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du Roi, vient de mourir à Marcigny-sur-Loire. Il est assez connu par son courage et ses services lors du siège de Lyon, en 1793. Il commandoit dans cette ville, et y soutint, pendant deux mois, une lutte inégale. Dans un combat du 29 septembre, il reprit plusieurs postes sur les troupes de la convention. Enfin, le nombre toujours croissant des assiégeans et le défaut des vivres le forcèreut de penser à la retraite. Il sortit de Lyon avec 2000 hommes; mais poursuivi par les républicains, il perdit presque tout son corps, et échappa avec peine dans ces temps de fureur. Il resta caché chez des paysans, et parvint ensuite à sortir de France. Il fut arrêté à Bayreuth, en 1801, à la demande de Buonaparte; mais il recouvra depuis sa liberté, quitta de nouveau la France, et n'y rentra qu'au retour du Roi,

- On a imprimé le tableau des individus imposés à 300 fr. et au-dessus par toute la France. Il y en a 12,842 dans le département de la Seine, 4000 dans celui de la Seine Inférieure, plus de 2000 dans huit départemens, et de 100 à 1900 dans les autres. Celui qui en a le moins est le département des Hautes-Alpes. Le nombre total s'élève, pour toute la France, à 90,878. Le nombre des François ayant 40 ans et payant 1000 fr. est de 16,052; Paris seul en a 2333, Rouen 797, etc. Ceux qui en ont le moins sont, Tarbes qui n'en a que 9, et Gap 7.

Un misérable qui, après avoir fait partie d'un corps franc à la fin de 1813, se rendit à l'ile d'Elbe en avril 1814, et, ramené par les événemens, se fit depuis chasser des douanes, où il étoit entré dans le service actif aux appointemens de 1000 fr., vient de donner à Bordeaux, le scandale d'une intrigue lâchement conçue et plus ridiculement exécutée. Cet individu, nommé Raudon, auquel une infatigable manie de police est tellement familière, qu'il s'étoit mérité parmi ses camarades le surnom de Télégraphe, avoit fait offre, il y a quelques mois, au commissaire de police de La Rochelle, de son zèle bénévole. Depuis, et sans avoir d'ailleurs reçu aucune direction, aucun caractère, Randon se montra à Bordeaux, où il affecta de rechercher les hommes que leurs antécédens ou leur position actuelle pouvoient faire regarder comme mécontens,

Dès le commencement de novembre, l'attention des autorités fut appelée, par des circonstances particulières, sur des

manœuvres d'entbauchage qui avoient lien. Des contrôles et des cartes avoient été distribués. C'étoit pour Buonaparte et par son lieutenant, le sieur Randon, gouverneur en chef de l'organisation, que les enrôlemens s'effectuoient. Ces pièces de conviction tombèrent bientôt entre les mains de l'autorité, qui laissa quelques jours au développement de ces manœuvres. Randon les continuoit secrètement. Le 19 décembre, il fut arrêté avec les principaux prévenus, compromis par la saisie de ses papiers; mais immédiatement après son arrestation, ayant demandé à faire une déclaration devant l'autorité, Randon essaya de se présenter comme un citoyen dévoué, qui, dans l'intérêt seul du gouvernement, et pour lui faire connoître ses ennemis, avoit imaginé ce d'intrigenre gue, dont tous les élémens sont si ridicules, qu'on ne sait s'il faut plus s'indigner de l'idée première d'un tel dessein, que regarder en pitié les moyens et les instrumens employés pour son exécution.

Randon, âgé de vingt-quatre ans, sans aucune instruction, sans ressources pécuniaires, sollicitant des secours en échange de bons à valoir sur le trésor impérial, et qui, au moment de son arrestation, ne possédoit pas un écu (il devoit à son aubergiste son loyer et son dîner), s'étoit donné, sous le nom d'Ali-Bey, pour le mameluck de Buonaparte, dont l'âge a si peu de rapport avec le sien, et cela pour séduire des militaires qui pouvoient à tout instant reconnoître sa fourherie. Les premières dupes de ces ruses grossières sont, à ce qu'il paroît, un tisserand et un sapeur de la garde nationale. C'est de celui-ci que le Mémorial Bordelais s'est empressé d'annoncer la dégradation effectuée dans une revue générale de la garde nationale de Bordeaux. Un officier, que Randon n'avoit vu qu'une fois, avoit reçu de lui un brevet de chef de bataillon, des contrôles pour inscrire les hommes qu'il engageroit, et 174 cartes d'enrôlement. Ses papiers contenoient un projet de circulaire aux membres des conseils des départemens, et un autre modèle, sans désignation, portant en tête les qualifications qu'il s'étoit données.

La qualité du chef, et la nature de ses moyens, font assez présumer quels peuvent être les instrumens: ce sont quelques hommes obscurs, au nombre de treize ou quatorze, dont la misère et l'ignorance expliquent, sans l'excuser, la complicité plus ou moins volontaire. Randon se trouve donc lui-même

