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Chambre des Députés; Jaurès, viceprésident de la Chambre des Députés ; Poirrier, Denys Cochin; Deville, président du Conseil municipal de Paris; Caron, président du Conseil général de la Seine; de Selves, préfet de la Seine, etc.

Huit tables sont perpendiculaires à la table d'honneur. Y prennent place les représentants anglais et plus de 250 membres du Parlement français, parmi lesquels on remarque MM. Henry Maret, Lintilhac, Dubief, de Pressensé, Ferrero, Aynard, Surcouf, Berger, Mill, Rabier, Lozé, Berteaux, Béraud, Lauraine, Raiberti, Fould, Vigouroux, GéraultRichard, Rouanet, Chautemps, Sembat,

etc...

Remarqué aussi Mme Séverine, MM. Jules Claretie, administrateur de la Comédie Française, Yves Guyot, Ch. Richet, Lucien Le Foyer, le peintre Eugène Carrière, les directeurs des grandes compagnies de chemins de fer,

etc...

Dès le début du banquet de nombreuses dames anglaises viennent prendre place dans les balcons de l'étage supérieur et sur les deux escaliers tournants, ajoutant, par leur présence, un charme exquis à cette fête.

Il est dix heures passées quand M. d'Estournelles prend la parole.

DISCOURS DE M. D'ESTOURNELLES

M.d'Estournelles de Constant, président du Groupe parlementaire de l'Arbitrage, donne lecture de nombreuses lettres de sympathie et de regrets adressées au Groupe de l'arbitrage, notamment des membres du gouvernement anglais et des principaux chefs du parti libéral, en ce moment retenus en Angleterre par les devoirs de leur situation:

De M. Barclay, retenu aux EtatsUnis, mais entièrement de cœur avec l'assemblée franco-anglaise ;

Du premier ministre anglais, M. Arthur Balfour, lequel jusqu'au dernier moment avait espéré pouvoir assister au banquet.

Voici le télégramme de M. A. Balfour:

J'ai attendu jusqu'au dernier moment pour vous répondre dans l'espoir que les circonstances me permettraient de venir. Je suis véritablement peiné de constater que des engagements officiels et publics m'empêchent définitivement d'accepter votre hospitalière invitation.

Cela aurait été pour moi une profonde joie de venir rendre aux membres du Parlement français leur visite et je vous prie de leur exprimer le grand désappointement que j'éprouve d'être obligé de renoncer à ce projet. (Applaudissements).

Signé BALFOUR.

M. d'Estournelles adresse ensuite en anglais aux membres du Parlement anglais quelques paroles de bienvenue. Il les remercie d'avoir été si nombreux (malgré tant de devoirs qui retiennent chez eux en cette saison les hommes politiques de tous les pays) à traverser le détroit pour venir en France. A notre grand regret, dit-il, nous ne disposons pas au Parlement de salle comparable à celle où vous nous avez reçus au palais de Westminster,mais c'est un motif de plus pour que nous tenions à vous accueillir d'autant mieux. Nombreux sont les membres du Parlement français qui, sans distinction de partis, ont voulu s'associer à cette manifestation de sympathie, et que j'ai le devoir de vous présenter et de remercier. (Applaudissements).

Continuant alors en français :

C'est d'abord M. le président du Conseil et les membres du gouvernement. M. Combes n'a pas attendu cette soirée pour affirmer son attachement au principe de l'arbitrage; il est des nôtres; il s'est implicitement inscrit à notre groupe quand il a prononcé, l'été dernier, en l'honneur de la conciliation internationale, le discours dont nous l'avons chaleureusement félicité et dont nous le remercions d'autant plus que ce discours vient d'être confirmé par un acte le traité du 14 octobre entre la France et l'Angleterre. (Vifs applaudissements).

Je tiens à saluer aussi l'homme de courage et de persistance inébranlable dont toute la vie s'est dépensée au service de la même idée, celui dont il semble que nous célébrions aujourd'hui la fête, celui qui a le privilège d'assister au triomphe de sa noble cause, j'ai nommé Frédéric Passy. (Acclamations prolongées).

Comment ne pas nommer en même temps le généreux artiste qui a voulu collaborer à notre manifestation en lui ouvrant sur l'avenir l'horizon sans limite Eugène Carrière, l'auteur de la belle gravure que vous avez sous les yeux. Fidèle à la noble inspiration de Michelet, il a figuré l'idéal qui finira bien par être celui de tout bon Français, de tout bon citoyen du monde civilisé : servir à la fois sa patrie et l'humanité. (Applaudissements).

Merci à nos invités, aux membres du Groupe dont chacun a contribué au service de l'œuvre commune, à nos présidents d'honneur, à l'éminent M. Berthelot, dont la haute autorité scientifique est pour nous un Palladium; à M. Waldeck-Rousseau, si dévoué, si bienveillant lui aussi pour notre œuvre et qui se promettait de vous adresser la parole ce soir, s'il n'en avait été empêché malheureusement par son état de santé ; à notre président et ami M. Léon Bourgeois, retenu, lui aussi, loin de nous, mais avec nous par le cœur et par la pensée; à M. le président du Sénat, à notre

vice-président du Groupe, M. Jaurès, à MM. Deschanel et Cochin qui, les uns et les autres, comme vous l'avez fait à Londres, vous souhaiteront la bienvenue, afin de bien attester que si nous sommes divisés à Paris, comme on l'est à Londres et ailleurs, nous savons aussi nous unir. (Applaudissements).

Qui donc, il y a quelques années seulement, aurait pu prévoir une assemblée comme celle de ce soir ? (Applaudissements).

Si j'avais osé l'espérer, qui n'aurait pas souri d'un pareil rêve ? Et pourtant ce rêve s'accomplit.

Vous êtes réunis, Messieurs, bien vivants, à cette table; non, ce n'est pas un rêve: c'est bien M. le président du Conseil qui est à côté de moi, c'est bien sir William Houldsworth, c'est bien vous tous, mes chers collègues des deux Parlements; vous êtes mes rêves réalisés; je donne la parole à mes rêves. (Longues acclamations).

L'allocution de M. d'Estournelles est accueillie par des hourrahs et avec une émotion unanime; puis sir William Houldsworth se lève.

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