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tentat de Meunier, fait remonter jusqu'au roi la responsabilité des actes de son gouvernement.

Le gérant du Courrier français, qui comparut seul, fut acquitté par le jury. M. Dutacq fut condamné par défaut à deux mois de prison et 2,000 fr. d'amende (minimum de la peine).

M. Dutacq, opposant à cet arrêt, se présente devant la cour; il est assisté de Me Odilon Barrot, son défenseur.

Le greffier donne lecture de l'article incriminé, publié le 30 décembre en ces termes :

• La constitution avait prétendu assigner des limites à tous les pouvoirs qu'elle constituait; elle avait tracé comme autour d'eux un cercle où leur action devait se renfermer, et toute précaution semblait avoir été prise pour qu'en cela, comme en tout le reste, sa volonté fût faite. Mais soit qu'elle eût été imprévoyante sur un point ou méprisée sur tous, il est visible que l'un des pouvoirs qu'elle voulait contenir s'est échappé de la sphère constitutionnelle par la tengente diplomatique. Libre aujourd'hui dans ses mouvements par suite de la position excentrique qu'on lui a laissé prendre, et irresponsable par sa nature, il est tout simple qu'il ait attiré à lui tous les autres pouvoirs, et qu'il les force de se mouvoir dans son orbite. Qu'en est-il résulté ? C'est qu'il s'est désigné par là aux coups des factieux et des assassins, tandis qu'il fût resté hors de leurs atteintes, s'il n'eût pas quitté la sphère élevée où l'avait placé la constitution; c'est que les ministres, véritables auteurs des fautes politiques qu'ils ont conseillées, échappent à la responsabilité qui devrait les frapper; c'est qu'on a cessé de voir un remède à la situation de la France dans la chute d'un ministère; c'est que le gouvernement représentatif n'est plus qu'une représentation du gouverne

ment. »

M. l'avocat-général Plougoulm pense que le sens de l'article est tellement clair qu'il n'est pas besoin de développements pour en démontrer la culpabilité, et appeler sur la personne de l'éditeur responsable une condamnation sévère.

Me Barrot, avocat de M. Dutacq, regarde la question comme fort grave, et dit que la coopération personnelle du roi aux actes de son gouvernement con

stitutionnel, dont les ministres sont seuls responsables, pourrait offrir de grands dangers.

«Les journaux de l'opposition dynastique dévoués au maintien de la dynastie n'ont jamais voulu jeter sur le pouvoir royal aucun blâme; ils n'ont voulu donner qu'un avertissement salutaire tout dans son intérêt ; c'est ce qu'expli. que l'acquittement du Courrier français, poursuivi pour le même délit que l'on reproche au journal le Siecle.

» On a pu trouver un indice de la coopération personnelle du roi dans cette lettre remarquable où, faisant ses adieux à la diplomatie européenne, M. le prince de Talleyrand déclare qu'il n'a eu d'autre mérite dans toutes ses combinaisons diplomatiques, que de deviner la pensée du roi. Il n'y est pas dit un mot, ni du ministère, ni de l'opinion publique du pays. Cette lettre, dit Me Barrot, est un anachronisme. Il semble que ce soit une lettre de démission adressée par Louvois à Louis XIV.

» On a vu M. Martin (du Nord) dans ses réquisitoires, MM. Ræderer et Capefigue dans leurs brochures, faire honneur au roi de son action gouvernementale. Enfin, l'ordre d'enlèvement du prince Louis Bonaparte transmis à Strasbourg, et loué dans le Moniteur lui-même, comme émanant d'une auguste volonté supérieure, n'est-il pas une preuve suffisante de cette funeste disposition des organes du gouverne. ment à personnifier dans la personne du roi, leur propre système, leurs propres fautes ?

