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diverses parties du royaume, et qui exercerait un contrôle général sur les comités secondaires qui seraient établies dans toutes les localités. Cette motion fut appuyée par M. Hume, et combattue par M. Colqu'houn.

Après avoir donné quelques renseignements sur l'application des fonds votés par le parlement, lord John Russell ajouta qu'il déplorait l'insuffisance de ces ressources; mais qu'il n'était point préparé à proposer une nouvelle mesure, pour rendre l'intervention du parlement plus efficace en cette matière. Il régnait encore une si grande diversité d'opinions parmi les personnes engagées dans l'éducation, que toute tentative, pour arriver à l'établissement d'un système uniforme, lui paraissait prématurée. Toutefois, le ministre reconnaissait qu'il existait un point sur lequel tout le monde était d'accord: la nécessité de pourvoir les écoles existantes, d'un plus grand nombre d'instituteurs, et de prendre des moyens pour améliorer leur condition.

Après quelques observations du docteur Lushington, la Chambre rejeta la motion de M. Wyse à la majorité de 74 Voix contre 70.

CHAPITRE XVIII.

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Suite des affaires du Canada. Coup-d'œil rétrospectif. — Instructions au gouverneur sur l'application des sentences. Exécutions dans le Haut-Canada. Elles sont improuvées par le Cabinet. Une com

caine.

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Composition du nouveau conseil.

mission d'examen est nommée. -Mise en liberté de plusieurs prévenus. Reprise des hostilités dans le Haut-Canada et sur la frontière amériSituation du Bas-Canada. - Timidité du Gouvernement à l'égard des prisonniers. Arrivée de lord Durham à Québec. Dissolution du conseil exécutif. Démission de sir John Colborne. - Embarras de lord Durham, relativement aux prisonniers. — Instructions du ministre des colonies. Nomination d'un conseil spécial, exigé par l'acte du parlement.- Ordonnance de lord Durham. Sa tournée dans les deux provinces. - Procès politique et partialité du jury en faveur des accusés. - Attaques dirigées dans le parlement contre lord Durham. — Vifs débats à ce sujet dans les deux chambres.- Question de Cabinet. — Lord Brougham propose à la chambre des pairs un bill interprétatif des pouvoirs donnés à lord Durham, par l'acte du parlement. Concession du ministère. La motion de lord Brougham est adoptée dans la Chambre des pairs. Le bill est porté aux communes. Discussion. Adoption du bill.

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Prorogation du parlement impérial. — Agitation et troubles en Angleterre. Causes. - Réforine dans l'administration générale des postes. O'Connell à Dublin. Rétablissement de l'association catholique. Démission de lord Durham. Son retour en Augleterre.

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tre Sa Seigneurie et le Cabinet. - Réception de lord Durham à PlyNouveaux soulèvements au Canada. Plan des insurgés.

mouth.

-Ils sont defaits. Exécutions.

Nous devons interrompre ici l'histoire parlementaire, dans laquelle se résument presque tous les événements survenus en Angleterre, pour fixer de nouveau nos regards sur les affaires du Canada. Les premiers chapitres de cette esquisse ont fait connaître toutes les phases de l'insurrection, depuis le jour où elle éclata jusqu'à la

nomination de lord Durham au gouvernement général des possessions britanniques dans l'Amérique du nord. Il nous reste à rappeler les résultats de cette importante mission. Mais, pour avoir l'intelligence des événements qui vont se dérouler, il est nécessaire de se reporter à une époque antérieure à l'arrivée du dictateur.

Sir Francis Head ayant été rappelé en Angleterre, le commandement du Haut-Canada passa aux mains du majorgénéral, sir Georges Arthur, qui arriva à Toronto le 23 mars. A peine le nouveau gouverneur était-il installé, qu'il reçut du ministre des colonies, l'ordre de porter la plus grande circonspection dans l'exécution des sentences capitales qui seraient prononcées pour crimes politiques, et de ne recourir à l'application de cette pénalité, que dans le cas où il y serait contraint par les circonstances les plus extraordinaires et les plus urgentes. !

Au nombre des prisonniers mis en accusation dans le Haut-Canada, les plus compromis étaient les nommés Samuel Lount et Pierre Matheirs. Né aux États-Unis, le premier était, depuis plusieurs années, établi dans le district de Toronto où il avait acquis une fortune considérable, et où il exerçait une grande influence; il avait même représenté ce district dans le parlement provincial. Matheirs était né dans le Haut-Canada où il possédait également de grands biens. L'un et l'autre avaient pris une part fort active dans le soulèvement de M'Kensie; Matheirs surtout avait commandé les insurgés qui attaquèrent la cité, au moment où sir Francis Head était enfermé dans la maison de ville; circonstance dans laquelle, on s'en souvient, un pont et plusieurs habitations particulières furent incendiés.

