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bilière, ressource que par modération l'auteur veut bien ne porter qu'à 450 millions; rétribution sur l'instruction publique, 108 millions; taxe sur les confrairies, 6 millions, et un emprunt qui rapportera 240 millions. Quelques personnes trouveront probablement que l'auteur fait éclore les millions avec une extrême facilité, et qu'il pourroit bien se trouver quelque déficit dans la recette de plusieurs de ces articles. M. Martineau propose de combler ce déficit, s'il s'en trouvoit, par d'autres moyens dont on trouvera l'énoncé dans son Projet, entr'autres par un impôt sur les spectacles, les loteries, les jeux, les concerts et bals publics; source de richesses qui ne paroîtroit sûrement pas très-pure. Il est une autre considération qui a échappé à M. Martinean; c'est que l'usure entre un peu dans cette dotation. Chacun des articles est grossi par une accumulation d'intérêts qui n'est pas très-conforme aux règles, et l'Eglise n'étoit pas dans l'usage de stipuler ainsi les intérêts des intérêts, et de spéculer sur de telles bases. C'est un exemple qu'il ne lui convient guère de donner.

Après avoir trouvé ces capitaux, M. Martineau les place, les uns en biens fonds, les autres on rentes, amortit, rembourse, et fait, sans aucune espèce d'embarras, diverses opérations de finances, qui toutes réussissent parfaitement, et soulagent tantôt le clergé, tantôt le trésor. Celui-ci y gagne l'amortissement de 25 millions de rentes, sans compter qu'il ne seroit plus obligé de rien payer pour l'entretien du clergé. Ce qui m'a le plus frappé dans ce projet, c'est que l'auteur paroît très-sûr de son fait, et n'a pas l'air de se douter qu'il puisse se rencontrer des circonstances qui traversent l'exécution de ce plan. Cependant que

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de choses peuvent se passer en vingt ans ; et si nous n'avons plus de révolutions, comme il faut l'espérer, ne pourra-t-il pas se trouver d'autres obstacles, une guerre, une discute, etc., qui dérangeroient des calculs faits si long-temps d'avance?

Reste une grande question; c'est de savoir qui formera et administrera cette dotation. Sera-ce chaque diocèse isolément, ou même chaque paroisse? M. Martineau ne le croit pas possible, et il établit pour cela une administration centrale. Vous croyez peut-être que cette administration dépendra du clergé. Point; il ne faut pas qu'il s'en charge, il faut même qu'il la refuse si on la lui offre. Il pourra tout au plus avoir quelque surveillance, et le droit de donner quelques conseils. Mais l'administration sera civile, et confiée à des laïques désintéressés, comme il ne manquera pas de s'en trouver. Telle est la substance du premier projet.

Cependant, en attendant cette dotation, le clergé ne peut rester sans secours provisoire. De là le second projet de M. Martineau, dans lequel il s'occupe d'apporter sur-le-champ quelque soulagement à la détresse du clergé. D'abord, il fixe des traitemens intermédiaires entre le taux actuel et celui qu'il assigne pour le temps, de sa dotation. Ces traitemens seroient de 18,000 fr. pour les évêques, de 2000 fr. et de 2500 fr. pour les vicaires généraux, de 1600 fr. pour les chanoines, de 1500 fr., de 1100 fr. et de 750 fr. pour les trois classes de curés; et il calcule que cette dépense, eu admettant quatre-vingt-quatre diocèses, n'iroit pas à plus de 27 millions. Pour trouver cette somme, il n'a point recours au trésor royal, 'dont les charges sont déjà très-fortes, et il emploie,

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dès ce moment, divers moyens dont il avoit déjà fait usage dans son Projet de dotation. C'est 1°. un droit de décime sur les traitemens de tous les fonctionnaires ecclésiastiques, droit assez modique, et qu cependant, je l'avoue, ne me semble pas très-bien vu, puisque joint à la retenue qui s'exerce actuellement, il ne laisseroit pas que de diminuer les traitemens, et que ce seroit reprendre d'un côté ce qu'on donneroit de l'autre ; 2°. le produit annuel des dons et fou dations, qu'il suppose pouvoir s'élever annuellement à 1,500,000 fr.; 3o. la révélation des biens usurpés sans titre; 4. la succession des prêtres en ce qui ne touchera point à leur patrimoine qui doit retourner à leurs familles; ressource que l'auteur fait monter, par an, à 2,400,000 fr,; ce qui me paroît fort exagéré je ne sais d'ailleurs si cette disposition seroit juste, et si le peu que laissent les prêtres ne doit pas retourner à leurs familles, qui souvent ont fait des sacrifices plus ou moins considérables pour leur éducation; 5. la taxe sur les confréries, 200,000 fr.; 6o. celle sur l'instruction, 3,600,000 francs; en tout 8,300,000 fr., auxquels M. Martineau ajoute encore des quêtes générales qui se feroient deux fois pår an et dont il élève le produit très-haut. Il suppose même qu'on pourroit en distraire une partie pour commencer la dotation projetée, et c'est à cela qu'est consacré le reste de sa seconde brochure.

