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du feldspath lamineux, se transformaut par degrés en terre argileuse par la perte de sa base alcaline, de son silicate de potasse. Il cite un grand nombre d'exemples de minéraux dont l'alcali se sépare peu à peu, surtout quand il appartient à la potasse, et c'est ce que l'on voit même dans un produit de nos arts, dans les verres à vitres qui, perdant leur potasse par leur exposition à l'air, ainsi que l'a démontré M. Dumas, s'effleurissent et deviennent opaques. Il met en même temps sous les yeux de l'Académie un échantillon minéralogique où l'on aperçoit ce passage du feldspath transparent à l'état de terre kaolinique.

Enfin, relativement à l'époque de la formation géologique du kaolin, M. Brongniart la rapporte à celle des terrains de cristallisation.

M. Ardent lit un Mémoire sur la résistance des bois employés dans la construction des voûtes.

M. Dumas rend compte d'un travail de M. Masson sur l'action chimique très-curieuse que produit le chlorure de zinc sur l'alcool. Ce corps a la propriété de transformer l'alcool en éther sulfurique et en huile douce de vin, comme le fait l'acide sulfurique luimême et précisément à la même température. Ce fait remarquable jette un nouveau jour sur la question des éthers, que l'on croyait pour ainsi dire épuisée. L'Académic vote l'insertion du Mémoire de M. Masson dans le Recueil des Savants étrangers.

M. Raoul-Rochette dépose sur le bureau des échantillons de couleur bleue et de couleur rouge que contenaient encore des vases destinés à la peinture, et découverts récemment dans une fouille faite au millieu des mines d'Athènes. M. Gay-Lussac rappelle à cette occasion que la composition de ces couleurs antiques est parfaitement connue par un travail de M. Darcet, à l'occasion de couleurs rapportécs des tombeaux d'Egypte. M. Darcet a même pu reproduire l'une de ces couleurs bleues dont le cuivre fait essentiellement la base.

M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un Mémoire sur le nouveau fait de monstruosité communiqué par M. Guyon, chirurgien en chef à Alger.

M. Kulmann, professeur de chimie

industrielle à Lille, lit une note sur l'action exercée par l'éponge de platine à l'égard de certaines substances gazeuses; en faisant arriver en même temps différents gaz, tantôt à une haute température, tantôt à une température peu élevée, sur du platine spongieux, M. Kulmann a obtenu des combinaisons de ces gaz de manière (à produire pour ainsi dire de toute pièce des substances que l'on n'obtenait jusqu'ici que de la décomposition de matières auxquelles ces substances sont combinées. C'est ainsi que tous les composés d'azote, par leur contact avec le platine, en même temps que du gaz hydrogène, donnent de l'ammoniaque, et que les mêmes composés d'azote avec du gaz oxigéne forment de l'acide nitrique.

Ces faits sont intéressants et méritent l'attention des chimistes; le platine ên éponge devient, comme on voit, une nouvelle force capable de produire des effets remarquables; toutefois M. Kulmann nous paraît s'être laissé aller à quelque exagération en ce qui concerne les applications de ce nouveau procédé dans les arts.

M. Arago annonce qu'ayant été prié par M. Darcet de prendre, pendant son séjour à Metz, des informations sur l'influence du régime alimentaire à la gélatine dans le grand hôpital Saint-Nicolas, il a recueilli les renseignements suivants : Les bouillons à la gélatine sont en usage dans cet établisse. ment depuis plus de cinq ans, et une population de cinq cents malades est mise à ce régime. En faisant servir la gélatine des os, on n'a pas eu pour but l'économie, mais une amélioration dans la nourriture des malades et des convalescents; ainsi la gélatine n'est jamais employée seule à la confection des bouillons, et une certaine quantité de bœuf est introduite dans le pot-aufeu; de cette manière, vingt livres de viande servent pour mille rations de bouillon.

