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surintendant de la musique du Roi. On se rappelle que ce compositeur célèbre n'avait jamais obtenu sous le dernier gouvernemenl ni place, ni décoration, parce qu'à la fin d'une discussion assez` 'vive sur la musique, il avait dit à Buonaparte : « Si nous parlions de la guerre, je me tairais. »

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- Une ordonnance du 26 décembre, en exécution de celle rendue le 26 septembre dernier, à Feffet d'autoriser les villes et communes dr royaume à reprendre les armoiries qui leur avaient été attribuées, règle le tarif des droits à payer pour l'expédition et seeau des lettres-patentes qui seront délivrées par la chancellerie de France aux villes et communes, pour renouvellement d'armoiries anciennes. En conséquence, les villes et communes sont divisées en trois classes. Dans la première sont placées les villes chefs-lieux de département, ou qui n'ayant pas de préfecture sont cependant le siége d'une cour royale: droits du sceau, 150 fr.; droits des référendaires, 40 fr. Dans la seconde classe sont les villes et chefslieux d'arrondissement, ou qui n'ayant pas de sous-préfecture, sont le siége d'un tribunal civil ou d'un tribunal de commerce: droits du sceau, 100 fr., droits des référendaires, 30 fr. La troisième classe comprend les villes et communes, qui n'ayant point d'établissement, ne peuvent être comprises dans les deux autres classes: droits du sceau, 50 fr.; droits des référendaires, 20 fr.

A l'égard des villes et communes qui n'auraient pas encore obtenu d'armoiries, et auxquelles le Roi jugerait à propos d'en accorder, les droits seront, pour celles de première c asse, 600 fr. et 100 fr.; pour celles de deuxième classe, 400 fr. et 50 fr.; pour celles de troisième classe, 200 fr. et 25 fr.

soit

Les corporations, associations civiles, ecclésiastiques, littéraires et autres, auxquelles le Roi ou ses prédécesseurs auront conféré quelque titre, seront soumises, soit pour la concession, pour le renouvellement, après vérification, aux mêmes droits que les villes, chefs-lieux et communes auxquelles elles appartiendront.

-Une ordonnance du Roi, du 30 décembre, nomme directeur de l'imprimerie royale, M. Anisson Duperon, maître des requêtes honoraire au conseil-d'état.

Ainsi, l'administration de l'imprimerie royale, dont le nom rappelle celui de l'imprimerie du Louvre, se trouve rétablie sous la direction du fils de l'infortuné Anisson, mort victime de la révolution en 1793, et dont la famille comptait, sans interruption, une suite de directeurs de cette imprimerie, depuis Jean Anisson, habile et savant imprimeur de Lyon, que Louis XIV appela pour lui confier la direction de son imprimerie royale.

-M. l'évêque de Versailles vient de publier un mandement pour ordonner qu'il soit célébré chaque année, le 21 janvier, dans les églises de son diocèse, un service funèbre expiatoire et

solennel pour le roi Louis XVI, immolé à cette fatale époque.

Il appartenait sans doute au diocèse, et surtout à la ville de Versailles, de fonder la première cette noble et sainte expiation en faveur d'un Prince dont se retracent par-tout, dans cette cité royale, et les bienfaits et les touchans souvenirs. Le prélat, dans l'institution de cette grande solennité, n'a dono fait que proclamer le vœu de ses diocésains: il est temps, en effet, de consacrer les honneurs funèbres au meilleur comme au plus malheureux et au plus religieux des Princes, et de lui rendre le tribut perpétuel d'hommages et de regrets que la religion ainsi que notre piété réclamaieut pour lui depuis plus de vingt ans. Ah! n'est-ce pas un besoin pour tous les cœurs français d'expier, par cet acte solennel et public, un crime que nous n'aurons jamais assez pleuré ? de montrer sur-tout, par notre deuil, nos regrets et nos larmes, que ce crime ne fut pas celui des Français, toujours amis fidèles de leurs maîtres, mais de quelques hommes seulement, égarés par des passions étrangères?

Avis aux Amateurs de Musique vocale.

MM. Romagnesi, de Paris, et Simonis, de Parme, se sont réunis pour composer un Journal de chaut italien et français, qu'ils présentent au public sous le titre de Journal des Amateurs (1).

