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M. de B.... paroît affectionner, il joint des passages de Dupin, dans son Traité de la puissance ecclésiastique, source assez peu sûre; Dupin est loin de faire autorité. Il s'appuie aussi du Recueil de Dupuy, sur les libertés de l'Eglise gallicane, recueil qui n'a jamais fait loi parmi nous, et que le clergé n'a point approuvé. Ces textes et beaucoup d'autres, accumulés sans choix, ont une telle incohérence, apportent une telle confusion, qu'on cherche souvent ce que l'auteur a voulu prouver. S'il désiroit en imposer par cet étalage d'érudition, il auroit dû y joindre au moins un peu d'ordre et de goût. Il est vrai qu'alors il auroit fallu retrancher bien des passages qui ne prouvent rien, et d'autres qui prouvent tout autre chose que ce que l'auteur avoit en vue. Il pourroit rester peu de chose après ces suppressions; ear M. de B... parle très-rarement de lui-même. Il cite sans choix; il compile sans mesure, et si son travail a pu lasser ses doigts, il n'a pas du moins fatigué son intelligence.

Toutefois j'ai essayé de me guider dans ce laby rinthe, et de saisir le fil qui échappe trop souvent à la main de l'auteur. J'ai cherché à faire une analyse de ce livre, et comme elle m'a coûté, je ne veux pas. perdre tout-à-fait ma peine, et je ferai part au lecteur du résultat de mes efforts. Le principe de M. de B... est donc que le Concordat est radicalement nul. Il le prouve, à ce qu'il croit, par plusieurs raisons; 1o. parce que le gouvernement de l'Eglise est fondé sur les canons l'auteur revient plusieurs fois sur ce sujet, après l'avoir quitté, et entremêle cette discus. sion d'autres matières; 2°. parce que le Pape a été contraint; 3o. parce qu'il n'a pas consulté les évêques, et même les peuples; car il faut que toutes les parties

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intéressées soient appelées et entendues, et je le répète ici exprès; il est bou qu'on le sache dans un moment où an s'occupe d'une nouvelle circonscription; elle deviendroit peut-être aussi radicalement nulle, si on n'alloit pas de paroisse en paroisse entendre toutes les parties intéressées; 4°. parce que les constitutionnels ne se sont pas tous rétractés (voyez à cet égard notre numéro 238); 5°. parce que Pie VII s'est écarté des règles tracées par son prédécesseur; c'est encore un des points sur lequel l'auteur revient le plus souvent. S'il donne des éloges à Pie VI, c'est toujours avec une affectation maligne dirigée contre son vertueux successeur. La juste sévérité du premier a été justifiée par l'événement, dit M. de B..., tandis que l'indulgence du second a porté la faux dans le champ du Seigneur, et y moissonne journellement les ames qu'une illusion mensongère précipite dans l'abime; car quels fruits peut-on attendre de la prédication de pareils ministres, sinon des fruits de mort?

Voilà un arrêt qui seroit bien redoutable si l'autorité étoit compétente. Heureusement il se présente une réflexion consolante. De quel droit un laïque vient-il prononcer dans une telle affaire? Qui l'a rendu juge dans l'Eglise? A-t-il sitôt oublié le rôle qui convient à un simple fidèle ? Il avoit dit en commençant: Je devrois plutôt, connoissant mon indignité, garder un perpétuel silence, et me contenter de confesser à Dieu mes péchés. Il a bientôt oublié ces humbles sentimens; et, malgré son indignité, au lieu de confesser ses péchés, il vient révéler ceux qu'il attribue aux autres, trancher les plus hautes controverses, condamner les pasteurs, décider, malgré le concile de Trente, que leur ministère est nul, et jeter dans l'Eglise des se

mences de discorde et de schisme. Un passage qu'il cite de saint Cyprien auroit dû le faire rentrer en luimême. Peut-il y avoir un plus grand crime, dit ce Père, une tache plus horrible que de s'élever contre J. C., de déchirer son Eglise, et de travailler à ronpre l'accord et l'harmonie entre le peuple fidèle? Or, n'est-ce pas là ce que fait M. de B... dans tout son livre? Qui ne gémiroit de ce zèle déplorable avec lequel on travaille à mettre le trouble dans l'Eglise? Qui Le seroit touché du sort des simples fidèles que l'on s'attache ainsi à égarer et à séduire? Qu'ils dajgnent ouvrir les yeux et regarder autour d'eux. Ne doivent-ils 5 pas être effrayés de leur petit nombre? Ils ont contre eux l'Eglise, le Pape, les évêques, l'immense majorité des catholiques; ils n'ont pour eux que quelques prêtres acéphales, des guides saus mission, des docteurs sans autorité. Se croient-ils en sûreté avec de tels maîtres? Est-ce là l'Eglise que J. C. leur a ordonné d'écouter? Est-ce là cette grande et belle société à laquelle il faut être uni? Que leur prêche-t-on? de se séparer du centre de l'unité, de ne point reconnoître des pasteurs que toute l'Eglise reconnoît. Qu'ils se rappellent avec quelle liberté, ou plutôt quelle licence on leur parle du vicaire de J. G.; combien on cherche à affoiblir parmi eux cette antorité si vénérable et si chère aux vrais chrétiens. Dans les écrits qu'on leur met entre les mains, le souverain Pontife est dépeint comme un prévaricateur : il est encore moins ménagé, nous le savons dans les conversations; et des hommes téméraires osent outrager l'oint du Seigneur, et s'efforcent de rompre, par l'artifice et la calomnie, les liens qui doivent unie le chef et les membres. Dieu veuille prévenir les

