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Le colonel-commandant, DE CHAMBOST.

PROCLAMATION. HABITANS DE La ville de Lyon,

Les troupes alliées quittent vos murs, et le soin de maintenir et d'assurer votre tranquillité est remis entre vos mains.

Brave garde nationale, c'est à vous que ce précieux dépôt est confié. Je ne vous demande pas de redoubler de zèle et de dévouement je sais que l'un est sans réserve, et que l'autre s'accroît avec les circonstances.

Vos anuales vous rappellent que le soin de vous garder vous mêmes fut autrefois le plus beau de vos droits, le plus précieux de vos priviléges.

Citoyens de toutes les classes et de toutes les opinions, les intérêts de la France sont désormais fixés; ses relations avec l'Europe rétablies; Ses destinées dépendent d'elle. Elle doit rassurer par sa sagesse ceux qu'elle avait alarmés par des entreprises.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Présidence de M. LAINÉ. Séance du 13 décembre. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi présenté le 4 décembre, portant que les quatre premiers douzièmes des contributions foncière, personnelle, mobilière, etc., seront provisoirement recouvrés sur les rôles de 1815.

M. le président consulte l'assemblée sur ce projet de loi, qui est adopté avec l'amendement proposé par la commission et consenti par le gouvernement. En voici le texte.

« Art. 1.er Provisoirement, et attendu le retard forcé qu'éprouvera la confection des rôles de 1816, les quatre premiers douzièmes de la contribution foncière, de la contribution personnelle et mobilière, de la contribution des portes et fenêtres, et de celle des patentes, seront recouvrés sur les rôles de 1815.

2. Toutes les mesures seront prises pour que l'émargement des sommes payées provisoirement, soit exactement fait sur les rôles de 1816, aussitôt qu'ils seront confectionnés.

3. Jusqu'à la promulgation de la nouvelle loi sur les finances, les impositions indirectes seront perçues en 1816, d'après les lois rendues dans la session de 1814, pour l'exercice 1815,

4

On procède au scrutin sur l'ensemble de ce projet de lui: en voici le résultat. Il y avait 255 votans. Le projet a été adopté à la majorité do 253 suffrages contre 2.

Que désormais toutes les opinions se réunissent, et que tous les sentimens se confondent. C'est le premier vœu d'un Roi grand sur le trône comme La discussion s'établit ensuite sur le projet de dans l'exil, et dont le burin de l'histoire a déjà foi, portant création de seize millions trentegravé le nom parmi les plus sages monarques qui quatre mille francs de rente sur le grand livre de aient jamais régné. Ce vœu qu'il proclame aujour-la dette publique, pour l'exécution du traité du d'hui est encore la dernière volonté du Roi martyr. 20 novembre. On procède au scrutin. Il est adopté Que de motifs pour qu'il devienne la règle de notre à l'unanimité de 226 votans. conduite, et la mesura de nos discours! Confiance entière dans un souverain qui sait allier dans une si juste mesure, ce qu'il doit à la sureté de ses sujets, et au premier besoin de son cœur, celui de pardonner. Que ce sentiment devienne désormais la religion politique des Français. Confiance entière dans un ministère à qui la fermeté ne manquera pas plus que les talens et l'expérience. Confiance dans les chambres, qu'un si noble dévouement anime, et qu'une unanimité si rassurante dirige. Quand la révolution est finie, les habitudes qu'elle a fait naître doivent finir également; et la plus funeste de toutes, est celle qui nous a accoutumés à scruter et à juger indiscrètement des actes qui, pour être justement appréciés, doivent être vus à la hauteur où se trouvent placés les pouvoirs dont ils émanent.

Habitans de la ville et du département, votre sort dépendra désormais de vous. Vous aiderez de votre confiance et de votre dévouement des magistrats, à qui ni la prudence ni la vigueur ne manqueront au besoin. Protection pour l'homme tranquille, indulgence pour l'homme égaré, sévérité implacable pour ceux qui nourriraient encore l'espoir des factions: telle est la ligne que leur trace leur devoir. Ils sauront la suivre.

