, sous le nom de monotrêmes, un ordre particulier, auquel il assigna ces caractères indicateurs : Doigts unguiculės; point de véritables dents; un cloaque commun, versant à l'extérieur par une seule issue. C'est, comme on le voit, à ce dernier ca

tion de monotrêmes. Cet ordre, établi par Geoffroy Saint-Hilaire, fut adopté quelques années après par Desmarest (nouveau Dictionnaire d'His

particulières, entre les rongeurs et les édentés; et on le retrouve encore plus tard dans le Prodromus d'Illiger (1811), mais avec une nouvelle dénomination, celle de reptantia, par laquelle le naturaliste allemand rappelait à la fois et la

marche rampante des monotrêmes, et leurs rap- | excréments et les urines, et le corps couvert de ports avec les reptiles.

poils ou de piquants. Ce ne sont pas, ajoute-t-il, des mammifères; car ils sont sans mamelles, et probablement ovipares ce ne sont pas des oiseaux; car les poumons ne sont pas percés, et ils n'ont pas les membres en forme d'ailes : ce ne sont pas des reptiles; car ils ont un cœur à deux ventricules. » Ces idées ont été depuis dé

Ainsi ces animaux, placés d'abord dans l'ordre des édentés, furent eux-mêmes regardés comme constituant un ordre distinct on alla bientôt plus loin encore, et on les considéra comme une classe distincte: opinion que l'on a vue ci-dessus naitre des recherches de Home, et qui ne pouvait manquer de trouver faveur parmi les natura-veloppées par divers naturalistes, et confirmées listes, puisque la plupart d'entre eux étaient disposés à croire les monotrêmes ovipares, et que l'absence des mamelles passait aux yeux de tous pour un fait presque démontré. On voit donc que l'idée qui fait de cette tribu une cinquième classe de vertébrés, devait naturellement être adoptée par un grand nombre de zoologistes; et elle a été en effet développée successivement depuis 1806 jusqu'à nos jours, par Duméril, Tiedemann, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, Van der Hoeven, Latreille et Quoy. Plusieurs de ces naturalistes n'osèrent pas, il est vrai, prononcer le nom de classe nouvelle, mais tous remarquèrent que l'ornithorhynque et l'échidné ne sont pas de véritables mammifères. Ainsi Tiedemann (1808) pense qu'on ne peut les rapporter à aucun des ordres établis, à cause des nombreuses anomalies de leur organisation, et il les place dans une sorte d'appendice; et Duméril, dans sa Zoologie analytique, publiée deux années auparavant, montre qu'ils s'éloignent des mammifères par une foule de considérations d'une haute importance, au nombre desquelles il cite les suivantes : 1° point de mamelles, 2o un cloaque, 3° point de dents enchâssées, 40 point de lèvres charnues, 5o palais osseux, à os intermaxillaires séparés, 6o point de méat auditif, 7o deux os claviculaires, dont un analogue à la fourchette des oiseaux, 8o les bras articulés en charnière sur les deux os de l'épaule, 9o le péroné beaucoup plus long que le tibia, 10° les phalanges très-courtes, à doubles poulies, 11° un sixième doigt unguiculé au pied de derrière. « Tous ces caractères, ajoute le célèbre naturaliste, semblent éloigner l'ornithorhynque et l'échidné de l'ordre dans lequel ils sont placés; on observe au contraire des dispositions semblables dans plusieurs oiseaux, et surtout chez un grand nombre de reptiles. >>

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On voit que ces deux savants s'expriment avec doute; l'auteur de la Philosophie zoologique fut plus hardi il créa pour les monotrêmes une classe nouvelle qu'il caractérisa de la manière suivante: «< Point de mamelles; point de dents enchâssées; point de lèvres; un cloaque ou orifice commun pour les organes génitaux, pour les

