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peu trop développé. A cet ordre appartiennent encore les monopses (μóvos, seul, wy, œil) monstres présentant, soit deux orbites réunis et deux yeux, soit un seul orbite avec deux yeux plus ou moins confondus, enfin un seul orbite et un seul œil ordinairement très-volumineux.

type dé leur espèce, de leur sexe. Pendant long- | stances, peut être pris pour un clitoris un temps, les monstruosités ne furent regardées que comme des jeux, des écarts extraordinaires de la nature aussi l'esprit admettait-il comme possibles les réunions d'organes les plus bizarres, et le domaine de l'imagination (voy. CHIMÈRE, SPHINX, GRIFFON, etc.) avait-il passé presque en entier dans celui de la science. On ne reculait, dans les explications des monstruosités que l'on rêvait, ni devant les accouplements les plus monstrueux, ni devant les prétendues influences exercées, sur la structure et la conformation de l'embryon, par des êtres extérieurs, de formes agréables, plus souvent hideuses, transmises par la mère. Grâce aux travaux de MM. Geoffroy Saint-Hilaire père et fils, Serres et Bréchet, en France, de Sommering, Meckel et Tiedemann, en Allemagne, la véritable science des déviations organiques, la tératologie (voy. ce mot), a été fondée. Actuellement le règne des anomalies organiques a cessé d'être un désordre aveugle, mais est devenu un ordre particulier soumis à des règles constantes et précises.

M. Bréchet divise les monstruosités en quatre ordres, savoir les agénèses (de yéveois, origine, avez l'a privatif), les hypergénèses (avec ¿ñép, au-dessus), les diplogénèses (ôinλóos, double), et les hétérogénèses (štepos, autre). Le premier ordre, les agénèses, renferme les monstres connus autrefois sous la dénomination de monstres par défaut. Ils sont le résultat d'un arrêt de développement, ou mieux, d'une inégalité de | développement. Ce sont des êtres entravés dans leurs évolutions organiques, et où des organes de l'âge embryonnaire conservés jusqu'à la naissance sont venus s'associer aux organes de l'âge fœtal. Parmi les espèces nous citerons monstres acéphales, c'est-à-dire totalement dépourvus de tête même quelquefois manquant d'une partie du tronc; les anencéphales (¿yxépaλos, cerveau, avec l'a privatif) caractérisés par l'absence plus ou moins complète du cerveau et de la partie supérieure du crâne; les hypospades (σñád, eunuque), caractérisés par un arrêt de développement du pénis donnant lieu, dans quelques cas, à des méprises sur le sexe véritable de l'individu; erreur assez facile à commettre lorsque, par exemple, la verge offre, au lieu d'une simple perforation uretrale, une fente allongée et rougeâtre qui divise la peau des bourses en deux parties latérales repliées, arrondies en forme de lèvres, et que, d'autre part, les testicules ont été retenus dans le ventre; en même temps que le pénis, en général fort court dans ces circon

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Le second ordre, les hypergénèses, renferme les monstres autrefois appelés monstres par excès. Leur production s'explique principalement par la théorie du développement centripète, fruit des travaux de M. Serres. D'après les idées de ce savant, lorsqu'un organe est double, le tronc ou la branche vasculaire qui le nourrit est double aussi; de même que l'absence d'une partie est liée nécessairement à celle de son artère. Ici viennent se ranger les fœtus qui offrent plusieurs doigts, plus de 24 vertèbres, ou de 24 côtes, ou de 32 dents, des muscles doubles, plusieurs mamelles, 2 ou 3 cœurs, 2 duodenum, 3 reins, 2 vagins, 2 utérus, 3 oreilles, 3 ou 5 yeux, etc. On y range aussi les géants (voy. ce mot).

