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Nr. 7038. clôture des travaux du Congrès de Berlin. | Cet état de choses faisait naître land. pour le Gouvernement Royal une responsabilité dont il ne lui était pas per7. Sept. 1878. mis de méconnaître la gravité et les consequences. De plus, le Gonvernement Royal tenait à ce que l'interprétation qu'il donnait au silence de la Porte ne fût pas taxée d'arbitraire. || Par toutes ces raisons et pour fournir au Gouvernement du Sultan l'occasion de manifester ses vues touchant l'exécution des décisions du Congrès, le Gouvernement Royal vient de communiquer au Grand-Vizier, Lundi dernier, 21 Août/2 Septembre, un télégramme par l'intermédiaire du Ministre du Roi à Constantinople. || Par ce télégramme M. Coundourioti était chargé de demander au Grand-Vizir qu'une réponse catégorique fût donnée à la note du 5/17 Juillet dernier jusqu'à Vendredi 25 Août 6 Septembre. M. Coundourioti devait en même temps déclarer à Safvet-Pacha que le Gouvernement Royal ne pouvant que considérer comme un refus le silence de la Sublime Porte, se trouvera dans la nécessité d'avoir recours aux Grandes Puissances auxquelles l'Article XXIV du Traité de Berlin a attribué le droit de médiation, afin de les prier d'exercer ce droit, dans le cas où la Sublime Porte, après notre dernière démarche, n'aurait pas donné une réponse catégorique et affirmative à la note précitée. || Aux représentations de M. Coundourioti le Grand-Vizir a répondu qu'il consultera avec ses collégues et prendra les ordres du Sultan pour donner la réponse demandée. || En effet, le Grand-Vizir a dit hier à M. Coundourioti qu'il a invité le Ministre de Turquie à Athènes de nous faire connaître la réponse de la Sublime Porte, et que, dans la lettre écrite à cet effet à Photiades-Bey, le Gouvernement Ottoman déclarait ne pas pouvoir répondre à l'invitation du Gouvernement Hellénique avant d'avoir obtenu des Puissances une réponse au Mémoire qu'elle venait de leur adresser. Cette réponse est purement évasive. Elle tend à repousser toute entente entre les deux Gouvernements pour l'exécution de la décision du Congrès, et à faire entrer le Gouvernement Hellénique dans un cercle vicieux en lui créant des difficultés inextricables. || En présence de cette attitude de la Sublime Porte, qui cherche à éluder à l'exécution des décisions du Congrés, le Gouvernement Royal pense que le moment est venu de s'adresser aux Puissances et de les prier d'exercer le droit de médiation que l'Article XXIV du Traité de Berlin leur à conféré. || Les tentatives faites jusqu'à présent pour amener une entente avec la Sublime Porte nous ont convaincus que, sans la médiation des Grandes Puissances, il ne serait nullement possible d'obtenir même un commencement d'exécution des décisions du Congrès. || Le Gouvernement Royal n'ayant reçu aucune communication officielle du contenu du Mémoire adressé aux Puissances par la Sublime Porte, ne pourrait pas savoir si le Gouvernement Ottoman a le droit de s'attendre à une réponse de la part des Puissances. Il n'est pas non plus permis au Gouvernement Royal de rester dans l'inaction, en attendant que se produise le fait auquel SafvetPasha entend subordonner la réponse que nous lui avons demandée. || Mais, attendu que dans le cas même où la Porte aurait droit à une réponse de la

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part des Puissances, notre demande de médiation ne saurait y apporter aucune entrave, le Gouvernement Royal n'hésite pas d'adresser aux Grandes-Puissances land. la présente demande de médiation. || Vous êtes donc invité de demander une 7. Sept. 1878. entrevue au Ministre des Affaires Etrangères et prier le Gouvernement, auprès duquel vous êtes accrédité d'exercer le droit de médiation de concert avec les Puissances mentionnées dans l'Article XXIV du Traité de Berlin. || Vous voudrez bien donner lecture et laisser copie de la présente à son Excellence M. le Ministre des Affaires Etrangères. || Agréez, &c.

Th. P. Dely anni.