par les nombreuses recherches de Geoffroy SaintHilaire et de Van der Hoeven; tout récemment Latreille les a trouvées assez bien établies pour ne pas craindre de les adopter dans son ouvrage sur les Familles naturelles du Règne animal. Toutefois on doit bien se garder de les admettre comme ayant tout le degré de certitude désirable; car, d'une part, les mamelles ont été récemment trouvées par Meckel chez l'ornithorhynque, ce qui le prive de l'un de ses caractères distinctifs les plus remarquables; et, de l'autre, avant même cette découverte, plusieurs naturalistes non moins éminents que ceux qui penchent pour l'opinion contraire, avaient déjà essayé de démontrer que les anomalies que présente le groupe des monotrêmes ne sont pas d'une assez haute importance pour motiver son élévation au rang d'une classe distincte. Cette manière de voir est principalement celle de Spix, de Blainville, de Cuvier et de Meckel qui a apporté en sa faveur une preuve de la plus haute importance, par sa découverte des mamelles chez l'ornithorhynque. Dès 1811, le premier de ces naturalistes s'était élevé contre les idées de Lamarck, en remarquant, au sujet des monotrêmes, que leur corps couvert de poils, leurs poumons librement suspendus, la présence du diaphragme, l'existence de rudiments de dents mâchelières, et la grande ressemblance qui existe, selon lui, entre leur squelette et celui des mammifères, et particulièrement celui des tatous, ne semblent pas permettre de les placer dans une classe particulière. Telle est aussi l'opinion de Cuvier, qui fait des monotrêmes une simple famille dans son ordre des édentés, et celle de Blainville qui l'a surtout développée avec beaucoup de détails. Ce célèbre zootomiste (dans sa Dissertation sur la place que la famille des ornithorhynques et des échidnés doit occuper dans les séries naturelles, 1812), après avoir décrit tous les organes des monotrêmes, et les avoir comparés à ceux des autres vertébrés, arrive à ces conclusions: « Avec les mammifères, les rapports deviennent tellement nombreux et sont tirés d'organes si importants; les dissemblances sont au contraire en si petit nombre et de si peu de valeur, qu'il sera de toute

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ressemblances l'emportait de beaucoup sur celle des dissemblances, et que les monotrêmes ne doivent pas ainsi former une classe distincte. Quant à la question de savoir à quel groupe ils doivent être rapportés parmi les mammifères, Blainville pense qu'ils forment une petite famille distincte dans l'ordre des édentés, si l'on veut continuer à se baser pour les divisions secondaires sur les organes de la digestion; ou bien dans la sous-classe des marsupiaux ou didelphes, si l'on croit devoir considérer en première ligne l'appareil de la génération. C'est à cette dernière opinion que ce savant s'est définitivement arrêté. Telles sont les principales opinions émises sur les rapports naturels des monotrêmes et sur la

