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avec piété et recueillement. Mais il sembloit se porter de préférence vers l'église cathédrale, où, malgré l'extrême petitesse du local, tout répondoit au but de cette touchante cérémonie. Les autorités civiles, judiciaires et militaires, ainsi que des détachemens de la garde nationale et de la garnison, s'y étant rendus, M. l'évêque commença l'office divin. Immédiatement avant l'offertoire, il fit lui-même la lecture de la lettre de la Reine. Les assistans l'écoutèrent en si silence, et partagèrent la vive émotion du prélat. Ils sortirent de l'église pénétrés de douloureux souvenirs. Le 18 de ce mois, M. l'évêque se transporta au séminaire diocésain pour y procéder à l'élection d'un nouveau supérieur et de deux professeurs. Il y prononça un disconrs analogue à la circonstance, en présence du chapitre, du clergé de la ville et des élèves de cette maison. Après le discours, il proclama les nouveaux élus, et reçut des jeunes lévites la promesse qu'ils lui firent d'être toujours soumis à leurs supérieurs. Le prélat remercia ensuite la Providence de ce qu'elle daignoit répandre ses bénédictions sur le séminaire diocésain qui compte déjà quatre-vingt-cinq théologiens. Bientôt de nombreux aspirans, sortis du petit séminaire de SaintOmer, se joindront à eux pour se former à l'exercice du ministère ecclésiastique. Ce dernier établissement renferme cent cinq élèves

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le jeudi 7, M. le chancelier, accompagné de MM. les secrétaires de la chambre des pairs, a été admis auprès de S. M., et lui a fait connoître que la chambre avoit ouvert sa session.

M. le comte de Diepholz s'est rendu, le 7, à l'HôtelDieu, et a visité cet établissement dans le plus grand détail. Il a paru frappé de l'ordre qui y règne, et a témoigné sa satisfaction aux soeurs hospitalières.

-- M. le ministre de la police a renouvelé l'ordre, dans ses

bureaux, de ne recevoir aucune pétition si elle n'est sur papier timbré, conformément aux lois. Il n'y a d'exception que pour les frais de route et les secours aux indigeus.

- Des sommes ont été mises à la disposition des commis→ saires ordonnateurs des différentes divisions militaires pour payer les soldes de retraite, et du traitement de réforme pour le troisième trimestre de l'exercice courant.

Les habitans de Montinédy ayant fait une quête pour les indigens, les officiers prussiens, en garnison dans cette ville, ont, de leur propre mouvement, fait entr'eux une collecte dont ils ont remis le produit au préfet.

Le contingent du département de Seine et Oise, dans la répartition des onze millions de la liste civile, est de 557,520 fr.

La commission consultative du budjet a terminé ses séances. Elle a entendu, dans les dernières, le résumé de ses délibérations par M. le duc de Lévis. On dit que ce travail se distingue par la méthode et la clarté, et què la plupart des bases de crédit, proposées par la commission, sont adoptées par le ministre, et entreront dans le plan qu'il doit proposer aux chambres.

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- Le nommé Jean Planès, d'Audiran, convaincu d'avoir répandu de fausses nouvelles, a été condamné à trois mois d'emprisonnement et 50 fr, d'amende.

Les présidens et secrétaires des neuf bureaux de la chambre des députés sont: Premier bureau, MM. Anglès et Si rand; second bureau, MM. Siméon et Roy; troisième bureau, MM. Voysin de Gartempe et Camille Jordan; quatrième bureau, MM. de Bonald et de Talleyrand; cinquième bureau, MM. Beugnot et de Serre; sixième bureau, MM. Savoye-Rollin et de Montaignac; septième bureau, MM. Henri de Longueve et de Villèle; huitième bureau, MM. le duc de Trévise et Barthe-Labastide; neuvième bureau, MM. Blanquart-Bailleul et André.

-La diète germanique s'est ouverte, le 5 novembre, à Francfort. La veille, le son de toutes les cloches a annoncé ce grand événement. Le 5 au matin, on a célébré la messe dans l'église du Dôme. Les ministres se rassembleront au palais de la Tour et Taxis.