Or, les administrateurs de l'hospice Saint-Nicolas, tous gens fort éclairés, parmi lesquels on compte un juge du tribunal et un colonel, déclarent que l'introduction de la gélatine dans le régime alimentaire des malades a produit de grandes améliorations, que le nombre des malades a sensiblement

diminué, et que tous se trouvent par faitement bien des soupes qu'on leur donne : que non seulement il ne s'éleve ancune plainte de leur part a cet egard, mais que M. Arago les ayant questionnes Jui-même sur la qualité des bouillons et des potages, n'a reçu que des repouses satisfaisantes. On a en un peu plus de peine à surmonter la répugnance des femmes de cet hôpital, qui, étant toutes vieilles d'an moins soixante-dix ans, sont remplies de préjuges; mais, quant anx enfants, la maniere dont ils vident leur assiette de soupe, "jusqu'à la lécher, témoigne, dit M. Arago, de leur gout pour cet aliment.

L'appareil à la gelatine, il est vrai, a cessé de fonctionner depuis quelque temps à l'hôpital militaire, mais c'est par une circonstance tout-a fait accidentelle, et les officiers supérieurs ne cessent de réclamer son rétablissement.

M. Magendie demande à présenter quelques observations sur cette communication de M. Arago; il regrette que cette communication et les opinions qui l'accompagnent soient ainsi jetées dans le public sans en avoir préalablement entretenu la commission chargée d'exa miner cette grave question. Les rensei gnements fournis par M. Arago sont loin en effet d'avoir toute la valeur qu'on semble vouloir leur attribuer. L'influence d'un régime alimentaire sur la santé des malades d'un hôpital, sur la durée des diverses maladies, n'est pas si facile a apprécier qu'il suffise, pour s'en rendre compte, de consulter des administrateurs même éclairés, ni même d'interroger les malades. C'est une question fort complexe qu'il faudrait étudier à fond, en la dégageant soigneusement de toutes les circonstances accessoires, pour la mettre dans tout son jour; et il faut pour cela beaucoup de temps et des données plus positives que celles que M. Arago paraît avoir recueillies pendant son séjour à Metz. La commission possède à cet égard une masse de faits considerables résultant soit des expériences directes auxquelles elle s'est livrée depuis deux ans, soit des observations suivies attentivement dans des établissements où l'on fait usage de la gélatine, tel que l'hôpital Saint-Louis, par exemple. Ces faits et

ces observations seront consignés dan le rapport qu'elle prepare a ce sujet

Pour ce qui est diu guvis des malades, et de la preference que ceux de Neu sembleraient accurder an bosiban de gelatine, il serait necessaire, sutau M. Magendie, de faire quelques esas pour savoir quel degre de condance on doit avoir en cette opinion. Il roodat s'assurer par ini-même, et d'une maniere un pen positive, de impression de malades en supprimant un jour, a lew insu, la gélatine, et la restitzant un autre jour, également sans les prevenir; et ainsi d'une foule d'autres epreaves qu'il faudrait tenter avant de se prossocer. Toute cette question sera au reste éclaircie par le travail que la comus sion poursuit depuis deux ans, mas dans tous les cas M. Magendie regreta que M. Darcet ne se mette pas pin volontiers en relation avec elle pour l'aider de ses lamieres.

M. Dumortier a communiqué, dass la derniere séance, des observations sur les changements de forme que salit la tête chez les orangs-outans; ces ouservations ont été faites sur seize cranes d'orang-outan que possède le Maset de Bruxelles, et le résultat de l'examen auquel s'est livré M. Dumortier est que les diverses espèces d'orang-outan isäqués par les naturalistes sous les noms depithecus satyrus, de pongo abeli et de pongo wurmbii, ne sont qu'une seule et même espèce observée à desâges dife rents, et présentant, il est vrai, des for mes de cranes extrêmement différentes.

M. N. Savart, frère de l'académicien, a envoyé un grand Mémoire intitulé: Quelques faits résultant de la reflexion des ondes sonores.