Ce Journal, formé de pièces fugitives, d'une composition simple et d'une exécution facile, telles que romances, cavatines, nocturnes, etc., arrangées pour le forté-piano ou la harpe, et choisies parmi les productions des auteurs les plus connus de la France et de l'Italie, paraît par livraisons, le 1er et le 15 de chaque mois, à dater du 1er octobre 1814. Chaque livraison contient un morceau français et un morceau italien, en sorte que la collection complète du Journal réunira 48 morceaux différens.

La réputation de MM. Romagnesi et Simonis, dans le genre des compositions qui doivent former le Journal des Amateurs, et sur-tout la bienveillance dont S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulème, a daigné honorer M. Romagnesi, en accep tant la dédicace du recueil qu'il publie, ne peuvent que donner une excellente opinion de son entreprise; et déjà les livraisons qui ont paru jusqu'à ce moment, formées de romances, cavatines et nocturnes, font présumer que le Journal des Amateurs aura un grand succès, si, comme nous le présumons, les livraisons qui paraîtront successivement ont le même degré de mérite.

(1) Le prix de la souscription est de 25 fr. pour l'année, payée d'avance; il n'est que de 12 fr. 50 c. pour la partie italienne ou la partie française.

On souscrit à Paris, chez M. Romagnesi, rue de Richelieu, n.° 78. Les lettres doivent être affranchies.

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Copie de la lettre écrite à M. le lieutenant-général comte de Précy, par Son Exc. M. le gouverneurgénéral de la 19. division militaire.

Lyon, le 6 janvier 1815.

Le gouverneur-général comte Roger de Damas se fait un devoir de répéter M. le lieutenantgénéral comte de Précy la satisfaction qu'il a éprouvée de la parfaite tenue et du maintien mililaire de la garde nationale; il le prie de vouloir bien se rendre l'interprète de ses sentimens près de MM. les officiers de tous grades, et de cette excellente troupe, et de donner les ordres nécessaires pour qu'il soit connu dans toutes les compagnies, que le gouverneur-général se trouvera heureux de porter à la connaissance du Roi et de MONSIEUR, par le courrier de demain, tout ce qu'ils ont à attendre du bon esprit et de la conduite de la garde nationale de Lyon, si noblement dirigée par M. le comte de Précy.

Signé COMTE ROGER DE DAMAS.

Pour copie conforme : Le major premier aide-de-camp du lieutenantgénéral comte de Précy,'

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neiges et boues, ils seront insuffisans, si les habi tans négligent de remplir les obligations qui leur sont imposées, et dont suit la teneur :

Extrait de l'ordonnance de police du 17 janvier 1806.

Art. 9. Tous les habitans de cette ville, de quelque état qu'ils soient, occupant les boutiques, magasins et rez-de-chaussées, sont tenus de balayer ou faire balayer exactement chaque jour, avant sept heures du matin en été, et avant huit heures en hiver, les rues dans toute l'étendue qu'ils occupent, jusqu'au milieu d'icelles; et les places et quais, jusqu'à six mètres de distance de leurs habitations.

» Ils doivent faire relever contre les murs, en un ou plusieurs tas, les boues, balayures et autres immondices, et faire balayer et laver les ruisseaux pour qu'il n'y reste aucune eau stagnante et bour beuse. Ils doivent, en outre, faire arroser le pavé chaque jour en été, à neuf heures du matin, et à deux heures après midi. Dans les maisons' où il n'y a point d'habitans au rez-de-chaussée, ces obligations concernent ceux des premiers étages, et dans le même cas, elles sont communės aux chefs ou administrations des bâtimens publics, tels qu'hôpitaux, églises, lycées, prisons et autres.

10. » Défenses sont faites à toutes personnes de jeter, de jour ou de nuit par les fenêtres, dans les rues, places et quais, culs-de-sac, ruelles, et même dans les cours, aucunes ordures, vases de nuit, balayures, débris de cuisine ou autres, de secouer les balais et peignoirs par les fenêtres.