entre l'alternative du crime de conspirateur réel, ou du rôle de vil intrigant, sur lequel la sévérité des lois doit s'appesantir en raison du nombre des dupes qu'il lui a plu de faire. Il ne s'étoit réservé d'ailleurs aucun moyen de prouver son innocence d'intention par des révélations faites d'avance; car les magistrats auxquels il auroit pu s'adresser, dignes de la confiance du Roi, et persuadés que les moyens de le servir ne sont pas dans ces lâches artifices, auroient prévenu l'effet de ses coupables démarches: c'est seulement après son arrestation, après la saisie des pièces de conviction, à son domicile même, que Randon a fait la déclaration de son projet. Les tribunaux jugeront la valeur de ce prétendu dévouement d'un factieux, ou d'un lâche qui se sauve du crime d'un complot sérieux dans l'infamie d'une conspiration factice. De nouveaux renseignemens ont fait connoître que, dans l'intervalle qui s'est écoulé de la fin d'octobre au 19 décembre, époque de son arrestation, il s'étoit montré successivement à Tours, à Blois et à Poitiers, où il avoit essayé d'établir des relations. Dans cette dernière ville, deux militaires ont fait à l'autorité des déclarations conformes à ce qui s'est passé à Bordeaux. Dans les deux autres, une fable aussi grossièrement conçue n'a point fait de dupes. Les prévenus, et Randon avec eux, sont en ce moment devant les tribunaux. Cet exposé succinct des faits prouve assez combien ce prétendu complot, dont on auroit exagéré l'importance, eût été nul dans ses suites, comme il étoit absurde dans sa conception.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 2 janvier, après un court rapport sur quelques pétitions, la discussion est reprise sur les élections. M. Blanquart Bailleul ne se flatte point de rajeunir une matière épuisée; il ́ne s'appuyera point sur l'article 40 de la Charte, mais il trouve que le projet tient le milieu entre les deux extrêmes. A peine le nombre des électeurs s'élève-t-il à cent miile dans toute la France. Où est la difficulté de loger ce nombre? Ou craint l'esprit de ces réunions. Mais sont-ce des hommes emportés par l'étourderie de l'âge ou amis du désordre? Non; ils ont tous trente ans, un état, des biens, une famille. Les adversaires du projet lui reprochent une tendancé démocratique; mais ne tombent-ils pas aussi dans cet excès en appelani de

plus foibles contribuables. M. Blauquart-Bailleul a fini en exprimant le vœu que l'on n'établisse point de lignes de démarcation, qui deviendroient des lignes de parti. Il loue la valeur qui a combattu au dehors, et apprécie aussi la fidélité qui a tant souffert au dedans. Il y avoit en France, pendant la révolution, des royalistes qui ont été victimes de leur zèle. Ne nous reprochons pas nos miseres, et consolons-nous dans les bras les uns des autres. M. Piet, dans un discours écouté avec peu de faveur par une partie de l'assemblée, reproduit lés objections déja faites contre le projet. M. Laîné monte à la tribune; il se fait un grand silence. M. le ministre se féli · cite de venir après des orateurs qui ont porté la lumière dans cette discussion par des dissertations profondes, et il n'ambitionne que l'avantage de recueillir les idées déjà émises. Est-il vraisemblable que les ministres du Roi aient voulu présenter une loi désastreuse et anti-sociale, ainsi qu'on l'a dit? Les comparaisons qu'on a voulu trouver entre elle et la double représentation du tiers en 1789 pèchent toutes. La noblesse a déjà sa chambre, et cependant elle est appelée à concourir aussi à la formation de l'autre. Quelques opinions émises dans la dernière séance ne sont propres qu'à ranimer les brandons de la discorde. Aucun François n'a sans doute l'intention de vouloir déshériter son pays de la gloire des anciens preux. Il ne s'agit ni de flétrir la noblesse, ni de réduire les droits du tiers-état. Tous les François sont unis dans les mêmes sentimens. Chefs de famille, anciens et nouveaux, tous sont également appelés, et l'on n'a dû faire aucune différence entre les différentes sortes de propriétés. L'orateur s'est plaint qu'un des préopinans cût semblé présenter la Charte comme l'ouvrage de la précipitation, tandis qu'un taleut si distingué eût pu l'honorer et la faire chérir encore. En parlant avec honneur d'un nom qui rappelle des souvenirs glorieux, il a demandé à M. de Montcalm pourquoi il avoit cherché à déprimer deux grands hommes qui ne purent sauver leur pays, mais qui ne doivent point être accusés de l'avoir perdu, deux orateurs, la gloire de l'éloquence, et que, depuis tant de siècles, la postérité regarde comme deux des plus beaux génies qui aient existé. Lorsque le ministre est descendu de la tribune, plusieurs voix ont demandé la clôture de la discussion. M. Richard obtient cependant la parole. Il parle contre le projet de loi, et combat les argumens de M. Cuvier, puisés dans l'histoire.

Mercredi 8 janvier 1817.)

(N°. 252.)

OEuvres de Bossuet, évêque de Meaux, revues sur les manuscrits originaux, et sur les éditions les plus correctes (1).

pas

Le volume XVII est rempli par les sermons sur les Vêtures, et par les Oraisons funèbres. Il y a douze sermons pour les Vêtures. Un prédicateur ordinaire, chargé de porter la parole dans ces sortes de céré monies, n'eût probablement pas pris la peine de composer tant de discours sur un même sujet, et n'eût fait difficulté de répéter le même sermon, en vaant seulement peut-être l'exorde et la péroraison, suivant les circonstances. Mais Bossuet, à qui le tra vail coûtoit peu, et qui trouvoit toujours de nouvelles vérités à développer et de nouvelles instructions donner, nous a laissé plusieurs discours où il envisageoit, sous des faces très-variées, tantôt les dangers du monde, tantôt les douceurs de la retraite et du service de Dieu. Quelquefois même, entraîné par son goût et par ses études, il ramenoit dans ces sermons les matières de controverses. Ainsi, dans un discours pour la Vêture d'une catholique convertie, il expose

(1) 6o. livraison, contenant les tomes XV à XIX, lesquels représentent, en raison du nombre des feuilles qu'ils contiennent, la valeur de 21 volumes 13 feuilles; prix, à Paris, pour cette livraison, 21 fr. 75 cent. Se trouve, à Versailles, chez Le Bel, imprimeur du Roi; et à Paris, chez Ad. Le Clere, au bureau du Journal, où la souscription est toujours qu

verte.

Tome X. L'Ami de la Religion et du Roi.

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