M. Brochieri a annoncé, dans l'une des dernières séances, qu'il était parvenn à concentrer la partie colorante du bois de Campêche, à la réduire au quart de son poids et aux sept huitièmes de son volume. Le bois de Campèche sert, comme on sait, pour la teinture en noir, et entre dans la composition de beaucoup d'autres couleurs, M. Brochieri ayant refusé de faire connaître son procédé à la commission, il ne pour ra être fait de rapport sur sa communi cation. En outre M. Desserte réclame

la priorité de cette invention qu'il exploite depuis plusieurs années.

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SALON DE 1838.

L'aspect de l'Exposition de cette année doit paraître étrange aux regards des observateurs attentifs. Dans ces ga. leries plus favorablement disposées que de coutume, et où l'on circule avec plus de facilité qu'autrefois, on est tout étonné de rester calme au milieu de deux mille trente-un ouvrages dont la majorité, il faut le dire, flatte assez agréablement l'œil, est traitée avec une grande habileté de la main, et où le talent des artistes se manifeste ordinairement. Dans tous les genres la disposition matérielle des compositions est bien entendue, et l'imitation y est poussée assez loin. Ces productions se laissent regarder, mais n'attirent ni ne retiennent fortement; on les voit avec un certain plaisir, mais on les oublie sans regret ; et si l'on en excepte quel ques tableaux qui paraissent être le résultat d'un sentiment vif et d'une pensée bien déterminée, le reste ne laisse qu'une trace confuse dans la mémoire, comme le souvenir d'une conversation élégante, mais futile, à laquelle on a assisté dans une réunion nombreuse.

Ce qui manque aux ouvrages du Salon de 1838 est ce qui a toujours manqué généralement aux peintres de l'Ecole française, c'est du caractère. Par ce mot, nous n'entendons pas désigner une certaine convenance, une manière particulière à telle ou telle école célèbre, dont on s'empare quelquefois à force d'études, pour se former un talent factice et qui n'impose que par sa gravité ou son éclat extérieur; mais par caractère dans une composition,

nous voulons signaler ce résultat transmis par l'exécution, au moyen duquel l'artiste, écrivain, statuaire, peintre ou musicien, du moment qu'il a fait choix d'un sujet, manifeste avec énergie et clarté ce que son âme a senti, ce que son esprit a conçu, et de quelle manière ses sens ont été affectés. Ce que nous appelons ainsi dans les ouvrages d'imagination, c'est ce qu'une empreinte est au cachet, c'est là contre-épreuve de l'être entier de l'artiste sur son œuvre.

Le caractère des talents et des productions est donc varié comme celui des hommes, ce qui engendre des préférences. Mais tont le monde s'accorde pour reconnaître et respecter la caractère du talent d'un homme quand il est vrai, profond, énergique et bien à lui. Certes, parmi les personnes qui aiment et étudient les arts, les unes préférent Raphaël et Poussin, et d'autres Rubens et Rembrandt; mais toutes s'accorderont en ce point, que ce sont quatre artistes éminents, parce que les ouvrages de chacun d'eux portent un caractère qui est, si l'on peut s'exprimer ainsi, de la couleur de leur âme et de la force de leur imagination et de leur esprit.

Notre caractère moral et la direction de notre intelligence sont des dons qui viennent du ciel; les talents au contraire s'acquièrent. D'où il résulte si souvent que certaines gens pleines d'émotions et d'idées ne sont point en état de les exprimer, tandis que d'autres parlant, versifiant ou peignant avec facilité, n'ont absolument rien à dire. Dans l'un ou l'autre cas, ces poëtes, ces

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statures, ces peintres, des manciens siderable some ** San Vig issues we procurat que des ORvragen sam carnet propre.

