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germes de discorde, pour calmer l'ardeur des passions, pour prévenir tous les désordres. Il est bon que les mécontens sacheut qu'on veille sur les projets qu'ils pourroient former, et qu'on est en état de les empêcher; ci il est sage de ne pas attendre que le mal éclate pour y apporter remède. Ces considérations provoquèrent la loi du 29 octobre 1815; les mêmes motifs doivent faire prendre les mémes mesures. Cependant le nouveau projet renferme des restrictions et des améliorations que M. le rapporteur a détaillées. La commission y a ajouté quelques amendemens, moyennant lesquels elle propose l'adoption de la loi. La discussion commencera lundi. Vingt-six orateurs sont inscrits pour et contre le projet. La chambre se forme en comité secret pour entendre une proposition de M. Kern sur la naturalisation des étrangers eú faillite.

LIVRE NOUVEAU.

La Religion prouvée par la révolution, ou Exposition des préjugés décisifs qui résultent, en faveur du christianisme, de la révolution, de ses causes et de ses effets; par M. l'abbé Clausel de Montals, chanoine honoraire d'Amiens (1).

Nous rendrons incessamment compte de cet ouvrage, qui présente des considérations neuves et piquantes sur la révolation, sur son esprit, sur les philosophes, et sur les moyens par lesquels on s'étoit flatté de renverser la religion. Nous ne citerons, en cer moment, qu'une des conclusious de l'auteur: «C'est donc une chose constante que l'incrédulité, dans les conjonctures les plus favorables qu'elle ait jamais rencontrées, n'a pu donner aucune atteinte à notre foi, et que la révolution, avec toute sa haine et tous ses moyens, n'a pas eu de meilleur argument à faire valoir contre le christianisme que ses décrets de proscription, ses échafauds et ses noyades ».

(1) Brochure de 213 pag. in-8°.; prix, 2 fr. 50 cent. et 3 fr. 25 c. franc de port. Au bureau du Journal.

Mercredi 15 janvier 1817.)

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· ́(N°. 254.)

Nous avons rapporté, dans notre numéro 236, ce qui s'étoit passé en 1801, en 1802 et en 1804, relativement aux constitutionnels; ce que le saint Siége avoit exigé d'eux; la docilité avec laquelle quelques-uns s'étoient empressés de satisfaire aux désirs du chef de l'Eglise, et la roideur avec laquelle d'autres, au contraire, s'étoient refusés à toute es- * pèce de réparation du passé. Nous avons parlé des négociations qui eurent lieu dans cette affaire; nous avons cité des pièces, des actes publics, les let tres de quelques-uns des évêques intéressés, et tout ce que nous avions pu recueillir sur ce point d'histoire. Nous croyions qu'il n'existoit aucune relation suivie de ces faits, et nous avons appris avec étonnement que, dès 1802, il en avoit paru unė, rédigée dans le même esprit que la nôtre, et ren→ fermant des détails précieux. Cet écrit est intitulé : Entretiens pacifiques sur les affaires de la religion en France; 104 pages in-8°. Il est marqué imprimé à Bruxelles; mais il paroît qu'il le fut à Toulouse, ou dans quelque autre ville du midi. L'auteur, qui n'a plus sans doute aujourd'hui de motifs de dissimuler son nom, est M. l'abbé Cazaintre, prêtre du diocèse de Carcassonne, et aujourd'hui curé de Saint-Papouk Il a eu la bonté de nous faire passer un exemplaire de son écrit, qui ne circula guère que daus le midi; les circonstances où l'on étoit alors, et l'esprit du gouvernement s'étant opposés à ce que l'ouvrage acquît toute la publicité qu'il méritoit d'avoir. Il est Tome X. L'Ami de la Religion et du Roi.

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étonnant que l'auteur, dans l'éloignement où il étoit de la capitale, ait pu se procurer tous les renseignemens dont il avoit besoin, et il les a fortifiés par des réflexions fort justes et des raisonnemens fort concluans. Aussi nous croyons devoir présenter ici un extrait de ses Entretiens, qui ajoutera à notre premier article, et en scra comme le supplément.

