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y recueillir, comme si la Providence avoit voulu y fournir à chaque siècle un préservatif contre les di verses erreurs qui se succèdent, et à chaque hommę un appui contre des tentations toujours renaissantes. Les ministres de la religion ont donc constamment eu recours à ces oracles sacrés pour leurs exhortations', et les orateurs, comme les théologiens, y ont trouvé des armes pour combattre, tantôt les penchans déréglés de notre foible humanité, tantôt les faux dogmes que produit l'esprit de ténèbres. M. l'ancien évêque de Langres paroît s'être proposé l'un et l'autre but dans son ouvrage. Ce prélat, soit pendant qu'il étoit livré aux fonctions de l'épiscopat, soit depuis qu'il s'en est démis à la voix du chef de l'Eglise, n'a cessé d'occuper ses loisirs à des productions aussi utiles qu'honorables pour la religion, et dont la collection est encore plus précieuse par le choix des sujets qu'imposante par le nombre des volumes, Cette Explication des Evangiles n'en est pas la portion la moins intéressante. Cet ouvrage étoit déja connu et apprécié par cette partie du public qui prend intérêt à tout ce qui touche la religion. Cette nouvelle édition aura droit de lui plaire encore davantage par le soin qu'a pris l'auteur de la revoir, et de la faire imprimer sous ses yeux.

M. l'ancien évêque de Langres a travaillé principalement pour son siècle. Tantôt il expose les vérités générales du christianisme, tantôt il combat les erreurs de ses contemporains. L'explication de l'Evangile du premier dimanche de l'Avent pourroit être regardé comme un sermon court, mais solide, sur le jugement dernier. D'autres sont plus dans le genre des prônes, ou plutôt ressemblent assez aux

connues,

homélies des Pères. D'autres ont pour objet spécial de réfuter les prétentions de l'incrédulité. Ainsi dans l'explication de l'Evangile du quatrième dimanche de l'Avent, le prélat prouve l'authenticité de l'Evangile. Ailleurs, il établit d'autres vérités que ce siècle a méet tonne contre notre indifférence et notre froideur à l'égard de la religion. Il entremêle ainsi la doctrine et la morale, fait aimer la foi en même temps que la vertu, et fait rougir l'homme de ses erreurs en même temps que de ses foiblesses. Nous prenons pour exemple un morceau où M. de la Luzerne montre les obstacles qui devoient empêcher l'établissement du christianisme. Le tableau est assez long; nous n'en détacherons qu'une très-petite partie :

<< Au milieu de cette religion, si solidement fondée, si universellement révérée, retentit tout à coup l'annonce d'une religion nouvelle, absolument différente de toutes les autres, qui étoient venues successivement s'incorporer à l'ancienne. C'est une religion insociable; c'est un culte incompatible avec tous les cultes antiques; c'est un dieu ennemi de tous les autres dieux. Peuples égarés dans la religion de l'erreur, tout ce que vous avez cru, est des fables; tout ce que vous avez révéré, est des chimères; tout ce que vous avez adoré, est des démons. Arrachez de vos coeurs les principes que vous suçâles avec le lait; abjurez aux pieds des nouveaux autels les dogmes que, par une succession immémoriale, vous ont transmis vos ancêtres; effacez de vos esprits vos séduisantes fictions; brisez les ressorts de vos gouvernemens, et que vos souverains consentent à perdre l'appui que prêtoient à leur autorité vos pompeuses cérémonies. Les apôtres l'ont dit : ils ont ordonné aux nations de fouler aux pieds tout ce qui avoit été jusque-là l'objet de leurs respects. Et qu'y substitueront-ils? par où remplaceront-ils tout ce qu'ils anéan

tissent? Au lieu de ces divinités, que l'imagination mul tiplioit et embellissoit à son gré, ils présentent aux adorations de la terre un homme né parmi le peuple le plus méprisé, et dont la vie, passée dans l'humiliation ét dans la bassesse, a été terminée par l'arrêt d'un président romain, dans le supplice le plus infâme, dans un supplice que Rome n'inflige qu'aux esclaves, et dont ses citoyens ne doivent pas être souillés. A 'ces fictions enchanteresses, qui charmoient et élevoient les esprits, ils substituent des mystères qu'il est ordonné de croire, défendu de sonder, inpossible d'approfondir. Quelle force s'est donc trouvée dans ces dogmes si austères, dans ce culte tout spirituel, pour que le genre humain se soit va contraint de leur sacrifier tout ce que depuis one multitude de siècles il étoit accoutumé à révérer et à chérir? Je cherche le paganisme, et je ne le vois plus. Il a disparu de la terre qu'il gouvernoit ; et le christianisme règne à sa place. Toutes les idoles sont en poudre, et Jésus-Christ est sur tous les autels ».