Traduits devant leurs juges, ces deux accusés avouèrent les faits qui leur étaient imputés; et, quelques efforts qu'on fit pour les sauver, quelque intérêt qui s'attachât

Ann. hist. pour 1838.

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à leur sort, la justice dut avoir son cours : tous les deux périrent sur l'échaffaud.

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Instruit de cette double exécution, le ministre des colonies écrivit au gouverneur ad interim, que le gouvernement de la reine avait vu avec douleur qu'on eût été forcé de recourir à une telle extrémité, et qu'il espérait qu'elle ne se renouvellerait point. Et, en effet, dès ce moment les exécutions cessèrent dans le Haut-Canada. Alors sir Francis Head nomma une commission présidée par le vice-chancelier de la province, à l'effet d'examiner tous les procès et de diviser les prévenus en différentes catégories, suivant la nature et la gravité des charges qui pesaient sur eux. Les commissaires mirent un grand nombre d'accusés en liberté sous caution; prononcèrent des ordonnances de non lieu à l'égard de plusieurs autres, bannirent de la province les Américains compromis, et, quant à ceux sur lesquels il n'était point permis d'étendre le pardon, ils furent condamnés à la déportation, à Botany-Bay. Ces derniers étaient presque tous des hommes riches et influents.

Tandis que le gouvernement du Haut-Canada était livré à ces soins, les mécontents réunis sur la frontière américaine, se préparaient à recommencer la lutte, et, le 30 mai, un parti commandé par un nommé Johnson, coulait à fond le Sir Robert Peel, steamer anglais qu'ils surprirent à l'ancre, à Welli Island, situé dans le Saint-Laurent et appartenant aux États-Unis. Sur un autre point, les insurgés enlevèrent un détachement de cavalerie anglaise, cantonnée dans le district du Niagara.

A peine ces nouveaux actes d'hostilité furent-ils connus dans les provinces, que la milice se mit, sur tous les points, à la poursuite des insurgés dont le chef, James Morrow, et quelques autres, tombèrent entre les mains des Anglais, furent mis en jugement et condamnés à mort. Cependant Morrow seul fut exécuté. La sentence de tous les autres fut commuée en vingt années de déportation; indulgence due

à l'intervention de lord Durham et contre laquelle le gouverneur du Haut-Canada protesta énergiquement, comme constituant une usurpation de ses pouvoirs, et un acte qui devait avoir de funestes conséquences. Et, en effet, les insurgés réfugiés sur le territoire des États-Unis, faisaient ouvertement des préparatifs d'insurrection qui causaient les plus vives alarmes aux Canadiens dévoués à la métropole. Telle était l'état des choses dans le Haut-Canada; voici ce qui se passait dans la province inférieure:

Pendant le temps qui s'était écoulé entre le départ de lord Gosford et l'arrivée de son successeur, le commandement de cette province était échu à sir Jhon Colborne dont le premier soin, après avoir étouffé la révolte, fut de disposer des nombreux prisonniers qui étaient restés entre ses mains. Cependant, 326 de ces malheureux avaient été relâchés sans aucune forme de procès; mais il en restait encore 161 dans les prisons, et, parmi ceux-ci, 22 sur la tête desquels pesaient les charges les plus graves: tous étaient accusés d'avoir été les promoteurs de l'insurrection.

Toutefois on était convaincu que, traduits devant un jury ordinaire, tous ou presque tous seraient acquittés, Lord Glenelg en fut informé, mais ce ministre n'en refusa pas moins de permettre que les accusés fussent jugés par un tribunal exceptionnel, aussi long-temps que l'expérience n'aurait point justifié les craintes conçues sur la dépendance et la partialité du jury. En conséquence, sir John Colborne reçut l'ordre de réduire autant que faire se pourrait le nombre de ses prisonniers, en engageant plusieurs d'entr'eux à s'avouer coupables, sur l'assurance qui leur serait donnée que les jugements prononcés contre eux ne recevraient point d'exécution, s'ils consentaient à se bannir eux-mêmes de la province. Quant aux autres, il était adjoint au gouverneur d'en trier quatre ou cinq qui seraient traduits devant les tribunaux ordinaires. Dans le cas cependant où ces mesures lui paraîtraient impraticables, le gouverneur devait sur-le-champ suspendre l'habeas corpus, et

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