1o. L'auteur montre la parfaite conformité de Pie VII avec son vénérable prédécesseur sur la constitution civile du clergé. Quoique le souverain Pontife ait évité, dans la bulle de ratification du Concordat, tout ce qui pouvoit rappeler de fâcheux souvenirs, il y parle cependant des atteintes que les troubles de la France ont portées à la religion, et des soins multipliés que se donna Pie VI pour les appaiser: Ut maximum religio detrimentum acceperit, cujus causá, Rec. Mem. Pius VI, decessor noster, tot tantasque curas impendit. A Dieu ne plaise, continue le Pape, que par le sou¬: venir de ces maux si cruels, nous prétendions & rouvrir-s les plaies que la divine Providence s'empresse aujour¬ d'hui de guérir. Déjà nous avions exprimé combien nous désirions y apporter un remède salutaire, lorsque, dans notre bref du 15 mai de l'année précédente, nous disions à tous les évêques que rien ne pouvoit nous arriver de plus heureux que de donner notre vie pour les François, qui sont nos enfans, si par ce sacrifice nous pouvions assurer leur salut. Or, ce bref, auquel le Pape renvoie, est l'Eneyclique que le Pape adressa aux évêques après son exaltation, et dans laquelle il les félicite d'avoir tout souffert, plutôt que de se souiller d'un serment exécrable et impie, de se lier par le crime, et de ne pas obéir aux jugemens du siége apostolique. Ce langage annouce assez que le Pape n'avoit pas une

autre manière de voir que Pie VI, sur la constitution civile du clergé; et les constitutionnels en out jugé ainsi, puisqu'ils ont dit, dans leurs Annales, que cette lettre suffisoit pour déshonorer le souverain Pontife. Les deux brefs du 15 août 1801, achevent d'établir la conformité dont nous parlons. Le premier, adressé aux évêques de France, loue les services qu'ils out rendus à l'Eglise, les sacrifices qu'ils ont faits, et rappelle les témoignages flatteurs qu'ils méritèrent de la part de Pie VI. En leur demandant la démission de leurs siéges, le Pape montre assez qu'il les regardoit toujours comme les vrais et légitimes titulaires. Ce n'est point ainsi qu'il traite les évêques constitutionnels; il ne leur écrit point à eux-mêmes; il leur fait savoir ses intentions par M. l'archevêque de Corinthe. Qu'ils se hátent, dit-il, de revenir à l'unité. Que chacun d'eux, par des lettres à nous adressées, professe entière obéissance et soumission au Pontife romain; qu'ils déclarent adhérer sincèrement et se soumettre pleinement aux dé cisions du saint Siege sur les affaires ecclésiastiques de France, et qu'ils quittent sur-le-champ les siéges qu'ils ont occupés sans l'institution du siége apostolique. Il est assez inutile de faire remarquer la différence que le Pape met ici entre les uns et les autres. De plus, dans la bulle même de confirmation du Concordat, le Pontife ne fait aucune mention des évêchés créés par la constitution civile du clergé, et il les a regardés comme n'existant pas. On peut donc considérer comme démontré, dit en finissant M. C., que le Pape actuel n'a pas sur ces matières une doctrine. différente de celle de Pie VI.

2o. L'auteur soutient que Pie VII, par les déclarations qu'il a exigées des évêques constitutionnels,

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ne s'est point écarté, au moins quant à la substance, de ce que demandoit Pie VI. Là-dessus, il cite d'abord le passage, rapporté plus haut, du bref à Ms". Spina, et montre que ce que le Pape y demande des constitutionnels est une renonciation au schisme, et un acte de sonmission aux brefs du saint Siége contre la constitution civile du clergé. Aussi ce bref a-t-il paru si clair aux constitutionnels, qu'ils se sont élevés contre avec beaucoup de véhémence. Les Annales de l'évêque Desbois ont rapporté les réponses arrogantes qu'y firent le Coz et Grégoire. Les constitutionnels s'étant assemblés, arrêtèrent de ne pas avoir égard à ce bref, et remirent leur démission au gouvernement. Mais le Pape n'a point pour cela retiré son bref, ni varié dans ses intentions. Dans les pouvoirs qu'il accorda au cardinal Caprara, il Ini recommanda, en instituant les nouveaux évêques, de s'assurer de leur soumission aux jugemens du saint Siége. Le décret d'absolution, dressé par le légat, renferme à peu près les mêmes dispositions énoncées dans le bref à Ms. Spina, et un des constitutionnels, dans sa lettre à l'abbé Binos, avoue qu'ou leur a proposé de signer une lettre au Pape, où ils devoient déclarer qu'ils étoient repentans de tout ce qu'ils avoient fait conformément à la constitution civile du clergé. Dans la lettre qu'ils reconnoissent avoir signée, ils déclarent avec sincérité qu'ils abandonnent volontairement cette constitution civile du clergé; et Pie VII, dans son Allocution du 24 mai 1802, annonça qu'ils s'étoient réconciliés avec le saint Siége, et qu'ils avoient payé à l'Eglise cette dette nécessaire. Il est vrai que l'on a prétendu que tout cela n'avoit pas élé observé exactement. Les constitutionnels se sont van

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