18.» Aussitôt qu'il y aura sur le pavé, de la neige ou de la glacé, les citoyens occupant les rez-de-chaussées des maisons, seront tenus de les faire enlever et de les amonceler, savoir: dans les rues et dans les places occupées par les marchés, contre les maisons; dans les autres places, au milieu d'icelles, sans néanmoins pouvoir les porter dans l'intérieur des banquettes des places Louisle-Grand, dés Terreaux et de St-Jean; et à l'égard des quais, les neiges et glaces seront portées sur

la partie d'iceux la plus éloignée des maisons, de manière que le passage des gens à pied et des voitures ne soit point obstrué, et que les tombereaux à ce destinés puissent facilement les enlever. Il y aura lieu à poursuite et amende contre les contrevenans, toutes les fois que, deux heures après que la cloche pour averir aura passé, les neiges et glaces ne seront pas levées et amoncelées, lors même que ce serait un dimanche ou an jour de

fète.

19. Dans les rues aboutissantes aux quais de la ville, ceux qui demeurent dans les parties desdites rues les plus voisines, et à 60 pas de distance desdits quais, sont également tenus d'y faire porter les neiges et glaces.

20. » Il est défendu à toutes personnes de porter ou faire porter, après le passage des tombereaux, les neiges et glaces de l'intérieur de leurs maisons, dans les rues; ils doivent les faire transporter directement sur les places et quais, à quelque distance que ce soit, ou attendre le lendemain à s'en débarrasser, avant le passage desdits tombereaux.

21. » Il est expressément défendu de jeter, du haut des maisons dans les rues, les neiges qui seraient sur les toits, balcons et banquettes des fenêtres; il est néanmoins ordonné de rompre les glaces pendantes aux gouttières, jets-d'eau, chanées et forgets, eu avertissant les passans.

22. » Il est défendu aux chapeliers, teinturiers, calandreurs et gens de tous autres métiers, qui nécessitent de grands épanchemens d'eau, de répandre celle de leurs ateliers sur le pavé, ni même dans le ruisseau, lorsque la gelée peut en arrêter l'écoulement; ils doivent alors les porter à la rivière. »

Le maire de la ville de Lyon invite tous les habitans à se conformer à ce qui leur est prescrit par les articles précités.

I recommande aux commissaires de police d'y tenir exactement la main, et de constater par procès-verbaux toutes contraventions, lesquelles seront poursuivies devant les tribunaux, sans préjudice des mesures administralives auxquelles elles donneront lieu.

Fait à l'Hôtel-de-ville, Lyon, le 7 janvier 1815.
Le maire de la ville de Lyon,
LE COMTE DE FARGUES.

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A la suite d'une messe solennelle, célébrée le 29 décembre dernier, à l'hôpital royal des Quinze-Vingts, en actions de grâces pour les bienfaits de S. M., MM. les gouverneurs-administrateurs de cette maison out prêté serment, sur le livre des Evangiles, entre les mains de Mgr. le grand-aumônier de France, de donner charitablement et gratuitement leurs soins au gouvernement et à l'administration de l'hôpital.

M. le baron Degérando, de Lyon, conseillerd'état, est au nombre des gouverneurs - adminis

trateurs.

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On annonce que M. l'évêque de Versailles a donné la démission de son siége, mivée sur son grand âge, ses infirmités et le besoin de repos.

NOUVELLES DE PARIS.
Paris, le 5 janvier.

Le Roi a reçu, à l'occasion du renouvellement de l'année, la félicitation des premiers corps de l'état, des maréchaux de France, des généraux, etc. etc. Nous regrettons de ne pouvoir transcrire les réponses de S. M.: on ne sait ce qu'on doit admirer davantage, de la noblesse des sentimens qu'elles expriment, ou de la grâce toute particulière avec laquelle elles ont été faites.

-Le général La Vauguyon a donué sa démission du service napolitain, et rentre en France, sa patrie.

On écrit de Rome, le 18 décembre :

Le mardi, 13 décembre était le jour anniversaire de la naissance de Hemi IV. Depuis longtemps, le chapitre de l'archi-basilique de Saint Jean-de-Latran donnait, ce jour-là, un témoignage public de gratitude aux Rois de France, en faisant célébrer une grande-messe. Cet hommage ayant été interrompu depuis la mort de Louis XVI, le chapitre a renouvelé, le 13 de ce mois, cette pieuse cérémonie, à laquelle il avait invité Son Exc. Mgr. l'évêque de St-Malo ambassadeur de France, et à laquelle ont assisté plusieurs cardinaux et prélats.

