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FRANCE

PITTORESQUE

Département du Rhône.

LYON:

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G

VILLE DE
LION

116004

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1011

Vingt ans après, Sévère, qui disputait l'empire. à Albin, s'empara de la ville, la saccagea et massaera une grande partie de sa population - Lyon, jusque-là splendide et puissant, tomba tout à coup. Les factions qui agitèrent Rome pendant les siècles suivants vinrent promener leurs fureurs sur ses débris. — L'empire tomba à son tour. Les Barbares qui le renversèrent saccagèrent Lyon à plusieurs reprises; ceux que commandait Attila en firent un monceau de ruines: alors disparut tout ce qui restait de monuments romains.

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La première fondation de Lyon précéda sans doute l'invasion romaine; mais la ville gauloise | devait être de peu d'importance, puisque César ni aucun des auteurs ses contemporains n'en font Cependant, favorisé par sa situation, protégé mention.-César avait établi à Vienne une colonie par son commerce, Lyoù renaissait peu à peu.romaine; elle en fut chassée par les Allobroges, Devenu la capitale du royaume des Bourguiet vint se réfugier au confluent du Rhône et de la gnons, le nouveau Lyon s'était étendu sur les Saône; Plancus, général romain, reçut du sénat rives des deux fleuves. En 583, une inondation l'ordre d'aider les réfugiés à se bâtir une nouvelle détruisit la moitié de la ville que la peste venait ville, et Lyon s'éleva sur le coteau de Saint-Just de décimer. - La protection et les bienfaits de et de Fourvières. Cette seconde fondation eut lieu Charlemagne lui rendirent une partie de sa prossept ans avant l'ère chrétienne. La ville romaine périté. Elle fut placée bientôt au nombre des posprit le nom de la ville celtique, Lugudunum ou Lug- sessions des rois de la Bourgogne transjurane, et dunum, mot dont les deux dernières syllabes signi plus tard (en 1047), lorsque les seigneurs bourguifient une colline. Quant au nom que la ville gnons se firent indépendants, Burchard, archeporte aujourd'hui, il vient, disent les auteurs lyon-vèque de Lyon, s'empara de la souveraineté temnais, du lion qu'elle avait mis dans ses armes par porelle de la ville, et la transmit à ses successeurs. reconnaissance envers Marc-Antoine son bienfai- Ceux-ci furent souvent en guerre avec les comtes teur, dont le lion était le symbole. Les em-de Forez, qui prétendaient aussi avoir des droits pereurs romains se plurent à combler de faveurs sur Lyon.- La construction du château de Pierre cette ville naissante; ils y firent bâtir un palais Scise remontait au moins à cette époque. superbe qu'ils habitèrent quelquefois. La piété et lippe-le-Hardi, comme nous l'avons dit plus haut la flatterie y élevèrent des temples. Rome et Au- (page 49), mit fin à toutes ces querelles, en preguste eurent un autel desservi par des prêtres, nant la ville sous sa protection; mais ce ne fut des aruspices, des sextumvirs. Agrippa fit de qu'en 1312 que Philippe-le-Bel, ayant obtenu de Lugdunum le point de départ des quatre voies mi- l'archevêque Pierre de Savoie la cession de tous litaires qui traversaient les Gaules. La ville s'em-ses droits à la souveraineté, Lyon devint, en droit bellit de tous les édifices qui dénotent une cite comme de fait, partie intégrante du royaume. Sous importante, et la plupart des grands fonctionnaires le gouvernement des rois de France, l'industrie У fixèrent leur demeure. Auguste y résida penet le commerce se développèrent avec une actidant trois ans, et en fit le chef-lieu d'une des qua- vité extraordinaire, par suite de l'émigration des tre provinces gallo-romaines. Plus tard, un riches négociants chassés de l'Italie par les incendie ayant détruit une partie des édifices, guerres civiles. Ceux-ci s'établirent à Lyon, et y Néron les fit relever. — Sous ce prince et ses suc- apportèrent non pas seulement des richesses, cesseurs, la ville reçut de nouveaux embellisse-mais encore des connaissances profondes de tout ments, et obtint la prééminence sur les autres ce qui constitue les spéculations commerciales et villes des Gaules. De grandes foires qui y industrielles. avaient lieu au mois d'août y attiraient de toutes parts une affluence prodigieuse d'étrangers: le commerce s'y développa dès lors avec une activité toujours croissante, et y jeta de si profondes racines que, depuis cette époque, les événements les plus désastreux n'ont pu l'anéantir. Les relations des négocians avec les Grecs introduisirent bientôt à Lyon la religion du Christ; mais les persécutions suivirent de près les conversions, et dès l'an 177 le sang des martyrs commença à couler.