-L'arrivée de troupes espagnoles dans la Catalogne, qui a été annoncée par plusieurs journaux, a pour objet les tra

vaux du canal de Vicq, et le renouvellement des garnisons de la province.

La cérémonie du mariage par procuration de la princesse Charlotte de Bavière avec l'empereur d'Autriche, a cu lieu, à Munich, le 29 octobre, à sept heures du soir. C'est l'évêque suffragant, M. Wolf, qui donna la bénédiction aux époux. L'empereur étoit représenté par le prince héréditaire de Bavière. La cérémonie fut suivie du Te Deum et du son de toutes les cloches de la ville. Un officier général partit sur-le-champ pour porter à l'empereur un des anneaux bénis.

Le nouveau roi de Wurtemberg, Guillaume, a fait une proclamation pour annoncer son avénement au trône, La' reine est accouchée d'une fille, et l'un et l'autre ont marqué cette double circonstance par des largesses envers les pauvres. Les obsèques du dernier roi ont eu lieu, le 2 novembre, à Louisbourg.

-M. le duc de Sussex, un des fils du roi d'Angleterre, a encore assisté dernierement à une réunion à l'hôtel des marchands de poisson. Il a essayé de justifier, contre une critique du Courrier, le discours qu'il avoit tenu dans la séance précédente, et s'est glorifié d'être attaché à la corporation des marchands de poisson, qui ont fort applaudi S. A. R.

Le gouvernement autrichien s'occupe à supprimer la franc-maçonnerie, qui s'étoit multipliée à Venise sous Buonaparte. Une loge a été dernièrement fermée. On a fait disparoitre tout ce qui rappeloit le gouvernement de l'usurpateur.

CHAMBRE DES PAIRS.

La chambre s'est réunie le 9 à midi. L'ordre du jour appeloit le rapport de la commission nommée pour rédiger l'adresse au Roi. En attendant, la chambre a procédé à la formation de ses six bureaux par la voie du sort. Le nombre des pairs en état de voter étant de 208, les cinq premiers bureaux aurout 35 membres, et le sixième 33 seulement. Les bureaux se sont ensuite retirés pour nommer séparément leurs présidens et secrétaires. La chambre s'étant réunie de nouveau, M. le comte de Fontanes, rapporteur de la commission, a lu le projet d'adresse, qui a été adopté au scrutin, après une seconde lecture, et sera présenté au Roi par

une députation de vingt pairs tirés au sort, sans compter le bureau. Ces pairs sont: MM. les ducs de Duras, de Bellune, de la Rochefoucauld, de Tarente et de Damas; les marquis d'Orvilliers, de Vence et de Raigecourt; les comtes Barthelemy, Davous, d'Haussonville, de Gouvyon, Jules de Polignac, Lecoulteux de Canteleu, Cholet; le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de Lally-Tolendal, de Castellane et M. de Boissy de Coudray. La chambre s'est séparée à trois heures.

Le dimanche, 10 novembre, à huit heures du soir, le Ror a reçu, dans la salle du trône, la grande députation de la chambre des pairs, chargée de présenter à S. M. l'adresse votée par la chambre.

La députation a été conduite à l'audience du Ror par le marquis de Dreux-Brezé, grand-maître; M. de Saint-Félix, premier aide, et M. de Geslin, deuxième aide des cérémonies de France, et présentée à S. M. par le grand-maître.

M. le chancelier, comme président de la chambre des pairs, a lu à S. M. l'adresse conçue en ces termes :

« Sire, vos fidèles sujets les pairs de France viennent renouveler aux pieds de votre majesté l'hommage de leur inviolable dévouement. Ils se felicitent avec elle de ce calme et de cet ordre intérieur qui, tous les jours mieux affermis, prouveront, de plus en plus, la vigilance d'une autorité protectrice.

