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trée, contre les voeux d'un peuple nombreux? Allégues roit-on la petitesse de la ville et le voisinage de Nanci? Toul n'a en effet que sept mille ames. Combien de villes épiscopales n'en ont pas davantage? L'essentiel est que l'on y trouve des établissemens formés ou des édifices prêts à les recevoir. Quant à la proximité de Nanci, ce ne peut être non plus une raison d'éteindre un diocèse si grand. Il me semble donc que les motifs les plus forts militent en faveur de Toul, dont le clergé étoit, avant la révolution, nombreux et régulier. On s'y souviendra long-temps de M. de Drouas, et des établissemens qu'il y avoit faits. Espérons qu'il aura des successeurs, et que, dans un temps de restauration, on n'anéantira pas un siége si utile pour le bien temporel et spirituel de tout le pays.

En énonçant, dans le numéro 143, la réunion de Saintes et d'Angoulême, on ajoutoit que les établissemens étoient tout formés dans cette dernière ville, et on sembloit dire par-là qu'il étoit plus convenable d'y établir le siége épiscopal. Cet article a été l'objet de réclamations qui paroissent bien fondées. Si vous entendez, nous écrit-on, par établissemens une église cathédrale et un corps de chanoines ayant un évêque, Angoulême possède ces avantages; si vous entendez un palais épiscopal, des bâtimens convenables pour un séminaire, une école ecclésiastique, rien de tout cela n'existe à Angoulême. L'évêché sert de préfecture, le b timent du séminaire est vendu; point d'élèves dans aucun autre établissement, point d'école ecclésiastique ou petit séminaire; de sorte que le diocèse se dépeuple de jour en jour, que plus de la moitié des places sont vacantes, et qu'on ne prend aucune mesure pour les remplir, ou qu'on n'en prend que de fâcheuses. A Saintes, au contraire, il existe une vaste cathédrale, monument des anciens temps, un palais épiscopal disponible, une maison pour le séminaire dans la situation la plus heureuse. Ce der nier bâtiment devoit servir à la marine de Rochefort

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pour y envoyer ses convalescens; mais elle ne s'en sert pas, et aucune loi ne lui a même adjugé cet édifice. Il y a à Saint-Jean d'Angély une école ecclésiastique composée de cent cinquante élèves, presque tous Saintongeois. Saint-Jean d'Angély n'est qu'à cinq lieues de Saintes, et faisoit autrefois partie du diocèse. Ainsi, sous le rapport des établissemens, Angoulême ne peut l'emporter sur Saintes. Feroit-on valoir l'ancienneté du siége, comme on l'a fait dans le journal à l'occasion d'Arles? Saintes se glorifie d'avoir été fondée par saint Eutrope, qui cimenta ses travaux de son sang, et elle a en successivement de saints évêques, parmi lesquels il est permis de compter notre dernier prélat, massacré aux Carmes. Les habitans de Saintes ont exposé à Mgr. le grand-aumônier leurs justes prétentions dans une pétition présentée avant les cent jours. Des raisons particulières et assez connues augmenteroient leur répugnance à se voir réunis à Angoulême, et l'état de ce diocèse, depuis quinze ans, n'est pas propre à faire désirer d'ent être. C'est assurément le moins que l'on puisse dire quand on voit de près la situation des choses (1). Les dispositions du clergé et des fidèles du diocèse de Saintes sunt uñanimes à cet égard. Telle est la substance de trois lettres qui nous sont parvenues relativement à Saintes.

La troisième réclamation que nous ayons reçue est de Tréguier, et roule aussi sur l'avantage de conserver de diocèse. Vous paroissez croire, nous mande un ecclésiastique de ce pays, que le diocèse, dont notre ville étoit autrefois le siége, se divisoit en partie françoise

blions

(1) Nous avons reçu sur ce sujet des renseignemens que nous ne pupas par des considérations qu'il est aisé de sentir. Mais sans parler de mille faits, tantôt affligeans, tantôt ridicules, n'est-il pas déplorable qu'un diocèse si vaste, qui comprend deux départemens, qui se compose de sept cents cures ou succursales, qui renferme près de huit cent mille ames, n'ait pas encore de séminaire? Nous supprimons les réflexions douloureuses que fait naître cet état de choses, et nous laissons à penser quel doit être le dénuement des prêtres dans ce dio

cese.