VIVE LE ROI!

Le Comte CHABROL.
Par le préfet le secrétaire-général, MEULAN.

COUR DE CASSATION. La cour de cassation, présidée par M. Barris, s'est occupée, aujourd'hui 14, du pourvoi en cassation de Marie Chamans de Lavalette, contre le jugement rendu le 22 du mois dernier par la cour d'assises du département de la Seine, et qui le condamne à la peine capitale.

Six moyens de cassation ont été présentés, Discutés d'abord par M. Olivier, rapporteur, ils ont été plaidés par M. Darrieux, défenseur de l'accusé, et réfutés ensuite par M. Mourre, procureur-général.

Le premier moyen était tiré de l'incompétence de la cour d'assises pour connaître d'un crime qualifié par la loi de crime de haute-trahison et d'attentat à la sureté de l'état.

Le deuxième moyen était fondé sur ce que la présence des jurés n'avait pas été légalement constatée à l'audience du 21 novembre.

Le troisième moyen de cassation était fondé sur la manière dont la question a été posée pour le jury. Le défenseur a établi que, par une interversion de l'ordre naturel, les faits accessoires ont été présentés d'abord, et en dernier lieu le fait principal, comme une conséquence des précédens.

Le quatrième moyen se fonde sur ce que l'accusé ayant réclamé sur la position de la

question, l'arrêt intervenu sur sa réclamation n'avait point été minuté, mais seulement mentionné au procès-verbal, lequel n'est signé que du président de la cour et du greffier; tandis qu'aux termes de la loi, un jugement de la cour doit être signé par le président et les quatre juges qui y ont

concooru.

Le cinquième moyen était la présence aux débats d'un juge suppléant qui peut avoir pris part à la délibération, quand la loi ne donne à l'accusé que cinq juges.

Le sixième et dernier moyen en cassation présenté par l'accusé, était que le président n'avait pas fait remarquer aux jurés les preuves principales pour et contre qui résultaient des débats.

Le défenseur de l'accusé, en terminant son plaidoyer, a placé son client sous la protection des lumières de la cour contre l'insuffisance de son talent. Il a ajouté : « Si la cour de cassation n'existait pas, il faudrait la créer pour les jugemens en matière politique. Il est des circonstances où le salut public est la suprême loi; mais, quand le danger est passé, on peut rendre ses droits à cette belle maxime, suivant laquelle l'impunité d'un coupable est un moindre mal que Tinfraction des lois. »

Art. 1. Les pièces de 20 francs à l'effigie de Louis XVIII, sans nom de graveur, portant au revers de la pièce le millésime de 1815, la fleur de lis et la lettre R, ne pourront être données et reçues en payement dans les caisses publiques

2. Ces espèces seront reçues dans les hôtels des monnaies de Paris, Rouen, Lille, Bordeaux. Perpignan et Baïonne, pendant le délai de deux mois, à compter de la publication du présent.

Elles y seront admises comme étant au titre de 0,898, et payées en conséquence, conformément aux tarifs, au prix de 3084 fr. 13 c. le kilogramme. 3. A l'expiration du délai ci-dessus fixé, les pièces de 20 francs dites à la fleur de lis, ne seront plus reçues aux changes des hôtels des monnaies qu'en lingots, et payées sur le pied du titre cons taté par des essais, conformément aux tarifs.

4. L'administration des monnaies donnera, en ce qui la concerne, les ordres et instructions né cessaires pour l'exécution et la publication du présent arrêté. (Moniteur.)

INTÉRIEUR.

Paris, 12 décembre.

