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avec clarté et déplore avec amertume les erreurs des protestans. Les Oraisons funèbres qui suivent sout trop connues pour que nous nous y arrêtions. On remarque seulement, à la louange des éditeurs, qu'au lien de ces longues notices dont étoient surchargées les éditions précédentes, on en a mis de très-courtes, et qui ne disent précisément que ce qu'il faut pour faire connoître le personnage. A la suite des Oraisons funèbres des princes et princesses, il Ꭹ en a quelques-unes qui sont beaucoup moins lues, et qui cependant ne sont point indignes d'attention. Celle du P. Bourgoing, par exemple, se recomniande par un caractère particulier. Il semble que Bossuet ait voulu assortir le ton de ce discours avec la vertu modeste d'un simple prêtre. Il dit lui-même en commençant qu'il n'a pas besoin d'emprunter les couleurs de la rhétorique, et en effet son style paroît d'une simplicité qui n'est cependant pas sans dignité, et qui a quelque chose de touchant. Ce Discours est même plus travaillé qu'on ne le croiroit peut-être d'abord. C'est-là que se trouve ce beau portrait de l'Oratoire, et ce n'est pas un des moindres titres de gloire de cette congrégation d'avoir été louée par Bossuet. Un passage sur les prédicateurs mondains rappelle toute l'élévation et la vigueur du talent de ce grand honime. L'Oraison funèbre du docteur Cornet, grand-maître de Navarre, et dont Bossnet avoit été disciple, n'a pas le même fini; tontefois l'éditeur nous a paru juger un pen sévèrement ce Discours, dont quelques parties ne manquent, ni de force, ni d'éclat. Il y a surtout un morceau assez étendu où l'orateur s'élève à la fois, et contre ces docteurs complaisans qui mettent des coussins sous les coudes du

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pécheur, et contre ces esprits non moins extrêmes qui ne peuvent supporter aucune foiblesse, qui ajoutent au joug que Dieu nous impose, et qui ne fulminent que des anathemes. De là Bossuet passe à la conduite que tint le docteur Cornet dans les troubles de l'Eglise. «Vous le savez, juste Dieu, dit-il, vous le savez que c'est malgré lui que cet homme modeste et pacifique a été contraint de se signaler parmi les troubles de l'Eglise. Mais un docteur ne peut pas se taire dans la cause de la foi, et il ne lui étoit pas permis de manquer en une occasion où sa science exacte et profonde, et sa prudence consommée ont paru si fort nécessaires. Je ne puis non plus omettre en ce lieu le service très-important qu'il a rendu à l'Eglise »>. Ici Bossuet rappelle la doctrine de saint Augustin sur la grâce, les fausses interprétations qu'y donnoient de nouveaux docteurs, et les conséquences qui en résultoient et qui tendoient à ruiner la liberté de l'homme. Il caractérise ensuite avec samt Grégoire de Nazianze les défenseurs de ces nouveautés, grands esprits, dit-il, mais ardens et chauds, excessifs et insatiables..., éloquens, hardis, décisifs, esprits forts et lumineux, mais plus capables de pousser les choses à l'extrémité, que de tenir le raisonnement sur le penchant, et plus propres à commettre ensemble les vérités chrétiennes, qu'à les réduire à leur unité naturelle... Ce parti zélé et puissant charmoit du moins agréablement, s'il n'emportoit tout-à-fait, la fleur de l'école et de la jeunesse ; il n'oublioit rien pour entrainer après soi toute la faculté de théologie. Bossuet rapporte brièvement tout ce que fit le grand-maître de Navarre pour arrêter le mal. « C'est de son expérience que naquit cet extrait de ces cinq propositions qui sont comme les justes limites par

lesquelles la vérité est séparée de l'erreur... C'est-la ce qui a préparé les voies à ces grandes décisions que Ronie a données; à quoi notre très-sage docteur, par la créance qu'avoit même le souverain Pontife à sa parfaite intégrité, ayant si utilement travaillé, il en a aussi avancé l'exécution avec une pareille vigueur, sans s'abattre, sans se détourner, sans se ralentir, si bien que, par son travail et sa conduite, et par celle de ses fidèles coopérateurs, ils ont été contraints de céder. On ne fait plus aucune sortie, on ne parle plus que de paix. Oh! qu'elle soit véritable, qu'elle soit effective, qu'elle soit éternelle! Que nous puissions avoir appris par expérience combien il est dangereux de troubler l'Eglise, et combien on outrage la sainte doctrine quand on l'applique malheureusement à des conséquences extrêmes »>! Ce Discours, qui fût prononcé par Bossuet, le 27 juin 1663, dans un service solennel, auquel assistoit un grand nombre d'évêques, fut imprimé en 1698, et voilà pourquoi on n'a pu se dispenser de l'insérer dans les éditions précédentes.