évidence pour l'observateur qui pèsera les uns et les autres, que l'ornithorhynque et l'échidné doivent appartenir évidemment à la classe des mammifères. » Il montre ensuite que les marsupiaux sont les êtres dont ils se rapprochent le plus les ressemblances avec eux sont, ditil, « un trou au condyle interne du fémur; la longueur du péroné et son articulation plus ou moins immédiate avec le fémur; les os marsupiaux; la symphyse pubienne fort longue, l'ischion en formant une assez grande partie; un orifice extérieur commun au rectum et aux organes de la génération; l'appareil de la génération femelle séparé en deux portions distinctes qui s'ouvrent chacune dans le vagin sur les côtés de l'ouverture de la vessie; le vagin et l'urè-place qu'ils doivent occuper dans la série anitre ne formant qu'un seul et unique canal; l'é- male. On voit que la question a été résolue de pididyme très-gros et très-séparé du testicule; la plusieurs manières fort différentes et même conportion membraneuse de l'urètre extrêmement tradictoires; mais qu'elle ne peut véritablement longue; le pénis constamment renfermé dans être décidée d'une manière définitive, que lorsl'intérieur du bassin et dirigé en arrière; sa ra- que le mode de génération de l'ornithorhynque cine libre et suspendue dans les chairs; la forme et de l'échidné sera enfin bien connu, et lorstrès-singulière du gland, et le foie sans ligament qu'on saura avec certitude s'ils sont vivipares, falciforme.» Enfin Blainville indique de la ma- à la manière des mammifères, ou ovipares. A la nière suivante les caractères qui écartent les vérité les naturels de la Nouvelle-Hollande affirmonotrêmes des mammifères : « L'absence d'a- ment avoir connaissance des œufs de l'ornithopophyse transverse aux vertèbres dorsales; le rhynque (voy. ce mot), et ils en ont même donné passage des nerfs vertébraux dans le corps d'une au chirurgien anglais Patrick-Hill, une descripseule vertébre; les côtes articulées par leur tête tion assez détaillée pour que l'on soit disposé à seulement et composées de deux portions os- la regarder comme exacte. Mais comment conseuses, réunies par un petit cartilage intermé- cevoir que ces œufs puissent avoir, comme ils diaire; l'élargissement et l'aplatissement consi- le prétendent, la grosseur de ceux de la poule, dérable des côtes asternales; la modification de quand on sait qu'ils doivent, dans la ponte, trala première pièce du sternum; la présence d'un verser le bassin, et que le diamètre de cette caos particulier sur les parties latérales de celle-ci; vité est de beaucoup moindre que celui qui leur la modification des os de l'épaule; un ergot corné est ainsi attribué? Cette objection très-bien aux pieds postérieurs des mâles; la séparation | fondée, et qui semblait même donner gain de des os incisifs dans une espèce, et, dans l'autre, cause à ceux qui ne voient dans les monotremes au contraire, l'ouverture extérieure des narines que de véritables mammifères, n'est cependant entièrement formée par ces os; deux seuls osse- pas péremptoire: car une disposition très-relets à l'ouïe; la saillie de deux des canaux semi-marquable des organes femelles de la génération circulaires et de l'ampoule de l'un d'eux, dans l'intérieur du crâne de l'ornithorhynque; l'échancrure de la partie supérieure du grand trou occipital, la valvule tricuspide en grande partie charnue; la terminaison des uretères au delà de l'ouverture de la vessie dans l'urètre; les cornes de la matrice s'ouvrant dans le vagin près de l'ouverture de l'orifice de la vessie et des uretères; la terminaison du canal de l'urètre par plusieurs ouvertures à l'extérieur. » C'est en pesant la valeur de ces caractères qui tous éloi-battit vaillamment pour la cause de l'indépengnent les monotrêmes des mammifères et de ceux qui les rapprochent au contraire de cette classe, que Blainville a conclu que la masse des