Le Roi a accordé, le 4 de ce mois, une auM. le procureur général a réfuté ces six moyens dience particulière à M. le comte de Fargues l'un après l'auire, et a conclu au rejet du pourvoi. maire de la ville de Lyon, membre de la chambre En terminant son réquisitoire, il s'est exprimé à des députés; ce magistrat a eu l'honneur de prépeu près en ces termes « Saus doute il ne faut senter à S. M. une adresse de la garde nationale pas être doué d'une grande sensibilité pour désirer de la ville de Lyon, et une délibération par lade ne trouver que des immocens, et pour éprouver quelle MM, les notaires de la ville et de l'arronan sentiment de joie à rendre un père de famille dissement de Lyon, supplient S. M. d'agréer aux siens et à la société ; et si les moyens présentés l'hommage des intérête de louré cautionnemens eussent reposé sur des bases plus solides, nous pendant trois années, à dater du 1er janvier 1815. nous serions unis au défenseur lui-même : mais, S. M. a accepté l'offrande patriotique de MM. les ajouta M. le procureur général, ses moyens nenotaires, et s'est montrée sensible aux sentimens sont point fondés. La loi a été observée; les exprimés dans l'adresse de la garde nationale. formalités exigées par elle ont été remplies; « Je sais et j'apprécie, a-t-elle dit, les motifs qui celles qui ont pu être omises ne sont nulle ont empêché la brave garde lyonnaise de mona ment de nature à entraîner l'annullation du juge- trer au mois de mars son attachement à ma personne. Je connois le bon esprit des Lyonnais, » et j'ai bien su les distinguer du petit nombre de factieux étrangers qui se sont agités dans leurs sur ma bonne ville de Lyon. » » murs. J'ai toujours compté et je compte toujours

ment. »

La cour s'est retirée dans la chambre du conseil pour délibérer; elle y est restée réunie trois quarts d'heure.

Elle est rentrée, et M. le président a prononcé l'arrêt qui rejette le pourvoi.

MINISTÈRE DES FINANCES. Le ministre secrétaire-d'état des finances, étant informé qu'il circule dans plusieurs départemens des pièces de 20 francs portant d'un côté l'effigie de S. M., mais sans nom du graveur, et sur le revers de la pièce, les armes de France, le millésime de 1815, et aux deux côtés de ce millésime une fleur de lis et la lettre R.

Considérant que ces espèces n'ont point été fabriquées dans les hôtels des monnaies de S. M., et qu'il est contraire aux lois d'en autoriser le cours ; Considérant cependant que les citoyens ont pu être induits en erreur, soit par l'exactitude du poids de ces pièces, soit par les circonstances qui accompagnaient leur émission, et qu'il peut être juste de leur en faciliter l'emploi ;

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Sur le rapport de l'administration des monnaies, arrête ce qui suit c

-Les ordres religieux doivent être rétablis en Piémont, tels qu'ils étaient avant l'occupation de ce pays par les Français.

L'instruction du procès du général Drouot s'instruit avec activité. On croit que le conseil de guerre s'assemblera la semaine prochaine.

NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
Londres, 9 décembre.
Extrait d'une lettre à bord du Northumberland.
Sainte-Hélène, le 19 octobre.

» Nous sommes arrivés ici le 16, après une trèslongue et très-ennuyeuse traversée, et nous avons débarqué Napoléon le 18. Il est actuellement logé à la campagne, chez un gentilhomme nommie Belcome, jusqu'à ce que Longwood soit préparé pour lui. Ceux qui l'ont suivi sont fatigués, et res grettent sincèrement, je crois, de l'avoir accom→ pagné. M.me Bertrand, qui parle assez bien an

glais, m'a dit aujourd'hui que l'flè était absolu- | prolongé assez avant dans la nuit, a peur d'être ment un désert, et le lieu de naissance du démon grondé par sa femme qui tient beaucoup à l'exacEnnui. Elle demande déjà à retourner en Europe, titude. Il ne voit rien de plus simple que de venir pour élever ses enfans. prier l'officier du poste de l'arrêter, et de lui permettre d'attendre au corps-de-garde la fin de la nuit; puis quand le jour paraîtra, de le faire conduire chez lui par deux gardes nationaux, certain que sa femme, au lieu de se fâcher, le plaindra au contraire d'avoir passé une mauvaise nuit. L'officier consent à tout et le fait entrer daus, sá chambre.