İn, en france, la quale la plm reDerale parm or 9. exercent in 2015, senses excesser avo, est la facilite C'ersoutse. On a mène une prese ÉTIGente de cette avance, en redécssaut a la quantité extraordinare de poeses, d'écrivais, de sculpteurs, de pentres et de munciens amateurs pas sablement habiles, repandas a Paris et dans les provinces. Quand aux arustes de profesion, depois Sumon Vosets qu'a Boucher et Vanion, tous nos peistres, a Fexception de Founis el de Lesseur, ont aabli leur talent par fabos de la facilite et en somme, lear défaut capital. comme il a déja été dit, est de manquer de caractere.

Un point important pour un artine de mérite et qui ne presume pas trop de lui-même, est donc de ne point mettre une confiance aveugle dans la puissance de son taient acquis, et de toujours attendre, pour parler on pour peindre, qu'il ait réellement quelque chose a dire et a exprimer. La vie du Poussin offre un exemple doublement frappant et du danger que court un peintre quand il cede a la facilité de sa main, et de la conduite qu'il doit tenir en pareil cas pour rentrer dans la veritable voie de l'art. Le cardinal de Richelieu et Louis XIII, voulant donner une impulsion aux arts en France, firent venir d'Italie ce peintre, qui s'y était rendu déja fort celebre. Arrivé à París, Poussin, qui n'aimait a faire des tableaux que de moyenne dimension et ordinairement sur des sujets de son choix et même de son invention, fut officiellement chargé d'exécuter une Cene, une Résurrection du Christ et le Miracle de saint Xavier, de grandeur naturelle. Ces trois ouvrages sont au nombre des plus faibles qu'ait exécutés le Poussin, qui, ayant la conscience du facile emploi qu'on lui avait fait faire de son talent, et dégoûté d'ailleurs des intrigues et des criailleries des peintres ses compatriotes, prit la sage et ferme résolution de retourner à Rome pour obéir librement à ses propres pensées.

Il est trop vrai que plusieurs notabilités de la peinture et de la sculpture se font remarquer par leur absence au salon de 1838. De ce nombre trop con

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Farmens: VID, Granz. Dean Cages
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viere, Seben. Couder. Picat. Gaia,
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gler, Brascassat, Levena, Decasit,
Belanger, Charle: Tops, Aim,
Beacme. Biard, Hesse, Fantra, e
zaisse, Signol, Robert Fleury, Konge,
Monvoisin, Hean pere et fis. Doce,
Watellet, Henri Scheller, hopperin
Paulin-Guéria, Grenser. Destieties,
Prasier. Baire, Dantan aloe, Durel,
Rude, Dantan jeune, Etex. Vais
et autres. On doit dire, en outre,
que d'anciens désertears dont le talent
n'a pas vielili, sont rentres en lice, no-
tamment M. Ecroil, qui s'etait depuis
long-temps retire dans les Alpines pro-
vençales; et M. Ducis, dont les gracies-
ses compositions ont été si souvent et
si heureusement reproduites par la
gravure. Puisse leur exemple être bien-
tot suivi par d'autres artistes en repa-
tation, que les pretentions exclusives
et intolérantes de la camaraderie avaient
également effrayés!

Nous commencerons d'abord par le tableau de M. Ziegler, representant Daniel dans la fosse aux lions. L'aspect de cet ouvrage est grave, et a disposition est simple. Le prophete, placé au centre du tableau, leve les yeux au ciel en étendant ses bras comme un homme pénétré de confiance en Dieu. Il est au milieu des bêtes féroces, résigné d'avance à subir le destin que le ciel lui réserve, et il l'attend en priant dans son cœur. Il est évident que l'auteur a voulu isoler Daniel de tout sentiment, de toute crainte terres

tres, pour faire ressortir sa foi et son obéissance à Dieu.

A ses pieds sont deux lions, et en face un ange agenouillé dont la voix et les gestes apaisent la fureur des deux animaux féroces. Toute cette scène, éclairée d'un jour venant par l'ouverture supérieure de la caverne, produit un effet d'autant plus ferme et piquant, que le lieu de la scène exige que le fond qui lui sert de champ soit obscur. L'effet est donc fort piquant, sans que le peintre ait été obligé de sacrifier la vérité ou la vraisemblance.