a fourni à Geoffroy Saint-Hilaire la preuve qu'il n'est pas impossible de concilier avec l'étroitesse du bassin, le volume considérable des œufs. Voy. ORNITHORHYNQUE.

MONROE (JAMES), 5e président des États-Unis de l'Amérique du Nord, naquit le 28 avril 1758, dans le comté de Westmoreland en Virginie, d'une famille de colons habitant le pays depuis un siècle et demi. S'étant rangé sous les drapeaux de l'armée républicaine, en 1776, il com

dance dans les deux années qui suivirent, obtint le grade de colonel, et fut chargé de la levée d'un nouveau régiment dans sa contrée natale.

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Le colonel Monroe comptait, comme Jefferson, parmi les chefs du parti démocratique ou antifédéraliste. Le dévouement sans bornes qu'il apportait dans les affaires publiques lui fit constamment négliger et même sacrifier l'intérêt de ses propres affaires. Il se trouva chargé de dettes lorsqu'il quitta la présidence, et sa situation eût pu lui susciter de cruels embarras, si le congrès, saisissant cette occasion de lui donner un témoignage de la satisfaction nationale, ne fût venu à son aide, en votant des fonds pour l'acquittement des créances qui dataient de l'époque de son administration, ENC. AMER.

Mais l'épuisement de celle-ci ne lui ayant pas [cipe d'une juste réciprocité, se multiplièrent permis d'atteindre son but, il aima mieux re- avec tous les peuples, Après s'être retiré de la prendre l'étude des lois, qu'il avait déjà com- présidence, à l'expiration du second terme, le mencée avant d'entrer au service, et dans la colonel Monroe, sur la fin de ses jours, consacra quelle il fut guidé par son ami Jefferson, alors en commun avec ses prédécesseurs Maddison et gouverneur de la Virginie, Le territoire de cette Jefferson ses soins et ses lumières à l'établisseprovince ayant encore été envahi, il se montra ment de la nouvelle université virginienne, préun des plus actifs à le défendre comme volon- sida encore l'assemblée chargée de réformer la taire dans la milice jusqu'en 1780. Élu membre constitution de sa province natale, et ne dédaide l'Assemblée législative de la Virginie, en 1782, gna pas de remplir les fonctions de juge de paix il fut presque aussitôt désigné pour faire partie dans le comté de Loudon qu'il habitait. Comme du conseil exécutif de cet État; il avait à peine les présidents Adams et Jefferson, il termina sa atteint sa 25o année lorsqu'il fut élu député au carrière le jour anniversaire de l'indépendance congrès, où il ne fut pas sans influence sur toutes américaine : il mourut à New-York le 4 juillet les résolutions importantes. Après avoir, en 1831. 1788, coopéré, au nom de la Virginie, à fixer définitivement la nouvelle constitution des ÉtatsUnis, il fut porté au sénat de l'Union, en 1790, et envoyé, en 1794, comme ministre plénipotentiaire en France. Mais, rappelé au bout de deux ans par Washington, il repoussa les censures que lui avait attirées sa conduite, en publiant sa correspondance diplomatique. Gouverneur de la Virginie, de 1799 à 1802, il retourna, en 1803, en qualité de ministre plénipotentiaire extraordinaire, à Paris, et termina, de concert avec le ministre résident Livingston, les négociations relatives à la cession de la Louisiane. Il passa ensuite aux postes de Londres et de Madrid. De retour en Amérique, Monroe redevint gouverneur de la Virginie, en 1810; il fut nommé, l'année suivante, sous l'administration de Maddison, au poste de secrétaire d'État, d'abord avec le portefeuille de la guerre. Investi du commandement en chef de l'armée, après la prise et l'incendie de Washington par les Anglais, en 1814, James Monroe se consacra ensuite tout entier aux devoirs du secrétariat d'État proprement dit, qui réunit dans ses attributions les départements de l'intérieur et des affaires étrangères. Tant de services méritaient une récompense éclatante, et Monroe l'obtint par le suffrage de ses concitoyens qui, en 1817, l'élevèrent à la présidence, après Maddison, et en 1821, le réélurent à l'unanimité. Son administration fut heureuse et ferme. La cession de la Floride par l'Espagne, et la reconnaissance des nouvelles républiques formées des anciennes colonies de ce royaume, eurent lieu pendant cette période, et le gouvernement des États-Unis déclara formellement sa résolution de ne souffrir l'interven-laume y établit des manufactures de laine, et tion d'aucune puissance européenne dans les luttes d'indépendance de l'Amérique du Sud. La traite des noirs fut énergiquement réprimée, et les relations commerciales, basées sur le prin

MONS, capitale de la province de Hainaut (BELGIQUE); ville fortifiée, assez bien bâtie, peuplée d'environ 25,000 habitants, occupe l'emplacement où campa jadis le frère de Cicéron, et où il se défendit avec tant de vigueur contre Ambiorix, autrement Ambtryck, chef des Éburons, Au viie siècle, Waltrude, mise depuis au rang des saints, y construisit un monastère qui attira autour de ses murs un assez grand nombre d'individus, empressés de jouir de la protection spirituelle et temporelle d'un grand établissement religieux. Au IXe siècle, Mons put passer pour une ville telle qu'on les concevait dans ce temps de civilisation à peine ébauchée. Le comte Baudouin IV, surnommé l'Édificateur, fut un deş princes qui lui firent éprouver le plus puissamment une bienveillante influence. Baudouin VI, depuis empereur de Constantinople, s'occupa avec succès du perfectionnement des institutions politiques, et donna, en 1200, une charte célèbre. En 1290, Mons dut à Jean d'Avesnes des agrandissements considérables. Vers 1504, Guil

fit tous ses efforts pour favoriser le commerce. Après avoir perdu le tiers de ses habitants par la peste, Mons recueillit les juifs, que Philippe le Long, roi de France, chassait de ses États.

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et Delmotte.