La controverse commence au tome XVIII par l'Exposition de la doctrine de l'Eglise catholique, ou vrage sur lequel il ne reste plus rien à dire après les nombreux éloges qu'il a reçus a reçus, et après les détails curieux où est entré à cet égard le dernier historien de Bossuet. Quand cet ouvrage parut, les ministres protestans l'attaquerent par toute sorte de moyens. Ils prétendirent entr'autres que les facultés de théologie de Paris et de Louvain avoient condamné l'Exposition, et que le Pape avoit refusé de l'approuver. Ces allégations furent démenties dans le temps. On u'a jamais pu produire la censure des facultés, et Bos

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suet fit imprimer deux brefs d'Innocent XI, qui louoient son Traité. Mais ce qui montre avec quelle légèreté on lit, et avec quelles préventions on raisoune sous l'influence de l'esprit de parti, c'est qu'il y a quelques années encore, un protestant, Rabaut jeune, dans des Détails historiques sur les divers projets de réunion, a répété ce qu'il avoit trouvé dans les écrits de Noguier et des autres ministres de ce temps. S'il se fut donné seulement la peine d'ouvrir un exemplaire de l'Exposition, il auroit vu en tête les deux brefs du Pape qui sont connus depuis long-temps. A la suite de l'Exposition, et des pièces qui y sont relatives, on trouve dans le même volume des Fragmens de controverse pour servir de réponse aux écrits des ministres contre ce livre. Ces Fragmens furent publiés, pour la première fois, dans l'édition de D. Déforis, qui les avoit trouvés parmi les manuscrits de Bossuet.

Le tome XIX est rempli par les neuf premiers livres de l'Histoire des variations des églises protestantes, le plus beau monument peut-être du génie de Bossuet, chef-d'œuvre de controverse, de logique et de narration, et la réfutation la plus éloquente et la plus victorieuse des doctrines changeantes du protes

tautisme.

Telles sont les matières qui entrent dans cette livraison. On compte donner, dit-on, avec la prochaine, les Observations qui doivent être à la tête de chaque classe d'écrits. On nous les a communiquées, et nous croyons qu'elles remplirout, malgré leur brièveté, l'attente des lecteurs.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Chaque jour nous apprend quelque nouveau bienfait du Roi et de son auguste famille, et, comme le disoit dernièrement avec tant de raison M. l'abbé le GrisDuval, dans son discours aux Missions, le palais de nos Rois est devenu le temple de la miséricorde. Nous citions dans notre dernier numéro ce que S. M. a fait pour l'œuvre des Savoyards. Dans le même temps elle faisoit remettre aux divers bureaux de charité de la capitale des deniers de sa cassette. Les Princes viennent d'envoyer une somme considérable au Mont-de-Piété, pour retirer des effets appartenans à des ouvriers malbenreux. On apprend que le Roi a, en outre, accordé au dé partement de la Moselle 45,000 fr. pour procurer du travail à la classe indigente. Le département de la Lozère a reçu 30,000 fr. pour le même objet. La ville de SaintGermain en Laye a eu part aux libéralités de S. M., qui a aussi fait distribuer des secours à Charonne, Bagnolet, à Vincennes, à Montreuil, etc., pour dédommager les habitans des pertes que leur a occasionnées le séjour des troupes alliées les années précédentes. Ainsi la munificence royale s'étend également et sur les malheureux qui sont sous ses yeux, et sur ceux qui sont le plus éloignés; et nos Princes, éprouvés eux-mêmes par de si longues infortunes, ont appris dans le malheur, et encore plus par leurs inclinations naturelles, à être sensibles aux besoins et aux souffrances de toutes les classes du peuple.

a

-La fête de l'Epiphanie a été célébrée, le 6 janvier, dans les églises de la capitale. A la chapelle royale, il y a eu aussi une grand'niesse, à laquelle les Princes out assisté.

-On s'occupe déjà à Saint-Denis des préparatifs des tentures pour le service funèbre du 21 janvier. Les tom

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