Le troisième ordre, les diplogénèses, comprend les déviations organiques avec réunion des germes, les monstres connus autrefois sous le nom de monstres doubles (jumeaux). On y range les espèces suivantes : 1o 2 individus accolés par quelque point de la surface de leur corps et présentant chacun, en apparence du moins, toutes leurs parties distinctes; 2o 2 ou 3 individus accolés, mais avec fusion profonde et disparition de quelques-uns des membres; 3o 2 individus réunis dans leur partie inférieure, et séparés dans leur partie supérieure, ou vice les versâ. On dit qu'il y a pénétration, quand un fœtus en partie détruit fait saillie hors du corps du fœtus complet qui le nourrit, ou lorsqu'un fœtus est totalement contenu dans l'autre. La production de ces monstres est soumise à la loi de position similaire : en effet, la régularité de la disposition que présentent entre eux deux sujets réunis n'est pas rare, individuelle; elle est, au contraire, constante, commune à tous. Les deux sujets qui composent un monstre complétement ou partiellement double, sont toujours unis par les faces homologues de leur corps, c'est-à-dire opposés côté à côté, se regardant mutuellement, ou bien encore adossés l'un à l'autre; chaque partie, chaque organe chez l'un correspond constamment à une partie, à un organe similaire chez l'autre; chaque vaisseau, chaque nerf, chaque muscle placé sur l'axe Į d'union va retrouver, au milieu de la compli

cation apparente de toute l'organisation, le vais seau, le nerf, le muscle de même nom apparte nant à l'autre sujet, comme dans l'état normal, les deux moitiés primitivement distinctes et la térales d'un organe unique et médian viennent se conjoindre et s'unir entre elles sur la ligne médiane au moment voulu par les lois de leur formation et de leur développement. On arrive ainsi à cette conclusion : que deux sujets réunis sont entre eux ce que sont l'une à l'autre la moitié droite et la moitié gauche d'un individu normal, en sorte qu'un monstre double n'est, si l'on peut s'exprimer ainsi, qu'un être composé de quatre moitiés, au lieu de deux.

à carpelles simples, développent isolément cha-
cun de ces carpelles. Il faut distinguer aussi avec
soin les monstruosités des déformations : les
premières tiennent au principe même de la re-
production ; les secondes sont le produit de cir-
constances extérieures.
C. LEMONNIER.

MONSTRELET (ENGUERRAND DE), historien français, qu'on croit né vers 1390, est le continuateur de Froissart. La chronique qu'il a écrite nous est parvenue tout entière; mais l'auteur nous est à peine connu, bien que la cité de Cambrai, dont il fut prévôt, et où il résida du temps de la compilation de son livre, puisse, à ce double titre, l'adopter pour un de ses enfants. L'opinion générale est qu'il naquit dans le Pon

guerrand tenait encore à la Flandre par la dignité de bailli de Walincourt. Sa noble extraction lui fraya le chemin des honneurs, ainsi qu'on en voit la preuve dans l'obituaire des cordeliers de Cambrai, où sont relates tous les titres de cet

Le quatrième ordre, les hétérogénèses, renferme, suivant M. Bréchet, les déviations orga-thieu, où se trouvait la terre de Monstrelet. Enniques avec qualités étrangères du produit de la génération. En réalité, on y range à peu près toutes les formes de monstruosités qui ne rentrent pas dans les ordres précédents : ainsi on y trouve les fœtus extra-utérins, les produits de grossesses multiples, les albinos, les kakerlakshistorien, qui, selon la mode de ce temps-là, (roy. ces mots), les fœtus atteints de cyanose, de jaunisse, d'induration du tissu cellulaire; ceux dont les organes sont renversés, lorsque, par exemple, le cœur est à droite et le foie à gauche. Quant aux cas d'ectopie (èx ou is, hors de, Tónos, lieu) du cœur, avec fissures des parois thoraciques, du diaphragme ou des parois abdominales, ils nous sembleraient mieux placés, ainsi que les ectopies céphaliques, dans l'ordre des agénèses, car il y a ici arrêt de développement.