une

Sous le règne de Charles-Quint, cette ville était | d'assises. Les autres édifices de la ville de Mons à son plus haut point de prospérité; mais bien- sont l'hôtel de ville, bâti en 1440 surmonté tôt les troubles civils arrêtèrent cet heureux dé- | d'un dôme peu élevé, il est d'une architecture veloppement. L'opposition des Montois aux me-gothique et massive; la tour du beffroi, élevée sures fiscales du duc d'Albe fut cause que ce par les Espagnols en 1662: appelée aussi le châgouverneur les priva de leurs franchises, et les teau, elle est, par sa position, une des plus éleécrasa d'une forte garnison. Ce fut alors que le vées du pays, et s'aperçoit de fort loin; le pacomte Louis de Naşsau s'empara de la place par | lais de justice qui, comme monument, n'a rien stratagème. Les Espagnols ne tardèrent pas à y de remarquable, mais qui rappelle l'illustre rerevenir, et la réaction fut cruelle. On a décou- nommée de la cour de Mons dont les juges vert une liste de proscrits: elle porte les noms étaient autrefois des pairs institués au nombre de 380 individus, parmi lesquels se trouvent in- de douze par la comtesse Richilde. Les fortifiscrits ceux de 128 fabricants et orfévres. Le règne | cations de Mons furent reconstruites en 1815 des archiducs Albert et Isabelle ramena la paix : sur de nouveaux plans, et depuis, cette ville règne faible, destiné à énerver le peuple belge, passe pour la plus forte de toutes les places de mais sous lequel on s'étonna de respirer après guerre fortifiées d'après le système moderne ; les effroyables malheurs qui avaient ruiné le elle figure un polynome flanqué de quatorze baspays. Mons essuya depuis plusieurs siégestions, et ses environs peuvent être inondés à les Français s'en rendirent maîtres en 1691, et une grande distance. la gardèrent jusqu'à la paix de Ryswyck; ils l'oc- Un canal de Mons à Condé, commencé en 1807, cupèrent de nouveau en 1701; huit ans plus tard, sous le gouvernement français, fut terminé en Eugène et Marlborough la forcèrent à capituler. 1814. En 1816, il fut parcouru par 3,287 baElle échut à l'Autriche par le traité d'Utrecht. teaux, et en 1828 par 6,009.- Mons possède un Prise de nouveau en 1746, elle retomba sous collège d'humanités, une école des mines, l'autorité autrichienne en 1748. Joseph II fit dé- bibliothèque publique, une académie de dessin, molir ses fortifications en 1784. Ce fut presque une société des sciences et des lettres, et une sous ses murs que Dumouriez remporta la vic-société des bibliophiles fondée par MM. Chalon toire de Jemmapes, village qui donna son nom au département dont Mons devint le chef-lieu. Le monument le plus remarquable de la ville de Mons est l'église de Sainte-Waudru, bâtie en 1460 sur l'emplacement de la chapelle, fondée par cette sainte. Jean Dethuin et son fils en dirigèrent les travaux, d'après les plans d'un architecte italien; elle fut achevée en 1589, mais la tour | qui devait la surmonter ne fut jamais construite. Cette église peut être considérée comme un des plus beaux monuments d'architecture gothique. Son vaisseau est un chef-d'œuvre d'élégance et de hardiesse; les colonnes sont formées de faisceaux de nervures qui partent du sol et s'élèvent avec légèreté, pour aller se perdre, sans être arrêtées par des chapiteaux, jusque dans les culs-de-lampe des voûtes, en formant des ogives multipliées. L'église possède quelques excellents tableaux de Rubens et d'autres maîtres, mais ils sont ou en mauvais état ou détériorés par de maladroites réparations. - L'église de Sainte-Élisabeth est surmontée d'une flèche espagnole peu élevée, mais d'un travail assez remarquable; l'intérieur, qui a peu d'étendue, est d'architecture moderne. L'ancienne église des Visitandines a été, sous le gouverne-kart de Tirimont, diplomate, etc. L'histoire de ment des Pays-Bas, appropriée au culte protestant; elle sert aujourd'hui aux séances de la cour

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Cette ville est peu manufacturière; elle compte beaucoup de familles nobles et de rentiers; mais elle est le centre d'un immense commerce de houilles, de pierres, de chevaux, de bestiaux. Le charbon de terre s'y brûle à si bon marché que tout y sent la houille, tout y paraît noir ou gris, et l'atmosphère de fumée qui la couvre se détache comme une couronne jaunâtre. Hommes distingués. Roland Delattre ou Orlando Lasso, l'un des restaurateurs de la musique en Europe: M. Delmotte, qui, au moment de sa mort prématurée, préparait une Biographie montoise, a écrit sa vie; Philippe Dumont, élève de Delattre; Dubrucque ou Dubreucque, sculpteur; Dethuin, père et fils, architectes; Hallé, peintre; Gilbert, annaliste; Jacques de Guyse, chronographe reproduit par M. Fortia; Nicolas de Guyse, Rutcan, Malapert, | Ph. Brasseur, le marquis de Chasteler, H. Delmotte, auquel M. Hennesert a consacré une notice intéressante, littérateurs; Brisselot, Cospeau, Decker, Daelman, théologiens; la duchesse d'Albany, dont M. Delmotte a inséré l'article biographique dans les Archives du nord de la France de MM. A. le Roy et A. Dinaux; Scoc

Mons a été traitée d'une manière générale ou particulière par Vinchent, dont le manuscrit

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