» J'ai dîné quatre fois avec Buonaparte à bord du Northumberland; il parlait peu à table, et en général il adressait la parole à l'amiral. Il prenait peu d'exercice, et dans le jour il se promenait seulement pendant environ deux heures après le diner. Le général Bertrand et Las Cases sont ses plus gran is favoris; il conversait rarement avec les autres. I jouait aux cartes tous les soirs, et l'après-midi aux échecs. Il se couchait de bonne heure, et se levait très-tard. Il était en général dans une mauvaise disposition d'esprit, et depuis qu'il est arrivé ici, elle ne s'est pas améliorée.

» L'ile est très-strictement gardée; il y a des signaux entre tous les ports de file et les vaisseaux; des bateaux de garde et des bricks croisent autour, en sorte qu'à moins qu'il ne puisse s'envoler, il est impossible qu'il s'échappe. Il n'est permis à persomme d'être absent de son vaisseau après le coucher du soleil, et chaque vaisseau est prêt à filer son câble au premier signal. >>

On rapporte que durant le voyage, le général Bertrand a dit à l'amiral Cocheburn, que Buonaparte était très-sensible à ses attentions. L'empereur, a-t-il ajouté, est si reconnaissant, que ce matin il me disait, que quand même il trouverait l'occasion de s'évader, il n'en profiterait pas, et qu'il ne voudrait pas compromettre un officier qui le traitait si honorablement. L'amiral a répondu : « S'il m'avait dit cela lui-même, j'aurais mís deux » sentinelles à ses côtés. »

(Journal des Débats.)

GRAND THEATRE.

Cependant Mad, de Versac, tourmentée par le prétendu billet doux que le caporal St-Léon lui a fait tenir, prend l'uniforme de son mari, et court à sa place au rendez-vous indiqué. Mais la sentinelle la fait entrer malgré elle au corps-de-garde. Le père Laquille, instructeur de la compagnie oblige ce nouveau camarade à faire l'exercice. On revient de la patrouille, Mad. de Versac reconnaît St-Léon; elle implore sa protection, et StLéon s'empresse de prouver à cette dame qu'un fat peut quelquefois être utile; il la fait donc passer pour son frère. Mais voilà qu'on fait l'appel des hommes du poste, et au lieu de dix, il s'en trouve onze. Le jour paraît; il est question de reconduire. Versac chez lui, et sa femme est désignée pour cette corvée. Surprise de la part de Versac, surprise encore plus graude de la part de sa femme; reconnaissance, explication et raccommodement.

A quelques invraisemblances près, cette intrigue paraît nouée avec adresse. Ce qui contribue beaucoup à l'égayer, ce sont certains détails de localité qui sont à la portée de ceux qui ont monté la garde. L'instructeur, le tambour, la marchandə d'eau de vie, un certain M. Pigeon qui n'a point encore d'uniforme, et qui monte sa garde en habit maron, donnent à cette bluette un air de connaissance qui a beaucoup égayé le public; plusieurs

Première représentation d'une nuit de la garde couplets tournés avec facilité, offrent des allusions nationale, tableau-vaudeville.

La garde nationale a acquis, dans les deux années malheureuses que nous venons de traverser, des droits incontestables à la reconnaissance publique. La ville de Lyon'n'oubliera pas ce qu'elle doit à ces soldats-citoyens, dont le zèle et l'attitude imposante ont maintenu l'ordre et la tranquillité au milieu des événemens les plus effrayans et des circonstances les plus critiques. C'est, à coup sûr, une idée heureuse que celle d'exciter l'intérêt des Français, en mettant en scène la garde nationale.

