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Elles s'élèvent, comme on l'a vu, à 13,500,000 fr. euviron. Si l'on suppose qu'en faisant défalcation des non valeurs, cette somme doive se réduire à 12 millions de francs, ce sera encore un revenu relativement égal ou supérieur à celui de la plupart des petits Etats du continent de l'Europe, tels que le Wurtemberg (1), la Hesse électorale (2), la Hesse grand'ducale (5), la Valachie (4). Il suffirait donc que la Grèce ramenât ses dépenses au taux des dépenses de ces mêmes Etats, lesquels, à l'exception de la Valachie, ont, tout comme la Grèce, une dette publique dont ils doivent servir les intérêts et l'amortissement, pour que l'équilibre fût rétabli dans son budget.

Les dépenses du royaume de Wurtemberg, double du royaume de Grèce en superficie et en population, ne montent qu'à 19,818,84€ fr. Dans cette somme figurent les intérêts et l'amortissement de la dette publique, jusqu'à concurrence de 2,412,288 fr. Si les dépenses de la Grèce étaient établies au même taux, proportion gardée à la différence entre les deux Etats, elles ne s'élèveraient qu'à 8,500,000 fr. environ, et il resterait un excédant de 5,500,000 fr. plus que suffisant pour faire face aux intérêts et à l'amortissement de sa dette.

Il était évident, d'après ces exemples, que rien n'empêchait sérieusement la Grèce de réduire considérablement ses dépenses. Ne fût-ce que sur son état militaire, il y avait déjà une économie tout indiquée et qui, presque à elle seule, rétablirait l'équilibre de son budget. Quel besoin avait, en effet, la Grèce, pays que personne n'attaquait et ne pouvait attaquer, puisqu'il

(1) Population 1,520,000 âmes; revenu 21,725,627 fr.; dépenses 19,818,846 fr.; armée 15,953 hommes.

(2) Population 700,000 âmes; revenu 14,805,925 fr.; dépenses 12,531,584 francs; armée 5,679 hommes.

(3) Population 800,000 âmes; revenu 44,259,521 fr.; dépenses 14,559,239 fraues; armée 6,195 hommes.

(4) Population un millión d'âmes; revenu 6,096,473 fr.; dépenses 4,746,250 franes; armée 4,660 hommes.

se trouvait placé sous la garantie des trois plus grandes puissances de l'Europe, d'une armée de 12,000 hommes ? Et lorsque l'on songeait que parmi ces 12,000 hommes figuraient encore, à la fin de cette année, 5,647 hommes de troupes allemandes, qu'on était obligé de tenir à l'écart dans les temps de troubles, parce que leur présence était une cause d'irritation, et qu'on ne pouvait non plus disposer le long des frontières, parce que ignorant la langue, ils étaient incapables de rendre aucun véritable service; lorsqu'on songeait à cette circonstance, il était impossible de ne pas croire qu'une réduction de 3 à 4 millions sur le budget de la guerre serait d'une opération facile, prompte et d'un résultat assuré.

CHAPITRE IV.

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SUISSE. Révision de plusieurs constitutions cantonales. - Troubles dans le canton de Berne. Etablissement d'une nouvelle constitution dans le canton de Glaris. Ouverture de la session de la diète. Organisation militaire de la Confédération Garantie donnée à la nouvelle constitution de Glaris. Interdiction aux milices de Neufchâtel de porter une médaille prussienne dans les camps fédéraux.- Question de la révision da pacte. Clôture de la session.

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SARDAIGNE. Rupture des relations commerciales avec l'Espagne. - Abolition des services personnels, et réglement pécuniaire des prestations féodales dans l'ile de Sardaigne.-Promulgation d'un nouveau Code civil. DUCHÉ DE MODÈNE. Jugement des auteurs de l'insurrection de février 1851. Commutations de peines accordées aux prisonniers politiques. ETATS ROMAINS. Choléra.- Attitude de la population à Rome.— Mesures du Gouvernement. - Massacres de quelques individus accusés d'empoisonnement. Invasion du choléra à Rome. Aspect de cette ville. — Troubles à Viterbe. Ravages de la maladie à Rome. Affaire de l'archevêque de Cologne.

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DEUX-SICILES. Célébration du mariage du roi avec une archiduchesse d'Autriche. · Nouvelle apparition du choléra à Naples. — Ravages de la maladie dans cette ville. Moyens employés pour y mettre un terme. Insurrection politique à Penne. - Jugement des insurgés par une commission militaire. Invasion du choléra en Sicile. Ses ravages à Palerme. Etat de cette ville. Massacre de prétendus empoisonneurs. Le gouvernement envoie des troupes en Sicile. Horribles massacres à Syracuse.-Troubles à Messine. - Insurrection politique à Catane.—Troubles et massacres en plusieurs autres endroits. Changemens opérés par le gouvernement dans l'administration de la Sicile. Etat général de ce pays.