T. III. - 8.

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prodigieux; ses brillantes étoffes de soie, surtout, tels hommes, que Lyon fut dépassé dans son Mi assurerent dès lors, dans ce genre, la supré-vement, et s'arrêta lorsqu'aux yeux de la ma matie industrielle, qu'elle exerce encore. Si, dans partie de la population, avancer davantage n teles circonstances, les rois de France, gui- plus qu'avancer dans le crime.-Cette tiedeur dés par une politique éclairée, favorisèrent le rita le parti dominant dans la capitale; des clu commerce de Lyon, ils trouvèrent, en revanche, se formèrent pour régénérer plus rapidement la dans le crédit de ses négociants, des ressources ville trop modérée. La Montague lutta contre immenses, qui les mirent souvent en état de faire la Gironde, qui comptait dans Lyon de nombreux de grandes entreprises. -François Ier, entre au- partisans. L'unité républicaine, qui livra la France tres, emprunta à la fois plus de six millions à la à la tyrannie révolutionnaire, et qui lui légua la banque de Lyon, somme énorme pour le temps.- centralisation administrative, allait être aux prises Les Lyonnais eurent leur Saint-Barthélemi: elle fut avec le fédéralisme, qui aurait peut-être fondé la presque aussi sanglante que celle de Paris. Man- liberté.- La Convention frappa la ville d'une rédelot, chef des égorgeurs lyonnais, acquit, par quisition énorme; on dressa des listes de prosses crimes, une épouvantable célébrité. - Lyon cription et d'impôt forcé; les sections indignées tint long-temps pour la ligue, et souffrit beaucoup s'armèrent contre la municipalité; le 29 mai 1793 pendant les guerres de religion. Influencée par vit les deux partis aux prises et le triomphe des son archevêque, ligueur forcené, cette ville avait sectious lyonnaises; mais livrée à ses seules long-temps refusé de reconnaître Henri IV; mais, forces, la ville fut assiégée par une armée répuaprés l'attentat de Châtel, les jésuites ayant été blicaine que dirigeait Dubois-Crancé. Le fachassés, et l'archevêque ayant perdu sa prépon- rouche montagnard cribla la ville d'une grêle dérance, elle devint sincèrement royaliste, et de bombes et de boulets; Lyon ressembla bienreçut le roi avec enthousiasme, lorsqu'il la visita, tôt à une écumoire, suivant l'expression d'un des en 1595. — Henri IV reconnut si bien l'affection chefs de l'armée de siége. Le bombardement et la fidélité des Lyonnais, que, dans un édit re- continuait sans interruption ainsi que les combats; latif à la réduction de leur ville, sous son obéis- les sorties succédaient aux assauts; le général des sance, il déclara que jamais il n'aurait d'eux au- Lyonnais, Précy, brave et intrépide, semblait mulcune défiance, ni désir de bâtir autres citadelles que | tiplier et lui-même et ses soldats; mais le nombre dans leurs cœurs et bonnes volontés. C'est qu'en ef- des défenseurs de Lyon diminuait par leurs succès fet ce sont là les véritables bastilles des rois, mêmes, alors que celui des assiégeants augmencomme les bataillons de citoyens intrépides sont tait chaque jour. Précy, désespérant de sauver la les meilleurs remparts contre l'étranger. ville, fut obligé de l'abandonner: les Lyonnais qui En 1630, quand le despotisme du cardinal de avaient combattu cherchèrent à échapper à la Richelieu commençait à devenir insupporta- mort en gagnant la frontière suisse; la mort les ble au roi Louis XIII lui-même, Lyon fut le frappa en chemin, et la plupart furent massacrés théâtre d'une conspiration qui devait renverser avant d'avoir pu gagner une terre hospitalière (1). le ministre-cardinal, mais qui ne fit que pousser - Après la retraite de Précy, Lyon était tombé au à l'échafaud ses ennemis : ce fut la journée des pouvoir de la Convention; cette assemblée, afin de dapes. En 1642, une nouvelle conspiration se bien faire comprendre quel est le règne de la terreur, trama à Narbonne. Cinq-Mars voulut délivrer la France et son roi pusillanime du joug de fer de Richelieu. Louis XIII trompa les espérances de ses partisans personnels. Cinq-Mars avait eu le tort de s'assurer par traité un refuge en Espagne: ce fut un crime d'État. Richelieu découvrit tout, fit arrêter Cinq-Mars, chef de compfot, et de Thou, qui ne l'avait pas révélé. On les amena et on les jugea à Lyon. Les deux amis ne sortirent de la prison de Pierre-Scise que pour monter sur l'échafaud: ils furent exécutés sur la Place des Ter