Le même jour et le jeudi suivant, Mgr. l'ambassadeur de France a donné des dîners splendides à plusieurs cardinaux, à M. le sénateur de Rome, et aux chanoines de S. Jean-de-Latran. S. Exc. a fait les honneurs de ces deux réunions, avec la grâce délicate qui distingue ses manières douces et polies.

Le Roi de France est de droit le premier chanoine d'honneur de St. Jean-de-Latran. L'hommage public qui vient d'être rendu à S. M. dans la plus ancienne église de l'univers, a été inspiré par la renommée de ses hautes vertus; et les Français, résidans à Rome, ont vu les étrangers la conserse réunir à eux dans leurs prières pour vation d'un Monarque aussi digne de leur admide leur amour. ration que

LITTERATURE MÉDICALE. COLLECTION d'observations cliniques, par MarcAntoine PETIT, docteur en médecine de la ci-devant Université de Montpellier, ancien chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, membre correspondant de l'Institut de France; des Académies de Lyon, Rouen; etc.; des Sociétés de médecine de Paris, Montpellier, Turin, Lyon, Bruxelles, Bordeaux, Anvers, Marseille, Nimes, Grenoble, Avignon, etc. etc.; ouvrage posthume, publié par Antoine LUSTERBOURG, docteur en médecine de la Faculté de Montpellier, médecin, titulaire de l'Hôtel-Dieu de Lyon, et par Théodore JOBERT, docteur en médecine de la Faculté de Paris, héritiers des manuscrits de l'auteur. A Lyon, chez Amable Leroy, 1815. Un vol. in-8.o dc 400 pages.

Cet ouvrage posthume, d'un célèbre médecin, en levé par une mort prématurée, au milieu de sa brillante carrière, était attendu avec impatience par tous les hommes qui s'intéressent aux progrès ou à la gloire des sciences médicales. Il est composé de cinq parties : la première est relative aux maladies des yeux; la seconde, aux plaies de la tête; la troisième indique une nouvelle méthode pour guérir les dépôts froids; la quatrième contient des observations qui tendent à prouver que la pulsation est un signe trompeur de l'anévrisme; la cinquième enfin appelle l'attention des gens de Tart sur un symptôme fréquent, et à peine observé, des morts imprévues. On voit, par cette énumération des principales divisions du texte, que tous ces sujets, si l'on en excepte le dernier, se rapportent à la médecine externe. M. Percy, dans son bel Eloge de M. Sabatier, paraît condamner cette expression de médecine externe; et ce n'est qu'avec une extrême méfiance que j'ose ici la reproduire, quand je songe aux doutes élevés sur sa valeur par ce savant et habile chirurgien. Il me semble cependant que la chirurgie ne saurait être regardée que comme une partie très-perfectionnée de la médecine; que toutes ces dénominations de médecine externe, de médecine opératoire, de médecine oculaire, etc., ne laissent à l'esprit aucune équivoque, et qu'elles ne sauraient ni déprécier l'art auquel on les applique, ni confondre les attribulions diverses des artistes, ni affaiblir le respect du public pour nos institutions, ni désobliger qui que ce soit.

Quoique M. Petit ait passé en revue la plupart des maladies qui attaquent les yeux et exigent les secours du chirurgien, il a cependant traité dans son ouvrage, avec un intérêt spécial, avec un soin particulier, de quelques affections pathologiques propres à ces organes, telles que la cataracte, la goutte-sereine et l'ophthalmie, qui sont à-la-fois et plus graves, et plus fréquentes que les autres. Il pratiquait toutes les opérations de la chirurgie, et principalement celle de la cataracte,