» Ils ont partagé la joie qu'a fait ressentir à votre cœur paternel, l'heureuse alliance contractée par l'un des Princes, vos enfans. Sire, nous les appelons comme vous: ce nom donné par vous-même aux fils de votre auguste frère, est le seul qui puisse exprimer tous les sentimens qu'ils nous inspirent. Une jeune princesse vient embellir vos jours par les grâces de son âge et de son caractère. Elle aidera la tendresse et le soin de celle qui vous consoloit dans votre exil, et que ses vertus héroïques recommandent à tous les hommages.

>>> Sire, le peuple est aussi la famille des bons rois. Vous êtes vivement ému des maux passagers que lui fait éprouver l'intempérie des saisons; mais votre prévoyance paternelle s'est assurée que les récoltes suffisent aux consommations ainsi les maux que vous déplorez cesseront bientôt; car la seule inquiétude peut les produire, même quand ils ne sont pas réels.

>> La France n'ignore pas que des sacrifices sont nécessaires. V. M. les adoucit en les partageant. Nous reconnoissons la bonté de son ame royale dans cette économie qu'on a justement appelée le premier bienfait des monarques.

» L'adversité, soutenue avec courage, n'honore pas moins que la victoire. Un peuple qui conserve sa propre estime et celle de l'Europe, retrouve encore toute sa dignité dans une noble résignation. Nous

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sentirons moins les peines présentes en regardant cet henreus avenir que prépare à nos enfans la stabilité du gouvernement légitime.

» Pour hâter ces jours de bonheur, tous les sentimens généreux vont se réveiller. La morale va reprendre son empire, en cherchant son premier appui dans les principes religieux. Les négociations que vous continuez avec le saint Siége, et dont vous annoncez la fin prochaine, achèveront ce grand ouvrage. Nous n'avons pas oublié que la monarchie françoise naquit sous les auspices de cette religion, qui civilisa nos barbares ancêtres. Quand la monarchie se relève, la religion doit se relever aussi, en s'appuyant sur ce sceptre auguste qui, des mains de saint Louis, a passé jusqu'à vous. Le culte et ses ministres ont droit d'attendre aujourd'hui tout ce que des circonstances trop rigoureuses permettront à la munificence nationale.

» Pénétrés de tous nos devoirs, nous ne serons pas moins fidèles aux principes de cette Charte, donnée par vous-même. En deçà, au-delà de cette ligne constitutionnelle, où nous avons constamment marché sur vos traces, tout est péril et confusion. La force n'est plus que dans la moderation, l'habileté que dans la prudence. Si c'est un grand crime d'avoir précipité au-delà des bornes de la sagesse et de la morale le mouvement donné par le siècle, ce seroit un grand tort de ne pas suivre ce mouvement jusqu'aux limites fixées par la raison. Les espérances coupables doivent s'évanouir, les regrets inutiles doivent se calmer. Avec les plus pures et les plus nobles intentions, il est possible d'anéantir l'effet du bien même, si on le hâte imprudemment.

» L'œil toujours fixé sur ce trône, les pairs de France suivront avèc respect les sûres directions qui viennent du lieu même, où, dominant toutes les têtes, le suprême législateur peut voir tous les besoins et juger tous les intérêts.

» Sire, vos dernières paroles seront la règle de notre conduite. Tous les partis, s'il en est encore, ne se permettront d'excès que dans les sentimens d'amour et de vénération qui les réunissent autour de V. M., et dont les pairs de France donneront, dans tous les temps, le premier exemple ».

Le Roi a répondu :

« Je suis très-sensible aux sentimens de la chambre des >> pairs: je reconnois, avec une satisfaction bien vive, dans son » adresse, le bon esprit qui l'anime, et qu'elle a toujours » montré; j'y vois le gage de cette cordialité, de cette union » entre nous, qui seules peuvent guérir les plaies de la France, >> assurer son bonheur et sa tranquillité, objets constans de

» tous mes vœux ».

La chambre des pairs ayant conservé provisoirement le nombre de six bureaux, dans lesquels elle s'étoit originairement distribuée, les 208 membres en état de voter, dont elle se compose en ce moment, ont été, par la voie du sort, répartis entre les six bureaux.

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