reaux.

(1) Les Lyonnais fugitifs ne furent point accueillis en Suisse comme l'auraient mérité leur courage et leurs malhenrs. On ne leur accorda pas une hospitalité désintéressée : « Une espèce de tolérance calculée fut tout ce qu'ils obtinrent; et les calculs de faibles ressources alimentaires de tels ou tels ville, bourg ou cette tolérance étant nécessairement dépendants des plus ou moins village, comme encore de la politique de tel ou tel autre canton où ils cherchaient un asile, ils furent souvent ballottés de l'un à l'autre Celui de Zurich, le plus commerçant et le plus manufac turier de tous, fut, à la vérité, constant dans la permission qu'il avait accordée à quelques Lyonnais de séjourner sur son territoire; mais il n'y admettait que ceux dont l'industrie pouvait profiter à ses manufactures et à son commerce. Un habile teinturier,

que nous avons connu, et qui avait donné la plus grande réputa

tion aux soies colorées par ses mains, se voyant demander, pour

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C'est la propriété de ma patrie, je la lui réserve pour des temps lyonnais qui pensaient de même et ne voulaient pas aliéner plus heureux; » et il partit à l'instant. Ceux des manufacturiers ainsi l'industrie propre à leur ville allèrent l'exercer dans la ville de Constance, où, sans exiger d'eux aucun sacrifice de ce genre, on les accueillait tous avec satisfaction.» (Mem. sur le siége de Lyon).

Pendant le règne de Louis XIV, la prospérité de Lyon fut portée au plus haut degré; la ville, jus-prix de son séjour à Zurich, le secret de ses teintures, répondit : qu'alors peu remarquable sous le archirapport tectural, s'embellit de nouveaux quais, de plusieurs églises, de l'Hôtel-de-Ville, du grand Collége, etc.; cet état prospère dura jusqu'à la révolution. Lyon était peut-être alors de toutes les villes de France celle qui sentait le moins le besoin d'un changement dans l'administration. Son régime municipal l'avait préservé en partie des maux qui pesaient sur le reste du pays. Cepen-leur rage stupide, et non contents de massacrer des victimes vidant le premier cri de liberté poussé à Paris fut répété par Lyon, et quand Paris renversa la Bastille, Lyon abattit le château de Pierre-Scise. Mais bientôt les événements marchèrent avec une telle rapidité à Paris, et y furent conduits par de

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N'y-a-t-il pas quelque chose de profondément touchant dans cette conduite honorable de proscrits refusant à des étrangers d'échanger, contre un asile, des secrets qui faisaient la prospérité de leur patrie? Les Lyonnais qui se conduisaient ainsi meritaient-ils mieux le titre de Français que les hommes qui, dans vantes, s'attachaient à renverser des pierres inertes, à démolir des édifices innocents? Le patriotisme des fabricants lyonnais reçut plus tard sa récompense; lorsque, rentrés en France, ils relevèrent leurs manufactures, aucune atteinte ne put être portée par une rivalité étrangère à la renaissance de leur industrie et de leur prospérité,

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