Ainsi, il y a, dans les ministres et dans tous les délégués du pouvoir exécutif, une tendance funeste à personnifier le système du gouvernement dans la personne de Louis-Philippe. Ce n'est pas nous, l'opposition, qui avons « mis la personne du roi en dehors de la fiction représentative » ; c'est le ministère, qui ne se sentant pas assez fort, et dans un intérêt d'égoïsme et de conservation, se mit à couvert sous la personne du roi, ne craignant pas ainsi d'exposer

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Après des répliques successives du ministère public et du défenseur. M. Dutacq, déclaré non coupable par le jury, a été acquitté.

11. Cour d'assises. Affaire de la Gazette de France. Les places réservées étaient envahies de bonne heure par les personnes qui ont coutume de suivre les débats des causes légitimistes. On y remarquait beaucoup de dames vêtues en noir ou en violet.

M. Aubry-Foucault, gérant responsable de la Gazette de France, qui subit déjà une condamnation pour delit de presse, a été ce matin extrait de Sainte Pélagie pour soutenir son opposition à un arrêt par défaut qui le condamne à trois mois de prison et 3,000 f. d'amende pour avoir, dans les numéros de la Gazette de France des 8 et 9 décembre dernier, commis les délits suivants : 1o attaque contre l'ordre de successibilité au trône; 2° attaque contre les droits que le roi tient du vœu de la nation française, exprimé dans la déclaration du 7 août 1830 et de la Charte constitutionnelle; 3° acte public d'adhésion à une autre forme de gouvernement.

Il s'agit d'une lettre datée de Goritz, dans laquelle le duc d'Angoulême est présenté comme maintenant l'effet des abdications de Rambouillet à l'égard de son neveu, et ne prenant le titre de roi que dans l'intérieur de sa maison et par des convenances relatives à l'éducation du jeune prince. « L'héritier de Charles X, ajoute le correspondant, a ma❤ nifesté l'intention où il était de ne conserver l'exercice de son pouvoir qu'autant que se prolongeront les malheurs de sa famille et que l'exigera l'intérêt de ceux dont Dieu l'a fait le chef et le père, etc. »

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l'après-midi, un habitant du quartier du Jardin-des-Plantes, voulant se défaire de sa chienne, chargea de ce soin un commissionnaire du voisinage. Le commissionnaire, en traversant le Jar din-des-Plantes, s'arrêta devant une des fosses où se trouvent les ours, et y précipita la pauvre chienne. Une ourse et ses deux oursons déjà gros occupent cette fosse. A la vue de la chienne, les deux derniers se précipitérent sur elle pour la dévorer; mais l'aspect de cet animal, qui tremblait et semblait de mander grâce, produisit un tout autre effet sur l'ourse; elle se jeta entre les oursons et la chienne, qu'elle défendit contre la voracité de ses petits.

Se voyant ainsi protégée, la pauvre chienne parvint à se retirer dans la ca bane où l'on donne à manger aux trois animaux. Elle y a passé la nuit, toojours défendue par l'ourse; et ce matin, quand les gardiens sont venus donner la nourriture à leurs pensionnaires, elle a été retirée saine et sauve. Un des en ployés du Jardin-du-Roi l'a aussitôt recueillie chez lui et s'est chargé d'elle.

M. le préfet de police, instruit de ces faits, a ordonné qu'on retirât au commissionnaire sa médaille.

20. Projet d'attentat contre la vie da roi.-On lit ce matin dans le Moniteur:

La police était depuis quelques jours sur les traces d'un nouveau projet d'attentat contre la vie du roi, dont l'auteur était un nommé Champion, ouvrier mécanicien. Des révélations ayant conduit à reconnaître qu'il projetait la construction d'une machine infernale destinée à accomplir son dessein, il a été arrêté ce matin. Des pièces de conviction ont été saisies chez lui, et des dépositions importantes n'ont pas laissé de doute sur sou projet. Cet homme, qui a avoué ses criminelles intentions avec des circonstances d'une extrême gravité, a profité de quelques instants d'absence de son surveillant pour se pendre dans sa prison, au moyen de sa cravate. La justice informe sur l'ensemble de cette affaire. »

On lit ce soir dans la Charte de 4830:

« Nous nous sommes procuré quelques détails sur le suicide de Champion. Nous croyons qu'ils intéresseroni nes

lecteurs.