Avant tout, il faut une intrigue au théâtre; voici celle que les auteurs de ce vaudeville ont imaginée. La scène se passe au corps-de-garde. Le caporal St-Léon et son ami Dorval sont tous deux de service. Le premier fait part à son camarade qu'il a demandé la main de la jeune sœur de Mad. de Versac, et que cette dame, dans la lettre qu'elle lui a écrite a ajouté, à la suite d'un refus: Je n'aime pas les fats; ma sœur pense comme moi. St-Léon, pour se venger, veut exciter la jalousie de Mad. de Versac, en lui faisant savoir que son mari doit avoir un rendez-vous avec une jolie

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qui ont été saisies avec empressement.

La pièce est fort bien jouée. Vizentini remplitle rôle de M. Pigeon avec une vérité qui retrace la nature. Le tambour l'Eveillé est un petit galopin bien vif, bien étourdi, représenté au naturel par cette charmante actrice, M.lle Chaubert qui joue si bien les ingénues. M.lle Valbourg fait plaisir dans le rôle de Mad. de Versac; il ne lui manque qu'un peu d'assurance qu'elle acquerra par l'exercice. Les autres acteurs sont bien dans leurs rôles ; il eût été à désirer qu'ils parlassent plus haut, vu l'affluence des spectateurs qui remplissaient la salle.

L.

M. Brion, médecin, continue de vacciner gratuitement dans son domicile, quai St-Antoine, n.o 34, au deuxième étage.

Effets publics, du 14 décembre. Cinq pour cent consolidés, jouiss. du 22 sept. 58 f. Actions de la banque, jouiss. du 1er juillet. 1038 f. 75 c. Obligations du trésor. Pour cent, perte par an, 7 1/2.

femme. Versac, qui de son côté a assisté à un bal ¦ De l'imprimerie de J. B. KINDELEM, rue de l'Archevêché,

SUPPLÉMENT AU N.° 135.

Suite des observations sur les maladies rachi- | dans ce faubourg, au bout d'un certain temps, en re

tiques, publiées par M. Beaumont.

J'ai pris envers le public l'engagement de donner par sémestre le résultat des observations, chaque jour plus nombreuses, des guérisons que j'ai obtenues dans différentes espèces de maladies rachitiques, accompagnées de difformités qu'on regarde communément comme incurables; fidèle à mes promesses, je vais l'entretenir de quelques cas intéressans qui méritent de fixer son attention. On est étonné aujourd'hui de voir dans les grandes villes un nombre aussi considérable de personnes, des deux sexes, atteintes de difformités. Il semblerait que la race humaine tend à se détériorer dans ces grandes réunions d'habitans; en effet, les différens ordres de la société s'y trouvent également frappés de cette funeste dégénérescence. Ce n'est pas seulement le malheureux ouvrier, obligé de courber son corps pendant tout le jour sur des machines fatigantes et pénibles à mouvoir; ce n'est pas seulement ces êtres misérables qui n'ont pour assouvir un appetit vorace que des alimens grossiers, peu substantiels et à peine suffisans: on voit également l'enfant du riche participer à cette horrible affection. Il n'est point de mon objet de rechercher les causes de ces désordres, ni d'indiquer les moyens hygiéniques ou médicaux propres à les prévenir ou à les combattre : comme cela regarde plus spécialement les médecins, je dois me borner ici à parler seulement des avantages que procurent les moyens particuliers que j'emploie pour les individus qui sont confiés à mes soins. Beaucoup de parens, douloureusement affligés de l'aspect hideux qu'offrait la conformation de quelques-uns de leurs enfans, ont maintenant à s'applaudir de la confiance qu'ils m'ont accordée. Ce n'est pas que je veuille me prévaloir sur d'autres perSonnes adonnées comme moi à cette partie intéressante de l'art de guérir; mais j'ai le droit, après de nombreux sacrifices faits envers la classe indigente, après un travail soutenu, des efforts multipliés et des méditations profondes, j'ai le droit, dis-je, de faire part au public de mes nombreux succès à mesure que je les obtiens. C'est une douce consolation que je ménage aux parens qui forment des craintes sur la santé des objets chers à leur tendresse.