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GRIECHENLAND.

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Rede des Ministerpräsidenten (M. Kumunduros)

in der Kammer über die Grenzfrage.

(Extrait du Compte-rendu Officiel.)

et soyez les bienvenus

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Réunis après une absence de plusieurs mois vous désirez, naturellement, savoir ce qui a été fait dans cet intervalle. Je land. regrette de n'avoir pu remplir un moment plus tôt ce devoir d'autant plus 14. Oct. 1878. que la grande confiance que vous nous avez témoignée en vous séparant, la conduite patriotique de tous les partis envers nous, ont fait de notre oeuvre une chose sérieuse et accru notre responsabilité. Nous sentons, par conséquent, l'obligation de vous rendre compte de tout, et de vous donner, sur notre politique, et autant que les intérêts du pays le permettent, les explications les plus détaillées. Il en sera de même en ce qui concerne, et notre honneur personnel y est engagé, notre gestion financière. C'est ce que je vais faire en peu de mots; vous ne demanderez pas beaucoup de choses aujourd'hui; néanmoins nous enterrons dans tous les détails chaque fois que vous l'exigerez. Avant notre séparation, Messieurs, les provinces limitrophes étaient en pleine insurrection. Cela arrive chaque fois qu'une occasion se présente. De même qu'une plaie mal cicatrisée s'ouvre au moindre choc, les passions sociales, quand elles ne sont guéries, éclatent à la première occasion, et il n'est au pouvoir de personne de les conjurer. Donc, l'insurrection éclate, les victimes de ces passions prennent les armes, leurs parents, leurs concitoyens réfugiés en Gréce volent à leur secours. J'appuie sur ces mots pour prouver que l'insurrection est le fait des habitants des provinces soulevées qui l'ont soutenue de toutes leurs forces; je défie qui que ce soit de me prouver que les Chefs de l'insurrection n'appartenaient pas à ces provinces, et si l'on a vu en Crète un seul insurgé étranger à ce pays. Ces hommes, Messieurs, ont été suivis aussi par des citoyens de la Grèce libre. Et il n'en pouvait être autrement. Le sang, les souffrances, la langue, l'origine commune forment, pour ainsi

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14. Oct. 1878.

dire, un lien électrique qui unit toute la race des Hellènes et les vibrations
de l'un de ses membres se communiquent aussitôt à tout le corps. Aussi, dès
que la moindre secousse se fait sentir dans un pays Grec, elle remue l'Hellé-
nisme tout entier, et il faut une ferme volonté, une grande puissance sur soi-
même pour ne pas être entraîné. Quand on se plaignait de ces révolutions
qu'on nous demandait de les réprimer, nous répondions d'une manière in-
varible que cela nous était matériellement impossible, n'ayant ni assez de
vaisseaux pour surveiller nos côtes, ni assez de troupes pour garder nos fron-
tières, et aussi parce que nous n'avions rien à opposer à ce sentiment général,
aucune promesse de nature à les engager à déposer les armes. || Nous avons
dit que l'insurrection, dont nous aussi désirions la fin, ne pouvait cesser qu'en
faisant disparaître les causes qui l'avaient provoquée. La première réponse
et, si je me ne trompe, elle se trouve dans les documents qui vous ont été sou-
mis qu'on nous a donnée, c'était que l'Europe promettait, une fois l'insur-
rection apaisée, de veiller à l'amélioration administrative et à la sécurité de
ces provinces. La réponse et la promesse ne donnaient qu'une satisfaction
incomplète aux opprimés qui voulaient désormais vivre comme hommes. Aussi
ne produisirent-elles aucun effet. L'insurrection continua suivie des actes et
des malheurs qui accompagnent les révolutions. Cependant, la puissante Angle-
terre, qui, la première, s'est occupée de cette affaire, envoya ses Consuls sur
les lieux pour apaiser les provinces insurgées. Alors, on demanda aussi notre
concours. Nous leur avons fait la même réponse: "Nous ne pouvons, d'après
nos lois, nos moyens et notre position devant l'Hellénisme trouver des moyens
suffisants à cet effet, notre force morale ne suffit que lorsque l'Europe nous
promettra son appui, en nous donnant la garantie que les droits de nos mal-
heureux frères seront suffisamment protégés. C'est ce qui a été formulé dans
les télégrammes adressés par M. Wyndham à son Gouvernement." On a ré-
pondu à cette proposition en disant aux insurgés: "Déposez les armes;
vos droits n'en souffriront point, et, je prends sur moi", ajoutait l'Angleterre,
"que l'on entende, avec bienveillance, la Grèce les exposer dans toute leur
étendue." Elle disait en même temps à la Grèce, qui posait nettement, claire-
ment la question de l'union: "Soyez tranquille; je représenterai à l'Europe
que la révolution existe toujous, qu'elle ne cesse que par moi et pour moi; ne
persistez pas à demander la promesse de faire émettre une résolution en faveur de
l'union des opprimés à la Grèce; cela ne dépend pas seulement de moi, disait-
elle à peu près, qui en ce moment combat seule les résolutions séparées de
la Russie." Ces arguments, en effet, étaient pour nous irréfutables, et nous
constatons un grand progrès en comparant cette réponse à celle qui avait été
faite à M. Tricoupi. || M. Tricoupi, quand il était Membre du Cabinet dont
j'avais l'honneur de faire partie, s'était adressé à cet effet au Cabinet Anglais.
"Si", répondit-il, "des Puissances qui n'ont pas signé le Traité de Paris sont
admises au Congrès, la Grèce y sera certainement admise. Quant aux droits
des Grecs, soyez persuadés que nous ferons nos efforts pour que la race