• Arrêté hier matin, ïl avait été im

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CHRONIQUE.-FÉVRIER.

médiatement amené à la préfecture de police et placé dans une cellule séparée, Sous la surveillance d'un gardien spécial. Pendant toute la matinée, il manifesta la plus vive agitation, il exprimait hautement et à plusieurs reprises le regret de n'avoir point accompli son projet.

Son surveillant, qui entrait fréquemsment dans la cellule et l'observait, en outre, à chaque instant par le guichet, de calmer son irritation. Chamessaya pion s'écria Laissez-moi! J'irai en place Saint-Jacques; mais si l'on ne » m'avait pas arrêté, je n'aurais pas du » moins manqué mon coup: j'aurais mieux combiné mon affaire que Fieschi, et j'aurais réussi, moi!»

» Il était alors six heures, le surveillant sortit peu d'instants après et revint au bout de quelques minutes. Il trouva Champion suspendu à un barreau de la la fenêtre, à l'aide de sa cravate. Pour as exécuter son projet, Champion était monté sur son lit, qu'il avait repoussé ensuite avec ses pieds, de manière à ce que le poids de son corps amenât immédiatement la strangulation.

» Le surveillant s'empressa de le déus tacher, et appela le directeur et les autres employés de la prison. Malgré tous les efforts des assistants, malgré les soins d'un médecin qui arriva aussitôt, il fut impossible de rappeler Champion à la vie. »

25. Election académique. — L'Aca démie des beaux-arts a pourvu aujourd'hui au remplacement de M. le baron Gérard. Sur 38 votants, M. Schnetz a obtenu 24 suffrages; il a été en conséquence proclamé. Les concurrents de M. Schnetz étaient MM. Léon Cogniet, Eugène Delacroix, Langlois, Granger et Steuben.

25. Paris. La grippe en Angleterre, en Allemagne et en France.-L'Europe n'est pas encore entièrement délivrée du choléra asiatique, et voici qu'elle se trouve envahie par une autre épidémie. La grippe ou l'influenza s'est fait sentir successivement dans différentes parties de l'Angleterre, de l'Allemagne et de la France, depuis le commencement de l'année, et doit s'étendre jusqu'en Italie et en Espagne. Cette maladie, qui consiste en un catarrhe

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épidémique, a déja fait plusieurs fois le
tour de l'Europe. Elle est la consé-
quence d'un froid rigoureux remplacé
par un temps humide. Elle commence
presque toujours en novembre, décem
bre et janvier; et si quelquefois elle
s'est montrée en été, son apparition a
toujours été annoncée et accompagnée
par un froid insolite et une grande hu-
midité. Elle débute par un mal de gorge
accompagné de fièvre; l'affection en-
vahit successivement la trachée-artère
et les bronches; le malade éprouve des
accés de toux et de suffocation; la fiè-
vre augmente et devient très-forte, l'ex-
pectoration est difficile et visqueuse.
Bientôt à ces symptômes se joint une
constriction spasmodique des parois
thorachiques, et le malade succombe
en très-peu de jours ou entre en con-
valescence. A l'ouverture du cadavre,
on trouve la muqueuse bronchique lé-
gèrement phlogosée et boursoufflée jus-
qu'aux dernières ramifications bronchi-
ques; elle est enduite d'une couche
épaisse de mucosité, comme d'une
fausse membrane. Les plevres sont sai-
nes, les poumons sont sains, mais quel-
quefois légèrement engoués.