Dans ces contrées, on est assez dans l'usage d'envoyer dans les climats du Nord les personnes contrefaites, pour les confier à des artistes mécaniciens qui ont acquis une réputation plus ou moins méritée, comme guérisseurs de ces sortes de maladies, et qui retiennent chez eux comme pensionnaires celles qui leur sont adressées; mais l'on ne fait pas attention cher bien loin, tandis qu'elle est sous la main, l'on transque pour une mécanique qu'on va cherporte ces malheureux enfans dans un climat infiniment défavorable à leur maladie. On sait que les pays montagneux du Nord, dans les vallées desquels règne constamment un air froid et chargé d'humidité, sont plus propres à développer ces maladies qu'à en arrêter le cours. Ce ne sera pas seulement un mécanisme disposé à résister aux efforts qui tendent à déformer la taille, qui remplira ce but, si les causes physiques qui agissent sur l'individu concourent encore à l'affaiblir et à favoriser les progrès de son mal; ces moyens, au contraire, deviendront plutôt une surcharge incommode qui nuira davantage au malade, et rendra son état incurable. Il faut donc aux personnes atteintes de difformités, outre un mécanisme convenable, une nourriture saine, des remèdes appropriés et un air lucide élastique, sec et salubre, qui soit sans cesse renouvelé par les différens rhumbs de vents. Tous ces avantages se trouvent réunis d'une manière privilégiée autour de la ville de Lyon, et les hauteurs de la Croix-Rousse le possèdent spécialement; on sait que les enfans rachitiques que l'on met en pension

descendent ordinairement mieux portans ou guéris.

j'adapte aux diverses difformités. Celui que j'ai adopté J'ai imaginé plusieurs espèces de mécanismes que laquelle j'ai joint le portrait d'une jeune personne pour pour les déviations de la colonne vertébrale, avec déformalgré sa grande difformité; j'ai aussi fait fabriquer ditmation de la poitrine, est représenté ici par une figure à qui on en a fait usage, et qui a été guérie par son moyen, bres inférieurs ; j'en parlerai une autre fois dans un article férentes machines ingénieuses. Pour toutes les autres esparticulier, et j'en donnerai aussi la figure, pour éloigner pèces de diftormités, et notamment pour celles des memtout soupçon de charlatanisme de ma part.

romaine, et elle avait une mamelle plus saillante et plus M. Martin le jeune, médecin distingué de cette ville, développée que celle du côté opposé; je lui appliquai le m'adressa il y a près de trois mois une demoiselle trèscontrefaite. La colonne vertébrale était contournée en S mécanisme, qui, de concert avec les remèdes administrés par ce médecin, ont produit des effets admirables en bien peu de temps. Aujourd'hui la colonne a repris sa lanie s'est nivelée, et il reste aujourd'hui très-peu à faire rectitude naturelle; la difformité qui existait entre les deux mamelles s'est effacée; l'épaule qui était plus sailladie de ce genre, et dont la guérison avance de jour en jour d'une manière sensible. pour obtenir une guérison radicale. M. Martin m'a encore confié une jeune personne de huit ans, offrant une una

demoiselle de seize ans, devenue toute contrefaite à la suite d'une maladie de six mois. Ce mécanisme lui fut M. Jouve m'a fait faire le même mécanisme pour une appliqué lors de sa convalescence, avec ordre de la part de ce médecin de le faire porter nuit et jour cette jeune de trois semaines, et est toujours allée de mieux en personne, dont la stature était devenue comme on le dit, mieux. L'idée du médecin, de faire porter constamment tout-à-fait rabougrie, a repris sa taille naturelle au bout prompte de la malade. le mécanisme a beaucoup contribué à la guérison