avec une extrême dextérité et un rare bonheur. Sa réputation, à cet égard, n'était pas bornée à l'enceinte de nos murs, aux limites de nos provinces; elle avait passé les monts, et l'on sait que, dans les dernières années de sa vie, il fut appelé en Italie pour y rendre la vue à un riche particulier, frappé de cataracte, qui préféra la main souvent heureuse et toujours intelligente de notre célèbre compatriote, à celle des Vacca, des Flajani et des élèves les plus distingués de Scarpa. Ces voyages chez les peuples voisins, qui attestent la supériorité de notre nation dans un art utile, sont devenus rares parmi nous, depuis Jean-Louis Pelit, qui courait souvent la poste en Allemagne, pour y opérer des princes et des souverains. Cet appel de la confiance, qui pressa M. Petit de porter les bienfaits de son art sur des bords étrangers, honore trop son talent pour etre indifférent à sa mémoire, et c'est une palme digne de lui que je retrouve avec plaisir parmi celles que le talent et l'amitié ont rassemblées sur sa tombe.

La même instruction solide se fait remarquer dans le chapitre sur les plaies de la tête. Les préceptes, parfaitement conformes aux meilleures doctrines chirurgicales, y sont énoncés avec autant de précision que de clarté; et dans ce grand nombre de faits que l'auteur a rapportés, l'art recueille encore des notions d'un plus haut intérêt. Depuis que Gall a donné en France une nouvelle direction aux recherches de la physiologie, on s'est beaucoup occupé du cerveau; on a étudié, d'une manière minutieuse, l'anatomie de cet organe; on a mieux connu les fonctions délicates qu'il remplit; on a observé avec plus d'attention les maladies singulières auxquelles il est sujet. On a cherché, par des tentatives ingénieuses et hardies, à violer l'asile de la pensée; et si l'on n'a pu découvrir le secret impénétrabl de l'intelligence humaine qui repose à jamais dans le sein de Dieu, on a du moins surpris la nature dans plusieurs de ses plus importantes opérations. Les expériences directes ne suffisant pas toujours pour éclairer ces recherches difficiles, on a consulté les faits déjà connus, et les observations des célèbres chirurgiens, concernant les plaies de la tête, ont souvent remis sur les traces inaperçues de la vérité les esprits qui s'en écartaient. J'ose assurer ici que cette partie de l'ouvrage de M. Petit fournira de nouvelles leçons à la physiologie intellectuelle. Il ne s'était sans doute proposé rien de semblable; mais en observant avec sagacité des faits intéressans- relatifs à la pathologie du cerveau, il a rassemblé une foule de données également précieuses pour le physiologiste et l'idéologue.

Depuis que M. Petit a fait connaître sa manière de traiter les dépôts froids, il a opéré une sorte de réforme dans cette partie de la thérapeutique chirurgicale. On a suivi les procédés qu'il indiquait, et l'on a guéri un plus grand nombre de

ces maladies. Il avait observé que ce qui rendait
difficile, incertaine et précaire, la cure des dépôts
froids selon l'ancienne méthode, c'était la dépra-
vation du pus qui naissait de la pénétration de
l'air dans le foyer par une ouverture trop large.
Il fallait donc ouvrir au pus la plus petite issue
possible, et empêcher que l'air ne pénétrát trop
facilement dans le sac qui le contenait. Avec la
ponction et la ventouse, il obtenait ces deux avan-
tages. Il faisait rougir au feu le trois-quarts, atin
que cet instrument éprouvat moins de résistance,
subitement
pas
afin que l'ouverture ne se resserrât
comme celle qu'on fait avec le trois-quarts ordi-
naire, et qu'après la chute de l'escarre, elle restât
encore béante sur elle-même. Cette méthode a
réalisé, dans l'exécution, tous les avantages que
l'inventeur en avait conçus par le raisonnement.

Le chapitre sur l'infidélité de la pulsation, considérée jusqu'alors comme un signe de l'anévrisme, ne renferme que deux observations, mais très-concluantes et remplies d'intérêt. La première nous apprend qu'une tumeur sarcomateuse a toujours offert un battement expansif, semblable à celui de l'anévrisme; et la seconde, qu'une tumeur réellement anévrismale n'a jamais fait sentir à l'explorateur aucun battement.

