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plus grands événements y laissent à peine quelques traces fugitives. La Vénus qui nous restait ne nous a quittés que depuis huit jours environ, et déjà il n'y a plus que son cornac qui s'en souvienne et qui la pleure. Le malheureux! il a fait une grande perte; c'est bien lui qui peut dire nulli flebilior. De long-temps il n'aura un animal aussi extraordinaire à montrer au public; car les deux Bas-Bretons, qu'on a fait voir à Paris au commencement de la révolution, n'étaient pas aussi curieux à beaucoup près que sa callipyge; mais qu'il n'accuse que lui seul du malheur qui vient de lui arriver. Il était averti. On lui avait plusieurs fois conseillé de faire vacciner son monstre. Il n'en a tenu compte, et la petite vérole, sans l'assistance des médecins, quoique la malignité ait prétendu qu'ils n'y avaient pas nui, la petite-vérole qui, cette année est trèsmauvaise, l'a puni de sa sotte obstination. Nous espérons que cet exemple mémorable va détruire un préjugé aussi dangereux que ridicule, et achever le triomphe de la plus belle découverte dont la médecine puisse se glorifier.

La Vénus Hottentote avait à peine trente ans. Sa vie a été moissonnée dans sa fleur......Nous ne la verrons plus; mais heureusement on assure que l'indisposition de l'ours Martin n'aura pas de suites fâcheuses.

La poésie anglaise a célébré la mort de la Vénus Hottentote de la maniere suivante :

On the Death of the Hottentot Venus at Paris.

The Venus of Medicis scarcely has flown,
When, Paris, alas! your next Venus is gone,
And no end to your losses you find.
Well may you in sackcloth and asbes deplore,
For the former fair form had no equal before,
And the latter no equal behind.

On a fait une traduction imparfaite de cette boutade; la langue française ne permettait gueres de jouer, ainsi que la langue anglaise, sur les mots before et behind.

Pauvres Français, que je vous plains!
D'amertume vos jours sont pleins.

A peine la Vénus pudique,

Chef-d'œuvre immortel du ciseau

De l'ancienne école italique,

Fuyant vos muis, rentrait dans son berceau,
Qu'il vous faut plonger au tombeau
Votre Callipyge d'Afrique.

Si la premiere, antérieurement,

De grâce, de beauté fut un parfait modele,
L'autre ne laissera, postérieurement,
Rien qui l'égale derriere elle.

On a fait le jeu de mots suivant sur la part que la malignité attribue dans l'évasion de Lavalette aux ministres de la justice et de la police:

Affublé d'un jupon et coeffé d'une gaze,
Par le zele de sa moitié,

Lavalette a lâché le pié.

...

Un fidele Barbet l'a caché dans sa Caze.

Ouvrage de l'Archiduc Charles.-S. A. I. l'archiduc Charles a fait présent à la Bibliotheque de Mayence, afin qu'elle le gardât comme une marque de sa bienveillance, d'un exemplaire de son ouvrage qui a paru à Vienne sous le titre de: Principes de Stratégie, commentés par la description de la campagne faite en Allemagne dans l'année 1796. Cet ouvrage non moins important pour la science militaire que pour l'histoire, est composé de trois volumes. Le premier contient les principes de Stratégie en général, et les deux autres leur application aux événements de la campagne de 1796. L'histoire de cette campagne remarquable est traitée avec autant de modestie que d'impartialité. Douze cartes et plans, supérieurement gravés, et qui représentent les principales batailles et siéges de ladite campagne, répandent une nouvelle lumiere sur la partie historique de l'ouvrage, et en rendent la lecture intéressante, même pour celui qui est peu versé dans la science militaire. L'illustre auteur de cet ouvrage doit bientôt enrichir les bibliotheques d'une seconde production littéraire qui doit paraître sous le titre de Commentaires sur les principes de Stratégie, et former la suite de l'ouvrage qui précede.

La violette était devenue un objet de réprobation, depuis qu'on l'avait désignée comme un signe de ralliement; beaucoup de personnes évitaient d'en porter dans la crainte de faire soupçonner la pureté de leurs sentiments.

L'anecdote suivante pourra raccomoder ces mêmes personnes avec une fleur qui paraît devoir être encore l'emblême de la modestie et non le symbole d'un parti:

On assure que S. M. ayant dernierement des violettes sur la cheminée en a distribué à plusieurs dames, qui paraissaient étonnées de recevoir un pareil cadeau des mains du monarque. Acceptez-les, leur dit le Roi; j'ai compris la violette dans l'amnistie.

M. le baron de Géramb, chambellan de S. M. l'empereur d'Autriche, est arrivé à Laval. Il paraît qu'il va entrer dans la maison de l'ordre de la Trappe que le sieur de Girmont vient d'établir au port Rinjeard, à deux lieues de Laval. On assure que M. le baron de Géramb, détenu à Vincennes par ordre de l'usurpateur et craignant de périr, a fait le vœu de se faire trapiste, s'il conservait la vie.

ANECDOTES

Extraites de l'Ouvrage intitulé: MACEDOINE REVOLUTIONNAIRE, pour servir à l'Histoire de nos Jours, ou la Vérité toute nue sur nos Malheurs, sur les grands Coupables, et sur les trois mille Individus entre les Mains desquels Buonaparte a déposé les Sept Cents Millions que les Puissances étrangeres nous demandent aujourd'hui. Un Vol. in-8vo. de 300 Pages.