voulut se faire enterrer vêtu en habit de cordelier. Cet acte, qui porte la date de sa mort au mois de juillet de l'an 1455, le qualifie bien honnête homme et paisible. Les recherches les plus scrupuleuses n'ont pu faire découvrir rien de plus sur le continuateur de Froissart. Ce qu'il nous importe de savoir, c'est que sa position sociale le mettait à portée d'être bien informé des événements qui se passèrent de son temps. Dans le prologue de sa Chronique, il se présente comme s'enquérant des faits, «tant aux nobles Monstruosités végétales. Les phénomènes gens qui, pour honneur de gentillesse (noblesse), relatifs à la monstruosité considérée dans les ne doivent ou voudroient dire pour eux ni convégétaux se rapportent à deux ordres. Les uns tre eux que vérité, qu'aux rois d'armes, hérauts sont certainement des déviations des formes et poursuivants de plusieurs seigneurs et pays, normales, tels que les rameaux agglomérés de qui, de leur droit et office, doivent être de ces l'acacia - parasol, les panachures de feuilles, justes et diligents enquéreurs, bien instruits et les oranges à quartiers rouges entremêlés de vrais zélateurs. » Pénétré de la mission de l'hisquartiers blancs, les feuilles en capuchon des torien, Monstrelet se compare à un juge siégeant tilleuls, les étamines changées en pétales, comme sur son tribunal. Quelque fait lui paraissait-il dans les fleurs doubles. Les autres ne sont, au douteux, il prenait le soin d'interroger sur ce contraire, que des retours à la symétrie natu- point les seigneurs des différents partis; souvent relle de l'espèce: en effet, la forme normale des aussi il faisait parler à plusieurs reprises la même organes est altérée naturellement dans une infi-personne sur les mêmes particularités. Après ces nité de plantes, et comme cette altération se grandes délations de moi informer, ajoute-t-il, reproduit presque constamment, on en a fausse-ai pris mon arrêt en la déclaration et rapport ment conclu qu'elle représente leur état normal, des plus vénérables, et l'ai fait grosser (écrire) tandis qu'il serait exact de dire que la structure au bout d'un an, et non devant. » Riche de dohabituelle de ces organes est une véritable mon- cuments recueillis dans un si parfait esprit de struosité: ce genre de monstruosités n'est donc conscience, il les mettait en œuvre avec d'autant qu'apparent. C'est le cas de certaines variétés plus de fidélité qu'il occupait une place où rien de cerisier et de févier qui, contrairement à ce ne l'obligeait à rechercher l'amitié d'un parti, et qui a lieu chez les drupacés et les légumineuses à redouter la haine de l'autre. Toutefois, il n'a

révolte des paysans cauchois, l'instinct naissant, le réveil de la nationalité. Irréprochable sous le rapport de la partialité politique, Monstrelet ne s'est pas gardé toutefois d'une partialité plus excusable, c'est celle que lui inspirait sa tendre affection pour le duc de Bourgogne Philippe le Bon; et encore, dans les deux ou trois réticences qu'il s'est permises en rapportant des paroles peu mesurées de ce prince, il n'efface pas entièrement la trace de ce qu'il ne juge pas à propos d'énoncer; il a soin d'alléguer que la mémoire lui manque. On ne saurait pécher contre la vérité avec plus de conscience. Si l'on veut trouver Monstrelet véritablement en défaut, il faut s'arrêter à son style et à la forme vraiment indigeste de sa Chronique. Son récit marche len

des pièces officielles; soin précieux sans doute pour l'érudition, mais qui détruit tout le charme de la lecture. Ses réflexions sont en petit nombre, mais pleines de justesse; son esprit, ferme et judicieux, s'élève au-dessus des préjugés de son siècle dans son livre, point de contes de sorcellerie, d'astrologie, ni ces prodiges qui remplissent les ouvrages de ses contemporains. Quatre livres avaient été publiés jusqu'à nos jours sous le nom de Monstrelet, commençant à 1400,

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point échappé au reproche de partialité; on l'a accusé d'avoir poussé l'attachement pour la maison de Bourgogne et la mauvaise volonté pour la cour de France au point d'altérer souvent la vérité. Cette accusation tombe devant la lecture attentive de la Chronique de Monstrelet. On y voit que, loin de pallier les crimes de Jean sans Peur, il blâme ceux qui ont cherché à le justifier au sujet de l'assassinat du duc d'Orléans, frère de Charles VI. Il déplore l'impunité dont fut suivi un pareil attentat. Seul, entre tous les historiens de ce temps, il expose sans réserve toutes les circonstances de la plus horrible des actions du prince bourguignon, qui forma, en 1415, une conspiration contre la vie de Charles VI, de la reine, du chancelier de France et de plusieurs autres personnages illustres. Si, comme on l'atement; il s'interrompt à chaque pas pour citer prétendu, Monstrelet eût été Bourguignon fanatique, aurait-il loué comme il l'a fait plusieurs fois les chefs des Armagnacs? aurait-il blàmé comme « la plus piteuse chose, les excès et les grièves persécutions que chaque jour faisoient les partisans de Jean sans Peur?» S'il n'eût pas eu le cœur vraiment français, cet historien, gouverneur d'une ville libre impériale, et par conséquent hors de la sujétion du roi de France, aurait-il témoigné un intérêt si vif et si respectueux pour Charles VI? S'il eût été animé d'un malin vouloir contre la cour de France, aurait-il décrit d'une manière si touchante les infortunes et l'abandon du monarque? Autant il est peiné de l'état d'humiliation de la cour de France, autant il paraît blessé de l'aspect bien différent que présentait la cour d'Angleterre, au moment où l'heureux Henri VI vint étaler à Paris (1420) toutes les pompes de la puissance et de la victoire. En général, les réflexions auxquelles se livre Monstrelet indiquent un cœur compatissant aux misè-| res du peuple. Il semble alors s'élever au-dessus de lui-même; son style, ordinairement sans couleur et diffus, acquiert de la force et de la chaleur. S'il raconte les préparatifs et les commencements d'une guerre, son premier mouvement le porte à déplorer les maux dont il pressent que le peuple sera bientôt accablé. Peint-il le désespoir des malheureux habitants de la campagne, pillés et massacrés par les différents partis, on sent qu'il en était pénétré, et qu'il s'attendrissait en écrivant. Dans le récit de la révolte du pays de Caux contre les Anglais, on sent l'élan et le mouvement de la vie nationale; on voit que dans l'âme de l'historien comme dans le cœur de ses habitants, anglaise encore par la force des armes, la Normandie ne l'est plus par ses sentiments; et ici Monstrelet peint, dans la