Bien que l'épidémie ait atteint cette année une innombrable quantité d'individus en Allemagne, en France et en Angleterre, elle n'a été suivie d'une grande mortalité que dans ce dernier pays, surtout à Londres et à Edimbourg. Un journal de Londres du 23 janvier s'exprimait ainsi :

La mortalité occasionée par la grippe continue à régner à Londres avec une grande intensité. La ville préchaque sentait, hier dimanche, le spectacle le plus triste. On rencontrait instant, dans toutes les directions, de nombreux convois se rendant aux cimetières de l'intérieur ou de l'extérieur. Quelques-uns offraient à l'œil un aspect assez extraordinaire, les entrepreneurs de funérailles n'ayant pu fournir à toutes les demandes dê manteaux de deuil. La route de Saint-Pancrace s'est trouvée encombrée, entre trois et cinq heures, par une quantité considérable de convois qui s'étendaient depuis KingCross jusqu'au grand cimetière, près de Old-Church. Quarante-sept cercueils, suivis d'un grand nombre de personnes, ont été apportés dans l'espace de deux heures. On a été obligé de mettre des

hommes de police près des portes pour empêcher la foule qui stationnait, d'entrer. On n'admettait que les personnes qui conduisaient le deuil. Beaucoup de cercueils étaient portés par les amis des défunts, qui se relevaient par intervalle. On a dû, pendant ces trois derniers jours et ces trois dernières nuits, employer des terrassiers et des jardiniers pour creuser les fosses. Nous avons cité la paroisse de Saint-Pancrace, parce que son nom s'est trouvé sous notre plume; mais nous savons que les autres paroisses de la ville et des faubourgs ont présenté plus ou moins le même spectacle de deuil et de désolation depuis que cette épidémie alarmante exerce ici ses ravages. »

Les actes de décès enregistrés à Lon. dres, pendant les cinq semaines finissant le 31 janvier, présentaient les chiffres suivants: 228, 284; 477, 871 et 860. L'épidémie avait alors atteint maximum.

son

Quant à Edimbourg, voici ce que le Times du 24 février en disait : « Le choléra, suivant l'opinion la plus générale, a été moins fatal à la ville d'Edimbourg que la maladie épidémique (l'influenza, la grippe), qui y exerce à présent ses ravages. On se rapelle qu'à l'époque de l'invasion du choléra, Edimbourg fut traité moins sévèrement que beaucoup d'autres districts; cependant en jetant les yeux sur les rapports de la commission de santé, nous voyons que le choléra commença à Edimbourg vers la fin de janvier 1832, et continua sans interruption jusque vers le milieu de décembre de la même année; que, dans ce laps de temps, il y a eu 1,886 personnes attaquées de cette maladie, sur lesquelles 1,065 ont péri et 821 ont été guéries, ce qui donnait par mois environ 101 décès. Le nombre des morts a dépassé la proportion ordinaire, pendant le mois dernier, de 323, c'est-àdire trois fois plus que le choléra en 1832. On espère que bientôt une température plus douce arrètera les ravages d'une épidémie qui d'ailleurs commence à être mieux connue. Il est digne de remarque que le choléra prenait ses victimes dans les classes inférieures de la societé, tandis que la grippe a frappé toutes les classes indistincte

ment. »

Partout, au reste, la maladie se ré

pandait avec rapidité là où beaucoup de personnes se rassemblaient; dans les prisons, les casernes, les fabriques, les théâtres. A Berlin, à Londres et à Paris, plusieurs fois les représentations théâtrales durent être suspendues, et c'est à peine si les garnisons purent fournir les hommes nécessaires au service habituel.

Dès le 18 janvier, on écrivait de Berlin: «La grippe fait aujourd'hui le sujet de toutes les conversations; elle exerce ses ravages dans tous les quartiers de la ville et dans toutes les classes de la société. Elle s'attache sur les masses et sur les individus forcés de travailler assis dans des appartements bien chauffés. Le tiers de la garnison est malade. On assure que 70 à 80 mille personnes souffrent de ce fléau. » Il entraina aussi dans cette ville une mortalité assez grande.