et en partie bretonne; et eur conséquencé vous donnez la première à Saint-Brieux, et la seconde à Saint-Pol de Léon. Mais l'évêché de Tréguier étoit tout breton, à l'exception de trois paroisses où l'on parle françois. Il y a de Tréguier à Saint-Pol seize grandes lieues, dont une de grève qui est couverte par la mer à chaque marée. Si on véunit Tréguier à Saint-Pol, les paroisses de notre ancien diocèse, limitrophes de Saint-Brieux, auroient vingt-quatre lieues à faire pour se rendre à la ville épiscopale, avec laquelle on n'a, dans ce pays, `aucune communication directe. Un autre obstacle à la réunion, obstacle qui n'est pas moins digne de considération que le précédent, c'est la différence de dialecte. Le breton avoit presque autant de dialectes que le pays avoit d'évêchés. Les habitans de chaque partie comprennent à peine ceux de la partie voisine, et le dernier évêque de Saint-Brieux ayant voulu adopter, pour Tréguier, la traduction bretonne du Catéchisme de l'empire, faite à Quimper, il fallut y renoncer, parce que cette traduction n'étoit pas comprise chez nous. Il en seroit de même pour Saint-Pol, et la réunion proposée seroit en opposition avec la situation des lieux, et avec les habitudes des peuples. Il semble donc qu'il n'y auroit rien de mieux à faire que de rendre à Tréguier un siége que cette ville possédoit depuis le sixième siè.cle. Tout subsiste encore ici; l'évêché et le séminaire sont en entier. Ils sont aliénés, mais les acquéreurs sont disposés à les vendre. La cathédrale est belle et en bon état. L'ancien collége, qui vient d'être érigé en école ecclésiastique, par autorisation de S. M., est en plein exercice, et compte près de deux cents élèves. Puisse ce précieux établissement n'être que le prélude d'un rétablissement non moins important pour nous! Les biens qu'il opère nous annoncent celui que feroit un évêque dans un pays bien disposé, où sa présence feroit éclore de bonnes œuvres, et entretiendrait l'esprit de re ligion.

La quatrième réclamation est en faveur de l'évêché de Rieux. Nous n'avons encore ici rien de mieux à faire que de donner un extrait de la lettre que nous avons reçue « Vous dites, Monsieur, que telle ancienne ville épiscopale n'est plus guère qu'un village, et vous en concluez qu'il ne faut pas songer à y rétablir un siége. Ne pourroit-on pas dire, au contraire, qu'il faut leur rendre leur évêque, afin de la faire sortir de l'état où elles languissent, et de leur rendre quelques ressources et quelques moyens de prospérité? Vous semblez croire qu'il n'existe plus rien à Rieux des établissemens qu'on y voyoit autrefois. Il est vrai que nous avons à regretter la destruction du palais épiscopal, un des plus beaux de la province. Mais le séminaire existe encore; la ville en fit l'acquisition, il y a peu d'années, pour le sauver 'de la destruction. Avec quelques réparations, cet édifice suffiroit pour loger l'évêque et pour recevoir les jeunes ecclésiastiques, ou bien, si on vouloit le consacrer tout entier à son ancienne destination, on pourroit affecter au logement de l'évêque un très-beau bâtiment que M. de Lastic, notre dernier évêque, avoit fait construire pour y établir un hôpital, une maison d'éducation, etc. Ce bâtiment est loué au profit du bureau de bienfaisance; il est un peu éloigné de l'église, mais il offriroit d'ailleurs une habitation agréable et commode. On seroit encore moins embarrassé pour loger les chanoines. Il y a plus de maisons qu'il n'en faut pour cela, surtout dans un temps où on ne peut espérer d'avoir des chapitres nombreux. Nous sommes huit chanoines vivans, dont cinq résident à Rieux, et contribuent à la solennité de l'office divin, comme autrefois. Le choeur de la cathédrale est intact et en bon état, et l'église est pourvue de ce qui est nécessaire. La ville est située à peu près au centre de l'ancien diocèse, qui comprenoit 104 paroisses et 35 annexes; il y a là de quoi occuper un évêque. Il y auroit bien encore d'autres considérations de localités à faire valoir, mais j'ai énoncé

les plus importantes. Il est probable que les détails of je suis entré n'influeront pas sur la détermination qui sera prise; il m'a paru du moins que je devois réclamer, de peur que notre silence ne fit croire que nous passons condamnation, et que nous n'avons rien à alléguer en notre faveur ».

Un habitant de l'ancien diocèse de Cominges nous remercie d'avoir plaidé la cause de ce siége, qui n'est point de nouvelle création, comme plusieurs de la Guyenne et du Languedoc. Ce diocèse avoit vingt lieues de l'est à l'ouest, dans un pays de montagnes. Dix ou douze vallées, coupées par les Pyrénées, renferment une population nombreuse. Saint-Bertrand est au centre. La ville ne manque point d'édifices, comme on paroît le supposer dans le plan. La cathédrale, un des plus beaux édifices en ce genre, est assez bien conservée. Le palais épiscopal a été acquis à très-bas prix, par un des ha bitans, qui ne demande pas mieux, dit-on, que de le rendre à sa destination. Trente maisons des anciens bénéficiers sont libres et presque sans habitans. Notre correspondant ne dit point ce qu'est devenu le séminaire; mais on trouveroit sans doute à l'établir dans ce grand nombre de maisons vacantes.

On nous a fait observer, relativement à Tulles, que la cathédrale étoit abattue, et que, puisque la réunion avec Limoges étoit opérée, il sembloit naturel de la maintenir, d'autant plus qu'on ne trouveroit pas, disoit-on, de facilités à Tulles pour le rétablissement de l'évêché. On prétendoit qu'au lieu de ce siège et de celui de Saint-Pol de Léon, qui étoit rétabli dans le plan que nous avons communiqué à nos lecteurs, il eût été plus convenable de conserver, ou plutôt de recréer Toul et Saintes, qui avoient en leur faveur une beaucoup plus grande étendue de pays, et dont la réunion à d'autres siéges présentoit de plus graves inconvéniens.

Nous n'avons point dissimulé les critiques faites à notre plan, si toutefois on peut appeler critiques les

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