auquel an finit le dernier volume de ce que fit et composa en son temps ce prudent et renommé historien, maistre Jehan Froissart » (Prologue du 1er livre d'Eng. de Monstrelet). Cette Chronique s'étendait jusqu'en 1467. Inconcevable irréflexion des éditeurs et des critiques jusqu'à nos jours! Comment n'avaient-ils pas songé que Monstrelet, mort en 1453, ne pouvait être l'auteur des treize dernières années de sa prétendue Chronique ? Il est également prouvé que les neuf années qui précèdent de 1453 à 1444 ne lui appartiennent pas davantage, puisqu'un contemporain de Monstrelet, Matthieu de Coussy, né au Quesnoy, s'exprime ainsi dans le prologue de son Histoire : « Je commencerai mondit livre depuis le vingtième jour du mois de mai, en l'an 1444, qui est la fin du dernier livre que fit et chroniqua en son temps le noble homme et vaillant historien Enguerrand de Monstrelet. » La Chronique de Monstrelet a été souvent réimprimée; l'édition de Denis Sauvage (Paris, 1572, 3 volumes in - folio) est magnifique; mais celle qui mérite le plus d'estime est l'édition donnée il y a quelques années par M. Buchon (Paris, 1826-1827). Un Mémoire de Dacier, sur la vie et les chroniques de Monstrelet, ouvre le 1er volume. On peut encore consulter ma Notice sur les historiens de Flandre,

couronnée par la société d'Émulation de Cam- | et qui change quelquefois de nom lorsqu'elle ocbrai, en 1827.

CH. DU ROZOIR.

MONT, MONTAGNE. On a comparé les aspérités qui couvrent la surface du globe aux rugosités que présente la peau d'une orange cette comparaison est loin d'être exagérée, car les plus grandes sommités, telles que le mont Blanc, élevé de 4,813m, le Chimborazo, de 6,554m, et l'Himalaya, de 7,821m, seraient si peu sensibles sur une sphère de 2m de diamètre que la plus élevée de ces montagnes n'aurait que 0.001 de hauteur.

La dénomination de montagne' ne convient qu'aux aspérités considérables : les géographes sont d'accord pour ne la donner qu'à des cimes de 300 à 400m au moins; celles qui sont inférieures ne méritent que la dénomination de collines, et quand celles-ci sont isolées, on les nomme monticules, éminences, buttes, selon leur élévation. Cependant ces distinctions sont plutôt relatives qu'absolues: ainsi une colline sera appelée montagne dans un pays de plaines, et au milieu des Alpes, nous pourrions citer des montagnes de 300m à 400m qui, auprès de cimes beaucoup plus élevées, ne paraissent être que des collines.