Quelques personnes s'étonnent que le prophete soit étranger à ce qui se passe a ses pieds, et qu'il paraisse si calme, bien qu'il ne soit pas rassuré par la vue de l'ange qui dompte les lions. Mais il nous semble au contraire que cette idée est précisément ce qui fait que M. Ziegler, loin de retomber dans la disposition banale des Daniel dans la fosse aux lions, a rajeuni et relevé ce sujet en donnant à son prophète une résignation si complete, une foi si grande, qu'il oublie ou qu'il dédaigne l'horrible danger auquel il est exposé. C'est au moins ainsi que le sujet s'est déployé dans notre esprit à la première vue du tableau, et un examen plus réfléchi nous porte à croire que nous ne nous sommes pas trompé.

Au surplus, cette production, dont l'intention est nette et précise, prend un intérêt nouveau quand on en observe les détails. L'attitude de Daniel, les traits et l'expression de sa figure ont de la grandeur et de la beauté. L'ange colorié et modelé avec beaucoup d'art, laisse peut-être quelque chose à désirer, surtout dans la partie inférieure de son corps; mais les deux lions qui semblent s'humilier à ses pieds et aux ordres de l'envoyé du ciel, sont fort beaux. Quoique M. Ziegler eût fait preuve de talent il y a quelques années au Salon, ce dernier ouvrage démontre qu'il a sérieusement étudié son art depuis ce temps; et en effet il a achevé presque entièrement la grande peinture qui couvre l'hémicycle, derrière le maître-autel de l'église de la Madeleine.

Le Daniel de M. Ziegler est l'ouvrage du Salon dont le style s'accorde le mieux avec l'élévation du sujet, et où l'on reconnaisse une idée bien arre

tée que l'auteur s'est efforcé de rendre jusque dans les moindres détails.

Les partisans outrés du genre romantique jugent aujourd'hui M. Eugène Delacroix comme ils ont jugé M. Paul Huet. Ils confessent que, dans le tableau de Médée furieuse, les incorrections de dessin sont nombreuses; que les bras des enfants qui se groupent avec la figure principale sont beaucoup trop grêles; qu'il est difficile de deviner à quel corps appartiennent telles jambes et tels bras et néanmoins, comme si des défauts si visibles devaient être comptés pour peu de chose, les critiques ne craignent pas d'affirmer que cette composition, marquée au coin du génie, est un des chefs-d'œuvre de l'exposition! La justesse de cette conclusion nous semble très-contestable. Sans être éloigné de croire au génie de M. Delacroix, qui a du moins prouve plus d'une fois de la verve et de l'originalité, nous croyons cependant qu'en dédaignant l'étude et en se flattant de marcher sans guide, cet artiste, né avec tant d'heureuses dispositions, risque continuellement de se fourvoyer. «Ecrire est un art, dit M. de Chateaubriant, dont le témoignage n'est pas >> suspect: cet art a des genres; chaque genre a des règles; les règles et les » genres ne sont point arbitraires; ils » sont nés de la nature même. »

Or, ce qui est vrai en littérature l'est encore plus peut-être à l'égard des arts d'imitation; et ce que dit là l'illustre auteur du Génie du Christianisme doit particulièrement servir de leçon à l'auteur de Medee furieuse. Oui, qu'à son imagination vive et forte, et à l'extrême facilité de son pinceau, M. Delacroix s'efforce de joindre un goût moins aventureux, une connaissance plus approfondie du dessin, du clair-obscur et de la perspective, personne alors ne sera assez injuste pour lui contester une place éminente parmi les peintres de notre époque. Alors sa réputation, trop tôt compromise, ne manquera pas de se rétablir sur des bases solides, et de survivre glorieusement à toutes les révolutions de la peinture. Si, au surplus, nous ne pouvons voir un chef-d'œuvre dans le tableau de Médée, nous aimons à reconnaître qu'il y a de la souplesse et une sorte de grâce dans les formes de la figure principale, et que la molle

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