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Grecque soit traitée comme les autres, qu'elle obtienne les mêmes avantages administratifs." | Il y a une grande différence entre les deux réponses; la land. question avait mûri, elle avait été fortifiée par des flots de sang. Au lieu de 14. Oct. 1878. dire qu'elle prendrait en considération la demande de la Grèce quand d'autres petits Etats seraient admis au Congrès, l'Angleterre s'engageait à faire entendre la Grèce avec bienveillance au Congrès; au lieu de la promesse que les Grecs obtiendraient les mêmes améliorations administratives que les autres Chrétiens de Turquie, elle a déclaré que les droits de l'insurrection restaient intacts, et qu'elle ne pouvait résoudre, elle seule, la question de l'union. Cela ressemble, Messieurs, à une promesse formelle. Telle était du moins notre conviction. Aussi avons-nous donné tout notre concours pour apaiser l'insurrection, et avons-nous félicité cordialement les insurgès. Pour la première fois, nous avons vu la question aussi promptement résolue, l'histoire nous enseignant que le droit, le faible ne l'a emporté en Orient sur l'injustice puissante que par une indomptable' persévérance et d'immenses sacrifices. Mais la question de l'insurrection se rattache à une autre difficulté, une difficulté intérieure. Vous vous rappelez les malheurs qui ont suivi la fin de l'insurrection de 1854. Le brigandage et les crimes ont déshonoré alors le pays, détruit des intérêts sérieux. Rien de pareil ne s'est heureusement produit pendant la dernière insurrection. Le repos du pays n'a pas été troublé, la sécurité publique n'a pas été atteinte. Ce n'est pas là seulement le fait d'énergiques mesures, mais aussi celui des progrès accomplis par le peuple, progrès qui lui fait aimer l'ordre et la tranquillité. Cependant quand l'Europe eut apaisé aussi cette insurrection - toutes les insurrections qui ont surgi depuis l'affranchissement de la Grèce ont été apaisées par l'intervention de l'Europe et non parce que leurs forces étaient épuisées par quelque grande victoire de leurs ennemis nous n'avons eu à déplorer aucun malheur à l'intérieur, et nous avons obtenu que les voeux des insurgés seraient exaucés. Nous n'avons eu d'autre charge que celle qui se produit à chaque révolution, l'entretien de plusieurs milliers d'Hellènes qui s'étaient réfugiés sur notre territoire pour y trouver la sécurité et des moyens d'existence. || Il était aussi de notre devoir de continuer les préparatifs militaires. De grandes commandes avaient été faites sous le Ministère précédent; nous les avons fidèlement exécutées par l'intermédiaire des mêmes personnes ou à peu près. Nous nous sommes occupés de les compléter dans la mesure de nos moyens. Aujourd'hui, nos arsenaux, nos dépôts sont pleins d'armes et de munitions. Je ne prétends pas que tout soit parfait; mais nous pouvons avancer que nous avons rémédié aux premiers besoins, que nous pouvons envisager les dangers avec confiance. Nous avons continué, selon vos instructions, à exercer des soldats, à amasser du matériel de guerre. Le budget que vous avez adopté portait l'armée à 28,000 hommes. Nous avons été forcés d'en porter dernièrement l'effectif à 35,000, dont 30,700 sont restés sous les drapeaux. Nous avons été malheureusement obligés de garder longtemps les réservistes, quoique leur