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Sans doute on pourroit contester à M. Martineau quelques-uns de ses résultats, et il est permis de croire que ces calculs hypothétiques n'ont pas une précision rigoureuse, et sont susceptibles de diminution. Il est bien difficile d'asseoir un plan de cette nature sur des données infaillibles. L'avenir peut y

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faire beaucoup de changemens. Du moins M. Martinean est dirigé par des intentions très-droites. Il gémit, dit-il, de l'état d'humiliation où Buonaparte avoit mis les prêtres, et il est persuadé de l'urgente nécessité qu 'il ya de leur redonner de l'aisance et de la considération. Il faut faire quelque chose pour eux, parce qu'ils souffrent, parce que la religion et l'humanité le demandent, parce que c'est l'intérêt de la morale dont ils sont les gardiens, parce que c'est également celui de la société, des familles, des individus. Guidé donc par des sentimens de prévoyance, d'humanité et de justice, M. Martineau a conçu ces plans, et il les soumet à l'autorité. La manière dont il parle de son travail est du moins fort modeste. Y eut-il impossibilité ou insuffisance dans une partie de mes moyens, dit-il, j'aurai le mérite d'avoir mis sur la voie, et mes idées en feront peut-être éclore de meilleures.

4.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

CAEN. La mission qui s'est ouverte en cette ville paroît n'y devoir pas produire moins de fruits que celles qui avoient été données précédemment ailleurs. Les exercices qui se font chaque jour dans trois églises sont très-suivis, et les prédicateurs sont écoutés avec beaucoup d'attention. Il y eur, à la fin de novembre, une amende honorable à J. C. pour les outrages faits à la religion dans les derniers temps. Le nombre des fidèles étoit très-grand dans les églises Saint-Pierre et Saint-Etienne, et celle-ci, toute vaste qu'elle est, étoit entièrement pleine. M. l'abbé Rauzan fit une bien vive impression sur les auditeurs, et plusieurs ne pouvoient retenir leurs sanglots. Depuis on a donné une retraite pour les hommes, et une pour les femmes, dans deux églises différentes. Les exercices en sont aussi très-suivis; et ce qui prouvé que la curiosité

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seule n'y conduit pas, c'est que les tribunaux de la péniténce sont visités assidument. On y remarquè des personnes qui en paroissoient éloignées depuis long-temps. Les missionnaires et leur respectable supérieur passent une grande partie de la journée au confessionual. Ils y sont aidés par les prêtres de la ville. On voit avec plaisir que des personnes notables de la ville, hommes et femmes, sont assidus aux exercices. Des membres des autorités en donnent l'exemple. S'il est une certaine classe qui ne s'est point encore laissée ébranler, nous espérons qu'elle cédera enfin à l'impulsion générale. La grâce a ses momens, et ceux qui ne se sont mis au travail qu'à la dernière heure n'ont pas été moins bien traités par le père de famille.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il y a eu, le dimanche 8 décembre, une nombreuse réception chez le Roi.

La cour prendra le deuil, le 12, pour quatre jours, à l'occasion de la mort du duc de Mecklembourg-Strelitz.

Le comité des chevaliers de Malte a envoyé la croix de son ordre à M. de Sèze comme un gage de son estime et un témoignage de sa reconnoissance.

-Le général Vandamme, arrêté à Gand le 2 décembre, a été conduit à Bruxelles, et sur la demande qu'il en a faite, il en est parti sous escorte pour être conduit aux frontières de Prusse.

On a arrêté à Dijon, et traduit devant le procureur du Roi, un marchand d'instrumens de physique, domicilié à Paris, prévenu d'avoir tenu des propos injurieux contre le gouvernement.

M. Lethiers avoit été nommé membre de l'Académie des beaux-arts. S. M. n'a point ratifié ce choix.

-Le préfet de Rouen a distribué des récompenses à quatre particuliers du Hâvre qui, le 15 et le 18 novembre, ont sauvé, au péril de leurs jours, un soldat et un marín tombés en mer.

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La cour prevôtale de Loir et Cher a rendu, le 29 novembre, son arrêt contre les indivídus impliqués dans l'é

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