Exécution des assassins.

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SUISSE.

Dans les nouvelles constitutions cantonales établies en 1830 et 1851 se trouve un article qui parle d'une révision de ces mêmes constitutions après un laps de six ans. Ainsi on

avait renoncé à l'antique prétention des législateurs qui croyaient imposer leurs lois à l'avenir le plus reculé; on avait voulu prévenir les renversemens violens, en imprimant d'avance le sceau de la légalité aux révolutions qui se présenteraient sous des formes prescrites; enfin, on avait adouci la révolution du moment même en montrant une époque assez rapprochée où elle pourrait être achevée. Cette époque arrivait cette année, et deux partis contraires se proposaient d'en profiter dans des vues diametralement opposées, l'un voulant ramener les choses en arrière, l'autre s'efforçant d'élargir encore la base populaire sur laquelle reposaient les nouvelles constitutions.

Le premier de ces deux partis, celui du patriciat, celui que la révolution de 1830 avait dépossédé du pouvoir, semblait conserver, dans le canton de Berne, plus que partout ailleurs, l'espoir de prendre sa revanche en 1857, à la faveur de la révision de la constitution. Une association que l'aristocratie bernoise, point de ralliement et d'appui de celle des autres cantons, avait formée dans le but de préparer les voies à une réaction, fut frappée de dissolution, le 8 mars, par le grand Conseil, qui déclara cette association illégale et dangereuse pour l'Etat. Les mécontens essayèrent alors d'agir directement sur les masses, en provoquant des assemblées populaires dans lesquelles ils prêchèrent à peu près ouvertement l'insurrection. C'est ainsi du moius que les choses se passèrent, le 50 avril, à Briënzwyler, village voisin de Brienz. Les meneurs se préparaient à parcourir le pays pour appeler leurs partisans aux armes, puis à marcher sur Interlaken, et de là sans doute sur Berne. Mais l'autorité prit ses mesures, les milices furent convoquées; un colonel se porta avec 400 hommes contre les mutins, et parvint à les disperser sans faire usage de la force.

Quant à la révision des constitutions, dont l'approche était devenue la cause occasionnelle de ces mouvemens, elle se fit sans donner lieu à aucun incident remarquable, et laissa intactes les institutions conquises en 1850; on n'y introduisit que

des modifications peu importantes et généralement favorables au parti populaire.

Pour le canton de Glaris, ce n'était pas seulement d'une révision qu'il s'agissait, mais d'un renouvellement de la constitution. Ici, c'est l'assemblée de tous les citoyens qui exerce la souveraineté cantonale; mais il y existait une séparation légale entre les protestans et les catholiques. Après s'être querellés pendant 150 ans, ces deux partis avaient conclu, en 1683, un traité par suite duquel la population de chaque religion avait sa propre juridiction ainsi que sa propre assemblée, qui s'attribuait une partie des fonctions de l'assemblée commune, et qui nommait alternativement avec l'assemblée de l'autre confession, aux premières charges du canton. Or, les sept huitièmes de la population de Glaris étaient protestans, et le dernier huitième se composait de catholiques parmi lesquels trois ou quatre familles seulement étaient assez aisées et assez éclairées pour s'occuper des affaires publiques. En effet, elles jouirent du pouvoir comme d'un héritage, et par une espèce d'analogic, le même phénomène s'établit du côté protestant. Depuis quelque temps, les autres familles riches et instruites s'impatientaient de l'impossibilité où elles étaient d'arriver au pouvoir; elles dirigèrent leurs attaques contre le privilége catholique, en s'alliant la partie protestante du Gouvernement, et il en résulta une nouvelle constitution qui, émanée de l'assemblée commune, avait principalement pour objet d'établir dans le canton l'égalité des droits civils et politiques entre les citoyens des deux communions religieuses.

La question de la garantie à donner à cette constitution était au nombre des principales à résoudre dans la prochaine session de la Diète, qui se réunit le 3 juillet, à Lucerne, où avait été transféré, depuis le 1er janvier, le siége de l'autorité fédérale. Avoyer du canton de Lucerne, et en cette qualité président de la Diète, M. Amrhyn inaugura son ouverture par un discours où perçaient les regrets, le désappointement et la cessation de toute confiance dans la force vitale de l'assem

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