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deux conseillers d'Etat sont introduits. Ils apportent un projet de loi sur le recouvrement des contributions de 1817. Le ministre expose qu'on touche à la fin de l'année, et que, pour éviter une suspension dans les recouvremens, il est nécessaire de percevoir provisoirement l'impôt sur les rôles de 1816, en attendant et la fin de la discussion du budjet dans les chambres, et la confection des nouveaux rôles. Le projet de loi porte donc que les quatre premiers douzièmes des contributions foncière, personnelle et mobilière, de celles des portes et fenêtres, et des patentes seront recouvrées provisoirement sur les rôles de 1816, et que les impositions indirectes seront également perçues, en 1817, d'après les lois rendues pour 1816. Ce projet est renvoyé à la discussion des bureaux. MM. de Maribert et de Bonald entrent en séance. M. Try fait un rapport au nom de la commission des pétitions. Il fait renvoyer à la commission du budjet un mémoire des épiciers de Paris qui réclament contre la patente de 300 fr. stipulée pour eux dans le nouveau budjet; au ministère de la guerre, les réclamations de deux fournisseurs pour l'armée angloise; au ministère des finances, celle d'habitans du Loiret sur la répartition des contributions; à la commission chargée de discuter la loi sur la liberté de la presse, les plaintes d'un imprimeur de Douai, qui éprouve quelques difficultés dans la publication d'un journal. On passe à l'ordre du jour sur quelques autres pétitions. M. le rapporteur expose les réclamations des chevaliers de Malte, qui demandent qu'on restitue à cet ordre ses biens non aliénés. 11 pense que ce mémoire doit être renvoyé au gouvernement auquel il appartient de traiter avec un ordre qui étoit souverain. M. Pict est d'avis de renvoyer le mémoire à la commission du budjet, attendu qu'il est question d'assigner des immeubles à la caisse d'amortissement, et qu'il ne faut point y affecter des biens susceptibles d'être réclamés. M. Duvergier de Hauranne répond que le nouveau budjet ne détermine point la nature des biens qui doivent être assignés à la caisse d'amortissement, et qu'il ne parle que des bois de l'Etat. M. le comte de Marcellus plaide la cause de l'ordre de Malte, et célèbre cette institution antique qui a fait éclore tant de vertus, qui s'est signalée par tant d'exploits, et qui peut encore être si utile. La valeur, la loyauté, la fidélité s'y sont perpétuées d'âge en âge. Cet ordre revivra. Il a conservé ses

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biens en Portugal, en Espagne, en Sicile, à Naples, à Rome, en Autriche. Qu'elle est belle, dans des temps d'impiété et de respect humain, cette institution dont le caractère distinctif est le signe même de notre foi! Celui qui porte sur sa poitrine® la croix de Malte ne semble-t-il pas dire, comme les premiers soldats de l'Evangile Je suis chrétien? La restitution des biens de l'ordre de Malte ne seroit pas un grand sacrifice. Il en reste peu; se priveroit-on pour cela du mérite de la justice et de la bienfaisance? La justice pour autrui, disoit Montesquieu, est une charité pour nous. M. de Marcellus demande, comme la commission, que la pétition soit renvoyée au governement, et en particulier au ministre des af faires étrangères. M. Froc de la Boulaye souscrit à ce que vient de dire le préopinant en faveur de l'ordre de Malte. Les chevaliers de Malte, comme les chevaliers de Saint-Louis, dit-il, ont pris des engagemens sacrés. M. le baron de Taleyrand ajoute: Et la Légion d'honneur. La chambre arrête que le mémoire de l'ordre de Malte sera renvoyé au ministre des affaires étrangères. Un congé est accordé à M. Lafrogne, de la Meurthe. M. le président invite les députés à se retirer dans les bureaux pour compléter la nouvelle commission des pétitions.

L'Empereur Alexandre à Bar-sur-Aube en 1814 (1).

Le grand drame de l'histoire se compose d'une foule de scènes particulières, et pour bien écrire l'un, il faut connoître les autres. Ainsi le tableau de la restauration se forme de beaucoup de pièces détachées, qu'il ne faut pas négliger si l'on veut bien saisir l'ensemble. Le petit écrit que nous annonçons ne doit point être oublié sous ce rapport. On n'y raconte que ce qui s'est passé sur un point; mais ce point étoit le centre des opérations d'une grande armée, et le passage de toutes les colonnes. La ville fut prise et reprise. Les souverains alliés y passèrent plusieurs jours, l'évacuèrent, y revinrent. L'auteur de la brochure rapporte ces différens mouvemens, et peint les malheurs de la ville, le pillage, l'incendie et les dévastations. Il fait connoître les dispositions ré

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(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr. franc de port. Chez Théod. Le Clerc.

ciproques des habitans et des alliés. Il s'arrête surtout avec complaisance sur l'empereur Alexandre, et cite de lui des traits honorables, et des conversations qui paroissent tout-àfait conforme au caractère de ce prince. Ces détails ne sont pas sans intérêt, et c'est du moins une consolation, au milieu du spectacle et des désastres de la guerre, de voir un prince s'efforcer d'en adoucir les rigueurs, et professer des maximes d'humanité qui charment toujours dans la bouche des reaîtres du monde, lors même que les circonstances les empêchent de les réaliser toutes.

GRAVURES.