A Paris, au contraire, la grippe, quoique non moins universellement répandue, eut rarement des suites fatales, comme on peut en juger par ce tableau statistique, dont nous garantissons la fidélité, puisqu'il a été relevé sur des pièces authentiques:

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la mortalité par conséquent semblerait doublée à Paris en ce moment; mais il faut établir en ligne de compte la morfalité habituellement minime des mois d'été, mortalité qui n'est guère que de 20 à 30 personnes par jour, ce qui amène, pour les mois d'hiver, une surcharge d'un quart environ, et porte le chiffre des premiers et des derniers mois de l'année à 60 ou 70 décès par jour. Par conséquent la situation présente n'offre plus qu'un excédant d'un tiers environ sur le chiffre ordinaire. Puis il faut déduire encore de ce tiers en sus, le retard observé pendant le dernier trimestre, retard qu'on ne peut évaluer à moins de 600 cas qui, répar tis sur la quinzaine écoulée, forment tout juste le chiffre de 40 par jour, et complètent exactement le nombre de la moyenne établie pour les années ordinaires.

MARS.

3. Paris. Académie royale de musisique. 1re représentation de STRADELLA, opéra en cinq actes, paroles de MM. Emile Deschamps et Emilien Paccini, musique de M. Niedermeyer.- Stradella, célèbre compositeur et le premier chanteur italien du XVIIe siècle, eut une destinée toute romanesque. Rival en amour d'un seigneur vénitien, auquel il enleva sa maîtresse, et qui le fit suivre à Rome par deux bravi chargés de l'assassiner, il fut préservé de ce danger d'une manière presque miraculeuse : les bravi l'entendirent chanter dans une église un morceau de sa composition, et furent si charmés, si touchés de la beauté de sa voix et de sa musique, qu'ils lui avouèrent leur projet et lui conseillèrent de prendre immédiatement la fuite. Mais Stradella ne devait pas échapper à la vengeance du Vénitien. Frappé un jour de deux coups de poignard à Turin, il n'en guérit que pour être égorgé à Gênes, avec son amante. par des assassins dont on n'entendit jamais parler ensuite. Les auteurs de l'opéra nouveau, auquel on peut reprocher la faiblesse et là vulgarité de certains ressorts dramatiques, des épisodes inutiles et quelque lenteur dans l'action, n'ont pas conservé ce tragique dénouement. Après la scène dans laquelle la voix de Stradella désarme ses assassins et qui se passe à Sainte-Marie - Majeure de Rome, le jeudi-saint, Stradella, réclamé au nom de la république vénitienne, réussit à se sauver des mains de ses gardes, est pris de nouveau et croit n'avoir plus qu'à mourir, lorsque son rival, nommé récemment doge de Venise, lui pardonnne généreusement au milieu des fêtes qui célèbrent son mariage avec la mer. En mettant ainsi Rome et Venise, avec leurs plus beaux monuments, leurs solennités les plus pompeuses, à la disposition des décorateurs, des costumiers et des machinistes de l'Opéra, les auteurs du poème leur ont fourni l'occasion, dont ils ont admirablement profité, de présenter un spectacle éblouissant de magnificence et de variété. Quant à la musique, légère, facile et plus gracieuse qu'expressive, moins remarquable en un mot par son originalité et sa

En effet, depuis quelques mois, de septembre 1856 à la fin de janvier 1837, la mortalité avait considérablement diminué dans Paris; le mois de décembre, l'un des plus funestes ordinairement, se trouvait beaucoup au-dessous des chiffres de 1833 et de 1834, et même comptait trois cents décès de moins que celui de l'année 1835, année cependant au-dessous de la moyenne. I devenait donc évident pour tous ceux qui ont l'habitude d'observer les phases de la mortalité, que la fin de l'hiver ou le commencement du printemps devait présenter une augmentation sensible. La grippe a pris la triste mission de remplir cette lacune; elle est venue réparer l'oubli momentané de la loi naturelle; elle a repris en quelques jours ceux que le hasard avait laissés en arrière; peut-être mème en a-t-elle avancé d'autres; peut-être a-telle accéléré l'heure de quelques malheureux condamnés que le mouvement printanier ou la chute des feuilles de l'automne prochain eussent décimés en détail; mais elle n'a touché ni aux fortes constitutions, ni aux existences frêles, ni mêmes aux vieillards, quand il ne préexistait pas chez eux une cause inévitable de mort, ou que des imprudences n'ont pas fait prendre aux maladies un caractère étranger à l'épidé mie.

Ann. hist. pour 1837. Appendice.

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