En général ces explications sont nourries, solides; elles abondent en développemens, elles sont de plus écrites avec intérêt, quelquefois même avec chaleur. Elles ne peuvent qu'ajouter à la réputation de leur illustre auteur, et fournir aux pasteurs et aux fidèles des sujets d'exhortations publiques et de lectures privées, également utiles pour faire connoître et aimer une religion aussi pure dans ses dogmes que conso→ lante dans sa morale.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME Le cardinal Ferdinand - Marie Saluzzo, qui vient de mourir, étoit né à Naples le 21 novembre 1744, de la famille des ducs de Conigliano. Il donna dès sa jeunesse des marques de sagesse et de piété. Lorsqu'il

ent terminé, à Rome, le cours de ses études, i! fut admis dans le colléga des protonotaires apostoliques, puis nommé vice-légal de Ferrare, et il fit même les fonctions de légat en l'absence du cardinal Borghese, qui fut appelé au conclave après la mort de Clément XIV. Etant retourné à Rome, Pie VI lui donna la place de Ponent de la consulte, et en 1784, il l'envoya, comme nonce, en Pologne, charge dont M. Saluzzo s'acquitta avec prudence et dextérité au milieu des troubles de ce pays. Au retour, il fut fait président d'Urbin, et gouverna cette province avec beaucoup de droiture et d'équité, Le 23 février 1801, le pape régnant le nomma cardinal du titre de Sainte-Marie del Popolo, qu'il quitta peu après pour celui de Sainte-Anastasie. Outre les congrégation de la Propagande, du concile, des rits et des évêques, et régulières, dont il étoit membre, il étoit depuis 1714 préfet de celle du bon gouvernement. Ce cardinal s'étoit fait aimer par sa franchise, sa caudeur et par ses qualités sociales. Ses funérailles eurent lieu, le 7 novembre, dans l'église de Sainte-Marie in Vallicella. Le saint Père y assista avec le sacré collége. De la le corps fut transporté dans l'église de SainteAnastasie. Il a prié le souverain Pontife, par son testament, d'accepter un tableau de l'Assomption.

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Les gens de lettres de celle capitale ont revu avec plaisir le P. Andres, Jésuite, qui vient d'arriver de Naples,

PARIS. Mme, la princesse de Condé, qui a depuis longtemps renoncé au monde pour embrasser les austérités de la vie religieuse, n'avoit pu, malgré son désir, reprendre la clôture depuis son retour d'Angleterre. Il avoit fallu disposer l'hôtel du Temple, que S. M. lui a donné pour s'y réunir avec ses sœurs. Les travaux vien➡ pent enfin d'être terminés, et la princesse y est entrée le 5 novembre au soir. Elle se propose de n'en plus sortir, et d'y observer la règle dans toute sa rigueur. La maison a été distribuée comme il convenoit pour une

communauté. On a pratiqué provisoirement une cha→ pelle dans une des salles, qui est la pièce même qu'occupa Louis XVI lorsqu'il fut amené dans ce lieu, et avant qu'on le conduisît à la tour. Ce n'est pas sans dessein probablement que l'on a choisi cette salle pour en faire un lieu de prières. La princesse y retrouvera les souvenirs de sa famille, et ce sera un nouveau motif pour les religieuses de l'Adoration perpétuelle de joindre à leurs pieuses méditations des prières pour d'illustres victimes, et des voeux pour le Roi et pour l'Etat.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi continue d'entendre la messe dans ses appartemens. S. M. est cependant rétablie, et elle a reçu tous ces jours derniers.

MONSIEUR et les Princes ses fils sont allés, le 30 novembre, à Saint-Denis. Les maisons de la ville étoient décorées de drapeaux et d'emblêmes. LL. AA. RR. sont descendues dans la grande cour de la maison royale d'éducation, et y ont été complimentées par M. le grand chancelier de la Légion d'honneur, et par Mme, la surintendante. MONSIEUR a dit a M. le duc de Tarente : « Monsieur le maréchal, c'est avec un vrai plaisir que je viens visiter cet établissement. Le Ror a suivi le vou de son coeur en le prenant sous sa protection. Le bonheur de cette maison est fondé sur la religion, dont ces dames donnent un si touchant exemple, et sur le vé ritable honneur françois. Personne ne le connoît mieux que vous, Monsieur le maréchal ». Les Princes se sont rendus ensuite à la chapelle, où ils ont été reçus par M. l'abbé de Quélen, vicaire général de la grande aumônerie, et par MM. les aumôniers de la maison. Les élèves ont chanté devant LL. AA. RR., qui ont visité la pharmacie, les atteliers et les classes, et qui les ont trouvés tous dans le meilleur ordre. A deux heures elles ont paru au réfectoire, où les élèves étoient réunies. Ou a porté une santé au Roi et à la famille royale. MONSIEUR y a répondu en buvant à la santé des dames et des élèves, et à la prospérité de la maison. Le Prince a

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