Louis XVI recevant le duc d'Enghien au séjour des bienheureux,† estampe gravée au lavis, d'après le tableau, par M. Jazet. Cette estampe a été présentée à MONSIEUR, frère du Roi, par M. Roehn, auteur du tableau, et peintre de S. A. R., qui a bien voulu en agréer la dédicace. La gravure a vingt-six pouces de largeur, sur dix-huit pouces de hauteur; elle est imprimée sur papier grand aigle vélin, et accompagnée d'une seconde planche au trait, qui sert à indiquer tous les i personnages, et qui est imprimée sur demi-feuille de papier Jésus. Le prix est, pour les épreuves avec la lettre, 36 fr., et les épreuves avant la lettre de fr. Pour être expédiée sur rouleau et emballée 2 fr. On en trouvera d'encadrées de toutes les manières, soit simplement, soit avec les bordures les plus riches.

Détails historiques sur les derniers momens de Mg, le duc d'Enghien, ou Récit de ce qui s'est passé à Vincennes lors de la mort de ce Prince, pour servir d'introduction et de complément à la gravure représentant Louis XVI recevant le duc d'Enghien au séjour ces bienheureux, d'après le tableau de M, Roehn, peintre de S. A. R. MONSIEUR, frère du Roi, exposé au salon de 1814: in-8°.; prix, 1 fr. 50 c., el pár la poste, i fr. 75 c.

La gravure, et la notice se trouvent à Paris, chez J. J. Blaise, libraire de S. A. S. Mme, la duchesse douairière d'Orléans, quai des Augustins, no. 61, près le Pont-Neuf, à la Bible d'or, et au bureau du Journal.

Nous avons parlé du tableau de M. Roehn en annonçant la souscription. Nous ajouterons seulement aujourd'hui que la gravure est digne du tableau, qu'elle représente très-bien les personnages, et que les détails en sont firis. Elle fait honneur au pinceau de M. Jazet; et sans parler du choix du lien et du costume, la réunion de tant de personnages historiques, et de noms auxquels se rattachent tant de sou-, venirs, rend cette gravure intéressante, d'abord pour leurs familles, et ensuite pour ceux qui ont été touchés de leur soit; et quel François n'a pas dû l'être?

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Quelle est cette nouvelle église de France dont on veut nous parler dans cet ouvrage? C'est sans doute cette petite église qui porte, dans ce nom seul, un caractère si marqué de nouveauté; cette église si nouvelle en effet, puisqu'elle se passe et d'évêques et de pouvoirs; nouvelle, parce qu'elle ne veut pas se soumettre à l'autorité du saint Siége, et qu'elle se sépare du souverain Pontife; nouvelle par son isolement, par son obscurité, par la hardiesse de ses productions, par l'opiniâtreté de ses partisans, par le danger de ses maximes. Non, ce n'est point cependant cette église si nouvelle que l'on signale et que l'on attaque dans cet écrit; c'est elle, au contraire, que l'on défend et que l'on soutient, et par un étrange renverse. ment de principes et de langage, on donne le nom de nouvelle église à celle qui tient ses pouvoirs du souverain Pontife, qui est en communion avec toute la catholicité, qui forme une partie considérable de l'Eglise universelle, et qui, par sa doctrine, comme par sa visibilité, porte les caractères de la société sainte établie par le Fils de Dieu. Heureuse et rare découverte! Quelle est, pourroit-on demander, cette nouvelle théologie? Quel est ce nouveau docteur qui vient redresser les idées communes? Est-ce encore le modeste abbé Blanchard, ou le docte abbé Vinson, oụ le doux abbé Gaschet? Non, c'est un nouvel athlète qui n'avoit pas encore paru dans la lice, et qui va Tome X. L'Ami de la Religion et du Ror.

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en effet nous donner du nouveau. Il n'a pas jugé à propos de se nommer, mais il a permis à ses amis de dévoiler son incognito. On assure que l'ouvrage est de M. de B..., laïque et ancien magistrat, qui a cru de son devoir, comme membre d'un parlement, de régenter un peu l'Eglise, et de gourmander un peu le souverain Pontife. C'est un passe-temps que messieurs se donnoient quelquefois. M. de B.. est bien aise de n'en pas perdre entièrement l'habitude. Avide de juger, comme certain personnage de comédie, et n'ayant plus de petits procès à vider, il se mêle dans une bien grande canse qui n'est guère de son ressort. Ne pourroit-on appeler de son arrêt, et en contester la compétence?

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D'abord, je ferai observer au conseiller-théologien qu'il débute d'une manière un peu trop véhémente. Il s'exprime ainsi, dans son Avertissement: En France, les coups que portoit tous les jours à la religion l'impie Buonaparte, et avec lui une foule de mauvais prétres, ses agens déclarés, exerçant pour lui le ministère de pasteurs des ames, étoient déjà aussi efficaces dans notre patrie pour l'extinction de la foi catholique, que ceux dont les Vandales usèrent autrefois en Afrique pour y consommer la méme entreprise. Les moyens étoient différens; mais la perversité des uns et des autres étoit animée d'une haine égale pour le nom de Jésus-Christ. Si l'anteur se fût contenté de signaler la politique perfide d'un ambitieux à qui toute religion étoit indifférente, on eût souscrit à la vivacité de ses reproches. Mais comment tolérer qu'il enveloppe dans ses invectives une partie considérable du clergé, et que parce que des prêtres ont exercé le ministère ecclésiastique pendant que Buonaparte gouvernoit, il les

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