De tous les mémoires compris dans cet ouvrage, le plus original, le plus ingénieux est celui qui traite de quelques signes précurseurs des morts imprévues. Il résulte des observations réitérées de l'auteur, que des douleurs aiguës et soudaines dans les genoux, les mollets ou les talons, annoncent quelquefois une mort subite ou une apoplexie foudroyante. La valeur de ce signe important, et trop négligé jusqu'ici, devait nous être révélée par le médecin habile qui avait étudié toutes les formes variées de la douleur, et qui avait souvent pénétré jusqu'à ses causes les plus profondes. Ce mémoire ne peut manquer d'être lu avec intérêt dans une cité populeuse où la mort frappe tant d'intéressantes victimes qu'elle surprend tout-à-coup dans la joie d'un festin, au milieu de leurs projets, de leurs entreprises, ou dans l'exercice des devoirs les plus touchans. Ce serait peut-être un beau sujet de prix à proposer par la Société de médecine de Lyon, que la recherche des causes qui, depuis quelques années, multiplient ces accidens parmi nous d'une manière si effrayante. Il n'est point, sans doute, mort absolument imprévue, c'est-à-dire, qui ne soit annoncée par quelques signes; mais ces signes, le plus souvent, sont méprisés comme vagues, légers ou sans importance, et l'on néglige de consulter les gens de l'art, qui peut-être en jugeraient autrenient. Je demande la permission d'appuyer cette assertion par un exemple, et je le choisis parmi un grand nombre d'autres que je pourrais également citer. Un vieillard, âgé de 78 ans, dont les mœurs étaient peu régulières, fut pris tout-à-coup à la promenade d'un engour

de

dissement de la jambe droite. Soutenu par quelques amis, il frotta de ses deux mains le membre engourdi, et le sentiment s'y rétablit en quelques minutes; il continua de marcher, soupa selon sa coutume, et se retira dans sa chambre à coucher, sans accuser la moindre indisposition. Le lendemain matin, ne le voyant point descendre au salon à l'heure du déjeûner, on monte chez lui pour connaître la cause de ce retard, et on le trouve dans l'agonie d'une apoplexie foudroyante dont il avait été frappé pendant la nuit.

Je reviens à l'intéressant ouvrage de M. Petit, et je demande pardon au lecteur de la digression qui m'en a écarté. La méthode suivie par l'auteur est excellente et parfaitement conforme à la bonne manière de raisonner, introduite aujourd'hui dans toutes les sciences. 11 cite d'abord des faits, et, après leur exposition, il déduit, à l'aide d'un raisonnement très-simple, toutes les notions générales qui y sont implicitement contenues. C'est ainsi qu'il s'élève à quelques théories parfaitement exactes, à quelques axiomes qui sont autant de règles sûres dans la pratique de l'art. L'observation, a dit M. Degérando, est le sol de la science, et les théories en sont l'industrie.

MM. Lusterbourg et Jobert, qui publient cetouvrage, ont rempli leurs fonctions d'éditeurs, avec beaucoup de soin et d'intelligence; ils l'ont orné d'une notice historique qui est un digne hommage à la mémoire de M. Petit. Ce livre imprimé avec élégance et correction, fait honneur aux presses de M. Leroy. Les médecins le liront avec empressement pour leur instruction et pour leur plaisir; nous espérons même qu'il sera recherché les du monde, dans une ville par gens

qui n'est étrangère à aucun genre de savoir et de mérite, qui se montra toujours très-sensible à la gloire de ses grands hommes, et qui honore d'une reconnaissance particulière ceux qui furent pendant leur vie les bienfaiteurs de l'humanité.

E. SAINTE-MARIE,

Docteur en médecine, et membre de l'Académie des sciences, belleslettres et arts de Lyon.

AVIS ESSENTIEL.

Ce Journal continue de paraître les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine.

Le prix de l'abonnement est de 28 fr., pour un an; de 15 fr., pour six mois; de 8 fr., pour trois mois. On s'abonne chez Ballanche, imprimeur-libraire.

Cours des Effets publics, du 5 janvier.
Cinq pour cent consol. jouiss. du 22 septembre 18147
72f 90c 73 738 10o 5c 16c 5c.

Idem, jouiss. du 22 mars 1815. — oof.
Actions de la Banque de France, jouissance du 1er janvier.
1148 750 1150f 1148€ 750.

Oblig. du Trés. roy. — p. oo p. par an. 2 2/3, 2 1/2.

De l'Imprunerie de BALLANCHE, aux halles de la Grenette.

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