maux que de telles menées préparent à l'Eglise, et puissent ceux qu'on tâche d'entraîner dans le piége, reculer à la vue du but où on les mène !

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. MM. Les vicaires généraux du diocèse viennent de publier un Mandement (1) pour annoncer la quête annuelle qui doit se faire le quatrième dimanche de l'Avent, pour les prêtres vieux et infirmes, et pour les séminaires. Ce Mandement contient des détails intéressans sur ces derniers établissemens, dont les pressans besoins sollicitent plus que jamais les libéralités des fidèles. Nous croyons faire plaisir d'en extraire les passages sui

.vans:

<«< Vous vous souvenez, N. T. C. F., des laborieux commencemens du rétablissement du culte divin parmi nous. Quelques prêtres anciens que vous aviez généreusement recueillis dans vos familles, disons mieux, que votre foi et votre charité avoient cachés dans votre sein, au risque de vos propres jours, reparurent dans les temples nouvellement rouverts, et encore pleins de ruines. Hélas! ils y étoient seuls, n'ayant avec eux aucun jeune lévite qui donnât des espérances aux générations futures. Mais le Dieu d'Abraham et de Sara, qui, dans l'âge de la caducité de ces patriarches, fit naître d'eux une postérité innombrable, tenoit en réserve, dans ses projets de paix et de miséricorde envers la France, un grand nombre de vocations au sacerdoce. Pendant que le poids des années, des fatigues et des infirmités précipitoit les anciens prêtres vers la décrépitude, le sémi-naire fut rétabli. Il n'eut d'abord d'autres ressources, d'autre revenu que votre charité, et vous reçûtes la première ordonnance de feu Son Em. M. le cardinal de Belloy, pour

(1) Au bureau du Journal; prix, 75 cent. franc de port,

l'établissement d'une caisse diocésaine, destinée à secourir les vieillards et les enfans du sanctuaire, avec le même empressement qu'autrefois les généreux Israélites écoutèrent le discours de Moïse pour la construction du tabernacle.

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» Dien, qui, dans le secret de vos cœurs, sanctifioit vos of frandes, vous inspira d'en faire de proportionnées aux nombreuses vocations qui alloient éclore. Une tribu lévitique se forma. Elle se multiplia, comme autrefois les descendans de Jacob dans l'heureuse terre de Gessen; et vous serez consolés d'apprendre que le fruit de vos premiers dons est l'ordination de cinquante-sept prêtres, dont les uns exercent les saintes fonctions dans les paroisses, les autres concourent déjà à l'éducation des clercs dans les séminaires, d'autres marchent sur les traces des hommes apostoliques dans les missions que Dieu bénit avec abondance. Enfin, le séminaire, qui, pour nous servir d'une comparaison évangélique, n'étoit, il y a peu d'années, qu'un grain de sénevé, a pris un tel accroissement, qu'il est composé maintenant de trois cents élèves distribués, suivant le degré de leur avancement, dans diverses maisons d'éducation, et parmi lesquels plus de cent cinquante appartiennent à ce diocèse. Votre piété sera encore plus satisfaite de savoir que la ferveur qui prépare à l'Eglise des pasteurs selon le cœur de Dieu, et les bonnes études qui lui assurent des prêtres dont les lèvres seront les dépositaires de la science, y dominent, de concert, dans l'ame des élèves.

>> Nous ne rougissons pas, N. T. C. F., nous nous horous au contraire d'avoir à vous dire que, par les dispositions que la divine Providence elle-même a faites, la composition des séminaires est telle que le saint concile de Trente l'a désirée de préférence. Le Saint-Esprit, qui, selon l'expression du texte sacré, souffle où il veut, a principalement répandu des vocations dans la classe moins fortunée. La plupart des élèves ont besoin d'être secourus, et ils le sont par -vous. Les uns le sont totalement, les autres en partie; plusieurs reçoivent avec la pension alimentaire, les vêtemens, et tous les frais de leur éducation. Eh! quelle est d'ailleurs la carrière des sciences ou des lettres humaines dans laquelle on ne compte pas beaucoup de candidats qui ont reçu de la Providence le talent seulement, et qui doivent à des bien

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