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M. Poulin voit actuellement un enfant de la rue Royale qui présentait une difformité considérable. Son mal avait fait des progrès tels, qu'elle ne pouvait plus marcher sans être soutenue par quelqu'un, et son état était du reste très-fâcheux. Les remèdes administrés par ce médecin et le mécanisme, ont produit l'effet désiré; aujourd'hui elle marche bien; elle a repris son appetit, et tout annonce une guérison parfaite dans cinq à six mois.

ans,

elle offrait une gibbosité considérable, faisant ses prin-
M. Clermont m'a recommandé une jeune fille de quinze
cipales saillies vers l'omoplate du côté droit et la mainelle
dont l'accroissement était très-retardé pour son age;
gauche. Les chairs étaient molles et d'une pâleur livide;
qu'elle porte encore; on lui a aussi administré les re-
elle avait peu d'appetit, et était naturellement portée
rester dans l'inaction. Je lui appliquai le mécanisme
diminuer sa difformité.
mèdes appropriés, entre autres le colchique d'automne,
et cette jeune fille a repris de la vigueur et a bientôt vu

brude, a été mise entre mes mains par M. Colomb, pra-
Une jeune demoiselle qui était en pension chez MM. La-
indiqua; M. Colomb, de son côté, régla le traitement,
ticien recommandable, qui m'ordonna de lui appliquer
le mécanisme avec des modifications particulières qu'il
et cette demoiselle, dont la taille était extrêmement dé-
fectueuse, a guéri comme les autres.

ans, qui me fut envoyée par M. Cartier, ancien chirure
La figure ci-dessous représente une fille de dix-sept

(2)

gien en chef de l'Hôtel-Dieu, et par M. Colomb; M. Gi- | de celui de la jeune fille,
fibert fils et M. Clermont l'avaient aussi vue. Elle a été lement guérie,
traitée par le corset dont j'ai fait tracer le dessein à côté

et elle est aujourd'hui radica

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A

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B

C..

Explication des Figures.

AA, ligne verticale du corps. B, déviation de la colonne vertébrale, et gibbosité formée par l'omoplate droit. C, saillie extrême du sternum. D, courbure anguleuse de la portion cervicale de la colonne vertébrale qui rejette la tête tout-à-fait en avant. E, autre angle de la colonne lombaire. F, représente le bras émacié.

aa, ligne centrale du corset qui répond à la ligne verticale du corps, et sur laquelle on fixe les ressorts destinés à redresser le col et à soutenir la tête. b, baleines en fer dont est formé le corset. c, béquilles mobiles pour supporter les épaules et graduer à volonté leur élévation. d, ressort à boudin. e, poulies de renvoi pour le mouvement des béquilles., évasement qu'offre le corset pour recevoir les hanches, qui sont le principal point d'appui du mécanisme. g, ressort particulier, h, collier mobile. i, charnière du collier.

Ce mécanisme très-simple, et susceptible de recevoir toutes les modifications qu'exigent les diverses diffor mités, n'a pas l'inconvénient justement reproché aux autres corsets, de gêner le développement de la poitrine dans l'acté de la respiration, de comprimer les organes Je terminerai cette notice, en annonçant que j'ai traité gastriques, ni de s'opposer à la liberté de la circulation. dernièrement une jeune demoiselle qui était dans la pen sion de M.me Miége. Elle était bofteuse par l'effet d'une son arrivée qu'avec des béquilles; un mécanisme parti luxation consécutive du fémur, et ne pouvait marcher à avec un sonlier au bout d'une année. Je continue toujours culier que je lui ai placé, l'a mise dans le cas de marcher la confection des bandages, et de tout ce qui concerne le chirurgien herniaire.

BEAUMONT, place des Cordeliers, maison du Concert

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