・ On distingue par des noms différents les parties d'une montagne. L'espace qu'elle occupe est la base; la partie inférieure qui commence à s'élever au-dessus du sol environnant est le pied; ses côtés, plus au moins inclinés, sont les flancs: lorsqu'ils sont presque verticaux, on les appelle escarpements; les points où les pentes cessent sont les extrémités; le point le plus élevé se nomme crête, cime ou faîte. Lorsque le sommet d'une montagne se termine par une surface plane, cette surface prend le nom de plateau. Si le sommet est une pointe aigue, on lui donne les noms d'aiguille, de corne, de dent, de pic. Ces dénominations varient selon les pays: ainsi les sommets arrondis portent dans les Vosges le nom de ballons, et en Auvergne celui de dôme, tandis que dans ce dernier pays les montagnes coniques portent la dénomination de puy.

Les montagnes et les collines sont souvent isolées; mais le plus ordinairement elles sont réunies de manière à former des masses qui reçoivent des dénominations différentes selon leur importance ou leur direction : de là les dénominations de chaînes, de rameaux, de contre-forts, de groupes et de systèmes. Une chaîne est une réunion de montagnes qui s'étend en longueur,

1 Mont (du mot latin mons), racine de montagne, a le même sens; mais on ne l'emplois guère en prose qu'avec un nom propre.

cupe une grande étendue. Un groupe est la réunion de plusieurs chaînes qui se prolongent dans diverses directions. Un rameau est un assemblage de montagnes peu considérables partant d'une chaîne. Un contre-fort est un rameau secondaire qui part d'un rameau principal. Un système se compose de plusieurs groupes liés entre eux. La crête ou le faîte est l'ensemble des sommets de toute la chaîne; c'est la crête qui détermine la ligne de partage des eaux descendant des deux côtés de la chaîne. On réserve le nom de cimes aux sommités qui s'élèvent sur les diverses parties d'une chaîne. Les flancs d'une chaîne se nomment versants, parce qu'on les regarde comme servant à verser les eaux dans les plaines ou bassins que ces chaînes circonscrivent; cependant on voit souvent le même cours d'eau passer d'un versant à l'autre d'une même chaîne. Ces versants sont remarquables en ce qu'ils n'offrent jamais les mêmes pentes des deux côtés de la chaîne: l'un est toujours très-escarpé et l'autre en pente douce.

Les massifs ou systèmes de montagnes ont évidemment contribué à la forme que présentent les continents, les péninsules et les îles; c'est du moins la conséquence que l'on doit lirer de ce fait général, qu'ils les traversent dans leur plus grande longueur, et qu'un grand nombre d'iles ne sont que la continuation d'une chaîne continentale. Nous pouvons citer plusieurs exemples à l'appui de ce fait. En Europe, le système le plus étendu et en même temps le plus compliqué est le système alpique. Bien qu'il se ramifie dans différents sens, puisque, dans la direction du nord, on voit aux Alpes se rattacher le Jura, les Vosges au Jura, et les Ardennes aux Vosges; tandis qu'au nord-est les Alpes vont se joindre aux Karpathes, au sud-est aux Apennins, et vers l'est aux Balkans, ce système n'en sillonne pas moins l'Europe dans sa plus grande dimension. D'autres systèmes présentent encore, d'une manière plus marquée, la disposition dont nous parlons ainsi le système scandinave s'étend du nord au sud dans toute la longueur de la péninsule dont il porte le nom; le système britannique s'étend du sud au nord dans la direction des îles Britanniques; le système sardo-corse du nord au sud comme les deux îles de Sardaigne et de Corse. En Asie, le système que nous avons appelé himalayen se prolonge de l'ouest à l'est dans la plus grande étendue de cette partie du

lière.

A ce nom répond en espagnol celui de cordillera, cordi.

monde. En Afrique, le système atlantique (voy, ATLAS), qui est le mieux connu, présente aussi cette disposition d'une manière bien marquée. Enfin en Amérique, les principaux systèmes de montagnes sont dirigés dans le sens du prolongement du continent,

Certains groupes de montagnes présentent, soit des ramifications qui approchent de la forme circulaire, comme le groupe de la Bérarde dans les montagnes de l'Oisans; soit des cirques allongés, comme celui que forme le groupe du MontDore dans le département du Puy-de-Dôme; soit des cirques complétement circulaires, comme celui de Kandy dans l'île de Ceylan.

lever ces dépôts sous un angle absolument égal à celui que forment les couches dont la chaîne se compose : ce qui indique, d'une manière précise, que ces montagnes se sont soulevées postérieurement à la formation des dépôts de sédiment dont il s'agit, et que si les dépôts sédimenteux qui s'appuient sur les dernières pentes de la chaîne sont en couches horizontales, c'est qu'ils se sont formés depuis le soulèvement de cette chaîne. A l'aide de ce principe qui est de toute évidence, M. Élie de Beaumont a déterminé douze systèmes ou époques de soulèvements qui présentent ce fait remarquable, que les plus récents ont été les plus violents et ont fait surgir les montagnes les plus élevées. J. HUOT.