Cet ouvrage, dont le titre est fait pour piquer la curiosité des lecteurs, a été publié à Paris le 28 Décembre dernier, tandis que l'on discutait encore dans la Chambre des Députés la question de l'amnistie et des indemnités à exiger des auteurs de la conspiration du mois de Mars dernier. La police en a fait saisir les exemplaires le jour même où il a été mis en vente. Nous venons d'en recevoir un, dont nous allons offrir d'abondants extraits dans ce Numéro ainsi que dans les suivants. dans les suivants. On ne saurait trop livrer au mépris et à l'indignation publique les auteurs et les fauteurs d'un mouvement qui a coûté si cher à la France et à l'Europe. Le sang qui a coulé à Waterloo fume encore et demande vengeance, à l'égal de celui qui a rougi les plaines d'Espagne, celles d'Austerlitz et de VOL. LII.

F

Wagram, etc.-Si la Chambre des Députés n'a pas prononcé de confiscations contre tous ces perturbateurs, c'est un très-grand malheur: mais on sait avec quelle célérité le mal se fait et avec quelle lenteur le bien s'opere.-Toutefois n'augmentons pas la faction des mécontents, et jouissons du bien qui vient d'être fait, en attendant mieux.

La biographie d'Hortense Beauharnais forme le douzieme chapitre de ce pot-pourri. Tout le monde se rappelle que dans le procès de Lavalette, ce grand coupable chercha à justifier Hortense des calomnies dont on l'accablait, et qu'il porta même l'impudence jusqu'à dire que cette femme couverte de grâces par la faiblesse du Roi, n'admettait dans son de la rue d'Artois et dans château de St. Leu, que des royalistes dévoués aux Bourbons, et que c'était sa seule société en 1814 et dans les deux premiers mois de 1815. Voyons ce qu'en dit le biographe de la Macédoine.

son

palais

"Hortense Beauharnais naquit d'un pere ingrat et d'une mere de mœurs dissolues...

Parvenue à un degré d'élévation auquel jamais elle n'eût dû s'attendre, Joséphine oublia ses vices et pratiqua quelques actes de vertu. La France dans ces temps calamiteux lui dut quelques horreurs de moins. Lors de l'attentat horrible commis sur l'infortuné prince Bourbon d'Enghien, elle se fit traîner d'une salle à l'autre, attachée aux genoux du tigre, pour obtenir de lui la révocation du jugement de ce jeune prince. Hortense fut témoin de cette scene et demeura insensible. Son cœur incestueux partageait déjà la haine que le tyran vouait à cette auguste famille. La suite ne l'a que trop prouvé.

Elevée dans une de ces maisons, où l'on s'attache à former de grandes coquettes plutôt que de bonnes meres de famille, Hortense sortit de chez Mad. Campan pour faire son entrée dans le monde, à peu près vers l'époque où le transfuge d'Egypte venait s'asseoir sur le trône pour prix de sa lâcheté. Il vit sa belle-fille, leurs cœurs vicieux s'entendirent; huit jours plus tard, Hortense avait remplacé sa mere.

"Ceux qui vécurent dans l'intimité de cette famille, Cambacérès, Fouché, Régnault, Décrès, peuvent dire si l'on calomnie. On peut demander à M. de Gontaut-Biron par quelle raison il s'opposa si obstinément au mariage de son fils avec Hortense? On peut le demander à tous ces jeunes colonels d'alors qui la refuserent, quels furent leurs motifs? Duroc a répété à qui a voulu l'entendre,

que

la plupart avaient déclaré, quelque triviale que fût l'expression, qu'ils ne voulaient pas épouser la vache et le veau. Duroc lui-même, à qui elle fut offerte, répondit: "qu'il l'offre à ceux qui ne sauront rien; mais à moi " qui fus le conducteur de cette intrigue, à moi sous les yeux de qui tout s'est passé, c'est trop fort." Pressée enfin de se trouver un manteau, Hortense se hâta d'épouser Louis Buonaparte qni, ne sachant rien des horreurs qui se commettaient à la cour de son frere, devint, tout à la fois, l'oncle de l'enfant et le pere quem nuptiæ demons

trant.

"Il fallut un trône à la fille de Joséphine pour la payer de son incestueuse complaisance; et vite! la guerre à la Hollande! la conscription, les impôts; tout fut mis en œuvre, le sang Français coula de nouveau... et pour qui? grand Dieu! pour qu'Hortense fût reine! généraux, soldats français! Voilà ce que vous appellez de la gloire!

"Bientôt le débonnaire Louis Buonaparte désabusé se sépara d'une femme qui ne lui inspirait plus que le plus profond mépris. Séparée de son mari, Hortense ne cessa d'être la concubine de son beau-pere qu'au départ de celui-ci pour l'île d'Elbe.

"Amis du Roi, qui visitâtes en 1814 la duchesse de St.-Leu, pouviez-vous ignorer comment elle parlait de l'auguste famille et de vous, aussitôt que vous aviez quitté sa demeure? Comment ne vous aperçûtes-vous pas que quand vous prononciez devant elle le nom vénéré de son Altesse Royale Madame la duchesse d'Angoulême, un sourire forcé peignait dans tous ses traits le malaise qu'elle éprouvait?..

“J'arrive à ce 20 Mars, à cette affreuse journée qu'il faudrait arracher du souvenir de toute âne honnête. Hortense, dès la veille, savourait à longs traits, dans le palais de Fontainebleau, les dégoûtantes caresses de son beaupere; se faisait une fête de venir le lendemain souiller de sa criminelle présence le sanctuaire des vertus, l'apartement de Madame. Elle n'y manqua pas. On la vit aux croisées du château des Tuileries, donnant sa main à baiser à Labédoyere. On la vit tenant un chapeau à l'anglaise, oublié, témoignant par des éclats de rire forcés, combien ce décent et modeste ajustement contrastait avec ceux des filles de joie, avec les siens.

"L'effervescence des premiers moments passée, il fallut ' penser à se maintenir sur ce trône dont tout présageait la nouvelle et derniere chute.... Hortense écrivit à un jeune

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