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engagement expirait à la fin du premier semestre. Nous l'avons fait ne sachant si les circonstances ne nous imposeraient pas l'obligation d'avoir sous les armes, non des conscrits, mais des soldats exercés. Une fois les circonstances passées, sans que rien de ce que l'on attendait soit arrivé, et que l'on compare, après coup, ce qui est avec ce qui pouvait être, on peut trouver sans doute beaucoup à redire; mais si on tient compte des circonstances, on verra qu'on ne pouvait pas agir autrement. Nous avons donc tenu sous les armes 30,000 hommes, dont 7,000 conscrits, 8,000 volontaires, 3,000 de la réserve régulière, et 10,000 de la réserve extraordinaire, ce qui nous fait 30,000 hommes, y compris la gendarmerie. || Nous dévions aussi prévoir à un autre objet sérieux, trouver les moyens qui sont la base de toute action, de toute résolution. Nous nous sommes efforcés de remplir une lacune, que les circonstances ne nous avaient pas encore permis de combler, je veux parler du réglement des anciens emprunts, qui donnaient prise aux insultes lanceés contre notre pays, l'atteignaient dans son honneur.

M. Zokhio. Malheur à nous! Je demande la parole.

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M. le Président du Conseil. Nous nous sommes occupés, je le dis avec orgueil et confiance, de combler cette lacune, et nous l'avons fait de la manière indiquée par l'intérêt et l'honneur du pays. Un arrangement honnête et avantageux a été conclu, et je serai désolé si le Parlement des Hellènes hésitait un moment à accepter cet arrangement; son hésitation portant atteinte à toute grande opération financière. Je le répète donc avec orgeuil; l'arrangement est conclu; on vous soumettra demain une loi à cet effet. Cette conduite honorable de la Grèce, ses sages procédés, le rigoureux accomplissement de ses obligations, ont relevé à l'extérieur le crédit dont elle a un besoin absolu pour ses opérations financières. Il est indispensable, urgent, de débarasser le pays du cours forcé, qui porte préjudice aux intérêts de l'Etat et des particuliers. Pour remédier à ce besoin et à d'autres du Trésor public, pour améliorer les voies de communication, nous avons fait des efforts en vue de contracter un emprunt à l'étranger. Ces efforts ont abouti; d'après les derniers renseignements que nous avons reçus, la Convention est sur le point d'être conclue. Il n'y a plus qu'une chose à discuter les garanties à donner pour le service de l'emprunt. Nous avons fait cela pour vous soumettre notre travail; c'est à vous à décider quand vouz aurez l'ensemble sous les yeux. Ainsi, par le relèvement de notre crédit à l'extérieur, nous aurons des ressources, et nous aurons réfuté le reproche de mauvaise foi et d'insolvabilité qu'on croyait pouvoir nous adresser. || Un autre devoir s'imposait à nous, la solution de la grande question extérieure. Quand nous nous sommes séparés la paix n'avait pas encore été signée. On discutait les droits des peuples sur les champs de bataille. La Grèce n'avait pas pris part à la guerre. J'insiste sur ces mots, ne désirant pas qu'on puisse nous accuser de lâchété, qu'on puisse dire que nous avons reculé devant la crainte de voir nos côtes ravagées par l'ennemi. Il serait absurde de prétendre que nous avons redouté la

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