Dans le vieux langage poétique, le double mont, c'est le Parnasse (voy.). Passer les monts, c'est passer les Alpes. On dit, promettre des monts d'or, promettre monts et merveilles, pour promettre de grandes richesses, de grands avantages. Vous me donneriez un mont d'or, des monts d'or, que je n'en ferais rien, signifie; Vous me donneriez tous les biens du monde que vous ne me décideriez pas. Cela lui coûte des

ment. Aller par monts et par vaux, c'est aller de tout côté. La montagne a enfanté une souris, c'est la morale de la fable, un grand projet n'aboutissant à rien, d'immenses efforts se tournant en fumée. Les montagnes ne se rencontrent pas, les hommes se rencontrent, se dit par menace pour faire entendre qu'on trouvera l'occasion de se venger, X.

MONTAGNE. Voy. LIBAN.

Toutes les dispositions que nous venons d'indiquer sont en général dues à l'action des soulèvements auxquels les montagnes doivent leur origine. Ce n'est pas une opinion nouvelle que celle qui attribue la formation des montagnes au soulèvement de la croûte terrestre on la trouve exprimée dans les plus anciens auteurs, dans les Proverbes de Salomon, comme dans le Boun-Dehesch attribué à Zoroastre. Sténon, qui étudia la structure de l'écorce terrestre, avait reconnu, en 1667, que toutes les couches de sé-monts d'or, veut dire : Cela lui coûte excessivediment ayant dû se déposer horizontalement, celles que l'on voit plus ou moins inclinées devaient cette position à une cause violente qui avait agi après leur consolidation. Au commencement de ce siècle, Werner était arrivé par l'observation à cette conclusion, que, dans un même district de mines, tous les filons d'une même nature doivent leur origine à des fentes parallèles. Ce fait conduisit M. Léopold de Buch à reconnaitre dans les chaînes de montagnes plusieurs lignes de direction, et à admettre que les chaînes parallèles appartiennent à des soulèvements contemporains. Il reconnut, d'après ce principe, au MONTAGNARDS D'ÉCOSSE. Voy. HICHLANDERS. moins quatre systèmes de soulèvements dans les MONTAGNES RUSSES. On sait que les Russes montagnes de l'Allemagne. M. Élie de Beaumont ont souvent fait tourner l'âpreté de leur climat alla encore plus loin : non-seulement il admit, à l'avantage de leurs plaisirs. Un des amuseavec M. de Buch, que les chaînes parallèles sont ments que leur procure la saison rigoureuse est contemporaines, c'est-à-dire, par exemple, qu'on de se laisser glisser sur la pente rapide de mondoit attribuer à des soulèvements successifs: tagnes artificielles construites avec la neige et la 1o les Pyrénées et les Apennins; 2o l'Erzgebirge | glace, ou bien échafaudées en bois et formant en Saxe, et le Mont-Pila, ainsi que la Côte-d'Or | d'un côté une pente recouverte de glace, dont en France; 3o les Alpes occidentales et le Jura; les dalles sont jointes entre elles, sans solution 4o la chaîne principale des Alpes et les monta- de continuité, au moyen de l'eau qu'on a fait gnes de l'Autriche, etc.; mais il reconnut que, couler en abondance le long de la pente. En se par un moyen très-simple, on pouvait détermi- congelant, cette eau forme une surface unie, sur ner les époques relatives de ces soulèvements. laquelle un petit traîneau glisse avec une vitesse En effet, l'observation le porta à penser que le prodigieuse. Cette descente, pour ainsi dire torsoulèvement d'une chaîne de montagnes avait rentielle, produit une sensation agréable; mais, dû occasionner des ruptures dans les dépôts de au moment où le traîneau est lancé de la platesédiment qui s'étaient formés à ses pieds, et re- forme supérieure sur le plan incliné, on n'est pas

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MONTAGNE, MONTAGNARDS. Voy. CONVENTION, CÔTÉ, CHABOT, COMITÉ DE SALUT PUBLIC, Jacobins, GIRONDINS, etc.

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